Africamorphose , livre ebook

Présentation
Après sa carrière de chirurgien militaire, Karan est victime d’un accident impliquant un camion. En sortant du coma, il apprend qu’il a perdu l’usage d’une main et sombre dans la dépression. Lorenzo, le chauffeur du poids lourd, se montre présent. Il lui propose une mission en Afrique ayant pour but la préservation des guépards et Karan accepte. Sa rencontre avec Kenza, généticienne, est orageuse, pourtant tous les trois devront unir leurs efforts afin de préserver un fret très précieux.
Des rivages de la mer Rouge au cœur du Grand Rift et jusqu’au lac Victoria, en passant par les plateaux éthiopiens et la brousse kenyane où la nature n’est qu’émerveillements, ils feront d’obscures rencontres et affronteront de multiples dangers, au péril de leur vie.

Ce roman est un voyage sur les terres mystérieuses d’Afrique, ces territoires sauvages qui seront les témoins de la rédemption d’un homme.

Africamorphose a obtenu le 1er prix littéraire du salon de Mon’s Livres (Belgique) , en novembre 2018.

Première publication en 2018 aux Éditions Elixyria.



Après des études de droit, Gilles Milo-Vacéri vit pendant quelques années de multiples aventures au sein de l’armée puis entame une série de voyages sur plusieurs continents afin de découvrir d’autres cultures. C’est un auteur protéiforme, explorant sans cesse de nouveaux territoires. Le polar ou le thriller, le roman d’aventures inscrit dans l’Histoire ancienne ou plus contemporaine, les récits teintés de fantastique, se sont imposés à lui en libérant complètement sa plume de toutes contraintes et révélant un imaginaire sans limites. Au-delà d’une trame souvent véridique, le suspense et les intrigues s’imposent dans ses romans, apportant une griffe particulière à ses publications. Un pied dans la réalité, l’autre dans un univers étrange où tout peut devenir possible, Gilles Milo-Vacéri surprend ses lecteurs avec des textes au réalisme angoissant. Il aime conserver un lien étroit et permanent avec son lectorat, lors de rencontres dédicaces ou grâce à sa présence sur les réseaux sociaux.
AFRICAMORPHOSE
Gilles Milo-Vacéri
LES ÉDITIONS DU 38
PRÉFACE DE L’AUTEUR
Même si Africamorphose traite de vastes problèmes humains ainsi qu’écologiques, avec un réalisme souvent sinistre, parfois effrayant, mais toujours avéré, sachez que ce roman demeure une pure fiction, étayée et reposant simplement sur des faits réels.
J’ai choisi l’Afrique de l’Est pour évoquer la rédemption d’un homme, car ce sont des lieux que je connais bien, propres à confronter les esprits les plus fermés à la beauté de la nature et au choc des cultures. Se retrouver devant l’immensité silencieuse d’un désert apprend l’humilité, le respect et demeure la meilleure introspection pour se découvrir et se révéler à soi-même.
Vous traverserez différents pays, rencontrerez des peuples mythiques ou des ethnies inconnues, vous assisterez à des cérémonies qui échappent au grand public et ainsi, vous aurez une autre approche de cet environnement, capable de transformer un homme, quel qu’il soit, pour peu qu’il sache apprendre, s’adapter et se remettre en question, dans le respect de l’autre et de sa différence.
Ce livre est une ode à l’humain, à la nature ainsi qu’à la flore, à la faune et à tout cet environnement que nous dégradons, que nous détruisons jour après jour, sans nous en soucier, pour la bonne raison que ces catastrophes écologiques se déroulent loin de notre pays, dans des contrées ignorées par la plupart d’entre nous.
Avec ce livre, vous comprendrez pourquoi les réserves sont à l’origine de la disparition des guépards, comment elles ont réduit le peuple masaï, auparavant nomade, à une attraction pour touristes en mal de fausses sensations, pilotés par des tour-operators sans vergogne.
Ce récit est aussi un message d’espoir, reposant sur l’amitié et l’amour, sur le brassage des relations humaines, quelles que soient les origines, le sexe ou encore la religion, sur l’Afrique et ses mystères, mais aussi sur l’aventure, le courage de certains et les expéditions humanitaires menées par des bénévoles, hommes et femmes, qui se battent dans l’ombre pour notre bien à tous et celui de notre planète.
J’espère qu’ Africamorphose vous apportera une autre vision, qu’il vous fera rêver à ces horizons lointains, si beaux et parfois si cruels, en ouvrant votre esprit à d’autres cultures plus exotiques, éloignées de nos technologies comme de notre société de consommation, mais pas moins riches d’un autre savoir et bien plus proches de la vérité que la nôtre. Enfin, je souhaite qu’après l’avoir lu, vous aurez changé un tant soit peu votre regard sur l’autre et sur ce monde dans lequel nous sommes tous supposés vivre en paix.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bon moment de lecture, avec autant de plaisir que j’en ai eu à l’écrire.

