107
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
06 février 2019
Nombre de lectures
18
EAN13
9782764437599
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Publié par
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06 février 2019
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18
EAN13
9782764437599
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Du même auteur
Collectifs
Contre le racisme. Pour une lutte systémique , Éditions Somme toute, 2018.
Sous la ceinture, unis pour vaincre la culture du viol , Éditions Québec Amérique, 2016.
Projet dirigé par Stéphane Dompierre, éditeur
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Isabelle Rolland et Isabelle Pauzé
En couverture : Montage réalisé à partir des images de Jakub Krechowicz / shutterstock.com et GalapagosPhoto / shutterstock.com
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain
Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Webster (Musicien), auteur
À L’Ombre des Feuilles : manuel d’écriture hip-hop / Webster.
ISBN 978-2-7644-3757-5 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3758-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3759-9 (ePub)
1. Chansons - Textes - Art d’écrire. 2. Rap (Musique) - Étude et enseignement. 3. Rap (Musique) - Québec (Province). 4. Webster (Musicien). I. Titre.
MT67.W43 2019 782.421649’143 C C2018-942560-1 PS9635.A334S24 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com
Préface
J’ai invité Webster à parler à mes étudiants au Collège Montmorency à l’hiver 2018. J’y donne depuis quelques années un cours intitulé Philosophie du hip-hop. Après l’événement, un jeune homme, casque d’écoute planté sur le crâne, par-dessus les oreilles, comme une couronne, est venu s’entretenir avec notre invité. Il a fait référence à une partie de la conférence où il avait été question des choix que Webster avait pris, à quelque tournant de sa vie. Il lui aurait été possible de prendre une tout autre voie. Mais il a persévéré et a refusé la voie facile. De longues minutes, mon étudiant discutait avec l’homme en le regardant profondément dans les yeux. J’étais là, mais je n’étais plus là. Ça se passait entre eux deux. Je sentais leur fatigue réciproque, mais aussi leur volonté de ne pas couper court à ce moment. En marchant ensuite vers mon bureau avec le conférencier, je lui ai lâché ceci : « Tu viens de changer sa vie, à ce jeune homme. » Son sourire modeste me répondait : « Je sais. »
L’histoire de Webster est comme le récit du Québec contemporain. C’est une histoire qui sort du paradigme de la Révolution tranquille, et qui célèbre son métissage au lieu de le balayer sous le tapis. Son évolution personnelle, que vous vous apprêtez à découvrir, n’est bien sûr qu’un prétexte pour comprendre qui nous sommes, ensemble. Et la métaphore est forte. Une jeunesse dans le quartier de Limoilou, un amour puissant pour le rap, des études insatisfaisantes en histoire, et surtout, des chemins à tracer par soi-même pour aller à la rencontre du monde. Sa biographie devient celle de la jeunesse elle-même, qui prend progressivement conscience de sa force sociale et politique. Dans une candeur qui prend presque le ton de la confession, Webster se livre ici à nous, et par le fait même, narre la naissance de la génération hip-hop d’ici.
Julius Bailey, auteur de Philosophy and hip-hop (2016) l’affirme assez clairement. Il faut que les professeurs, à tous les niveaux d’enseignement ajouterai-je, acceptent de puiser à même la culture des jeunes dans leurs classes. Autrement, l’éducation devient trop souvent la transmission d’une culture strictement antiquaire. Par le truchement de ses propres chansons rap, Webster nous montre combien les jeux de références littéraires ainsi que les figures de style faisant partie de la fibre même du hip-hop peuvent agir comme mise en forme d’un renouvellement des savoirs millénaires du monde. Certains se surprendront de la profondeur de la culture qu’il nous transmet en rap. J’ai envie de leur dire : bienvenue en ville. Les membres de la communauté hip-hop québécoise savent tout cela depuis longtemps déjà. Ils connaissent aussi déjà les textes du rappeur, et prendront certainement plaisir à les redécouvrir ici, présentés avec autoanalyse de l’auteur. En cela, le présent ouvrage s’approprie une tradition déjà bien ancrée dans le rap américain. Wu-Tang, une inspiration revendiquée, s’est prêté à l’exercice, via les deux livres de leur leader spirituel RZA, The Wu-Tang Manual (2004) et The Tao of Wu (2009). Jay-Z aussi, par exemple, l’a fait dans son Decoded (2010). Mais c’est davantage à la tradition de RZA que se rattache Webster, peu préoccupé à se définir lui-même comme le roi de la montagne, et bien plus soucieux d’une « sagesse immobile », tel un « vieux de la montagne », comme en témoignent les titres de ses albums de 2007 et de 2011.
À l’Ombre des Feuilles (2013) est le titre du troisième et dernier disque solo de l’artiste à ce jour. Vous aurez envie de vous y (re)plonger après votre lecture. Voire, vous aurez envie d’écrire un rap. Les exercices proposés vous montreront une voie pour le faire. Ce livre est donc aussi celui d’un pédagogue, qui sillonne la planète avec ses ateliers d’écriture hip-hop, maintenant accessibles à tous. Mais on aurait tort de voir ici un simple ouvrage d’école. Le mot « manuel », qui orne la page titre, doit être pris au sens premier du terme, à savoir un outil permettant de mettre la main à la pâte. La tâche est le progrès national, rien de moins.
Ça m’a marqué, l’auteur affirme pertinemment que trop de jeunes rappeurs oublient de planifier leur vie après le rap. Décoller, trimer dur pour faire entendre sa musique comme il l’a lui-même fait pendant plus de vingt ans, c’est une chose. Mais il faut aussi savoir atterrir. Il faut savoir prévoir la suite. Gagner sa vie en rappant n’est possible que pour quelques exceptions au Québec, et encore, seulement pendant quelques années. Cet ouvrage nous chuchote à l’oreille que rapper n’est pas la seule façon de vivre du hip-hop. Cette sous-culture, aujourd’hui devenue culture de masse, est entrée dans sa phase de maturité. Au départ, il s’agissait d’une culture orale, née en 1973 dans le Bronx, dans des salles communautaires et des parcs. Outre sa croissance commerciale remarquable, c’est aujourd’hui devenu, également, une branche en bonne et due forme de la littérature. Les hip-hop studies , un domaine foisonnant aux États-Unis et en pleine expansion en France, naissent aujourd’hui, enfin, pour le grand public au Québec. J’avais hâte.
À l’été 2018, Webster a été entendu sur toutes les tribunes du Québec pour affirmer son désaccord avec des décisions prises dans la production du spectacle SLĀV . Il exprimait son opposition au fait qu’un spectacle mette en scène des comédiennes blanches dans le rôle d’esclaves noires. Comme un écho de cela, il pose ici la question à savoir pourquoi aujourd’hui, alors que le hip-hop québécois connaît un véritable deuxième âge d’or, ce sont les rappeurs blancs qui semblent obtenir la part du lion de l’attention médiatique. Pourtant, lors du premier âge d’or du mouvement, c’était les noms de Sans Pression et de Muzion qui étaient sur toutes les lèvres. En sourdine de son texte se trouvent ces questions identitaires lancinantes, trop souvent réduites à des accusations d’appropriation culturelle d’une part, contre une défense de la liberté d’expression d’autre part. Voici une invitation au dialogue, à la transmission et à l’ouverture entre les cultures. Webster ne veut faire taire personne, bien au contraire. Il nous tend à tous le micro.
Jé