Inter. No. 119, Hiver 2015 : Organisations artistiques , livre ebook
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Français
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Publié par
Date de parution
22 janvier 2015
Nombre de lectures
2
EAN13
9782924298107
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
31 Mo
La façon de s’organiser des artistes détermine-t-elle leur façon de faire de l’art, l’impact et l’esthétique de l’œuvre? Dans le dossier de ce numéro d’hiver, Inter se demande comment s’organisent et se rassemblent les artistes d’ici et d’ailleurs. Collectifs, troupes, réseaux, associations, communes, squats, famille circassiennes de forains, structures formelles : quelles sont leurs modalités de regroupement? Comment gèrent-ils leurs productions singulières au sein de ces organisations, dans des disciplines variées? Les organisations internationales sont particulièrement à l’honneur, avec divers exemples tirés de la France, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Pérou, le Brésil et le Cameroun.
Voir
- 3. Organisations artistiques Richard Martel
- 4. Inter, art actuel, son positionnement dans l’histoire, les marges ! Richard Martel
- 10. Dans le laboratoire, après ruses et procédures Richard Martel
- 13. Canada – Les centres d’artistes autogérés : un espace politique Anne Bertrand
- 16. Québec – Le portail de tous les dangers Guy Sioui Durand
- 18. Des réseaux élargis au Quartier des spectacles centraliste Guy Sioui Durand
- 25. Dû don Dû Gilles Arteau
- 30. Les centres d’artistes autogérés font-ils encore de l’autogestion ? Nathalie Côté
- 34. France – Paradoxe, interrogation, exception ? Pascal Georges
- 38. Italie – L’organisation artistique autonome Giovanni Fontana
- 43. Espagne – Systèmes artistiques paradoxaux Raul Ortega, Eva Pez, Nelo Vilar, Laura Yustas
- 46. Belgique – Écritures transatlantiques Philippe Franck
- 49. Pérou – elgalpon.espacio Gauthier Lesturgie
- 53. Brésil – Panorama institutionnel de la performance Lucio Agra, Yasmine Sefraoui
- 56. Cameroun – RAVY 2014. Rencontres d’arts visuels de Yaoundé Valentín Torrens
- 59. & IL TOPO, artist-run magazine since 1992, se met en mouvement
- 63. Mobilité artistique et culture vectorielle dans l’altermodernité Michaël La Chance
Topos
- 68. RIAP 2014 Mildred Durán Gamba
- 82. Pôles : performances à deux bouts du monde Hélène Matte
- 84. Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda Frédérique Hamelin
- 86. L’art performance au Canada aujourd’hui Frédérique Hamelin
- 88. Reçu au lieu
Publié par
Date de parution
22 janvier 2015
Nombre de lectures
2
EAN13
9782924298107
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
31 Mo
ORGANISATIONS ARTISTIQUES D’ICI ET D’AILLEURS BELGIQUE / BRÉSIL / CAMEROUN / CANADA / ESPAGNE / FRANCE / ITALIE / PÉROU / QUÉBEC
Le travaîl en collectîf comporte ses avantages comme ses înconvénîents, maîs îl est aussî la démonstratîon d’une solîdarîté et d’une reconnaîssance, créant des réseaux et sollîcîtant l’échange et le renouvellement. Il înstalle les artîstes dans des engrenages et dîsposîtîfs permettant à l’art de créatîon d’obtenîr des résutats et des degrés d’eîcacté.RM
ROBIN POITRAS Photo : Emmanuelle Duret
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DîrecteurRîchard Marte programmatîon@înter-eîeu.org Coordonnatrîce à l’édîtîonGenevîève Fortîn redactîon@înter-eîeu.org Comîté de rédactîonNathaîe Côté, Chanta Gaudreaut, Mîchaë a Chance, Jonathan amy, uc évesque, André Marceau, Rîchard Marte Correspondant en FranceChares Dreyus Comîté de rédactîon înternatîonal AllemagneEîsabeth Jappe, Hege MeyerArgentîneSîvîo de GracîaBelgîque Phîîppe FranckBrésîlucîo AgraCanadaBruce Barber, Cîve RobertsonColombîeRîcardo Arcos-PamaCubaNeson Herrera YsaEspagneBartoomé Ferrando, Neo VîarFrancePau Ardenne, Juîen Baîne, Mîche Coet, Jacques Donguy, Mîche Gîroud, Serge PeyHongrîe Baînt SzombathyIndonésîeïwan WîjonoItalîeGîovannî FontanaMexîcoVîctor MuñozPays de GallesHeîke RomsPologneukasz Guzek, Artur TajberPortugal Fernando AguîarRoumanîeGusztáv UtoThaïlande Chumpon ApîsukUruguayCemente Padín Responsable de dossîerRîchard Marte CouvertureMayîm-B, perormance, RïAP , Québec Photo : Francîs O’Shaughnessy Conceptîon graphîqueChanta Gaudreaut Assîstant à l’înfographîePhîîppe Frenette-Trembay graphîsme@înter-eîeu.org Révîsîon et correctîonGîna Buteau AdmînîstratîonSyvîe Côté admînîstratîon @înter-eîeu.org /Communîcatîon-dîfusîonPatrîck Dubé înos@înter-eîeu.org /Pubîcîtéaurent aonde pub@înter-eîeu.org ïmpressîonîthoChîc, , rue Jean Perrîn, Québec /Dîstrîbutîon Canadaes Messagerîes de Presse ïnternatîonae, une dîvîsîon de Hachette Dîstrîbutîon Servîces (Canada) înc. , rue arrey, Anjou, Montréa, Québec, HJ T : -- [lmpi@lmpi.com / www.lmpi.com] /Dîstrîbutîon FranceLes Presses du réel 35, rue Colson, 1000 