Carpe Diem , livre ebook

Du même auteur aux Editions Sharon Kena


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Parce que ça n’arrive pas qu’aux autres… il faut prendre le temps de vivre avant que la vie ne nous prenne.
À toutes les âmes parties trop tôt.
Table des matières
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Epilogue
Remerciements
Prologue
Sa vie respire l’ennui.
Les jours se succèdent et se ressemblent.
Chaque matin, elle se lève à la même heure et se prépare pour le lycée ; il est inutile de passer plusieurs minutes devant son armoire à réfléchir à sa façon de s’habiller, Cassandra Da Silva doit porter la tenue réglementaire de l’école privée catholique où ses parents l’ont inscrite : une jupe, un chemisier, une cravate et une veste, le tout dans les tons bleus et blancs.
Après avoir avalé un petit-déjeuner équilibré préparé par la gouvernante, qui prend son rôle très au sérieux, elle file en cours, conduite par le chauffeur de la famille.
Son existence manque de piment, sa seule joie réside dans les moments passés avec Nora, sa meilleure amie depuis l’enfance. Elles fréquentent toutes les deux le même lycée, mais l’ambiance sérieuse qui y règne les empêche de faire des bêtises, comme lorsqu’elles étaient petites. Elles se plient donc aux règles et font ce qu’on attend d’elles.
Cassandra est une élève assidue, qui ne manque jamais les cours, qui tombe rarement malade et qui travaille beaucoup pour décrocher son Baccalauréat en fin d’année. Elle ambitionne d’être médecin – ou ses parents le rêvent pour elle, elle n’en est pas bien certaine. Quoi qu’il en soit, c’est le cursus qu’elle suivra à la rentrée prochaine, alors que Nora veut se spécialiser dans le droit. Ses parents étant avocats, sa voie à elle est finalement toute tracée.
Aucune ne se rebelle, chacune obéissant bien gentiment aux directives de sa famille. N’empêche que leur vie est monotone et manque cruellement d’animation.
Elles s’ennuient… ont besoin d’autre chose, bien qu’elles ne parviennent pas à l’identifier. Encore moins à le chercher.
Quand la journée de cours est terminée, Cassandra est raccompagnée chez elle par le chauffeur engagé par son père. Elle ne se souvient pas de la dernière fois où elle a parcouru à pied les quelques mètres séparant le lycée de l’appartement familial. Pourtant, marcher lui ferait du bien… Sentir le vent sur son visage lui manque.
Habitant au dernier étage d’un petit immeuble de la capitale – le dixième –, les Da Silva sont plutôt riches. Cassandra est la seule enfant d’un père travaillant dans la finance et d’une mère au foyer, bien que très occupée par les œuvres de charité. Cette dernière est l’unique héritière de la fortune de ses parents, décédés dans un tragique accident. Eleanor a mis du temps à faire son deuil, soutenue par Guillaume, son tendre époux depuis près de vingt ans maintenant.
Ne bénéficiant pas du droit de sortir les soirs de semaine, Cassandra se plonge dans ses devoirs et révise ses cours ; ses moyennes doivent être à la hauteur des ambitions de ses parents…

***

La nuit est déjà tombée depuis quelques heures quand les jeunes se rejoignent dans un quartier de Paname. Certains sont à pieds, d’autres en moto. Quelques-uns boivent de la bière alors qu’une poignée de garçons se place côte à côte avec leur bécane. Lolita, brunette pulpeuse exagérant son maquillage pour paraitre plus vieille que ses dix-huit ans, tient un foulard rouge entre ses doigts fins. Elle le lève en fixant les concurrents, l’adrénaline s’empare d’elle à cet instant, puis laisse retomber sa main, donnant ainsi le départ de la course. Elle sautille sur place en regardant autour d’elle.
Les moteurs vrombissent et les engins s’élancent dans le noir pour parcourir le trajet préalablement décidé, juste pour se prouver qui est le meilleur et amasser un peu d’argent. Bien sûr, certains spectateurs ont parié sur l’un des coureurs clandestins, espérant gagner de la monnaie.
Rapidement, ils sont deux en tête, ils distancent leurs quatre adversaires, puis se disputent la première place. La victoire ne se joue qu’à quelques secondes, comme à chaque fois. Avant, c’était Jordan qui remportait les félicitations du public, mais depuis qu’Enzo court, les choses ont changé. Il se débrouille vraiment très bien, au point de rafler la mise de son principal concurrent.
Comme ce soir…
Lolita ne manque pas de le féliciter alors que le meilleur ami du jeune homme, David, le rejoint avec une liasse de billets. Il serre la main d’Enzo qui sourit, fier de lui.
La soirée se poursuit avec quelques bières et beaucoup de rigolade pour la bande lorsque les différents pilotes sont repartis.
Enzo gagne sa vie avec les courses illégales, qu’il a découvertes il y a quelques mois. Il voulait de l’argent et ce n’était sûrement pas auprès de son frère qu’il allait en réclamer. Il a appris à se débrouiller seul depuis le drame qui a frappé sa famille. Même s’il vit chez Baptiste, son aîné, il ne lui demandera rien. Au fil du temps, ils sont devenus des étrangers… Ils ne se comprennent plus.
Lolita est restée avec la bande ce soir, espérant quelques attentions du bel Enzo. Il lui accorde volontiers du bon temps, mais cela n’ira jamais plus loin, il n’est pas amoureux d’elle.
La plus grande passion du jeune homme de dix-neuf ans, c’est sa moto. La sensation de liberté qu’elle peut lui procurer. Il n’a besoin de rien de plus. Il ne désire rien de plus.

