Nucléar Parano , livre ebook

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À Port-Vendres, le meurtre d’une scientifique travaillant pour un laboratoire d’océanologie entraine Paul Feder dans les couloirs du lobby nucléaire... aux radiations sanglantes...



Il prépara consciencieusement son matériel, vérifiant une fois de plus les nœuds dans le fil nylon, puis, avant de lancer, il s’agenouilla et scruta la mer au pied de la falaise. Dans la faille, juste à gauche, un objet semblait coincé, mais il ne put immédiatement l’identifier car une vague plus grosse l’engloutit. L’écume monta jusqu’à la plateforme puis redescendit. Il regarda à nouveau et retint un juron, c’était un corps, celui d’une femme vêtue d’une robe. D’instinct il regarda autour de lui. Lors de la guerre d’Espagne, Jaume avait quatorze ans quand il s’était engagé dans les troupes de la C.N.T. et, de Guadalajara à Mauthausen, il avait payé le prix fort et savait reconnaître des emmerdements, quand il en croisait sur sa route. Il semblait seul. Rapidement il remballa son matériel et entreprit l’ascension de la falaise. Il fallait foutre le camp au plus vite, ce cadavre pouvait porter la poisse.




Nucléar Parano est le deuxième tome de la Suite Catalane signée Gildas Girodeau. La série Paul Feder mêle intrigue criminelle et critique sociétale acerbe, le tout très documenté. De quoi ravir les amateurs de purs polars.
Ceux-ci sont réédités aux éditions du Horsain en version papier pour une nouvelle vie. (distribution Pollen)



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Date de parution

30 septembre 2020

Nombre de lectures

3

EAN13

9791023408324

Langue

Français

Gildas Girodeau
Suite catalane
__________
Nucléar
Parano
roman

Collection Noire Soeur
- UN -


Jaume Ferrer s’approcha de la falaise et regarda au loin le vent qui faiblissait. Les moutons étaient moins nombreux mais la houle battait encore les pieds de la falaise avec force. Un temps idéal pour pêcher un loup affamé. Il s’engagea avec précaution sur le sentier qui permettait de descendre jusqu’à la mer. Un chemin inconnu de la plupart et parfaitement invisible du sommet. C’est un vieux pêcheur à la retraite qui le lui avait montré, un ami pour lequel il avait fait de petits travaux de maçonnerie, car Jaume était maçon, du moins avant que la retraite ne « l’emporte », comme il disait. Sa besace de toile grise en bandoulière et sa canne dans une main, il commença la descente en s’assurant sur les nombreuses prises qu’il avait lui-même creusées dans le rocher, afin de rendre le chemin plus sûr.
À mi-parcours les goélands se mirent à voler autour de lui en criant. Il ne passait pas très loin de leurs nichoirs, mais en plein hiver ça ne craignait rien. Au printemps, quand les mères couvaient, il lui était arrivé de prendre des coups de becs. Le temps était splendide, comme toujours quand la Tramontane tombait. Il finit par arriver à la plateforme en surplomb, située à trois mètres au-dessus de la mer. De là, il pouvait lancer son poisson artificiel dans l’écume et le faire nager comme un anchois affolé. Les loups qui rodaient dans les parages n’en feraient qu’une bouchée. Il prépara consciencieusement son matériel, vérifiant une fois de plus les nœuds dans le fil nylon, puis, avant de lancer, il s’agenouilla et scruta la mer au pied de la falaise. Dans la faille, juste à gauche, un objet semblait coincé, mais il ne put immédiatement l’identifier car une vague plus grosse l’engloutit. L’écume monta jusqu’à la plateforme puis redescendit. Il regarda à nouveau et retint un juron, c’était un corps, celui d’une femme vêtue d’une robe. D’instinct il regarda autour de lui. Lors de la guerre d’Espagne, Jaume avait quatorze ans quand il s’était engagé dans les troupes de la C.N.T. et, de Guadalajara à Mauthausen, il avait payé le prix fort et savait reconnaître des emmerdements, quand il en croisait sur sa route. Il semblait seul. Rapidement il remballa son matériel et entreprit l’ascension de la falaise. Il fallait foutre le camp au plus vite, ce cadavre pouvait porter la poisse. Tout en montant, il se dit qu’on l’avait peut être vu aller vers le cap, il était venu à pied et n’avait croisé personne, mais quand même…
Peut-être faudrait-il prévenir les flics depuis la cabine du port ? Il le ferait de façon anonyme. Au moins pourrait-il plaider la bonne foi s’ils lui mettaient la main dessus pour lui poser des questions. Et s’il y avait quelque chose que Jaume détestait par-dessus tout, c’était bien d’avoir à répondre aux questions posées par les flics.
Un peu avant le sommet, au moment de monter sur le terre-plein qui surplombait la mer, en bord de route, il remarqua un petit objet brillant dans les herbes. Il tendit la main et le ramassa. C’était une chaîne avec une plaque. Quelque chose y était écrit, mais sans lunettes il ne put le lire. Il la fourra dans sa poche et se hâta de regagner Port-Vendres. Arrivé devant la cabine téléphonique il hésita, pourtant il n’y avait personne. Par chance l’activité portuaire était réduite ce jour-là, et cet endroit de la zone technique particulièrement isolé. Il se décida enfin et fit le 112. Quand il entendit qu’on avait décroché il se lança :
— Il y a une femme morte au bout du cap Béar, au pied de la falaise…
Puis il raccrocha et s’éloigna rapidement, ayant déjà oublié la chaînette qui traînait dans la poche de son blouson.
- DEUX -