Dijon, France, [www.lespressesdureel.com] ïnter, art actueest pubîé troîs oîs ’an par es Édîtîons ïnterventîon /ïnterest membre de a Socîété de déveoppement des pérîodîques cutures québécoîs SODEP, , rue Saînte-Catherîne Ouest, bureau , Montréa, Québec, HB A [www.sodep.qc.ca] et de Magazînes Canada, , Adeaîde Street West, suîte , Toronto, MV C, Ontarîo, Canada [www.magazînescanada.ca] a rédactîon est responsabe du choîx des textes quî paraîssent dans a revue, maîs es opînîons n’engagent que eurs auteurs. es manuscrîts doîvent nous parvenîr par courrîe. Pour proposer un artîce, consutez notre sîte ou contactez a rédactîon en tout temps aux coordonnées de a revue. Faîtes-nous connatre vos actîvîtés, proposez-nous vos pubîcatîons, CD, DVD ou autres pour recensîon dans nos pages, en servîce de presse. Droîts d’auteur et droîts de reproductîon : toutes es demandes de reproductîon doîvent être achemînées à Copîbec (reproductîon papîer) -- (sans raîs ) îcences@copîbec.qc.ca
ïnter, art actue , rue du Pont Québec (Québec) GK M Tééphone-- Téécopîeur-- Courrîeînos@înter-eîeu.org Sîte ïnternetînter-eîeu.org ïnterest subventîonnée par e Conseî des arts et des ettres du Québec, e Conseî des arts du Canada (Aîde aux pérîodîques) et a Vîe de Québec ïSSN - ©es Édîtîons ïnterventîon Hîver
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ORGANISATIONS ARTISTIQUESD’ICI ET D’AILLEURS
Inter, art actuel,son positionnement dans l’histoire, les marges ! RICHARD MARTEL Dans le laboratoire, après ruses et procédures RICHARD MARTEL Canada – Les centres d’artistes autogérés : un espace politique ANNE BERTRAND Québec – Le portail de tous les dangers. Le modèle des centres d’artistes à l’ère des valeurs néolibérales ? GUY SIOUI DURAND Des réseaux élargis au Quartier des spectacles centraliste GUY SIOUI DURAND Dû don Dû GILLES ARTEAU Les centres d’artistes autogérés font-ils encore de l’autogestion ? NATHALIE CÔTÉ France – Paradoxe, interrogation, exception ? PASCAL GEORGES Italie – L’organisation artistique autonome GIOVANNI FONTANA Espagne – Systèmes artistiques paradoxaux RAUL ORTEGA, EVA PEZ, NELO VILAR, LAURA YUSTAS Belgique – Écritures transatlantiques. Autour de créations audio-poétiques Rhizome-Transcultures PHILIPPE FRANCK Pérou – elgalpon.espacio ENTRETIEN DE GAUTHIER LESTURGIE AVEC JORGE BALDEÓN ET LORENA LO PEÑA Brésil – Panorama institutionnel de la performance LUCIO AGRA Cameroun – RAVY 2014. Rencontres d’arts visuels de Yaoundé VALENTÍN TORRENS & IL TOPO, artist-run magazine since 1992, se met en mouvement LES TOPISTES Mobilité artistique et culture vectorielle dans l’altermodernité : quand le centre d’artistes devient centre de reprogrammation technoculturelle, un avion-cargo mobile et aérien MICHAËL LA CHANCE
TOPOS RIAP 2014. 30 ans d’art action à Québec MILDRED DURÁN GAMBA Pôles : performances à deux bouts du monde HÉLÈNE MATTE Biennale d’art performatif de Rouyn-Noranda L’art performance au Canada aujourd’hui FRÉDÉRIQUE HAMELIN
REÇUS AU LIEU Des textes dans l’espace public/Words in Public Spacesous la direction de Marc André Brouillette•Le paradigme de l’art contemporain : structures d’une révolution artistiqueNathalie Heinich•EspaceArt actuel : pratiques et perspectives•Doc(k)sMorceaux choisis, 1976-1989•Le Musée des Muses Amusées (MMAM), Imperium Asinum Magnificum (IAM), selon la Poésie Totalement Totale (PTT)Michel Giroud•Louis-Pierre Bougie : espaces chavirés, torsions du désirsous la direction d’Isabelle de Mévius•Le petit guide rouge du conseil d’administration d’un centre d’artistes autogéré accompagné du Guide de déontologieetLe petit guide bleu de la gestion des documents et des archivesRCAAQ
MIDEO M. CRUZ Photos : Philippe Frenette Tremblay
« Organîsatîons artîstîques », thématîque de cette îvraîson d’ïnter, art actue, traîte de groupes, de regroupements et d’assocîatîons, au moment où es pouvoîrs pubîcs sembent tenîr compte du patrîmoîne putôt que de ’actîvîté artîstîque vîvante, actuee, prospectîve. Nous croyons nécessaîre de revenîr sur a sîtuatîon quand, avec es récentes coupures de certaîns organîsmes et înstîtutîons, se pose a questîon de a égîtîmîté des assocîatîons et de eurs modaîtés d’organîsatîon. D’abord, î convîent de souîgner a partîcîpatîon « hîstorîque » de notre revue dans e déveoppement des organîsatîons artîstîques, surtout du poînt de vue ater-natî. J’aî tenté de retracer son împîcatîon, au I des ans, dans e déveoppement de condîtîons artîstîques avorabes à a créatîon. Aînsî, e texte « Ruses et procédures », pubîé en dansïnter, pose es baîses du travaî dans un centre d’artîstes. En , î est întéressant de e réédîter aIn de vérîIer, ans après, sî es choses ont changé et de voîr sî nos « prîses de posîtîon » sont encore vaabes en regard de notre gestîon actuee. Égaement, dans ce dossîer, Anne Bertrand propose une « compîatîon » des modes de onctîonnement artîstîques quî couvrent ’ensembe du terrîtoîre cana-dîen. À sa suggestîon, nous repubîons aussî un texte de Gîes Arteau quî date de . Arteau ut e présîdent du Regroupement des centres d’artîstes québécoîs pendant queques années, et son texte est une îustratîon des préoccupatîons de D’ICI ET D’AILLEURS ’époque et de a vaeur de ’împîcatîon actuee des centres d’artîstes sur e terrî-toîre, spécîIquement québécoîs. Nathaîe Côté commente par aîeurs a rencontre înterdîscîpînaîre Chaos tenue récemment, où Gîes Arteau, encore, suggère de reaîre un bîan des assocîatîons et des regroupements ! Guy Sîouî Durand prend pour sa part posîtîon sur es modes d’organîsatîon actues ou contemporaîns, à ’ère du néoîbéraîsme. ï dénonce es modèes cen-traîsateurs, tout en souîgnant queques récentes contestatîons et revendîcatîons. Mîchae a Chance, sur un mode îronîque, propose quant à uî un centre d’artîstes aérîen, souîgnant a grande mobîîté des artîstes d’aujourd’huî et esquîssant une cartographîe de eurs dépacements întersectorîes seon un paradîgme « atermo-derne ». ï est pour une mobîîté des pratîques, e centre d’artîstes devant s’însérer dans es débats socîaux et pubîcs. Dans un deuxîème temps, nous avons joînt des acoytes de a rédactîon înterna-tîonae d’ïnterpour proposer des comparaîsons avec d’autres zones géographîques. En France, avec Pasca Georges, a dîversîté cuturee est scrutée avec statîstîques et données sur e sujet. Avec Gîovannî Fontana, a questîon socîopoîtîque et es contextes en ïtaîe sont présentés dans eurs reatîons hîstorîques et socîaes. Entre une structure înstîtutîonnee îbérae et une împîcatîon pus autonomîste, a sîtuatîon espagnoe nous est présentée par Neo Vîar et ses compîces. ï auraît été dîicîe, dans e cadre de ce dossîer, de cumuer es înormatîons sur a gestîon artîstîque dans de nombreux pays, quoîque cees présentées îcî servent au moîns ORGANISATIONS ARTISTIQUES de comparatîs ! Suîvent es présentatîons d’autres terrîtoîres, au Pérou comme au Brésî, reatîvement à des processus autogestîonnaîres touteoîs dîicîes sur e pan du « perormatî ». Pour core cette recherche-bîan, nous donnons a paroe à des projets atypîques comme e regroupement & ï TOPO, entre productîon et dîfusîon, et Phîîppe Franck quî traîte des reatîons québécoîses et beges entre Rhîzome et Transcutures pour des écrîtures transatantîques. À ce dossîer s’ajoutent, comme toujours, dîvers artîces sur des productîons BELGIQUE / BRÉSIL / CAMEROUN / CANADA / ESPAGNE / FRANCE / ITALIE / PÉROU / QUÉBEC artîstîques d’îcî et d’aîeurs, du Cameroun avec Vaentîn Torrens et d’îcî avec a Rencontre înternatîonae d’art perormance à Québec, en septembre , ce quî procure une oîsonnante séectîon îconographîque à cetïnterportant sur es orga-nîsatîons artîstîques. t RICHARD MARTEL
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e n’est pas la premîèreC’est aussî à ce moment que nous avons rencontré Robert Fîîou et son posîtîonnement – ’Eterna Network –, à savoîr que ’art, c’est « à où ’on se foîs qu’Inter, art actuel îcîCdu poînt de vue de l’art. Cettepour ’art « en traîn de se aîre » nous sembaît donc nécessaîre, et c’est aînsî trouve » et qu’î n’y a pas de nécessîté à s’exîer pour a pratîque artîstîque : traîte d’organîsatîon, et s’î y a un probème, c’est qu’î y a aussî une soutîon ! a créatîon d’un espace même revue, îssue d’une nécessîté que a chambre banche apparut en , en même temps ou presque exîstentîelle, a depuîs ses débutsque a revueïnterventîon. Dans e numéro , Mîchèe Waquant dressaît e appuyé les dîverses avenuesbîan de a premîère année de onctîonnement de ce centre d’artîstes à R I C H A R D M A R T E L Québec, a premîère expérîence ayant précédemment été a Gaerîe Comme. alternatîves, en art comme en wCette hîstoîre est d’aîeurs racontée dans ’entrevue de Guy Sîouî Durand culture. Déjà avec ses premîers avec îsanne Nadeau que ’on retrouve dans e numéro de a revue, numéros, la revueInterventioncomme bîan de a vîe de Québec en , un document assez compet – son nom d’époque – avat prs pour connatre ’hîstoîre de ’art-archîtecture-urbanîsme-poésîe à Québec LES MARGES ! poston pour des pratques nonde à . Touteoîs, pour en revenîr au numéro de , je prenaîs posîtîon nsttutonnees et, souvent, en dans un texte, « ettre à Monsîeur e Mînîstre », contre e projet du Musée compcté organsatonnee. de ’homme d’îcî. Je croîs îcî utîe de reproduîre certaînes îdées de ce texte : Par exempe, en 1978, dans son « Depuîs des dîzaînes d’années, ’art est à a mesure de ’înrastructure deuxème numéro, on mentonnat cuturee ; c’est-à-dîre ’équîpement. C’est aînsî que ’équîpement cuture en ntroducton que « a revuemontréaaîs est îmmense par rapport à ceuî d’Amos ou de Chîcoutîmî. Je désre artcuer un regroupementcroîs qu’î est temps de mettre sur pîed un système adéquat