My Lovely Neighbor , livre ebook

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Emilia Robinst
My lovely Neighbor



ISBN : 978-2-37652-710-7
Titre de l'édition originale : My Lovely Neighbor
Copyright © Butterfly Editions 2022


Couverture © Butterfly Editions - Depositphotos
Tous droit réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.
Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et événements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des événements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-710-7
Dépôt Légal : septembre 2022
03112022-0800-VF
Internet : www.butterfly-editions.com

contact@butterfly-editions.com

Prologue


Avril 2016.

Londres.

L’hôtesse de l’air, habillée de la compagnie aérienne anglaise, passe entre les rangs des passagers pour nous demander de ranger notre sac sous le siège avant, et de remonter le cache des hublots. Son sourire est éblouissant, digne des plus grandes marques de dentifrice, mais ses yeux se stoppent en une mimique surprise lorsqu’elle croise mon regard larmoyant.
— Madam, please hang up your phone, we’re going to take off soon… 1
Je hoche vaguement la tête avant de détourner mon visage, resté figé sur le sien, pour répondre à ma meilleure amie.
— Je dois raccrocher, Mégane, je vais décoller. Je te raconterai ça dès que j’arrive à Nantes. Oui… Merci… Ne t’inquiète pas.
Sa voix, habituellement hystérique, est inquiète. Je l’entends malgré les centaines de kilomètres qui nous séparent, elle à Paris, et moi à Londres. Avant de raccrocher, elle me dit de prendre soin de moi. Je m’apprête à éteindre mon portable lorsque celui-ci vibre. Une nouvelle notification s’affiche alors sur mon écran. Il s’agit d’un SMS. De plusieurs même. Mon cœur se serre aussitôt lorsque je les fais défiler.

#WHERE ARE YOU? 2
#ANSWER ME! 3
#Don’t tell me you left because of what happened with the project?! You wouldn’t know a good opportunity if you fell over one, you were always too daft to see the bigger picture! 4

J’arque un sourcil, aveuglée par la colère. Moi ? Rien comprendre ? Je pense, au contraire, que ce qu’il s’est passé est plutôt très clair.
Je pianote rapidement une réponse tout en jetant des regards inquiets dans l’allée de l’avion afin de ne pas me faire remonter les bretelles par Miss Colgate, alias l’hôtesse de l’air.

#You’re just a fucking arsehole! 5

Le retour est presque instantané. Mon portable vibre tellement entre mes doigts qu’il manque de m’échapper.

#You’re just a kid, Alix. You’d never have been able to carry out such a project. You should be thanking me instead of running away with your tail between your legs. 6

Je ravale mes larmes, plus par colère que par tristesse, avant d’envoyer ma réponse.

#You’re revolting… 7

#HOW SO? Because I had the nerve to do what you couldn’t do? 8

#I’m done with you, don’t you dare speak to me again! 9

#You’re talking nonsense, I did it all for us! 10

J’écris tellement vite que j’en ai mal aux doigts.

#You’re vile and a monster. I’m not a fool, I know what I’m saying. I NEVER WANT TO HEAR FROM YOU AGAIN! 11

