Les temps d'une vie 1 , livre ebook

1-Rencontre avec Chronos
Du même auteur aux Éditions Sharon Kena


Rédemption 1 et 2

Seconde Chance
Enel Tismaé










1-Rencontre avec Chronos
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »


© 2018 Les Éditions Sharon Kena
www.skeditions.fr
À Léa et Mathis qui ont désormais un frère de papier.
Table des matières



CHAPITRE 1
L’accident
CHAPITRE 2
Premier contact
CHAPITRE 3
Chronos
CHAPITRE 4
Baptême du feu
CHAPITRE 5
Quand la patience fait défaut
CHAPITRE 6
Rester maître de soi
CHAPITRE 7
Viens avec moi, je te dirai qui je suis
CHAPITRE 8
Te retrouver
CHAPITRE 9
Quand le corps parle, la raison s’y perd
CHAPITRE 10
L’ordre des choses
CHAPITRE 11
Sauver le passé pour qu’elle ait un futur
CHAPITRE 12
L’ange noir
CHAPITRE 13
Drôles de découvertes
Chapitre 14
Intolérable vérité
Chapitre 15
Petits bobos et grands remèdes
CHAPITRE 16
Les liens du sang
CHAPITRE 17
Pardonne-moi
CHAPITRE 18
Retour en enfance
CHAPITRE 19
Bienvenue en Enfer
CHAPITRE 20
Une nouvelle vie
CHAPITRE 21
Pour l’amour d’une fille
CHAPITRE 22
Le début de la fin
CHAPITRE 23
Adieux
CHAPITRE 24
Le réveil
CHAPITRE 25
Quand les Morgan font équipe
CHAPITRE 26
L’après…
CHAPITRE 27
Nouvelle vie 4
CHAPITRE 28
Nouvelle vie 44
CHAPITRE 29
Il était une fin
Épilogue
CHAPITRE 1
L’accident

S an Francisco.
C’est dans le coin frenchy de cette splendide ville pleine de culture que vivait Kayla Stuart, une jeune femme de vingt-six ans. Elle louait, en plein cœur du quartier, un studio au second étage d’une ancienne bâtisse. Un appartement petit et pas aussi douillet que la grande maison de ses parents, mais c’était chez elle.
Aujourd’hui, en cette fin avril, un soleil resplendissant inondait le ciel. Elle avala un café, bien que cela lui soit déconseillé avec sa grossesse, et s’habilla.
En fouillant son armoire, elle trouva un vieux legging en coton noir, démodé et rapiécé plusieurs fois. Il était usé, mais Kayla s’en moquait, seul le confort de ses jambes lourdes et gonflées l’importait. Elle s’empara ensuite d’une blouse azur. Elle sourit en la prenant entre ses doigts. Nina la lui avait offerte il y a quelques semaines, lors d’une sortie shopping entre filles.
— Tu deviens énorme, avait-elle ri. Tu ne peux plus faire l’impasse sur le rayon femme enceinte désormais ! Laisse-moi te gâter.
Kayla avait été forcée d’essayer plusieurs tenues sous l’œil acéré de sa frangine avant qu’elle ne lui fasse cadeau du chemisier bleu. Elle le passa, puis enfila une paire de ballerines blanches, un air triste sur le visage. Sa sœur lui manquait.
Elle était prête à prendre l’air ce qui, elle l’espérait bien, chasserait ses idées noires. Elle marcha pendant un long moment dans la rue, croisant des gens sans les voir tant elle était perdue dans ses pensées. Elle ne faisait même pas attention à l’itinéraire qu’elle empruntait, mais c’était sans importance : elle connaissait cette ville par cœur. Elle aurait pu s’y diriger les yeux fermés.
Fatiguée, elle attrapa un tramway et décida de se rendre sur la plage. Ocean Beach était un lieu paisible, proche du célèbre Golden Gates, où elle aimait porter ses pas lorsqu’elle ressentait le besoin de réfléchir. Quand elle arriva sur le sable baigné par le soleil, elle constata que l’endroit n’était pas aussi désert qu’elle l’aurait pensé.
Des couples, les mains enlacées et les yeux pleins d’amour, roucoulaient. Elle détourna le regard, agacée, et continua jusqu’à se trouver un coin tranquille. Kayla prit place sur le sable, enleva ses chaussures et trempa ses pieds dans l’onde claire. Elle n’était pas très chaude, mais la température était supportable, comme le lui prouva un petit garçon quelques minutes plus tard.
Alors qu’elle observait l’océan, le jeune bambin fila vers l’eau pour y remplir son seau. Il se retourna, fier d’avoir réussi cette mission, avant de se laisser emporter par le poids de son chargement. Il tomba à plat ventre dans le sable humide, arrosant joyeusement Kayla.
— Ça va, mon bonhomme ? lui demanda-t-elle en l’aidant à se relever.
— Oh mon dieu, Nathan ! s’écria une voix de femme dans son dos.
Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit un couple accourir vers eux. Kayla maintint le petit debout, alors qu’il commençait à chouiner, et épousseta les grains dorés qui étaient accrochés à ses vêtements et son visage, avant que la mère du garçonnet ne prenne le relais.
— Merci, mademoiselle, souffla-t-elle à Kayla, avec un regard empreint de gratitude. Je vais vous donner ma carte, vous m’enverrez la facture du teinturier.
Kayla comprit de quoi elle parlait quand elle remarqua sa tunique bleue, mouillée et pleine de sable.
— Ça ira, ne vous en faites pas, répondit-elle en souriant. Ce n’est que de l’eau, ça séchera.
Les parents du petit Nathan la remercièrent une nouvelle fois avant de s’éloigner, serrant leur fils dans leurs bras, pendant que celui-ci tirait la langue à Kayla. Elle sourit tristement et les observa partir, le cœur lourd. Une famille tout ce qu’il y avait de plus heureuse. Tout ce qu’elle ne connaîtrait jamais…


