Vincent van Gogh par Vincent van Gogh - Vol 2 , livre ebook

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Ce paradoxe — la tristesse et la force de la campagne — reflète l’état d’esprit de Van Gogh lui-même : la nature a toujours été une sorte de refuge pour lui, mais un refuge qu’il n’a jamais pu partager avec quelqu’un d’autre. À Saint-Rémy, Van Gogh avait réalisé une œuvre appelée Le Faucheur : « Je vis alors dans ce faucheur […] l’image de la mort, dans ce sens que l’humanité serait le blé qu’on fauche. Il est donc — si tu veux — l’antithèse du semeur auquel je me suis déjà essayé. Mais dans cette mort rien de triste, cela se passe en pleine lumière avec un soleil qui inonde tout d’une lumière d’or fin. » […]Quelques semaines avant son suicide, Van Gogh avait écrit à Théo : « Je crois que tout ce à quoi j’ai travaillé sera continué. Non pas directement, mais on n’est pas seul à croire à des choses qui sont vraies. Et qu’importe-t-on personnellement alors ! Je sens tellement que l’histoire des gens est comme l’histoire du blé, si on n’est pas semé en terre pour y germer, qu’est-ce que ça fait, on est moulu pour devenir du pain. La différence du bonheur et du malheur ! Tous les deux sont nécessaires et utiles et la mort ou la disparition… c’est tellement relatif — et la vie également. » L’avenir lui donnera raison.
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Date de parution