de dîfusîon , SON POdesSoIrgTanIsmOes cNomNmunEautMaresENT de ’art actue – îcî e concept d’art actue au îeu d’art contemporaîn. Par exempe, e cas de gaerîes coopératîves (a chambre banche à Québec) aIn de fare presson sur ’État ». ou paraèes mérîte qu’on s’înterroge un peu sur e phénomène qu’est ’art On envsageat une sorte de contemporaîn et sa dîfusîon. J’estîme que a créatîon d’un ïnstîtut d’art regroupement, donc. contemporaîn, organîsme ormé de représentants des dîverses régîons Juste avant, dans son premerdu Québec, pourraît être envîsagé. Cet organîsme seraît en mesure de se charger de a promotîon et de a dîfusîon du produît cuture québécoîs (un numéro, en mars 1978, Jean-Caude peu comme un Conseî québécoîs de a dîfusîon). En aît, ce centre pour-St-Hare commentat a stuaton raît se doter d’équîpements adéquats de dîfusîon (genre ateîer-gaerîe DANS L’HISTOIRE,mutîdîscîpînaîre) dans es dîférentes régîons du Québec. J’îmagîne bîen précare des artstes avec un ttre révéateur : « Créer, ou ’art de vvre un te centre au Saguenay–ac-St-Jean, un en Gaspésîe, un en Maurîcîe, un pauvre et maheureux ». Être actfdans es Cantons-de-’Est, un autre en Abîtîbî, un à Québec et un ou deux dans une ve comme Québec, enà Montréa… e cas de a vîe de Québec est en ce sens exempaîre. ï s’est passé bîen des choses dans cette vîe avant que es onctîonnaîres et es 1978, c’état une stuaton dice crîtîques de journaux oicîes s’en rendent compte. a sîtuatîon actuee aît parce qu’ n’y avat pas de réees que ’art quî se aît doît être sanctîonné à Montréa, comme ’art montréaaîs înstîtutîons pour a dîfusîon du doît être sanctîonné à New York. Cette sîtuatîon contrîbue à centraîser à travaî des artîstes. En efet, es un seu endroît a dîfusîon du produît cuture actue et obîge es artîstes « onctîonnaîres » de a cutureà se déracîner de eur mîîeu. Par exempe, î y a énormément de gens du INTER,aAvaîeRntTenvîsAagéCde dTéveUopEperLSaguenay quî produîsent de a cuture à Québec et à Montréa. Déracînés de eur mîîeu, ces gens doîvent produîre à où ’équîpement cuture exîste. ’art « contemporaîn » à Montréa et a centraîsatîon – ’unîque îeu d’art contemporaîn oicîe étant à Mon-proposaîent pour a vîe de Québec tréa – contrîbue à couper ’artîste québécoîs de sa possîbîîté d’être actî de travaîer à a promotîon du chez uî. Cecî expîque e retard cuture des régîons par rapport aux grands patrîmoîne. Dît pus sîmpement : acentres. es régîons se sont en aît vîdées de eur potentîe générateur de vîeîe vîe pour e patrîmoîne, ’artcuture au proIt des grands centres urbaîns. a créatîon d’un organîsme représentatî des régîons du Québec avec nouveau pour a métropoe ! Nous un équîpement de dîfusîon mutîdîscîpînaîre dans chacune des régîons me étîons mînîmaement organîsés sembe donc actueement une soutîon acceptabe. D’abord, cette sîtuatîon et, après ’optîon cuturee de pourraît à ong terme arrêter ’exode vers es grands centres et permettre transormer e Musée du Québec en aors à ’artîste d’être actî dans n’împorte quee sîtuatîon. […] Musée de « ’homme d’îcî » – ce quîJe croîs donc que a créatîon de cet équîpement cuture éger (contre un super-équîpement ourd comme ’est e Grand Théâtre, par exempe) devîendra pus tard e Musée de a pourraît corrîger a sîtuatîon actuee et évîter de tout centraîser dans une cîvîîsatîon à Québec –, nous avîons ou deux grosses vîes. Je consîdère qu’î est préérabe d’avoîr pusîeurs prîs posîtîon. petîts endroîts cutures qu’un ééphant banc înaccessîbe pour pusîeurs. ï n’y auraît qu’à construîre un ou deux kîomètres de moîns pour réaîser ces îeux cutures. […] Pour ce quî est de a promotîon de ’art québécoîs à ’étranger, je croîs qu’un même genre d’ateîer-gaerîe mutîdîscîpînaîre pourraît permettre
aux artîstes québécoîs d’exposer à New York ou à Parîs. Tout cecî sembe peut-être utopîque, maîs je consîdère que a promotîon de ’art actue îcî et à ’étranger pourraît nous permettre de mîeux cerner ”’homme d’îcî”. EnIn, j’estîme que e Québécoîs exîstera orsqu’î sera en mesure de produîre sa propre cuture et que seu un équîpement cuture adéquat permettra cet état de aît. » Ces propos étaîent tenus avant ’arrîvée du RCAAQ et des résîdences artîstîques à ’étranger. Avec a revue, notre întentîon étaît de sortîr de ’îsoement tout en pouvant aussî théorîser des pratîques aternatîves. Et nous avons réguîèrement posé a questîon des méthodes et des énergîes à mettre en commun. Pus tard, e numéro d’ïnterventîon, à ’été , posaît pour sa part a questîon de ’« Art en pérîphérîe et [de a] pérîphérîe de ’art », avec des contrîbutîons de dîverses provenances, de Sherbrooke à yon, dont un împortant dossîer de Guy Sîouî Durand sur « es réseaux d’art, aternatîve au centraîsme, à », portant surtout sur es actî-vîtés en régîon, au Québec. Un reevé d’actîvîtés quî, autrement, seraîent passées înaperçues.
