Ex Tenebris , livre ebook

Présentation
Pour une raison obscure, le capitaine Malone Casey est muté à la PJ de Rouen. Il intègre l’équipe du commandant Cécile Leprince quand un prêtre est sauvagement assassiné dans une église. Peu après, une jeune femme est enlevée, sans demande de rançon, et son corps n’est pas retrouvé. Tandis que les meurtres des ecclésiastiques se poursuivent à un rythme inquiétant, d’autres femmes disparaissent et rien ne permet de relier les deux affaires.
Rouen serait-elle devenue le terrain de chasse de deux tueurs en série ?
 
 
Après des études de droit, Gilles Milo-Vacéri vit pendant quelques années de multiples aventures au sein de l’armée puis entame une série de voyages sur plusieurs continents afin de découvrir d’autres cultures. C’est un auteur protéiforme, explorant sans cesse de nouveaux territoires. Le polar ou le thriller, le roman d’aventures inscrit dans l’Histoire ancienne ou plus contemporaine, les récits teintés de fantastique, se sont imposés à lui en libérant complètement sa plume de toutes contraintes et révélant un imaginaire sans limites. Au-delà d’une trame souvent véridique, le suspense et les intrigues s’imposent dans ses romans, apportant une griffe particulière à ses publications.
Un pied dans la réalité, l’autre dans un univers étrange où tout peut devenir possible, Gilles Milo-Vacéri surprend ses lecteurs avec des textes au réalisme angoissant. Il aime conserver un lien étroit et permanent avec son lectorat, lors de rencontres dédicaces ou grâce à sa présence sur les réseaux sociaux.
EX TENEBRIS
1. LA LUMIÈRE VIENT DES TÉNÈBRES
Gilles MILO-VACÉRI
 
Préambule de l’auteur
Ce thriller a pour moi une saveur très particulière, comme un goût de renouveau et une porte grande ouverte sur demain.
En effet, sans m’épancher sur mes soucis du quotidien que je subis comme tout un chacun, ce roman que vous allez lire, a failli ne pas voir le jour.
C’est pourquoi je souhaite le dédier à trois personnes en particulier.
À Anita Berchenko, mon éditrice, qui, par sa présence et ses avis toujours éclairés, m’a aidé à garder le cap dans la tourmente de cette période bien sombre.
À Pierre Stretenowich, l’homme de l’ombre, dont je ne parle jamais, mais sans qui je serais bien démuni face à certaines situations et dont les conseils me sont si précieux.
Et enfin, à Caroline, ma femme, qui me soutient contre vents et marées, sans jamais faillir et qui m’apporte ce grain de folie pour sourire à la vie tous les jours.
À vous trois, je dois beaucoup et je vous adresse mes plus chaleureuses pensées.
J’en profite pour remercier vivement Jean-Louis Gandon, dont vous lirez la préface après ce préambule. Quand je lui ai demandé de préfacer ce roman, il a tout de suite accepté et ses mots m’ont profondément touché.
Préface
Grâce au hasard de mes lectures choisies parmi un nombre impressionnant de thrillers, j’ai découvert, avec un immense plaisir, la série complète consacrée au Commandant Gabriel Gerfaut 1 ainsi que les autres romans policiers de Gilles Milo-Vacéri.
J’ai ressenti, avec une réelle émotion, les liens amicaux et fraternels entre les personnels de la Gendarmerie Nationale. Cette ambiance, je l’ai personnellement vécue durant toute ma carrière, quand j’étais affecté à la brigade des mineurs et des mœurs de la Sécurité Publique puis au service de la Police Judiciaire lyonnaise et enfin, au sein de la Direction de la Police Technique et Scientifique.
Au cours d’enquêtes criminelles réalistes, les romans de Gilles Milo-Vacéri relatent la parfaite symbiose entre les services de la Police Technique et Scientifique et ceux de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale. Ceux-ci travaillent avec une grande efficacité auprès des enquêteurs de terrain, toujours plus volontaires pour ne laisser aucun crime ou délit impuni. Un grand merci à Gilles qui parvient à faire ressortir ce lien étroit qui existe entre toutes les forces de l’ordre de la République.
À la lecture de ses livres, j’ai voyagé avec un certain bonheur du Brésil aux portes du Vatican et parcouru de nombreuses provinces françaises. De même, j’ai apprécié l’analyse de l’aspect sentimental des différents protagonistes intervenant dans ses récits. Aussi, je peux vous dire qu’à chaque fois que je termine un de ses livres, j’attends avec impatience sa prochaine parution.
Il est temps pour moi de vous laisser savourer ce nouveau thriller dont le titre, Ex Tenebris , est déjà à lui tout seul, la promesse d’un moment intense de lecture qui comblera les plus exigeants.
 