Paul Feder commanda un demi à Jaoued, le garçon qui officiait derrière le bar, et ouvrit le paquet qu’il venait de retirer à la poste. Suzanne, sa fille adoptive, lui avait envoyé un cadeau de noël accompagné d’un petit mot. Elle vivait à Barcelona, où elle finissait ses études de droit international. Après avoir lu la lettre, pleine de tendresse, mais qui l’informait solennellement que le XXI éme siècle étant arrivé il fallait qu’il se mette au téléphone portable, il ouvrit le colis et sortit l’engin. Un moment il se demanda ce qu’il allait faire de ce bidule. Jaoued, le regardait faire en souriant
— Ma parole, tu ne deviendrais pas post-moderne, toi ? demanda-t-il à Paul en riant.
— Ouais, ça va, tu sais comment ça marche ce truc ?
— Il te faut un abonnement, ou une carte. Je sers la terrasse et je reviens t’expliquer.
— Non, il faut que j’aille acheter quelques oursins. Je reviendrai…
Il paya sa consommation et descendit vers le quai où venait s’amarrer Loïc, le pécheur qui ramassait de superbes oursins de Méditerranée et les vendait directement depuis son bateau. Cet hiver ils étaient particulièrement pleins, un régal avec un verre de vin blanc sec d’ici et une baguette de pain bien craquant. En s’approchant du bateau, il vit que quelque chose n’allait pas, Loïc n’avait pas mis en place son étal. Il était en train de s’engueuler avec un homme d’un certain âge. L’homme se retourna soudain et bouscula Paul sans s’excuser, furieux. Il boitait et s’aidait d’une canne, marchant à grands gestes saccadés.
— Hé, pas sympa le type, des problèmes Loïc ?
— Salut Paul, ne m’en parle pas, ce matin tout va mal. J’avais rendez-vous avec une scientifique qui m’a posé un lapin, et ce vieux qui m’engueule parce que je ne sais pas où elle est passée !
— Tu fais dans la recherche maintenant ?
— Bah, de temps en temps je ramasse des moules pour le compte d’un laboratoire, un truc dans le nucléaire, et visiblement la dernière expédition ne leur convenait pas. Ce matin ils voulaient me voir, encore une excuse pour ne pas payer sûrement !
— Bon, tu as des oursins ?
— Bin non ! En plus, ils m’auront fait perdre la matinée ces cons…
Il allait s’éloigner quand Loïc le rappela
—Eh ! attends Paul, j’ai un truc pour toi !
Il sortit d’une cagette en nylon un caillou bizarre, couvert de concrétions.
— Ça vient du Rech, le canyon Lacaze-Duthiers, reprit Loïc, la faille au large du cap de Creus. C’est un copain qui l’a attrapé dans une ligne.
— Effectivement il est très bizarre, très lourd aussi. Tu as les coordonnées géographiques ?
— Oui les voilà, et il tendit un papier à Paul, sur lequel étaient portées des coordonnées GPS.
— Super, il a sa place dans le mur.
En longeant les quais pour rentrer chez lui, Paul vit le vieux qui l’avait bousculé. Il était en grande conversation avec une femme blonde qui semblait excédée. Apparemment ils s’engueulaient, décidément ce vieux devait être insupportable.
Paul vivait sur un bateau, une vieille goélette patiemment restaurée avec lequel il faisait du charter en été. En cette période hivernale elle était amarrée au fond du port de Port-Vendres, un endroit situé au cœur de la ville. Mais depuis la création des nouveaux quais, construits sur les rochers et la petite plage de l’avant-port, la houle ne s’amortissait plus et pénétrait jusque dans les endroits les plus reculés, rendant les emplacements inconfortables par vent du nord. Il vérifia les amarres et les moufflages qu’il avait dû réaliser pour éviter qu’ils ne cassent, tant le dernier coup de vent avait été violent.
En cette période de l’année il vivait seul, son matelot avait profité de l’inactivité pour s’éclipser deux mois et, côté cœur, c’était plutôt marée basse… Il repoussa le panneau de pont et descendit dans le carré. Là c’était son domaine, une sorte de cocon où il se sentait bien. Il sortit le téléphone portable et le posa sur la table à carte, finit d’ouvrir son courrier - encore des factures - et se décida à faire une omelette, plus exactement une « Truita », façon catalane, avec beaucoup de pommes de terre, quelques oignons et peu d’œuf.
Bien que le vent fût tombé, la goélette tirait sur ses amarres et craquait. Dehors la houle devait encore être forte. Il finit par faire une sieste en s’endormant sur Le Monde, une façon comme une autre de protester contre l’ennui que lui causaient les affrontements à la tête du Parti Socialiste, après l’élection de Nicolas Sarkozy. Ce n’est que le soir, après une fastidieuse après-midi occupée à divers bricolages puis à s’informer des « Nouvelles dispositions relatives au transport de passagers sur les navires armés au commerce », comme sa goélette, qu’il apprit la nouvelle sur la radio du bord : « Le corps d’une femme a été trouvé au pied de la falaise du cap Béar. La Police Judiciaire est chargée de l’enquête… ». Il coupa la radio, mit dans le lecteur un CD de Jack Johnson e

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