154
pages
Français
Ebooks
2018
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2018
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Publié par
Date de parution
28 mars 2018
Nombre de lectures
31
EAN13
9791096384303
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Romance dystopique - 316 pages
Une détonation, un souffle d’une extrême violence, et la vie, jusque-là parfaite, de Luna va sombrer dans le chaos. Écorchée vive, désormais seule, elle doit apprivoiser son nouveau reflet dans le miroir et n’a d’autre choix que de s’exiler dans la zone 2, auprès de sa grand-mère, car au cœur des remparts de la cité d’Antario, il n’y a pas de place pour la différence... ou la « défectuosité », comme l’autorité la désigne.
Pour Luna, considérée comme un monstre, le pire reste à venir...
L’arrivée de Kylian dans son existence changera-t-elle son destin des plus tragiques, ou les secrets, les mensonges de ce bel inconnu la plongeront-ils un peu plus dans les entrailles de l’enfer ?
Publié par
Date de parution
28 mars 2018
Nombre de lectures
31
EAN13
9791096384303
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Supplice
L. S. Ange
L. S. Ange
Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 979-10-96384-30-3
Corrections : Anne-Sophie Bord
Photographies de couverture : Aleshyn Andrei / Bruce Rolff / Shutterstock.com
Remerciements
Je remercie mes deux bêta-lectrices, Chrys Galia et Eva Cayeux, pour leur relecture, leurs précieux conseils, et leur présence amicale dans la vie de tous les jours.
Je remercie aussi mon époux, Didier de Vaujany, pour sa touche personnelle sur cette nouvelle version et la superbe couverture qu’il a réalisée.
Et enfin, un gros bisou à toutes mes lectrices, toujours plus nombreuses, qui me suivent dans mes aventures livresques, ou plus personnellement sur les réseaux sociaux.
Prologue
Le ciel gronde, un orage se prépare. Vendredi soir, un soir comme les autres, et pourtant… un événement va changer le cours de ma vie !
Nous rentrons, maman, mon petit frère Max et moi. Il fait chaud, trop chaud, je transpire dans la voiture malgré les fenêtres ouvertes. Une angoisse profonde me noue le ventre, le pressentiment que quelque chose va se passer.
Maman se gare devant la maison. Elle chante une chanson ridicule, ce qui fait beaucoup rire Max, je ne peux m’empêcher, moi aussi, d’esquisser un sourire.
Pendant qu’ils se dirigent vers l’entrée, je décharge les sacs de courses du coffre et presse le pas pour rejoindre ma mère qui patiente en tenant la porte ouverte. Je croise son regard, ses superbes yeux noirs identiques aux miens, et lui rends son sourire, sans me douter une seule seconde que c’est le dernier que j’échange avec elle. Le bruit d’une détonation nous surprend, un souffle d’une extrême violence déchire l’air, une onde brûlante saturée de verres brisés et de morceaux de bois me projette en arrière. Je tombe sur des cailloux et ma tête heurte un rocher. Mes oreilles bourdonnent et me font mal. Sous le choc, je ne réalise pas tout de suite que c’est mon domicile qui vient d’exploser, juste là, devant moi, pendant que je souriais tendrement à ma mère…
Ma mère… et mon petit frère Max…
La douleur me transperce le corps de toute part. Mes yeux écarquillés par la terreur se posent sur ma maison éventrée et dévorée par les flammes. Une épaisse fumée noire s’élève dans le ciel…
Les derniers sons que j’entends sont le bruit des débris qui s’éparpillent autour de moi, des bouts de ma vie, des souvenirs…
Les dernières choses que je sens sont la fumée, le sang chaud qui coule sur mon visage, devant mes yeux, le goût salé dans ma bouche, la chaleur qui s’infiltre sous mes vêtements pour se propager dans chaque particule de mon corps.
