Le Grand Livre de Julie , livre ebook

Le Grand Livre de Julie
Dorota Bałuszyńska-Srebro
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Le Grand Livre de Julie
 
 
 
Biographie de l’auteur
Dorota Bałuszyńska-Srebro est une écrivaine polonaise habitant en Pologne à Kielce.
Titulaire d’une maîtrise de philologie polonaise de l’université Jagéllonne de Cracovie (spécialité théâtrologie), elle a aussi fini des études de mise en scène théâtrale pour les enfants et les adolescents à la Grande École du Théâtre à Wrocław.
Au début de sa carrière professionnelle, elle travaillait comme enseignante de polonais et réalisatrice de théâtre pour les jeunes.
Elle s’occupe aussi de la création littéraire. Au cours de quelques années, elle a gagné de nombreux prix, par exemple le Grand Prix du premier concours du scénario pour les pièces de théâtre Nie do szuflady ( Ce n’est pas à mettre dans le tiroir , Inowrocław, mars 2008), ainsi qu’une distinction honorifique dans le concours de poésie Muzyka w duszy gra (« La musique qui joue dans l’âme », Varsovie, mai 2009).
Son livre pour les jeunes lecteurs Księga Julii ( Le Grand Livre de Julie ) a été nommé pour le titre du Livre de l’an 2010 de la section polonaise IBBY.
En 2016, ses deux livres Le Dernier Chevalier et Nicolas et le chemin de Saint-Jacques ont été mis, par la Bibliothèque polonaise à Londres, dans le palmarès des meilleurs livres pour enfants et adolescents dans le projet Eurotoolbox 2016.
Les livres de Dorota Bałuszyńska-Srebro ont des opinions favorables aussi bien dans la presse spécialisée, par exemple dans le magazine littéraire très prestigieux Nouveaux livres que parmi des lecteurs des sites d’internet les plus populaires.
Comment Julie a perdu sa clef   ?
C’était un jour comme les autres. Julie rentrait de l’école. En chemin, elle s’arrêta un moment et s’accroupit pour observer des fourmis s’activant autour de pavés. Le printemps est arrivé et ces créatures minuscules ont fabriqué sur le trottoir des petits monticules de sable. Il fallait marcher très attentivement pour ne pas les écraser.
Julie en eut vite assez de l’observation des fourmis et décida de jouer à la marelle sur les pavés. Elle regarde autour mais rien, pas de caillou.
En se penchant, elle voit la clef de la maison que sa mère accroche à son cou avec un gros ruban. Elle décroche la clef, la lance et commence à jouer en sautant à cloche-pied.
Jouer seule est moins intéressant qu’à plusieurs, aussi, Julie résignée, prend son cartable et se dirige lentement vers la maison.
Arrivée devant la porte de la maison, elle cherche sa clef. Rien dans la poche, rien dans son cartable ou plutôt une multitude de petites choses mais pas cette clef qu’elle aimerait sentir dans sa main.
« Et maman qui doit rentrer tard », se dit-elle…
Le sentiment de terreur et d’impuissance s’empare d’elle.
Julie se sent perdue. Elle se met sur l’escalier froid en attendant le retour de ses parents. Le temps lui paraît infiniment long.
L’obscurité qu’elle trouve au creux de sa main, la calme.
« Quel chouette jeu, pensa-t-elle. Je ne savais pas qu’on pouvait disparaître si facilement. » Tout s’apaisait ; les bruits de la cour, le souffle du vent, même les voitures de l’autre côté de la rue paraissaient de plus en plus loin. L’angoisse de Julie disparut. Et elle ne fut plus si triste.
« Balcon ! se dit-elle, je vais entrer par le balcon. » Elle part en courant faire le tour de la maison, et arrive au petit balcon en béton qui donne sur sa chambre. Gracieusement, elle escalade la petite rambarde et saute à l’intérieur.
Hélas, une vigne plantée par sa mère cache bien l’entrée avec ses grosses feuilles.
Julie repousse les branches pour accéder à la porte vitrée, mais les longs sarments entremêlés l’empêchent de passer. Elle les tire, tente de les pousser, de les écarter, mais rien n’y fait. Cette vigne s’obstine à lui interdire l’entrée. Quand elle réussit à écarter une branche, une autre apparaît aussitôt. « Elles le font exprès » pensa-t-elle.
Après plusieurs minutes d’une lutte inefficace, Julie jette l’éponge.
Déçue, elle saute le balcon et s’en retourne à la montée des escaliers.
Tout à coup, un éclair ! « Je sais, j’ai posé la clef sur le trottoir ! »
Elle décide de laisser son cartable devant la porte et part à la recherche de son précieux sésame. Arrivée dans la rue, elle inspecte chaque pavé.
À mi-chemin, elle voit un spectacle étonnant : le ruban qu’elle portrait autour du cou se déplaçait. La clef accrochée au bout était tirée par des dizaines de fourmis. Surprise, Julie veut se saisir de la clef mais les fourmis accélèrent et la clef commence à disparaître dans un des petits trous.
Au dernier moment, Julie arrive à saisir un petit bout du ruban sans pouvoir néanmoins le retirer. Quelque chose de très fort le tirait de l’autre côté. « Je ne savais pas que les fourmis étaient aussi fortes ! »
Soudain, elle ressent une forte secousse et cette force inconnue l’entraîne au fond de la terre. Tout autour d’elle commence à tourbillonner. Elle comprend qu’elle tombe tout en tenant le ruban comme un fil d’Ariane. Tout est noir.
« Je dors. Je rêve… »
 
