Paul Cézanne 1839-1906 , livre ebook

icon

96

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2023

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

96

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2023

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Paul Cézanne (Aix-en-Provence, 1839 – 1906)Depuis sa mort il y a deux siècles, Cézanne est devenu le peintre le plus célèbre du XIXe siècle. Il naquit à Aix-en-Provence en 1839, et la plus belle période de sa vie fut sa prime jeunesse en Provence, qu'il passa en compagnie de Zola, également d'origine italienne. Suivant l'exemple de ce dernier, Cézanne partit pour Paris à l'âge de 21 ans. Il fut déserteur pendant la guerre franco-prussienne, partageant son temps entre la peinture en plein air et son atelier. Il déclara à Vollard, un marchand d'art : «Je ne suis qu'un peintre. L'humour parisien me donne du mal. Peindre des nus sur les rives de l'Arc [une rivière près d'Aix] c'est tout ce que je demande ». Encouragé par Renoir, l'un des premiers à l'apprécier, il exposa avec les impressionnistes en 1874 et en 1877. Il fut reçu avec une dérision qui le blessa. L'ambition de Cézanne, selon ses propres paroles, était «de faire de l'impressionnisme quelque chose d'aussi solide et de durable que les peintures des musées ». Son but était d'atteindre au monumental par un langage moderne de tons incandescents et vibrants. Cézanne voulait reproduire la couleur naturelle d'un objet et l'harmoniser avec les variations de lumière et d'ombre qui tendent habituellement à le détruire ; il désirait élaborer une échelle de tons capables d'exprimer la masse et le caractère de la forme. Cézanne aimait peindre des fruits, parce que c'étaient des modèles dociles et qu'il travaillait lentement. Il ne cherchait pas à reproduire la pomme. Il gardait la couleur dominante et le caractère du fruit, mais amplifiait l'attrait émotionnel de sa forme par un agencement de tons riches et harmonieux. C'était un maître de la nature morte. Ses compositions de fruits et légumes sont véritablement impressionnantes : elles ont le poids, la noblesse, le style des formes immortelles. Aucun autre peintre n'a jamais accordé à une pomme de conviction aussi ardente, de sympathie aussi authentique, ni d'intérêt aussi prolongé. Aucun autre peintre de ce talent n'a jamais réservé dans ses natures mortes ses impulsions les plus fortes à la création de choses nouvelles et vivantes. Cézanne rendit à la peinture la prééminence du savoir - de la connaissance des choses - une qualité essentielle à tout effort créatif. A la mort de son père, en 1886, il devint riche, mais ne changea rien à son train de vie frugal. Peu après, Cézanne se retira définitivement dans sa propriété en Provence. Il fut sans doute le peintre le plus solitaire de son temps. Parfois, il était saisi d'une curieuse mélancolie, d'un noir désespoir. Avec le temps, il devint plus sauvage et exigeant, détruisant des toiles, les jetant dans les arbres par la fenêtre de son atelier, les abandonnant dans les champs, les donnant à son fils pour qu'il en fasse des puzzles, ou aux gens d'Aix. Au début du XXe siècle, quand Vollard débarqua en Provence avec l'intention de spéculer en achetant tous les Cézanne qu'il pouvait emporter, les paysans des environs, apprenant qu'un guignol de Paris cherchait à gagner de l'argent avec des vieilles toiles, se mirent à produire dans leurs granges tout un tas de natures mortes et de paysages. Le vieux Maître d'Aix fut submergé par la joie. Mais la reconnaissance vint trop tard. En 1906, il succomba à une fièvre contractée alors qu'il peignait sous une pluie diluvienne.
Voir icon arrow