#BLOODY HELL, STOP ACTING LIKE A CHILD! TELL ME WHERE YOU ARE! 12

#IN PARIS! FAR AWAY FROM YOU! 13

#Whatever. Go home and cry to mummy! 14

Connard , gros connard de merde , pensé-je, en éteignant définitivement mon portable.
L’écho d’un raclement de gorge effleure mes oreilles. La seconde d’après, l’hôtesse m’adresse un sourire hypocrite malgré un regard noir avant de se diriger vers l’avant de l’avion.
J’enfonce mon portable au fond de ma poche, tout en essayant de refouler les sanglots qui me ravagent de l’intérieur depuis ce matin. Mes joues en portent toujours les marques. Je renifle une dernière fois et donne un coup de pied dans mon sac pour qu’il glisse sous le siège avant, puis je consulte ma montre. Il est vingt-et-une heures treize… Je dois arriver à Nantes d’ici une heure et demie. Ensuite, direction le bourg paumé de mes parents en Charente.
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ? C’est peut-être ce qui m’angoisse le plus. Découvrir la déception dans le regard de ma mère ou la colère sur les traits de mon père lorsqu’ils apprendront les raisons de mon départ précipité de Londres. Je n’ai même pas validé ma spécialité en art industriel. Je suis partie bien avant les examens de fin d’année.
À cet instant, ce simple détail me laisse complètement de marbre. Je n’en ai que pour mon cœur déchiré en lambeaux, et cette horrible sensation de trahison : celle d’avoir été prise pour une pauvre idiote. Pire que ça, un vrai paillasson, même. Comment ai-je pu ne pas m’en rendre compte plus tôt ?! C’est ce qui me met le plus hors de moi. Ça, et cette injustice qui me fait grincer des dents depuis la veille.
J’ai encore du mal à me dire qu’Hayden m’ait fait un coup pareil. C’est trop dur à encaisser. Même si je connaissais ses défauts et ses pires travers, je ne le pensais pas capable de… ça . Je n’ai eu droit à aucune explication, aucun commentaire, hormis ses courts messages que je viens tout juste de recevoir. Comme si son « T’es où ? » pouvait montrer une quelconque sympathie, une quelconque inquiétude venant de sa part. D’autant plus que j’ai plié mes valises ce matin … si inquiétude il y a eu, alors il est un tantinet en retard.
Il faut avouer aussi que je n’ai pas demandé mon reste en vidant notre dressing pour jeter tous mes vêtements dans la première valise ouverte sur le lit. J’ai arraché mes dessins des murs, attrapé Kitty, ma siamoise, pour la mettre dans sa petite cage rose, puis j’ai récupéré mes livres dans la bibliothèque. Une heure après, je disparaissais de notre deux-pièces à Belgrave Square sans crier au scandale et à la trahison. J’ai déjà bien assez gueulé chez H&H Events Enterprises . À croire que Christie Stevens, cette secrétaire adepte de la promotion canapé, s’est bien gardée de prévenir le Conseil, ces vieux éléphants qui règnent en maîtres sur les projets de la boîte.
En plus d’être de connivence avec mon connard d’ex, elle se le tapait en douce. Une telle attitude me met hors de moi. Je me demande encore ce qui s’est passé dans mon esprit pour que je réussisse à quitter l’Angleterre la tête haute et ma fierté intacte, malgré la noirceur de mes pensées. Sans doute cette indépendance infaillible que mes parents m’ont transmise.
La voix de Miss Colgate résonne dans l’avion. Les premières secousses du décollage me poussent à m’agripper aux accoudoirs. Le cœur battant, je ferme les yeux, tentant d’apaiser mon angoisse et ma tristesse. Quelques minutes plus tard, et deux mouchoirs usagés roulés en boule au fond de ma poche, je rouvre les yeux, prête à faire une razzia dans leur putain de mini bar pour oublier l’enfer de ma vie.
Ma voisine, une gamine de quinze ou seize ans, me marche sur le pied pour aller aux toilettes. J’étouffe alors un juron au fond de ma gorge.
Calme-toi, Alix… ce n’est pas le moment de t’emporter dans l’avion et de te faire débarquer à Plymouth en catastrophe parce que les gens te prennent pour une suicidaire tarée !
Je lui adresse un petit sourire déculpabilisant, en tout cas du mieux que je peux, alors qu’elle s’échappe dans l’étroite allée, entre les deux rangées de sièges.
Mon regard tombe sur la couverture du livre qu’elle est en train de lire, abandonné sur son siège. La page, couleur bonbon, m’attire comme un aimant, et je scrute rapidement le résumé. Chose que je n’aurais jamais dû faire… encore une histoire d’amour à l’eau de rose. Quand ces adolescentes vont-elles comprendre que le prince charmant n’existe pas ?! Moi, la première, j’y ai cru… jusqu’à la chute ultime qui m’a brisé les os un à un en me faisant suffoquer comme un poisson hors de l’eau.
L’héroïne du livre, une certaine Anna, semble s’être fait larguer par l’amour de sa vie après que celui-ci a rencontré sa sœur, son véritable grand amour. Ridicule ! Je me demande ce que les romancières peuvent avoir dans la tête pour écrire des choses aussi tordues.
Je lève les yeux au ciel, et détourne le regard, mon front posé contre le hublot. Ce n’est pas pour ma sœur qu’Hayden m’a quittée… D’ailleurs, je n’en ai même pas, de sœur. Non. Moi, j’ai eu droit à la pire des traîtrises. Notre relation s’est terminée pour de l’argent… Mon argent ! Et franchement, j’aurais préféré que cela ne soit que pour une histoire de cul. Hayden ne s’est pas barré avec son amour de jeunesse, ou ma meilleure amie, ou bien la concierge de notre immeuble. Absolument pas. Il s’est arrogé mon projet artistique pour H&H , remportant alors l’une des plus grosses offres de la boîte sur la dernière décennie.
Il m’a piqué ma prime… Ma prime de 87,000 £ !

Madame, pouvez-vous raccrocher ? Nous allons bientôt décoller. ↩︎
T’es où ? ↩︎
Réponds-moi ! ↩︎
Ne me dis pas que t’es partie à cause de ce qui s’est passé avec le projet ?! T’as jamais su saisir ta chance de toute manière, t’as toujours été trop conne pour c