70
pages
Français
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2022
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Publié par
Date de parution
14 janvier 2022
Nombre de lectures
3
EAN13
9782374539317
Langue
Français
Marseille, 12e arrondissement, la villa, un loft luxueux et high-tech.
Là, tout est prévu pour traiter au mieux les « prélèvements » opérés par les occupants du lieu, amateurs d’effusions sanglantes.
Marseille, 2e arrondissement, Hôtel de police de l’Évêché.
Une centaine de femmes ont mystérieusement disparu ces dernières années sans qu’aucun cadavre n’ait jamais été retrouvé. L’Intelligence Artificielle du logiciel Sirènes éteintes, manipulant une infinité de données, a trouvé des points communs à toutes ces disparitions, émettant l’hypothèse d’une même série de meurtres. De plus, bien que ces femmes se soient évaporées dans toute la France, un faisceau d’indices pointe vers la Cité Phocéenne.
Les inspecteurs Kernel et Duval sont en charge de cette enquête particulière en collaboration avec El Khordi, créateur de l’IA.
Le Mistral souffle. Fort.
Hurlements avec vue est le tome 3 de la trilogie Sirènes éteintes par Laurent Pinori.
Publié par
Date de parution
14 janvier 2022
Nombre de lectures
3
EAN13
9782374539317
Langue
Français
Présentation
Marseille, 12e arrondissement, la villa, un loft luxueux et high-tech.
Là, tout est prévu pour traiter au mieux les « prélèvements » opérés par les occupants du lieu, amateurs d’effusions sanglantes.
Marseille, 2e arrondissement, Hôtel de police de l’Évêché.
Une centaine de femmes ont mystérieusement disparu ces dernières années sans qu’aucun cadavre n’ait jamais été retrouvé. L’Intelligence Artificielle du logiciel Sirènes éteintes , manipulant une infinité de données, a trouvé des points communs à toutes ces disparitions, émettant l’hypothèse d’une même série de meurtres. De plus, bien que ces femmes se soient évaporées dans toute la France, un faisceau d’indices pointe vers la Cité Phocéenne.
Les inspecteurs Kernel et Duval sont en charge de cette enquête particulière en collaboration avec El Khordi, créateur de l’IA.
Le Mistral souffle. Fort.
Hurlements avec vue est le tome 3 de la trilogie Sirènes éteintes par Laurent Pinori.
Laurent Pinori est né à Marseille en 1973. Il vit à Paris et écrit des romans.
Mistral sanglant, Sirènes éteintes Tome 1 (2019), Polar
Le Tueur de l'Etoile, Sirènes éteintes Tome 2 (2020), Polar
L'homme-glaïeul (2020), roman fantastique
HURLEMENTS AVEC VUE
Sirènes éteintes - 3
Laurent PINORI
38 rue du polar
Chapitre 1
Un homme apparut sur le trottoir du boulevard Garoutte. Il sortait d’une demeure dotée d’un beau cachet, pas si rare dans cette artère réputée pour être la plus chère du douzième arrondissement de Marseille. Les actuels occupants de cette maison ignorent tout de l’horreur qui s’y rattache. L’agent immobilier qui a réussi la transaction s’est bien gardé d’en faire la publicité. N’en disons pas plus, ne troublons pas inutilement l’extase patrimoniale.
L’homme en question s’appelait Volkovic. Comme chaque matin, il se rendait à pied dans un café du quartier Saint-Barnabé, étape liminaire des achats de produits frais avec lesquels il cuisinait ses deux repas quotidiens. Au comptoir, deux personnes se tenaient à bonne distance. Volkovic croisa le regard de Mme Mathilde, ses yeux tristes, meurtris par le veuvage, la salua avec bienveillance, tandis qu’il gratifiait d’un signe furtif et bien moins chaleureux le second personnage, un homme corpulent avec l’option bedaine pneumatique et l’air un peu niais que Volkovic rencontrait presque chaque matin sans s’être soucié le moins du monde de sa raison sociale.
Lorsqu’il avait aperçu Volkovic dans la rue, s’apprêtant à franchir le seuil de son bar, le patron avait baissé le son de la télé. Les piaillements des chaînes d’information l’incommodaient et n’apportaient de toute façon aucun commentaire pertinent aux images, sans intérêt elles non plus. Des Femen, torses nus, avaient investi une église pour une raison que Volkovic ignorait, mais qui relevait de toute évidence de leur combat féministe. La passion de la vengeance les soulevait plutôt que l’accablement des plaintes. Guerrières et non plus victimes comme les proies de Don Juan dans le poème de Baudelaire que ces images réveillaient en lui :
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Volkovic guettait la réaction de Mme Mathilde, mais il ne décela dans son regard que cette immuable tristesse à la texture unique, tissée de renoncement, qui semblait l’exclure des passions humaines. Cependant, un pli infime s’était dessiné au coin des lèvres, que Volkovic interpréta comme une désapprobation. Il n’en fut pas surpris, il n’imaginait pas Mme Mathilde autrement que dans l’acceptation de la dissymétrie historique et biologique entre les hommes et les femmes. Les féministes considéraient cela comme une injustice profonde qui devait être annulée en garantissant aux hommes et aux femmes des rôles identiques. Dégenrer l’humanité plutôt que la déranger. La révolution en coupant des bites plutôt que des têtes. Les autres femmes, à l’instar de Mme Mathilde, parvenaient à un constat identique, mais leur appréciation était tout autre : si les hommes bénéficiaient d’avantages ostensibles, les femmes réussissaient à se prévaloir de privilèges discrets, mais de poids, si bien que la situation n’était pas si déséquilibrée qu’il y paraissait.