Date de parution

04 juillet 2023

Nombre de lectures

1

EAN13

9781780422794

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

15 Mo

Anna Barskaïa
Evgueni Gueorguievskaïa





Paul Cézanne
1839–1906
Texte : Anna Barskaïa
Evgueni Gueorguievskaïa
© 2011 Parkstone Press International, New York, USA
© 2011 Confidential Concepts, worldwide, USA
© Image-Bar www.image-bar.com
ISBN : 978-1-78042-271-8
Tous droits d'adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d'établir les droits d'auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d'édition.
Sommaire
Sa vie
Ses œuvres
Scène d’intérieur
Jeune Fille au piano (L’Ouverture de « Tannhäuser »)
Bouquet de fleurs dans un vase bleu
Autoportrait à la casquette
Paysage à Pontoise (Clos des Mathurins)
Les Fruits
Portrait de l’artiste par lui-même
La Montagne Sainte-Victoire
Le Jas de Bouffan
L’Aqueduc
Les Bords de la Marne (Villa au bord de la rivière)
Les Bords de la Marne
Mardi gras
Le Pont
Étude de baigneurs
Nature morte
Grand Pin près d’Aix
L’Homme à la pipe
Le Fumeur
Nature morte au rideau
Dame en bleu
Étude de fleurs
Montagne Sainte-Victoire
Paysage bleu
Paysage d’Aix (La Montagne Sainte-Victoire)
Chronologie de la vie de l’artiste
Bibliographie
Index des œuvres et photographies reproduites
Notes
Sa vie
Personne à l’heure actuelle ne met en doute que les vingt-cinq toiles de Cézanne conservées dans les musées de Moscou et de Saint-Pétersbourg constituent une part importante de l’héritage artistique du peintre. Acquises au début de notre siècle, elles se distinguent non seulement par leurs hautes qualités artistiques, mais, et cela est pour nous primordial, elles reflètent les principales périodes créatrices du maître. À côté de chefs-d’œuvre universellement reconnus tels Les Bords de la Marne , le Grand pin près d’Aix , La Montagne Sainte-Victoire , figurent dans les collections russes deux morceaux exceptionnels, significatifs de ses recherches à une certaine époque, comme la Jeune fille au piano et Mardi gras . Les toiles de Cézanne furent choisies et acquises au début du XX e siècle par deux éminents collectionneurs russes, Sergueï Chtchoukine et Ivan Morozov, amateurs d’art dotés d’un goût irréprochable et d’un œil infaillible, qui possédaient des collections de peinture moderne absolument uniques par leurs qualités. Certes, la critique russe de cette époque avait eu une influence indubitable sur leurs achats. Ainsi, déjà en 1904, c’est-à-dire l’année de la première exposition personnelle de Cézanne au Salon d’Automne, la revue pétersbourgeoise « Mir Iskousstva » édita sous la plume du célèbre historien d’art Igor Grabarm un compte rendu des expositions de Cézanne à Berlin et Paris. D’autres revues d’art publièrent plusieurs articles sur lui : « Iskousstvo » en 1905, « Vessy » en 1906, « Zolotoe Rouno » en 1908, et « Apollon » en 1910 et 1912. En 1912, le peintre russe Kontchalovski traduisit en russe le livre d’Émile Bernard Souvenir sur Paul Cézanne.
Et c’est justement au cours de ces années que fut acquise la majeure partie des œuvres de Cézanne. C’est après l’exposition posthume du peintre au Salon d’Automne en 1907 que le célèbre collectionneur moscovite Ivan Morozov acheta La Montagne Sainte-Victoire (Musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou) et Nature morte au rideau (Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg) . Il est évident que notre propos n’est pas ici d’embrasser tout l’œuvre de Cézanne. Cela nous semble, par ailleurs, inutile, d’autres auteurs l’ont fait dans des ouvrages monographiques : Gerstle Mack, Lionello Venturi, John Rewald, John Lindsey. Cependant, même dans les travaux les plus importants, aucun d’eux ne fut à même de toucher toutes les œuvres du maître car son héritage artistique est considérable : plus de 800 tableaux, près de 500 dessins et 350 aquarelles. Pour cette raison, chaque auteur y chercha des sommets et, à partir d’eux, établit des suites logiques. Pour notre part, nous allons essayer de suivre l’évolution créatrice du peintre et la formation de ses idées sur la base des œuvres acquises par les collectionneurs russes. Ce choix nous paraît d’autant plus intéressant, qu’à son origine, comme nous l’avons mentionné plus haut, il fut influencé par les peintres et la critique russes et que plusieurs générations de peintres russes puisèrent aux sources des collections Chtchoukine et Morozov. Nous comprenons aussi qu’un cercle aussi restreint de tableaux ne peut refléter une image complète de l’évolution de Cézanne, cependant leur analyse doit permettre d’en éclairer quelques aspects particuliers.
« … Diese Arbeit, die keine Vorlieben mehr hatte, keine Neigungen und keine wählerischen Verwöhntheiten, deren kleinster Bestandteil auf der Waage eines unendlich beweglichen Gewissens erprobt war und die so unbestechlich Seiendes auf seinen Farbeninhalt zusammenzog, dass es in einem Jenseits von Farbe eine neue Existenz, ohne frühere Erinnerungen anfing. Es ist diese unbegrenzte, alle Einmischung in eine fremde Einheit ablehnende Sachlichkeit, die den Leuten die Porträts Cézannes so anstößig und komisch macht… »
Rainer Maria Rilke (Briefe über Cézanne)


Portrait de l’artiste , vers 1873-1876. Musée d’Orsay , Paris.