Maîs un autre très împortant dossîer tîtré « ’hîstoîre s’accéère par ses marges » couvre dîvers aspects de ’aventure aternatîve dans e numéro , au prîntemps . a notîon de réseau y est anaysée et expîcîtée par Andrée Fortîn, socîoogue. Aussî, en quatrîème de couverture, je commente ce que je consîdère es troîs phases de ’évoutîon des regroupements au e XX sîèce – ceux des artîstes, évîdemment : ’émergence, a consoîdatîon, ’airmatîon. Cees-cî couvrent es pérîodes -, - et à aujourd’huî. Dans mon essaî « Ruses et procédures », j’énonce que « ce texte part de poînts de vue thématîques quî écaîrent a sîtuatîon de a pratîque artîstîque en contexte aternatî ; î ne prétend pas aîre un bîan ou une descrîptîon des îeux aternatîs ». es axes de démonstratîon du travaî aternatî y sont e temps de travaî et a conscîence hîstorîque, e troubadour et e nomade, ’archîvage, a onctîon et es outîs, Inaement a posîtîon d’anayseur. Écrît î y a pus de ans, ce texte me parat encore e ondement du centre d’artîstes. Je croîs donc bon de réédîter îcî es pages à du numéro d’ïnterpour vérîIer e posîtîonnement de cette époque et voîr sî es motîvatîons d’aors sont encore « actuees ».
ORGANISATIONS ARTISTIQUESD’ICI ET D’AILLEURS
Ruses et procédures e « sens » aternatî du travaî opéré par es artîstes touche aux contraîntes mutîpes de ’actîvîté artîstîque en rapport avec ’înstîtutîon-naîsatîon de ’art actue. es outîs et es onctîons, a îbéraîsatîon du temps de travaî, comme a sîtuatîon dans a conscîence hîstorîque, sont des axîomatîques au sujet de a spécîIcîté de ’exîstence de ’aternatî. Après avoîr vîsîté pusîeurs vîes, de Mamô en Suède, en passant par Saerno en ïtaîe, jusqu’à Durango au Mexîque, j’airme qu’î y a des constantes dans e travaî des artîstes en regroupement. ’aure et e comportement des artîstes se vérîIent sîmutanément à pusîeurs endroîts à a oîs. Voîcî donc un poînt de vue partîsan quî s’appuîe sur de nombreuses expérîences et compîcîtés dans a trame même du réseau de ’aternatî entre et , prîncîpaement.
Le temps de travail et la conscience historique Une constante remarquée dans es pays où î exîste des îeux artîs-tîques aternatîs, ou îndépendants, est a voonté de îbérer e temps de travaî. En Occîdent prîncîpaement, e temps de productîon est un moment détermîné où es actîons sont systé-matîsées par rapport à a productîon. Dans e îeu aternatî, ’actîvîté artîstîque se manîeste généraement en dehors du temps norma de productîon. ï s’agît en aît d’une îbéraîsatîon du contexte de productîon de ’art. es artîstes ne travaîent par nécessaîrement de à comme es onctîonnaîres et es bureaucrates. ’actîvîté de ’art nécessîte a dîsponîbîîté du temps ; c’est pourquoî d’aîeurs es artîstes actues empruntent de pus en pus à eur vîe quotî-dîenne dans es processus de réaîsatîon. e travaî artîstîque envîsage a paraîte adéquatîon entre e désîntéressement de ’acte însurrectîon-ne et sa matérîaîsatîon par ou sur un support queconque. es îeux aternatîs de productîon sont comme des oasîs pour ’actuaîsatîon en processus. e temps de ’art est încompatîbe avec e temps rée… parce que e rée n’exîste pas. C’est une constructîon caquée sur ’îndus-trîe de abrîcatîon. Dans un îeu comme Western Front de Vancouver, e temps normaîsé n’exîste pas et a dîsponîbîîté se aît empîrîquement, au ur et à mesure que es données s’accumuent. ’artîste est en aît un brîcoeur, comme ’airme évî-Strauss. ï ne part pas d’acquîs, maîs cherche putôt des combînaîsons possîbes par a mîse en sîtuatîon d’appareîages et de réseaux de sîgnîIcatîon : ’usage est détermîné par e temps îbéré des contraîntes de a onctîonnaîté. es îeux aternatîs sont comme des centraes expérîmentaes où es gens s’agîtent, souvent anarchîquement, avec des horaîres quî res-sembent pus à ’utîîsatîon du temps qu’à sa transormatîon rentabe. ïs cherchent d’autres modèes que a ratîonaîté înstrumentae. a productîon exîste maîs ee se désîusîonne de son condîtîonnement opératîonne. ï est préérabe de travaîer avec întensîté et dégagement que de comber ’obsoescence rythmée de ’îndustrîe et de son caque proposîtîonne en reatîon avec ’ofre et a demande. S’î n’y avaît que ’înstîtutîon, ce ne seraît que a présence mortuaîre des artéacts. a pusîon de vîe entrane e désîr dans a chaude osmose du temps par-tagé avec a dîsponîbîîté du îeu et des objets, ce îeu nommé aternatî ou îndépendant parce qu’î ofre des dîférences aux normaîsatîons et prîncîpaement dans e mode de « gestîon » de temps nécessaîre à a transormatîon par e travaî.