Elle se réinstalla sur le sable et, les yeux perdus dans l’océan et le pont, réfléchit à son existence. Aux rêves qu’elle avait laissés passer et qui ne se réaliseraient jamais. Sa fille viendrait au monde dans un peu moins de trois mois, cette échéance tombait comme une guillotine sur ses projets d’avenir.
Beaucoup lui avaient conseillé de ne pas mener sa grossesse à terme. Trop jeune, pas assez mature, élever seule un bébé serait au-dessus de ses moyens. Une fois de plus, elle avait fait sa forte tête et décidé du contraire. Alors que les difficultés s’accumulaient, elle comprenait mieux les avertissements de ses proches. Elle aurait dû attendre d’avoir une situation plus stable, ou un homme à ses côtés pour l’épauler en cas de besoin…
Aujourd’hui, Kayla avait accepté l’idée de devenir maman même si la route avait été dure. Elle s’était battue contre sa famille quand elle lui avait recommandé l’avortement, et avait préféré s’en tenir à l’écart que d’écouter son discours moralisateur. Elle était seule, et alors ? Ça ne serait pas la première fois qu’une femme élèverait son enfant sans aide ! Elle y arriverait, elle le savait !
Depuis que son bébé lui donnait des coups dignes des plus grands boxeurs, Kayla s’inquiétait pour l’avenir. Elle n’avouerait pourtant jamais à quel point elle était terrifiée. À qui aurait-elle pu le dire ? Elle n’avait plus personne depuis longtemps maintenant. Même le père de sa fille avait fui.
Elle avait rencontré Steve lors d’une fête deux ans plus tôt. Décidée à s’amuser un peu et combattre sa solitude, elle s’était rendue dans le quartier chinois où la soirée battait son plein. À peine avait-elle posé les yeux sur lui qu’elle avait été subjuguée. Le coup de foudre immédiat. Du moins, c’est ce qu’elle avait pensé à l’époque. Avec le recul, elle pouvait se rendre compte combien elle avait été naïve. Tomber éperdument amoureuse d’un type que l’on connaît tout juste, qui fait ça de nos jours ? Elle avait dû être attirée par son côté mauvais garçon.
Le seul problème était que Steve n’avait pas uniquement le look du bad boy , il en avait aussi l’attitude. Il volait, buvait et était accro à toutes sortes de drogues. Elle n’avait pas mis longtemps à se retrouver sous sa coupe, disant amen à tout ce qu’il faisait. Que ce soit pour lui prendre son argent et se payer ses doses, ou lui faire partager ses habitudes. Il insistait souvent pour qu’elle goûte et, un jour, elle avait accepté. Un simple joint, juste pour la détendre un peu, mais Kayla n’avait pas été attirée par l’effet que ces substances avaient sur elle.
Leur couple avait malgré tout tenu près de deux ans. Deux années de hauts et de bas. Deux ans où elle s’était plus attachée à lui, que lui à elle.
Et puis il y avait eu ce jour fatidique où elle lui avait appris sa grossesse. La réponse de Steve avait fusé et Kayla avait encaissé ses paroles comme un coup au ventre.
— Je ne veux pas de ton marmot, avait-il craché entre deux taffes de son joint. Tu avortes ou je me tire.
Habitué à ce qu’elle fasse tout ce qu’il ordonne, Steve avait attendu. Il comprit que cette fois ce serait différent quand il s’aperçut que Kayla ne réagissait pas. Sans rien ajouter, il était parti et elle ne l’avait jamais revu.
Cette grossesse lui avait ouvert les yeux sur lui et fait comprendre qu’il n’était qu’un looser qui l’entraînait au fond du gouffre. Pourtant, il lui manquait. Elle s’était naïvement dit, bien que ce soit un accident, qu’il serait content d’avoir un enfant, qu’ils pourraient l’élever tous les deux... Quelle conne ! Comment avait-elle pu être si aveugle ? Ce sale type ne lui avait apporté que des ennuis depuis qu’elle l’avait rencontré, mais elle l’avait dans la peau.
C’était d’ailleurs étrange et confus dans son esprit. Maintenant qu’elle y pensait, elle se rendait compte que sa descente aux enfers avait commencé avec lui, pourtant elle l’aimait et cela serait toujours le cas. Il lui avait donné une fille après tout… même s’il les avait abandonnées toutes les deux par la suite !
La vie avait continué et Kayla avait poursuivi sa grossesse. Au cours du quatrième mois,