***

Cassandra et Enzo viennent de mondes diamétralement opposés, ils ne sont pas faits pour se rencontrer…
Et pourtant…
Chapitre 1
Cassandra descend de la voiture et rejoint sa meilleure amie sur les grandes marches menant au lycée privé. Elle est assise, les yeux dans le vague, ce qui inquiète la jeune femme.
— Tout va bien ?
Nora lève la tête sur sa complice, un sentiment de tristesse l’anime. Cassandra s’abaisse pour se retrouver à sa hauteur et plante son regard bleu dans celui de la jeune fille qui parait retenir ses larmes.
— Nora, dis-moi ce qui se passe ! s’inquiète-t-elle.
L’intéressée renifle à deux reprises avant de prendre la parole.
— Il y a eu un accident…
Cassandra pose ses mains sur celles de sa confidente en guise de soutien, terrifiée en songeant à ce qu’elle va entendre.
— Oncle Charlie est mort cette nuit…
Nora ne connaissait pas très bien son oncle, le jeune frère de sa mère, qui a quitté le pays, il y a bien des années, après une dispute familiale. En réalité, elle a dû le voir à trois reprises ces derniers temps, lorsque sa famille allait passer ses vacances en Espagne, dans sa nouvelle maison. Les parents de Maureen – la maman de Nora – et Charlie n’ont jamais accepté que le garçon quitte sa vie et son travail pour suivre Maeva en Espagne. À l’époque, les deux amoureux avaient seize ans et la jeune fille venait de tomber enceinte. Bien sûr, cela n’a plu à personne, sauf aux principaux concernés.
Finalement, les choses s’étaient bien arrangées, puisque la famille de Maeva avait autorisé son fiancé à les accompagner dans un autre pays. Les nouveaux parents avaient alors pu élever Diego, leur fils. Il a deux ans de plus que Nora et ils se connaissent peu, ne se voyant que durant quelques jours ces dernières années, depuis que Maureen a décidé de renouer avec son frère, malgré l’opposition de ses parents. Elle aurait d’ailleurs dû le faire plus tôt. Ce sera son plus grand regret.
Et aujourd’hui, Charlie est mort.
— Je suis désolée… bafouille Cassandra.
Malheureusement, ce n’est pas tout. Nora renifle une nouvelle fois avant de poursuivre avec difficulté.
— Maeva aussi. Un poids lourd n’a pas pu éviter leur voiture.
Cassandra serre plus fort les mains de son amie dans les siennes. Elle est terriblement triste pour elle. Puis elle pense au pauvre Diego, dévasté par le chagrin, qui a perdu ses grands-parents maternels, l’an passé, à cause d’un incendie s’étant déclaré chez eux en pleine nuit.
— Que fais-tu ici ? Tu ne devrais pas être chez toi ?
Nora hausse les épaules, les yeux rougis par les larmes ; là ou ailleurs, le chagrin ne la quittera pas. Puis, son père a insisté pour qu’elle aille en cours, prétextant que son oncle Charlie ne voudrait pas qu’elle rate son Bac ; comme s’il pouvait en avoir quelque chose à faire là où il se trouve !
— Mesdemoiselles ! les interpelle la surveillante, agacée. Vous n’avez pas entendu la sonnerie ?
Aucune ne répond, mais elles se redressent dans un même mouvement et prennent le chemin de la grande porte, les cours n’attendent pas.
Même si les deux amies sont dans la même classe, elles n’ont pas le loisir de discuter du deuil qui frappe l’une d’elles. Elles devront patienter jusqu’à la pause du déjeuner pour pa