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Un autre aspect împortant de ’exîstence des îeux aternatîs : eur conscîence hîstorîque. En efet, ces îeux naîssent a pupart du temps à un moment stratégîque et en onctîon du contexte même de rencontres et de mutatîons. Autour des îeux aternatîs gravîtent des poètes, artîstes vîsues, socîoogues, gens de théâtre, vîdéastes, théorîcîens, musîcîens, danseurs, etc. D’aîeurs, dans presque tous es îeux aternatîs a programmatîon est varîée : înstaatîon, perormance, poésîe, vîdéo, danse… e méange suscîte ’înterrogatîon et amène ’hybrîdatîon. Ces îeux sont une airmatîon, dans a conscîence hîstorîque, des moments îbres de a créatîon. Nous retrouvons souvent ces îeux dans des zones urbaînes où î se trouve d’autres types de regroupements. a mutatîon s’opère par a mîse en reatîon des énergîes ; a transormatîon est récîproque. ï y a des reatîons entre e désîr de trans-ormatîon de ’îmagînaîre et une utte concrète pour a déense d’une rue, d’un édîIce, d’un espace vert ou d’une îdéoogîe. Un îeu aternatî exîste parce qu’î combe un vîde et c’est pourquoî î témoîgne de a conscîence hîstorîque, du poînt de vue des îdées et des moyens. a concentratîon de pusîeurs gaerîes aternatîves à un même endroît pourraît paratre un para-doxe. De tes exempes exîstent dans es grandes vîes, comme à Montréa, bouevard Saînt-aurent, ou à Toronto ; es îeux ne se dîstînguent pus. a ratîonaîté se mesure par ’ange bureaucratîque ; ’aternatî vîse a trans-gressîon des codes et des înterdîts socîaux ; ’actîvîté însurrectîonnee est e sau-conduît pour ouvrîr sur des pratîques créatrîces, génératrîces d’énergîes nouvees.
Le troubadour et le nomade « ’art, c’est à où tu es. » Cette phrase de Robert Fîîou en dît ong sur a sîtuatîon de ’actîvîté artîstîque comme transormatîon du vécu quotîdîen en reatîon avec e contexte d’émergence. Car ’art est aussî un phénomène – un îeu – de communîcatîon quî înterroge es acquîs d’une socîété en rapport avec e commerce des îdées… Avec es îeux aternatîs nous envîsageons une cuture gobae à ’échee panétaîre. es moyens de communîcatîon, ’ordînateur par exempe, nous ofrent a possîbîîté d’être en contact avec e médîa et son message. Que ce soît en Scandînavîe, au Japon, en Austraîe ou au Mexîque, nous écoutons actueement a même musîque et es modèes sont souvent es mêmes. es îeux d’artîstes empruntent eux aussî aux mêmes archétypes et î y a une sorte de soîdarîté quî déonce es rontîères poîtîques et natîonaes. Dans pusîeurs pays, a posîtîon de ’artîste sembe a même et î y a peu de dîférence entre es gens quî anîment Audîovîsîon à Durango, au Mexîque, et ceux quî travaîent au Centro ïnternazîonae Mutîmedîade Saerno en ïtaîe ; es motîvatîons et es préoccupatîons sont presque es mêmes. Chaque îeu sembe « mîîter » pour un « stye de vîe » quî soît en rapport d’opposîtîon avec e modèe domînant. Ces îeux agîssent comme des centraes d’accueî pour es artîstes quî se promènent d’une pace à ’autre, comme des troubadours. e troubadour de a In du Moyen Âge seraît en aît ’ancêtre de ’artîste aternatî, se promenant d’un endroît à ’autre et amenant de nouvees înor-matîons qu’î transorme uî-même en onctîon du contexte.Trobadorveut aussî dîre « trouveur », dans e sens d’emprunt. e troubadour ressembe à ’artîste actue, se rendant d’un endroît à ’autre, réaîsant des perormances, échangeant des înormatîons et se aîsant uî-même modîIer par une sîtua-tîon nouvee. ï est un anayseur socîa et avec uî nous assîstons au début de a cîrcuatîon unîversee des îdées. ï est aussî probabement e premîer artîste mutîdîscîpînaîre qu’on conond souvent avec e jongeur ou e raconteur d’hîstoîres. Cette îmage du troubadour est îssue de ma rencontre avec Juîen Baîne quî a édîté cette merveîeuse anthoogîe :Doc(k)s. ’îdée de Juîen Baîne étaît de trouver, pour chacun des pays, a personne uî permettant d’entrer en contact avec ’« authentîque » cuture en rapport d’opposîtîon înstîtutîonnee ; et e résutat en vaut a peîne… ’îdée d’une cuture înter-natîonae postue a notîon de soîdarîté en dehors des condîtîonnements opératîonnes socîaux. e travaî des artîstes consîste dès ors à dépacer, en se dépaçant eux-mêmes, du domaîne des objets et des apparences vers e non-
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dît du phénomène dégagé des contraîntes de a communîcatîon. ’artîste de ’aternatî se dépace d’un îeu margîna vers un autre îeu margîna, en quête d’authentîcîté par rapport au nîveement de a cuture oicîee, actueement cee de a casse moyenne, prîncîpaement. es artîstes de ’aternatî voîent a conIrmatîon de eurs réaîtés par e dépacement… ï y a comme une espèce de « nomadîsme »versusune sédentarîté artîstîque normatîve. e concept de « nomade » est d’aîeurs très empoyé depuîs pusîeurs années ; on e vérîIe à pusîeurs endroîts, sîmutanément. Par exempe, î y avaît un îeu à Besançon quî portaît e nom d’Espace Nomade ; c’étaît évîdemment un endroît pour a perormance et es pratîques urbaînes et margînaes. À Québec, à ’automne , un estîva împortant de peror-mance, organîsé par e îeu, porte e tître d’Espèces nomadeset