04 juillet 2023

Nombre de lectures

1

EAN13

9781785256929

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

22 Mo

Victoria Charles





Vincent van Gogh
par Vincent van Gogh

Volume II
Texte : Victoria Charles
Traducteurs : Marie Dumont-Agarwal et Bérengère Mauduit (pour les lettres) et Ariel Marinie (pour le texte)
© Parkstone Press International, New York
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Image Bar www.image-bar.com
ISBN : 978-1-78525-692-9
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
Sommaire
Arles : 1888-1889 « L’Atelier du Midi »
Arles : 1889 « Je suis la sottise et la bévue en personne »
Saint-Rémy : 1889-1890 « À quoi bon me remettre ? »
Auvers-sur-Oise : 1890 « Mais dans cette mort rien de triste »
Liste des illustrations
Notes
Arles : 1888-1889 « L’Atelier du Midi »
Le 19 février 1888, Van Gogh quitta Paris pour Arles. Deux jours plus tard, il écrivait à Théo :
« Il me semble presque impossible de pouvoir travailler à Paris, à moins que l’on ait une retraite pour se refaire, et pour reprendre son calme et son aplomb. » [1]
La région d’Arles lui rappelait non seulement les paysages néerlandais, mais aussi le Japon des estampes. Il prit pension à l’auberge Carrel et se mit aussitôt au travail. Il partait dès le matin dans les champs et les jardins, ne rentrant qu’en fin d’après-midi. Il passait ses soirées au Café de la Gare, où il écrivait des lettres et lisait les journaux ou des romans tels que Madame Chrysanthème de Pierre Loti. C’est là qu’il se lia d’amitié avec le sous-lieutenant zouave Paul-Eugène Milliet, le facteur Joseph Roulin et le couple Ginoux, les patrons du café. Dans une lettre à Théo, il explique : « J’aime mieux blaguer que de me sentir seul. » [2] Van Gogh tenait ses nouveaux amis en haute estime – plus tard, pendant sa période de crise, ils allaient devenir ses soutiens les plus fidèles et les plus solides – mais la compagnie de gens avec qui il aurait pu discuter d’art lui manquait.
En mai de la même année, il loua deux pièces dans une maison inhabitée près de la place Lamartine. Les pièces n’étant pas meublées, il dormait au Café de la Gare, ayant quitté l’auberge Carrel après une querelle avec les patrons. Il entreprit aussitôt de décorer la maison – qu’il nommait à la fois la « maison jaune » et « la maison d’artiste » – tâche qui l’emplissait d’un ravissement sans fin. Dans son esprit, cette maison était destinée à devenir le noyau d’une colonie d’artistes, l’Atelier du Midi.
« Tu sais que cela m’a toujours semblé idiot que les peintres vivent seuls », écrivit-il à Théo. « On perd toujours quand on est isolé. » [3]
Dépendant de sa famille financièrement, Van Gogh se mit à réfléchir à la position de l’artiste dans la société :
« Il est pénible, très pénible de continuer à travailler quand on ne vend pas et qu’on doit payer les couleurs, littéralement avec l’argent dont beaucoup ne se contenteraient pas pour s’assurer le manger, le boire et le gîte, même pas ceux qui prétendent vivre petitement […]. Pendant qu’on construit des musées nationaux qui engloutissent des centaines de milliers de gros billets, et autres choses de ce genre, les artistes crèvent. » [4]
Pour Van Gogh, les musées étaient des cimetières. Il méprisait tout autant le commerce de l’art :
« Dites-vous que dix années sont nécessaires pour apprendre le métier. Celui qui en a passé six, ayant fait toutes les dépenses nécessaires, et qui doit ensuite abandonner, si vous saviez combien c’est misérable ! Et combien sont dans ce cas ! Les hauts prix dont on entend parler paient le travail de peintres morts qui n’ont jamais été payés ainsi durant leur vie. C’est une sorte de commerce de tulipes, où les peintres vivants ont plus de désavantages que de profit. Et cela aura une fin, tout comme le commerce des tulipes. » [5]
Seule alternative à cet état de fait : la communauté d’artistes. Les peintres devraient travailler ensemble, se soutenir les uns les autres et confier leurs œuvres à un marchand d’art fidèle – Théo en l’occurrence – qui leur verserait une somme mensuelle, même s’il n’avait pas vendu.
Van Gogh voulait à tout prix convaincre Gauguin de se joindre à l’Atelier du Midi. Pendant plus de six mois, de mars à octobre 1888, il l’inonda de lettres. Il demanda à Théo de monter sa pension mensuelle à 250 francs, afin de permettre à Gauguin de vivre avec lui à Arles. En retour, Théo recevrait un tableau de Gauguin. Ce dernier, qui vivait en Bretagne, se dérobait sans cesse, prétendant parfois être trop malade pour supporter le voyage, d’autres fois manquer d’argent pour l’entreprendre. Les mois pendant lesquels Van Gogh attendit Gauguin furent l’époque la plus productive de sa vie : d’une part, il voulait avoir le plus de tableaux possibles à montrer à son ami, par ailleurs, il tenait à soigner la décoration de la maison jaune :
