Croisière paradis , livre ebook

icon

146

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2023

Écrit par

Publié par

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

146

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2023

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

En rentrant chez elle, Romy trouve sa valise devant la porte de l’appartement qu’elle partage avec son petit ami et patron, Young-jae. Un petit mot l’informe qu’il la quitte pour une autre. Elle perd ainsi son amoureux et son travail en même temps.


Installée en Floride depuis peu, loin de sa famille et de son Québec natal, la jeune femme doit vite trouver un plan pour se loger et subvenir à ses besoins. Une occasion inespérée lui permet de faire d’une pierre deux coups : un poste d’animatrice sur un bateau de croisière vient de se libérer et elle est engagée sur-le-champ.


Cette bouée de sauvetage se transforme cependant rapidement en casse-tête pour Romy. Non seulement, par un cruel hasard, Young-jae séjourne lui aussi sur le bateau en compagnie de sa fiancée, mais des choses louches semblent se tramer à bord. La Québécoise devra compter sur sa bonne étoile et sur son instinct pour percer le mystère et affronter les dangers qui l’entourent.

Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

28 avril 2023

Nombre de lectures

67

EAN13

9782384830442

Langue

Français

Croisière Paradis
Agnès Ruiz
 
 
 
 
 
 
 
 
À ma petite maman et à mes deux grandes sœurs.
Chacune, à votre façon, vous m’inspirez. Je vous aime.
1
Romy Bergeron était partie tôt le matin pour profiter de sa première journée de vacances. Première étape : les boutiques. Elle avait repéré un maillot de bain dans une vitrine et avait aussi besoin de quelques accessoires. Après tout, elle habitait Sunny Isles Beach depuis maintenant six mois, et il faisait beau presque tout le temps.
Ce climat était plutôt inhabituel pour elle. En effet, étant originaire de la Rive-Sud de Montréal, les hivers sous la neige et le froid, elle connaissait. À l’aube de ses vingt-sept ans, elle s’était décidée à vivre une nouvelle expérience. Elle avait ainsi traversé la frontière, direction Miami.
Il faut bien le reconnaître, ce déménagement s’était fait sur un coup de tête. Cela lui avait réussi puisqu’elle avait déniché un travail au service à la clientèle dans une boîte qui s’occupait d’import-export à l’international, particulièrement sur les marchés asiatiques.
Ce boulot lui permettait de démontrer ses compétences en langues étrangères. Elle parlait couramment le français, l’anglais, l’espagnol et l’allemand. Cerise sur le gâteau, elle avait trouvé l’amour auprès de Young-jae Kim, son patron. Cette liaison relevait sans doute un peu du cliché, mais bon, elle n’y pouvait rien.
Young-jae était un Sud-Coréen qui possédait aussi la nationalité américaine. Il avait quitté Séoul pour poursuivre ses études universitaires à New York. Il s’était ensuite installé en Floride, où il avait fondé son entreprise d’import-export.
Il allait fêter ses trente ans dans une semaine. Romy cherchait depuis longtemps le présent idéal. Aujourd’hui, elle avait enfin trouvé une montre superbe. Son budget cadeau avait dû être revu à la hausse pour la circonstance. Quand on aime, on ne compte pas, avait susurré son être intérieur au grand dam de son portefeuille.
Young-jae était grand, brun, et ses cheveux ondulaient légèrement jusqu’à la naissance de son cou. Ses yeux de jais avaient fait frissonner Romy dès les premiers instants.
Très vite, une connexion invisible s’était établie entre eux. Ils discutaient avec aisance, partageaient leurs points de vue, aussi bien culturels qu’à propos de sujets étonnamment variés. Ils se sentaient bien l’un avec l’autre. C’est ainsi qu’ils avaient rapidement emménagé ensemble. Young-jae vivait dans un superbe appartement dont la vue à couper le souffle la laissait souvent rêveuse. Romy avait même appris quelques mots et phrases en coréen, se disant que cela pourrait toujours lui servir, sinon du moins pour le travail.