permet à artîstes de sept pays de se rencontrer. En -, The Nomads est ’ap-peatîon d’un groupe de huît artîstes de cînq pays dîférents quî proposent une sorte d’art en contexte sîtuatîonne. Chaque oîs î est questîon de travaî hors des normes et de productîons hors cadres : des pratîques coectîves en rapport étroît avec un contexte détermîné. ’actîvîté artîstîque n’est pas neutre et e vécu de ’artîste, dans sa vîe et au contact des autres, permet a vérîIcatîon du système de cadrage – de castratîon – încontestabe des motîvatîons înconscîentes et subjectîves dans es rapports socîaux. ’actîvîté artîstîque est un mouvement, un processus. es îens se tîssent, d’un pays à ’autre, c’est ’îdée du « réseau » de Robert Fîîou. ï y a comme une sorte de « reconnaîssance », d’un îeu à ’autre, et es artîstes nomades se promènent, tout comme e troubadour, en éargîssant e champ de a connaîssance tout en étant une sorte de Itre de ’înormatîon assîmîée. e réseau de ’art aternatî est une approbatîon mutuee au sujet de pratîques engagées ; c’est aussî une açon de contourner ’îsoement des pratîques însurrectîonnees en rapport dîaectîque avec e monde înstîtué. S’î n’y avaît pas cette soîdarîté, au-deà des rontîères, î y auraît un maaîse exîstentîe à vîvre contînueement d’une manîère margînae. e réseau exîste be et bîen et à chaque endroît c’est e même processus ; e nomadîsme des pra-tîques exîste parce qu’î s’appuîe sur a reconnaîssance récîproque : a îbre cîrcuatîon des îdées et des personnes.
L’archivage Une caractérîstîque que ’on retrouve chez a pupart des « regroupe-ments » d’artîstes est a notîon d’archîvage. a mémoîre est e cautîonnement de a pratîque hybrîde écatée. Dans presque tous es centres d’artîstes, et c’est vaîde pour probabement tous es pays, î se trouve un endroît où ’în-ormatîon est stockée et dîsponîbe sur demande. Pus a censure est orte, pus ’archîvage est împortant. Ces masses d’înormatîons sont a seue açon de témoîgner des pratîques artîstîques en extensîon. ’archîvage prend aînsî une împortance stratégîque, car c’est aors a preuve même de ’exîstence de ’art autonome. Tout se tîent et î y a un art îndépendant au poînt de vue de a orme et de ’întentîon. es « restes » de ’actîvîté artîstîque – e geste et e comportement – sont aînsî consîdérés pus împortants que a manîestatîon matérîee d’une productîon sînguîère. es pratîques sont mutîpes et î y a des îeux spécîaîsés quî traîtent de cet aspect spécîIque de a pratîque or-meement însurrectîonnee. À New York par exempe, vîe où es pratîques artîstîques sont airmées dans a dîversîté, î se trouve un endroît, Prînted Matter, près de Cana Street, où ’on peut acheter ce que es artîstes ont par e îvre d’artîste, e dîsque, a revue… bre ’édîtîon à petît ou grand tîrage. Prînted Matter étaît auparavant reîé – e cordon ombîîca – à Frankîn Fur-nace, îeu d’archîves încroyabe pour tout ce quî touche aux produîts édîtés par es artîstes. On y expose es traces hîstorîques des artîstes cubîstes ou uturîstes, quî sont a preuve que ’art d’« édîtîon » exîste depuîs déjà ort ongtemps. Ces îeux d’archîvage témoîgnent de ’actîvîté îndépendante – au sens de ’înstîtutîon –, que ce soît sous orme d’îmages, de sons ou d’autres pratîques. e sous-tître de Frankîn Furnace pare d’aîeurs de uî-même : « The ast Word în Museum ». Ce îeu est à a oîs e musée de ’aternatî tout en étant un choîx aternatî au musée. À Vancouver, e Vîdeo ïnn, quî exîste
depuîs quînze ans déjà, possède une coectîon extraordînaîre de vîdéos depuîs es années soîxante jusqu’à maîntenant. Ces mîîers de bandes vîdéo constîtuent une mémoîre vîsuee autrement înaccessîbe, donc înexîstante. S’î n’y avaît pas es « îeux aternatîs » et eurs archîves, nous ne pourrîons pas savoîr ce que es artîstes réaîsent en dehors des productîons quî sont retenues par es înstîtutîons. De pus, a documentatîon accumuée nous écaîre sur e processus de transormatîon de ’actîvîté artîstîque et poétîque, par exempe sur e rôe très împortant des poètes dans a transormatîon de ’îmagînaîre. Aînsî, e uturîsme, c’est d’abord Marînettî, e poète. Par contre, sî ’on se Ie à ce que es musées retîennent, îcî, dans e cas du uturîsme, î est presque împossîbe de comprendre réeement e processus de transorma-tîon – du sens – par ’entremîse des artéacts des peîntres et des scupteurs, ce que montrent es musées. es îeux d’archîvage înorment sur es acteurs rées et es protagonîstes de a transormatîon. Cecî démontre e condîtîonnement opératîonne de ’objet sur son contenu comme e pouvoîr de a onctîon sur ’întentîon. ’art n’est pas un processus înéaîre, comme e prétend ’actîvîté înstîtu-tîonnee ; c’est e résutat d’un ensembe de questîonnements quî sont des îeux varîabes d’înterrogatîons. À toutes es époques es artîstes ont travaîé mutîdîscîpînaîrement, et même Matîsse însîstaît sur e aît qu’î ne voyaît pas de dîférence entre aîre un îvre et un tabeau. ’exîstence du îeu d’archîvage écaîre au sujet de ’assujettîssement des pratîques artîstîques oîcîees et expîque e désîr de se sîtuer, ce quî témoîgne de a soîdarîté des înteectues dans a transormatîon de ’îmagînaîre socîa.