Gilles Milo-Vacéri
À Caroline
Prologue
31 décembre 2015 - RN 20 - 13 h 50

Karan Kerleguen négociait son virage avec douceur, appréciant le moteur de l’Audi, puissant et docile. À cause du temps humide et froid, il craignait les plaques de verglas imprévisibles qui ne pardonnaient pas le moindre écart de conduite. Sa voiture avait beau être équipée des dernières technologies de pointe en matière de sécurité, quand ça glissait vraiment, il n’y avait plus rien à faire et mieux valait adopter une certaine souplesse.
Dans quelques instants, il atteindrait Sermaises où il avait décidé de faire une pause-café et, après cette courte étape, il poursuivrait sa route vers Pithiviers. C’était une bonne idée de passer la Saint-Sylvestre avec Sandra, cette jeune et jolie infirmière rencontrée au Mali lors de sa dernière affectation remontant à plusieurs mois. Se retrouver seul pour les fêtes de fin d’année n’avait rien de réjouissant, alors autant passer du bon temps en galante compagnie et à défaut, ils pourraient toujours évoquer leurs souvenirs communs. Quoique… S’il avait bonne mémoire, quand elle l’avait appelé, le ton de sa voix n’avait laissé planer aucun doute dans son esprit sur le sens réel de cette invitation de dernière minute. Il sourit tout seul et remercia sa bonne étoile pour cette opportunité sympathique.
À vrai dire, ce Breton de naissance, célibataire, mais pas de son plein gré, avait pas mal réussi, même s’il n’en tirait aucune gloire. Saint-Cyr puis vingt ans sur de multiples théâtres d’opérations extérieures comme chirurgien spécialisé en blessures de guerre, Karan avait mené sa vie d’adulte comme sa jeunesse, tambour battant et sans jamais reculer d’un pouce.
Il n’avait pas renouvelé son contrat avec l’armée puisqu’il avait suffisamment d’années pour obtenir sa retraite proportionnelle. Il savait que son avenir était tout tracé vers ce qu’il voulait vraiment. À quarante-cinq ans, c’était parfait, d’autant plus que depuis quelques semaines, sa nouvelle carrière s’était enfin précisée. En mai prochain, il prendrait un poste aux urgences de l’hôpital de Nice avant de se faire titulariser à la direction du service de chirurgie réparatrice.
De nombreuses cliniques l’avaient démarché en lui faisant des ponts d’or et des promesses faramineuses d’évolution, mais l’esthétique exacerbant le narcissisme ne l’intéressait guère. Rendre forme humaine à un corps après un accident grave, ça, il maîtrisait parfaitement.
C’était une vérité établie dans son milieu professionnel restreint, Karan avait un don et de nombreux soldats blessés en mission lui envoyaient une carte de vœux chaque année pour le remercier et lui dire ainsi qu’ils ne l’oubliaient pas. Combien de vies avait-il sauvées ? Il n’avait jamais compté. Victimes militaires ou civiles, il avait opéré pendant des milliers d’heures, dans des conditions souvent difficiles et même sous des bombardements ou menacé personnellement par des ennemis en armes. Rien ne lui avait fait peur, hormis perdre son patient sur la table.
Tout en conduisant, les souvenirs lui revenaient à l’esprit, toujours intacts. C’était en Afghanistan, les obus de mortier tombaient comme une pluie de mousson autour de l’hôpital de campagne alors qu’il tentait de retirer un éclat de grenade à côté de l’œil d’un jeune sous-officier. Alors qu’il demandait de l’aspiration, Karan avait réalisé qu’il était seul dans le bloc de fortune et que ses assistants avaient tous pris la fuite. L’abri médicalisé avait résisté et il avait sauvé l’œil de ce jeune homme de vingt ans. Il avait reçu une citation pour bravoure, alors qu’il considérait n’avoir fait que son job et rien de plus.
Tel avait été son passé tumultueux et il ne regrettait rien.
Il sourit en s’allumant une cigarette, car seule sa vie privée avait pâti de son métier. Il était bien conscient qu’un médecin militaire n’attirait pas les prétendantes et que son engagement ne pouvait guère favoriser la sérénité d’une vie de couple normal, espérée par n’importe quelle femme.
En jetant un œil à la pendule analogique du tableau de bord, il réalisa qu’il était un peu en retard et s’interdit d’appuyer sur l’accélérateur. La sécurité passait avant tout et il lui semblait que la route était légèrement luisante.
Il frissonna alors que la température affichée de l’habitacle était proche de vingt-deux degrés. Décidément, revenir d’un poste en Afrique en plein hiver l’avait déstabilisé et il peinait à se réacclimater. En roulant à quatre-vingts kilomètres à l’heure, il savait bien que son retard s’alourdissait et que la pause-café n’arrangerait rien. Tant pis, il arriverait en un seul morceau et Sandra ne lui en voudrait pas. S’il ne s’était pas trompé sur ses intentions, ce réveillon devrait être rempli de chaleur humaine, ce dont il avait le plus besoin.
Puis tout arriva très vite…

*

En traversant ce petit bois qui abritait une aire de repos, Karan vit soudain un ballon provenir de sa droite et songea, en bon conducteur, qu’un enfant risquait de suivre le même chemin. Il n’allait pas vite et, lorsqu’il mit le pied sur la pédale de frein, une petite fille de huit ou neuf ans s