« Dès le commencement j’ai voulu arranger la maison non pas pour moi seul, mais de façon à pouvoir loger quelqu’un […]. Il y aura pour loger quelqu’un la plus jolie pièce d’en haut, que je chercherai à rendre aussi bien que possible comme un boudoir de femme réellement artistique. Puis il y aura ma chambre à coucher à moi, que je voudrais excessivement simple, mais des meubles carrés et larges : le lit, les chaises, la table, tout en bois blanc. En bas l’atelier et une autre pièce atelier également, mais en même temps cuisine […]. La chambre où alors tu logeras, ou qui sera à Gauguin, si G. vient, aura sur les murs blancs une décoration de grands tournesols jaunes […]. Je veux réellement en faire une maison d’artiste, mais non pas précieuse, au contraire rien de précieux, mais tout, depuis la chaise jusqu’au tableau, ayant du caractère […] Je ne saurais t’exprimer combien cela me fait plaisir de trouver ainsi un grand travail sérieux. » [6]
Au milieu du mois d’août, il commença la série des tournesols pour la chambre d’invité :
« Je suis en train de peindre avec l’entrain d’un Marseillais mangeant la bouillabaisse, ce qui ne t’étonnera pas, lorsqu’il s’agit de peindre des grands tournesols. J’ai trois toiles en train : 1° trois grosses fleurs dans un vase vert, fond clair […] ; 2° trois fleurs, une fleur en semence et effeuillée et un bouton sur fond bleu de roi […] ; 3° douze fleurs et boutons dans un vase jaune […]. Le dernier est donc clair sur clair, et sera le meilleur j’espère […]. Enfin si j’exécute ce plan, il y aura une douzaine de panneaux. Le tout sera une symphonie en bleu et jaune donc. » [7]
Sur les douze tableaux de tournesols prévus, Van Gogh n’en termina que deux : les « modèles » fanaient trop vite. Aussi se tourna-t-il vers un nouveau sujet : le jardin du poète. Trois variations sur ce thème, associées aux deux peintures de tournesols, servirent à décorer la chambre d’invité, qui attendait l’arrivée de Gauguin. Le nid était prêt, mais il restait vide. Van Gogh s’efforçait de rester optimiste :
« Si je suis seul, ma foi, je n’y puis rien, j’ai alors moins le besoin de compagnie que celui d’un travail effréné […]. Alors seulement je ressens la vie, lorsque je pousse raide le travail. Et en compagnie j’en sentirais un peu moins le besoin, ou plutôt je travaillerais à des choses plus compliquées. Mais isolé je ne compte que sur mon exaltation de certains moments, et je me laisse aller à des extravagances alors. » [8]
En même temps, il cherchait à contrôler son exaltation :
« Ne crois donc pas que j’entretiendrais artificiellement un état fiévreux, mais sache que je suis en plein calcul compliqué, d’où résultent vite l’une après l’autre des toiles faites vite, mais longtemps calculées d’avance. Et voilà lorsqu’on dira que cela est trop vite fait, tu pourras y répondre qu’eux ils ont trop vite vu. D’ailleurs je suis maintenant en train de repasser un peu sur toutes les toiles, avant de te les envoyer. » [9]
Le 23 octobre, Paul Gauguin arriva enfin à Arles. « Il est très intéressant comme homme », écrivit Vincent à Théo, « et j’ai toute confiance qu’avec lui nous ferons des tas de choses. Il produira probablement beaucoup ici, et peut-être j’espère moi aussi. » [10] La première chose que Gauguin produisit fut de l’ordre. Quinze ans plus tard, il écrivit dans ses souvenirs de son séjour à Arles :
« Tout d’abord je trouvai en tout et pour tout un désordre qui me choqua. La boîte de couleurs suffisait à peine à contenir tous ces tubes pressés, jamais refermés, et malgré tout ce désordre, tout ce gâchis, tout rutilait sur la toile ; dans ses paroles aussi. » [11]
Au milieu du mois de novembre, Gauguin déclara à son marchand d’art et bailleur de fonds Théo :
« Le bon Vincent et le grièche Gauguin continuent de faire un couple heureux et mangent à la maison les petits repas qu’ils se préparent eux-mêmes. » [12]
Avant, Vincent mangeait au restaurant, engloutissant ainsi l’argent que lui envoyait Théo : entre 150 et 250 francs par mois. Pour donner un ordre d’idée, le facteur Roulin, qui était marié et avait trois enfants, ne gagnait que 135 francs. En d’autres termes, le manque d’argent chronique de Van Gogh résultait de son mode de vie quelque peu fantasque. Quand il voyageait, il logeait à l’hôtel ou dans des auberges – ce qui ne lui plaisait d’ailleurs pas du tout. Pourtant, il n’était pas gaspilleur ; il demandait toujours les chambres les moins chères et s’interdisait les gros repas.
Mais son ascétisme était toujours à la limite du ritualisme : même lorsqu’il était invité, il refusait de manger, croyant que, à l’instar des moines, il ne devait absorber que le strict nécessaire à sa survie. Même du temps de ses études, à Amsterdam, cette tendance se manifestait déjà. Il confia un jour à son professeur Mendès da Costa qu’il s’était frappé avec un bâton pour n’avoir pas assez travaillé. Ce régime déséqui

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