Qu’arrive-t-il à Julie   ?
Doucement elle tombe, comme en état d’apesanteur.
Autour d’elle, c’est l’obscurité totale. On peut juste apercevoir un filet de sable marron clair qui coule par les trous entre les pavés.
Dans sa chute, Julie voit en dessous d’elle un pavement de pierres rectangulaires presque de la même dimension.
Un dessin est gravé sur chacune d’elles mais les contours sont peu visibles, en partie recouverts d’une fine couche de sable.
Enfin, Julie touche le sol. Elle remarque que le pavement de pierres se prolonge de tous les côtés sans fin. « Ça ressemble à un code ou un rébus. » se dit-elle. Elle se penche sur une dalle pour la nettoyer avec sa main. « On dirait un trou de clef » pense-t-elle en voyant un espace dans le pavement. « Si c’est un trou de clef, elle doit être tout près. Je vais continuer les recherches. Je ne savais pas qu’en dessous de ce trottoir il y avait des caves. Est-ce que je me suis évanouie ?
Ça m’est arrivé un jour mais tout de suite après je me suis réveillée. Là, je vais me réveiller bientôt. Et si ce n’était pas un rêve mais le début d’une aventure extraordinaire ? Peut-être suis-je tombée sur des galeries souterraines oubliées ? Whaou ! Quelle découverte ! J’ai toujours voulu vivre des aventures étonnantes comme les héros de mes livres. Je savais qu’un jour, il se passerait quelque chose aussi dans ma vie. Je suis prête, je n’ai pas peur ! »
Julie observe les mystérieux éléments du pavage. Sur l’un des pavés, elle voit un livre dessiné. Pour bien le voir, elle souffle très fort dessus pour chasser le sable qui s’envole et lui couvre les yeux.
Elle ne voit plus rien. Elle s’essuie, se frotte les paupières, cligne intensivement des yeux et voit alors un groupe de fourmis s’enfuir avec sa clef. En faisant un pas en avant, elle a l’impression que la pierre sur laquelle elle pose le pied s’enfonce et de nouveau elle perd l’équilibre.
Quand elle reprend ses esprits, elle voit que…
La bibliothèque   : conversation avec les livres
Elle se trouve dans une immense bibliothèque. Autour d’elle, devant, derrière, s’étendent de longues étagères de livres. La bibliothèque ressemble à celle de l’école, où la fille allait très souvent, mais celle-ci est beaucoup plus grande.
Julie est étourdie par ce brusque changement, mais n’est nullement apeurée. Elle adore les livres et, dans la bibliothèque scolaire, elle se sentait comme à la maison.
Elle suit des yeux les étagères pleines de livres qui sont autant de boîtes de chocolats : ils attirent, tentent par des surprises, des aventures et l’espoir de connaître de nouveaux amis. Ils vous laissent entrer dans de nouveaux mondes, vous font voyager dans des pays imaginaires. Ils ont une couleur plus ou moins appétissante, une couverture attirante ou repoussante, des pages effilochées qui prouvent un emploi fréquent, ou sont poussiéreux pour ceux qui se lisent peu.
C’est peut-être la forme des lettres qui a attiré des lecteurs qui ont partagé leurs émotions, qui ont laissé leur marque en cornant les pages.
Chaque fois qu’elle le pouvait, Julie courait à la bibliothèque et, comme elle lisait très vite, elle revenait souvent prendre de nouveaux livres.
Cette fois-ci, elle ne put résister à l’envie de les toucher.
— Oh ! Mary Poppins  ! Le Magicien d’Oz  ! Histoire de deux enfants qui volèrent la Lune ! Le roman de Cipollino  ! En prenant chaque livre, elle lisait les titres à haute voix.
Soudain, elle entend un murmure, un froissement. Ça semblait venir des livres qu’elle tenait dans ses mains.
Effrayée, elle laisse tout tomber par terre et, en tombant, les livres s’ouvrent à des pages différentes. Et là, devant les yeux grands ouverts de Julie, une forme étrange apparaît, sortie d’une des pages, et une autre, et une autre encore et encore… Elle reconnaît les dessins qu’elle a vus auparavant.
« Oh, c’est Jacek et Placek ! » Julie a reconnu sans difficulté les jumeaux couverts de taches de rousseur. « Et Dorothée ! », une fille avec des tresses, habillée en robe blanche qui vient de sortir gracieusement de son livre.
— Et toi, tu es sûrement le Roi du château souverain !
Un drôle de bonhomme ventru est sorti d’un autre livre.
— Ma petite fille, tu viens d’où ? demande Dorothée.
— Je n’en sais rien. Je rentrais de l’école et me suis retrouvée ici. C’est étonnant ce que je vais te dire, mais j’ai l’impression d’être tombé