Se sentant observée, Mme Mathilde dirigea son regard sur Volkovic. Il luisait bien que ses yeux fussent ternes comme des vitres poussiéreuses derrière lesquelles brûlait un cerveau. Elle connaissait le passé de Volkovic dont on trouvait sans peine les traces sur internet. Volkovic était un homme riche, extrêmement riche à vrai dire. Vingt ans auparavant, il avait créé l’un des premiers sites de rencontres du web avant de le céder quelques années plus tard en échange de plusieurs dizaines de millions d’euros. À 46 ans, on ne lui connaissait aucune autre activité que la fructification de son patrimoine. Ce rentier tranquille avait choisi de s’installer ici, à Saint-Barnabé, sans que personne ne comprenne pourquoi dans la mesure où l’on n’y trouvait aucune des infrastructures dont s’entichent les millionnaires.
À l’autre extrémité du comptoir, l’homme à la bedaine pneumatique s’agitait, visiblement émoustillé par les seins tagués des Femen. Les mouvements autonomes de sa panse s’étaient amplifiés tout en conservant une fréquence d’une stabilité à faire pâlir l’horlogerie suisse. Les soubresauts de son ventre formaient une étrange conversation avec les oscillations des nichons des Femen, comme des animaux sauvages communiquant dans un langage inaccessible à l’entendement des observateurs.
Sans transition, sans même un commentaire, la chaîne d’infos bascula sur un défilé de haute couture dont seules les féministes étaient qualifiées pour juger s’il s’agissait de l’exercice immémorial de la domination masculine ou bien, au contraire, de femmes se libérant au travers de la mode. Celles qui défilaient étaient sans rapport avec l’animalité hostile des Femen. Ces filles ressemblaient d’ailleurs plus à des androïdes femelles haut de gamme qu’à des femmes telles que Mme Mathilde, ayant la profondeur que les hommes recherchent dans le regard et dans le corps.
Volkovic sortit du café et débuta son circuit pédestre dans le quartier de Saint-Barnabé en faisant halte dans des commerces pour se procurer les ingrédients dont il avait besoin. Parfois, il avait recours à des plats achetés chez des traiteurs ou se faisait livrer à domicile par des restaurants. Sa fortune lui aurait permis de se dispenser de préparer ses repas, quitte à employer du personnel, mais il s’astreignait à cuisiner le plus souvent possible. Les journées d’un rentier étaient menacées d’ennui. Une certaine discipline et des activités chronophages s’avéraient indispensables pour ne pas sombrer dans la déprime. Alors qu’il sortait de la poissonnerie, il fut pris d’excitation à la vue d’une femme voilée dont l’image se superposa à celles des Femen. Volkovic eut l’intuition que la scène succédant à la manifestation des Femen dans l’église allait se dérouler sous ses yeux en cet instant précis. Un groupe d’islamistes avait été informé de l’endroit où logeaient les guerrières féministes et la femme voilée avançait en éclaireur juste avant que ne soit déclenché l’assaut. Ils étaient une trentaine environ, cassant les fenêtres et sautant sur les Femen exténuées. Ils les violèrent, les sodomisèrent puis postèrent sur des sites temporaires les vidéos de leur exploit. La séquence-fiction avait piraté le flux de pensées de Volkovic en vampirisant 100 % de la bande passante. Reprenant ses esprits, il s’aperçut qu’il parlait seul et se tut aussitôt. Il était observé depuis que la ville avait implanté des caméras de vidéosurveillance. Il était aussi filmé dans sa tête. Cette fois, rien de réellement compromettant n’avait été projeté, mais il fallait décocher tout de suite l’icône caméra avant que ne soient diffusées des séquences susceptibles d’attirer l’attention des autorités. Il nota sur son smartphone : « Femen, islamistes, sodomie, 4 minutes ».
L’idée qui fit sa fortune lui était venue un week-end à une époque lointaine où il vivait encore à Paris. Volkovic s’ennuyait, il était jeune, le besoin sexuel était pressant et continu. Il avait téléphoné à une agence matrimoniale sélectionnée au hasard d’encarts publicitaires. On lui avait fixé rendez-vous dans le huitième arrondissement. Une fille magnifique l’avait accueilli dans un appartement haussmannien réagencé en bureaux très chics. Elle lui avait posé quelques questions sur sa personnalité, son métier et ses hobbies, puis, dans un second temps, sur le genre de relation qu’il recherchait, et – appelons un chat un chat – sur son type de femme. La fille était très à l’aise, se livrant en apparence à une conversation décousue alors qu’elle déclinait, avec un certain talent de comédienne, un questionnaire standard. Après quoi, elle parla à Volkovic d’une fille qui pourrait lui convenir. Elle lui montra une photo. La fille était plutôt pas mal, sans aucun rapport avec la beauté hors norme de son interlocutrice, mais Volkovic n’aurait pas été contre une partie de jambes en l’air. Il s’enquit de la nature exacte des prestations de l’agence et de leur montant. Il faillit tomber de sa chaise lorsque celle qu’il nommerait « la Salope » le restant de ses jours lui annonça, droit dans les yeux, le prix exorbitant à payer pour ce qui se bornait à communiquer le numéro de téléphone de la fille. La Salope lâcha le chiffre sans s’embarrasser de pincettes, de justifications en lien avec d’hypothétiques prestations onéreuses, comme s’il allait de soi qu’avec sa tronche et son métier trivial, Volkovic n’avait d’autre alternative que de se faire couillonner s’il espérait traverser l’existence autrement qu’en se masturbant dans son studio minable. Il se redressa, remercia la Salope en l’informant qu’il n’était pas pressé et qu’il allait prendre le temps de réfléchir. Il ne