Dans le vaste hall de l’immeuble de Young-jae, une sculpture de pierre se reflétait dans un grand miroir mural. Romy n’y accorda pas un regard. Avec le temps, elle s’était habituée à l’opulence des lieux, alors que dans les débuts, elle observait chaque détail, admirait le moindre signe de richesse ostentatoire. Il y en avait un nombre incalculable. Il était facile de comprendre que ce prestigieux édifice était réservé à l’élite.
Romy n’appartenait pas à la même classe que Young-jae. Lui était né dans l’abondance et avait emprunté le chemin pavé d’or qu’on lui avait tracé. Elle avait des parents simples, gentils et attentionnés, qui bénéficiaient d’une retraite modeste. Ils vivaient dans une maison d’une seule chambre à Longueuil maintenant que leurs deux enfants n’habitaient plus avec eux.
Romy appuya sur le bouton de l’ascenseur et se retrouva à son étage en un rien de temps. Le couloir était silencieux. C’était toujours la même chose, une ambiance feutrée et impersonnelle. Aucun cri ne s’échappait des appartements clos qui se côtoyaient sur ce palier.
Pas d’aboiements de chien, de petits qui réclament une sortie au parc, pas de musique non plus. Comme si personne n’habitait là.
Cette fois, quelque chose clochait.
Les portes chromées s’étaient refermées derrière elle depuis un bon moment. Romy ne bougeait pas. Elle restait figée dans le couloir à observer l’anomalie qui se dressait devant chez elle.
Une valise.
La sienne.
Elle crut d’abord qu’ils avaient été cambriolés. Cette théorie n’aurait pas tenu la route une seconde si elle y avait réfléchi plus longuement.
Pourtant, comment expliquer autrement une scène si inusitée ?
Les doigts crispés sur ses emplettes et son sac à main, elle s’avança.
Elle craignait que les voleurs soient toujours à l’intérieur, occupés à emporter tout ce qu’ils pouvaient, ce qui rendait plausible la présence de sa valise qu’ils avaient potentiellement remplie jusqu’à plus soif.
La piste de l’effraction se refroidissait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait et que sa raison la rattrapait. La porte était bel et bien fermée, et hormis son bagage sur le sol immaculé du couloir, rien d’insolite ne transpirait des lieux.
En examinant sa valise de plus près, elle repéra un morceau de papier, coincé dans la poignée. Une enveloppe.
Romy déposa son sac à main et ses emplettes sur le plancher et s’en empara. Ses doigts tremblaient.
Agitée, elle l’ouvrit et en sortit une feuille soigneusement pliée qu’elle déploya.
En reconnaissant l’écriture de Young-jae, toute sa physionomie se détendit.
« Un voyage ! Voilà une surprise géniale pour mes vacances ! » s’enthousiasma Romy, l’esprit déjà transporté de joie.
La chaleur revenait dans son corps. Des papillons dansaient soudain dans tout son être. Un scénario jouait dans sa tête : une croisière en amoureux, des cocktails aux couleurs exotiques, Young-jae, un genou posé sur le sol, la demandant en mariage un soir de pleine lune…
Le retour à la réalité fut brutal. Les papillons régressèrent au stade de grosses chenilles douloureuses, qui lui tordaient à présent l’estomac. La nausée la prit et elle porta sa main à sa bouche. Il était hors de question qu’elle se laisse aller à vomir dans ce couloir impeccable.
Romy secoua la tête pour tenter d’évacuer sa détresse et relut par deux fois la courte lettre. Aucun voyage à la clé. Young-jae ne voulait plus d’elle. Il était désolé, mais il s’était engagé auprès d’une autre femme, une Sud-Coréenne. Il n’y avait rien à ajouter.
— Et c’est tout ? murmura Romy, affligée.