La dernière pensée qui me vient est : mon Dieu je vais mourir …
Puis je m’enfonce dans les ténèbres…
Comment vivre après ça et continuer d’avancer quand les personnes que l’on aime ne sont plus là ? Quand on sait qu’on ne verra plus leurs visages ? Que l’on n’entendra plus leurs rires ? Comment combler le vide dans son cœur ? Comment faire pour ne pas oublier le parfum de sa mère et avancer dans la vie sans guide, sans conseiller protecteur, sans épaules où déverser ses larmes, sans oreilles attentives pour écouter ses malheurs ? Et surtout, comment ne pas culpabiliser d’être encore vivante ?
Ma vie est chamboulée encore une fois. Après avoir enterré mon père il y a cinq ans, je perds à présent ma mère et mon petit frère. Au bout de plusieurs mois passés à l’hôpital, je dois apprendre à vivre différemment. J’ai dû faire face à la perte de ma famille et apprivoiser mon nouveau reflet dans le miroir. Je ne suis plus qu’une poupée de chiffon rafistolée, rapiécée, couverte d’affreuses cicatrices.
Suite au drame, j’ai dû quitter notre maison en zone 1 , là où j’ai grandi et passé les plus beaux moments de ma vie. J’ai laissé mes amies, mes habitudes, mon existence tout entière.
J’ai tout abandonné pour prendre un nouveau départ chez ma grand-mère, en zone 2 , perdant ainsi tous mes privilèges.
Depuis la mort de mes parents, je ne fais plus partie de l’élite. Mon changement physique est la cause de ma déchéance. Dans notre nouveau monde, il n’y a, en effet, pas de place pour la différence. La perfection, la beauté et la distinction règnent en maîtres depuis la fin de la guerre, il y a quatre-vingt-sept ans.
Antario est depuis lors une région partagée en trois zones :
La zone 1 : la pureté et la beauté sont l’élite de notre société. Ils ont poussé hors des remparts la laideur, la difformité et la disgrâce. Notre nouveau monde est parfait.
La zone 2 : la classe moyenne, celle où je vis à présent avec ma grand-mère. Nous sommes au service de la zone 1 et leur fournissons tout ce dont ils ont besoin. Nous ne sommes pas forcément moins beaux, mais nous avons moins d’argent. On nous présente une société parfaite, où tout est paix et beauté, mais ce qui se cache sous la couche de vernis est nettement moins reluisant…
La zone 3 : les habitants de cette zone sont là pour veiller à notre sécurité. Ils nous protègent contre les Défaillants. Les soldats de la zone 3 ont une réputation qui donne la chair de poule. Ce sont tous ceux qui n’ont pas su s’adapter au nouveau monde, les trop fortes personnalités. Ils vivent aux pieds des remparts, entassés comme des rats.
Et puis il y a les Défaillants, qui demeurent dans le reste du monde… Ce sont des erreurs de la nature, des rebuts de l’humanité, ceux qui ont une déficience mentale ou physique. Moi, je n’en ai jamais vu, mais j’en ai atrocement peur. Depuis notre plus jeune âge, on nous répète que ce sont d’horribles monstres contaminés par des virus dangereux, et qu’on ne doit jamais les approcher. Dans le reste du monde, hors des frontières d’Antario, il n’y a, paraît-il, que laideur et maladies ; je frissonne rien que d’y penser…
Premiere partie
Chapitre 1
Voilà six mois que je vis avec ma grand-mère dans une maisonnette en zone 2. Je m’appelle Luna, j’ai dix-huit ans aujourd’hui, et c’est le cœur lourd que je souffle mes bougies. Quand je lève les yeux de mon gâteau pour croiser ceux de grand-mère, je vois son regard ridé plein de larmes. Elle se dit sûrement que je suis tout ce qu’il lui reste de ses soixante-seize années de vie.
Ma mère et mon petit frère Max sont morts dans l’explosion de notre maison il y a maintenant sept mois ; je suis seule rescapée. Pourquoi ai-je survécu ? Franchement, je ne le sais pas.