 
Jean-Louis GANDON
Commandant Fonctionnel Honoraire
Chevalier de l’Ordre national du mérite
Médaille d’Honneur de la Police Nationale
Expert sûreté Ministère de la Justice
Référent sûreté Police & Gendarmerie nationale
Ancien responsable du FNAEG 2
Certifié formation FBI (Mac Lean V.A. & CODIS Unit)
Certification européenne de lutte contre le crime organisé
Prologue
Jeudi 30 juin 2022
Rouen – Rue Saint-Patrice – Église Saint-Patrice
 
En ce début de soirée, le prêtre Jacques Gosselin déambulait dans son église, un éteignoir à la main, pour éteindre tous les cierges encore allumés, ôter les quelques bouts consumés et les coulures de cire. Devant chaque statue représentant un Saint, il n’oubliait pas de se signer avant de mener à bien sa tâche. Il avait déjà fermé toutes les portes et éteint les lumières principales de tout l’édifice, à l’exception des spots qui éclairaient encore le chœur.
Il regarda autour de lui avec une mine satisfaite.
— Bien, sauf erreur, je n’ai rien oublié.
D’ordinaire, la fermeture de l’église incombait à Pierre, son sacristain, mais celui-ci était couché au fond de son lit avec une grosse fièvre. Il n’y avait rien de pire qu’un rhume attrapé en été ! L’employé avait insisté pour venir malgré tout et le père Jacques avait dû hausser le ton pour qu’il reste chez lui et se soigne.
Dans le bruissement de sa soutane, il emprunta la travée principale pour revenir vers le chœur et le maître-autel devant lequel il s’agenouilla. Son regard fixa le Christ sur sa croix.
— Seigneur Jésus, priez pour nous, pauvres pécheurs…
Comme à chaque fois qu’il quittait l’édifice, avant d’éteindre les dernières lumières dans la sacristie, il aimait se recueillir et prier un petit moment. Entre ses prières, il repensa à sa journée bien remplie. Deux offices, une heure de catéchisme et quelques confessions.
La messe du soir avait été bien suivie par les paroissiens venus en nombre, renforcés par l’affluence de plusieurs touristes aux visages inconnus. Il appréciait l’été, sa chaleur, la joie qu’il devinait chez ses fidèles.
Il se rappela aussi la confession de l’adorable madame Germain, l’une de ses plus anciennes paroissiennes. Cette brave grand-mère était venue implorer le pardon de Dieu pour avoir volé les bonbons de ses petits-enfants qu’elle hébergeait chez elle pour les vacances. Il avait failli rire devant la mine affligée et les propos presque larmoyants qu’elle avait tenus.
Et il y avait eu ce différend sordide entre la famille Duchemin et…
Un bruit soudain venait de retentir dans l’église. Un bruit très caractéristique qu’il connaissait bien et pour cause. Ce claquement suivi d’un grincement, c’était la porte du confessionnal. Combien de fois avait-il demandé au sacristain de s’en occuper et d’huiler les gonds ? Il ne saurait le dire, mais en attendant, on venait d’ouvrir cette porte.
Aurait-il enfermé un de ses paroissiens ? Il prit appui sur sa main gauche et se remit debout. Les sourcils froncés, il se dirigea vers le bas-côté. Qui pourrait encore traîner par ici à 21 h 30 ?
— Il y a quelqu’un ? cria-t-il.
Seul le silence lui répondit et en quelques pas, il arriva devant le confessionnal, comprenant qu’il avait bien reconnu l’origine de ce bruit.
— Mince ! Mais qui donc…
Il sentit tout à coup une présence dans son dos et s’apprêtait à faire volte-face quand un coup violent, asséné sur sa nuque, le fit tomber lourdement sur le sol. Seul un cri, vite étouffé, lui échappa alors que son front heurtait le dallage.
Incapable de garder les yeux ouverts, il ne lutta guère contre la douleur qui le paralysait et se laissa aller dans l’abîme sombre de l’inconscience. Sa dernière pensée fut de se dire que ça n’était pas si difficile de mourir.
Il n’eut même pas le temps de recommander son âme à Dieu.
 
*
 
Tandis que Jacques Gosselin retrouvait peu à peu ses esprits, il sentait l’inconfort de sa position sans toutefois en saisir le sens ou la raison. Soudain, une douleur vive et lancinante au niveau de sa nuque se rappela à lui et le fit gémir.
Il parvint à rouvrir les yeux au prix d’un gros effort. D’abord aveuglé par les spots du chœur, toujours allumés, il remarqua l’obscurité qui régnait maintenant au-delà. Il comprit qu’il était resté un long moment inconscient. Cherchant à rassembler ses idées, il se demanda ce qui avait bien pu lui arriver. Encore sonné, sa logique était battue en brèche par la souffrance qui allait crescendo et l’empêchait de réfléchir. Il se souvenait parfaitement du bruit puis d’être allé près du confessionnal. Ensuite, il ne restait qu’un trou noir.
Malgré sa volonté, il ne se souvenait de rien !
À peu près conscient, le souffle court, il reconnut tout de suite l’étoffe sous sa joue, du lin couleur crème brodé de fils d’or. Il était courbé en avant sur l’autel de son église ! Quand il voulut bouger, il réalisa très vite la sinistre réalité de sa situation.
Jacques avait le buste allongé, les bras tendus et en croix, les poignets entravés par une corde. D’ailleurs, le sang ne passait plus et ses doigts étaient engourdis. Son bassin était en appui sur l’angle de la pierre, ce qui lui faisait mal et ce fut à cet instant qu’il sentit sa nudité, de la taille jusqu’au bout des orteils. Il frissonna et se débattit, malgré les liens qui enserraient aussi ses chevilles.
Une image lui revint alors en mémoire. Enfant, son père lui faisait prendre la même position humiliante pour lui