Il la laissait, par missive interposée ?
L’incrédulité continuait à s’insinuer en elle. Ses yeux se posèrent sur sa valise. Six mois de sa vie ainsi mis au rebut ? La lettre de Young-jae contenait un post-scriptum : le reste de ses affaires lui seraient envoyées à l’adresse qu’elle lui indiquerait. Elle avait là ce qu’il avait dû estimer être l’essentiel, et qu’il avait abandonné dans le couloir comme si… comme si elle était un vulgaire paquet à expédier loin de chez lui ! C’était une blague. De mauvais goût, en plus.
On ne traitait pas les gens comme ça.
Romy rebondit sur cet espoir. Elle se tourna vers l’entrée et glissa la carte dans la fente prévue à cet effet. La clé magnétique n’afficha pas le petit voyant vert quand elle valida le code. Elle s’obligea à réessayer, s’obstina, convaincue que l’émotion lui avait fait composer une suite de chiffres erronée.
L’énervement fit place à l’égarement. Elle s’emporta contre la porte récalcitrante, donna un premier coup de pied et un second. Elle tambourina sur le montant, cria, tapa du poing, appela Young-jae à pleins poumons. « Une vraie furie », se reprocha-t-elle, sans changer de stratégie.
Une voisine ouvrit soudain et la toisa d’un œil mauvais :
— Pour qui vous prenez-vous ? Ce n’est pas bientôt fini tout ce vacarme ?
— Je n’arrive pas à rentrer chez moi, répondit Romy au bord des larmes et de la panique.
— Ce n’est pas mon problème. Mais d’abord, vous habitez vraiment ici ? Je ne vous ai jamais vue.
— C’est l’appartement de mon petit ami, Young-jae.
L’inconnue observa Romy avec plus de suspicion encore avant de remarquer la valise sur le sol.
— C’est facile à comprendre, il ne veut plus de vous. Vous n’êtes pas la première. Ni la dernière. Vous savez, ma jolie, les hommes sont volages de nature… Le mien a filé quand il a appris que j’étais enceinte.
Ça fait maintenant vingt ans. Pfft !
Romy décela de la compassion dans le regard de la femme aux cheveux auburn. Elle n’aimait pas se sentir comme un chaton abandonné sous la pluie. Pourtant, c’est bien la sensation qu’elle éprouvait à cet instant. Malgré la douce chaleur qui irradiait du couloir, son corps était glacé et son estomac, toujours prêt à se déverser sur le palier.
— Je dois rentrer. C’est chez moi aussi ici, insista Romy, des trémolos dans la voix. Regardez, j’ai une carte. Vous voyez bien que je dis la vérité.
Elle brandit sa clé magnétique devant le visage de la femme.
— Ça ne prouve rien du tout. Les cartes, on les vole, on les remplace.
Les codes se changent, ils ne sont pas là pour rien. Vous devriez partir avant que j’appelle la sécurité. Vous n’avez plus rien à faire ici, c’est tout.
Finalement, la lueur de compassion qu’elle avait cru apercevoir dans les yeux de la voisine n’avait pas brillé longtemps, ou elle s’était méprise. Romy aurait voulu protester. La femme restait sur ses positions, les deux bras croisés.
Visiblement, elle ne bougerait pas tant que l’intruse ne battrait pas en retraite. Dans quel horrible conte Romy avait-elle basculé ?
Ce matin, tout allait bien. Il faisait beau, elle était amoureuse et avait profité de sa première journée de vacances pour faire le tour des boutiques, à la recherche d’un cadeau d’anniversaire pour Young-jae…
Et maintenant, plus rien ! Pffiou ! Un simple coup de baguette magique de la mauvaise sorcière et une tempête soufflait soudain sur sa vie, ravageant tout sur son passage.
De mauvais gré, Romy récupéra sa valise, son sac à main et ses emplettes matinales. Sous le nez de la voisine intransigeante, elle froissa la lettre et la jeta par terre d’un geste vif, comme si elle craignait que le papier lui brûle les doigts.
— Je vous jure, la jeunesse d’aujourd’hui ! entendit-elle dans son dos.
Ce maigre affront à la pr

Voir icon more
Alternate Text