Madame Cézanne dans un fauteuil rouge ( Madame Cézanne à la jupe rayée ), vers 1877. Huile sur toile, 72,5 cm. Museum of fine Arts, Boston.
À la charnière des deux siècles, l’art de Cézanne attire de plus en plus l’attention des peintres d’avant-garde : Matisse, Picasso, Braque, Derain, etc., ainsi que celle des jeunes peintres russes créant un nouvel art dont les fondements sont basés sur les leçons du maître de Provence. Pourtant, des auteurs célèbres comme Arsène Alexandre et Camille Mauclair ne furent pas à même de comprendre la valeur véritable du peintre. À sa mort, une dizaine de journaux parisiens publièrent des nécrologies ambiguës où l’on pouvait lire : « un talent incomplet », « une peinture grossière », « peintre manqué », « incapable de créer autre chose que des esquisses » par suite « d’un défaut naturel de la vue » ; ce sont de telles caractéristiques qui accompagnèrent le peintre dans son dernier chemin. L’incompréhension de l’art de Cézanne n’était pas le résultat de la « myopie » de certains peintres ou critiques, mais la conséquence de la complexité réelle de sa peinture, du caractère spécifique du système artistique que le peintre développa toute sa vie sans jamais arriver à le réaliser complètement dans une œuvre.
Cézanne est sans doute le peintre le plus complexe du XIX e siècle. Lionello Venturi écrivait dans son livre Da Manet a Lautrec [1] que devant la grandeur de Cézanne on éprouve comme une sorte de peur ; on a l’impression d’entrer dans un monde inconnu, riche, austère et possédant de si hauts sommets qu’ils semblent inaccessibles. Atteindre ces sommets est, en effet, une chose bien difficile : les sentiers battus des sujets littéraires et des associations ordinaires avec la vie de tous n’y mènent pas.
Aujourd’hui, l’art de Cézanne se déploie devant nous dans toute la logique de son développement, depuis ses premiers pas contenant déjà les germes de son futur prestige. Mais pour les gens qui ne pouvaient voir que des fragments de cet ensemble, il est normal qu’ils leur semblent étranges et incompréhensibles. C’est ainsi qu’étaient reçus par le public ses travaux présentés dans les expositions, et seule une minorité pressentait en eux des œuvres de talent. Pour la majorité, ce qui frappait avant tout, c’était une étrange diversité de style et un niveau différent de finition des tableaux. Les uns impressionnaient par la force du tempérament qui jaillissait des formes et par la puissance brutale des volumes comme ciselés au burin et modelés dans une pâte colorée ; les autres par leur rationalisme, leur composition savante, la modulation de leurs couleurs et leur surprenante diversité ; les troisièmes étaient de rapides esquisses où quelques touches transparentes d’aquarelle évoquaient la profondeur et, dans les quatrièmes enfin, de puissantes figures modelées étaient placées dans des rapports spatiaux complexes qu’un auteur russe qualifia fort justement « d’espace entrelacé » [2] . Même l’un des plus fervents admirateurs de Cézanne, Émile Bernard, considérait que ces travaux n’étaient pas achevés et qu’il fallait les séparer de « ce qu’il a de meilleur » [3] . Et Cézanne lui-même, avec ses incessantes plaintes sur l’impossibilité de réaliser ce qu’il ressentait, soufflait à la critique l’idée que son art était fragmentaire. Chaque œuvre lui semblait une partie inachevée d’un tout. Il croyait toujours qu’un petit effort supplémentaire était indispensable pour que le but soit atteint. Il arrivait que tout un monde, vu par le peintre dans un petit bout de nature, échappait à la volonté de son pinceau. Souvent, après plusieurs dizaines de séances, Cézanne abandonnait le travail commencé, espérant le reprendre plus tard. Et dans chaque tableau suivant, il s’efforçait de surmonter les insuffisances du précédent pour arriver à le faire plus parfait que l’autre. « J’ai cheveux et barbe plus longs que le talent. » [4] . « Je comprends très bien que ce ne pouvait être reçu [une « petite toile » envoyée au Salon de 1878 et refusée par le jury] à cause de mon point de départ, qui est trop éloigné du but à atteindre, c’est-à-dire de la représentation de la nature. » [5] Ce but final lui apparaissait confusément, dilué dans la grandiose tâche qu’il s’était donnée. « Je travaille opiniâtrement, j’entrevois la Terre promise. Serai-je comme le grand chef des Hébreux ou bien pourrai-je y pénétrer ?… J’ai réalisé quelques progrès. Pourquoi si tard et si péniblement ? » [6] . « Mon âge et ma santé ne me permettront jamais de réaliser le rêve d’art que j’ai poursuivi toute ma vie. » [7] Et juste un mois avant sa mort, il écrivait à Émile

Voir icon more
Alternate Text