Quelquefois, je me dis que j’ai de la chance d’être encore en vie, et à d’autres moments que j’aurais préféré partir avec eux. Certains jours, le chagrin est trop lourd à porter, mon cœur est brisé en un millier de morceaux. Et ce n’est que le début des ennuis, car dans trois semaines, je serai inscrite pour la cérémonie de l’accouplement. C’est ainsi que les choses se passent depuis la création du nouveau monde : vingt et un jours après leur dix-huit ans, les jeunes filles sont présentées lors d’un rassemblement où un homme viendra les choisir pour la vie. Mais… qui voudra de moi, maintenant ? Si on a de la chance, c’est celui que l’on aime ; sinon, on s’adapte, on n’a pas le choix. Il arrive parfois que des filles ne soient pas accouplées, elles finissent alors en zone 3 , et là-bas, les soldats n’ont aucune pitié pour elles. Il paraît que certaines sont rejetées avec les Défaillants , dans le reste du monde. Je secoue la tête. Je ne dois pas penser à ça, même si je sais que maintenant, couverte de cicatrices, j’ai très peu de chance d’être accouplée.
Après avoir mangé une part de mon gâteau d’anniversaire avec grand-mère, je monte dans ma chambre pour essayer le vêtement qu’elle vient de m’offrir. Devant le miroir, je reste immobile. C’est une jolie robe qui m’arrive aux chevilles. Elle est longue, car je ne supporte plus de voir mes jambes. Je ne veux pas me rappeler qu’elles étaient brisées, que ma peau était déchirée, que mes cuisses étaient couvertes d’agrafes… Je ne veux pas regarder ce que je suis devenue… Je ne veux plus voir ces cicatrices qui recouvrent mon corps et me bouffent de l’intérieur… Je veux oublier…
Je lève le regard sur mon visage ; je suis malgré tout plutôt jolie avec mes longs cheveux noirs qui m’arrivent en bas du dos et mes grands yeux sombres. J’ai les traits fins de ma mère, et sa silhouette svelte et musclée. Même si ces derniers mois j’ai un peu maigri, j’ai meilleure mine, c’est vrai, si l’on fait abstraction de la grande ligne rouge qui traverse mon front. Elle part de mon œil droit jusqu’à ma tempe gauche. Ça n’enlève rien à mon charme, c’est juste là pour me rappeler que j’ai tout perdu. J’accroche l’écusson obligatoire de la zone 2 sur le devant de ma robe avec un pli amer aux coins des lèvres. Comment un si petit bout de tissu peut-il transformer votre vie et vous ranger dans une catégorie ?
Je me tourne en soupirant et observe ma nouvelle chambre. Grand-mère a fait rénover l’ancienne de maman. Les murs sont gris clair et des rideaux jaunes sont pendus à l’unique porte-fenêtre qui donne sur un petit balcon. Mon lit est recouvert de coussins. C’est très joli, je me sens bien ici, et puis j’ai l’impression de retrouver un peu de ma mère dans cette pièce. Elle a grandi dans cette maison avant d’être accouplée à mon père qui venait de la zone 1. Elle est ensuite partie vivre avec lui, là-bas.
Après un dernier regard dans le miroir, je chausse mes sandales et décide d’aller faire un tour dehors. Il fait encore jour, la chaleur est moins forte à cette heure ; c’est le début de l’été, les gens se prélassent dans leur jardin en cette fin de dimanche.
Je sors de la petite maison où l’on vit, et ne peux m’empêcher d’admirer les fleurs. C’est la passion de grand-mère. Le jour où grand-père s’en est allé, elle a comblé sa solitude par le jardinage ; c’était sa manière à elle de soigner son cœur.
Je longe l’allée et ouvre le petit portillon en bois. Mes yeux sont tout de suite attirés par les camions garés devant la maison de l’autre côté de la rue. C’est s