Les fonctions et les outils Chaque regroupement d’artîstes coporte une açon de aîre quî e par-tîcuarîse. Maîs es aégeances s’airment par es întentîons et es outîs. orsque ’actîvîté artîstîque envîsage e mutîpe ou ’édîtîon, î aut des outîs approprîés pour e réaîser. es regroupements d’artîstes des années soîxante s’airmaîent, pour a pupart, par ’utîîsatîon d’un outîage spé-cîaîsé. Pensons aux équîpements nécessaîres à a gravure ou aux procé-dés d’împressîon dîvers. Sî es pratîques înstîtutîonnees sîtuent ’œuvre, ’artéact, comme poînt de vue prîvîégîé, ’artîste de ’aternatî par contre ne consîdère pas ’« œuvre » comme son centre d’întérêt ; c’est putôt e processus et e comportement quî împortent. es pratîques artîstîques înstîtutîonnees amènent a standardîsatîon, ’unîcîté du produît. ’actîvîté mînîmaîste, par exempe, est une airmatîon des structures conventîonnees d’exposîtîon. À ’opposé, e travaî aternatî s’actuaîse putôt dans e sens de a dîversîté. Aînsî, ’artîste de ’înstîtutîon se dît mutîdîscîpînaîre orsqu’î utîîse des ééments dîsparates pour réaîser une productîon au sens d’une œuvre d’art. ’artîste aternatî est mutîdîscî-pînaîre orsqu’î travaîe d’une manîère mutîdîscîpînaîre, c’est-à-dîre qu’î utîîse pusîeurs supports et méthodoogîes : î aît de a vîdéo, î écrît, î perorme, î aît un peu de musîque… Toute une dîférence ! a productîon actuee sembe se caractérîser par ’utîîsatîon systéma-tîque du son. a radîo, par exempe, est très utîîsée par es artîstes, car ce médîa convîent bîen à ’actîvîté écatée et communîcatîve. Un peu partout des radîos naîssent et sont învestîguées par es artîstes, à Parîs, à Québec ou même au Banf Center. e tître d’un estîva organîsé à Québec par e groupe Obscure pare de uî-même : « Évîtez e bruît ». es conceptîons de ’art sont e résutat de sîtuatîons quî empruntent aux notîons de catégorîes et de systèmes. es regroupements de peîntres sont très rares ; concîdence, a peînture est ’artéact prototype de ’înstîtutîon. a pupart du temps un regroupement exîste parce qu’î y a des outîs à mettre en commun, que ce soît ’ordînateur, a consoe de mîxage ou ’équîpement vîdéo. De même, es regroupements d’artîstes sont, généraement, des îeux de productîon et de dîfusîon. es productîons varîées des artîstes en regrou-pement sont des manîères de déjouer e condîtîonnement opératîonne des înstîtutîons. e paradoxe seraît par exempe de conondre a « gaerîe
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aternatîve » avec e « regroupement d’artîstes », comme sî e modèe domî-nant, e système marchand – gaerîe, crîtîque, musée –, codîIaît ’aure et es objectîs de a pratîque artîstîque. a perormance et ’înstaatîon utîîsent souvent des matérîaux pauvres. ’exîstence est aors éphémère, car es traces archîvées uî permettent de survîvre magré a égèreté momentanée de son actîon. a gaerîe aterna-tîve témoîgne ormeement de ’încîdence du pouvoîr înstîtutîonne sur ’învestîgatîon anaytîque ou exporatrîce. Souvent, même, a bureaucratîe déîmîte e système d’organîsatîon et c’est e danger que court ’art aternatî ou îndépendant orsqu’î est subventîonné par ’État – ’autocensure. C’est e cas au Québec et au Canada prîncîpaement. Comment préparer des moîs à ’avance une programmatîon sans tenîr compte que ’actîvîté artîstîque puîsse se manîester spontanément ? ï aut un art dépaçabe au poînt de vue des îdées, des outîs, des onctîons et des aures. ’actîvîté artîstîque est d’abord une învestîgatîon ; e îeu aternatî ofre aussî a possîbîîté de tester es nouveaux înstruments : c’est ce qu’on nomme ’expérîmentatîon.
La position d’analyseur es regroupements d’artîstes, soîdaîres des autres types de regroupe-ments socîaux, que ce soît pour a déense des întérêts moraux ou poî-tîques, comme es uttes de quartîers ou d’autres ormes d’assocîatîons revendîcatrîces, amènent à s’înterroger sur ’înstîtutîonnaîsatîon de ’actî-vîté artîstîque. Du moment qu’îs exîstent, es regroupements d’artîstes et înteectues sont a contrepartîe de a cuture oicîee. Ce aîsant, îs mettent à nu ’orga-nîsatîon socîae basée sur a reproductîon de modèes – a peînture comme archétype – propres à ’înstîtutîon. ’actîvîté margînae ou dévîante objec-tîve e pouvoîr nîveeur de a machîne înstîtutîonnee. es regroupements permettent e dévoîement du système quî organîse et déîmîte es terraîns d’actîons. ï y a donc un art de aboratoîre, comme en scîence î y a ’expérî-mentatîon, et ces îeux sont en aît des espaces de rencontres pour a îberté d’expressîon, un peu comme une ceue poîtîque. ï y a presque toujours connîvence entre avant-garde poîtîque et avant-garde artîstîque, et sou-vent même à dîvers endroîts en même temps. a céèbre partîe d’échecs entre Tzara et énîne, au Cabaret Votaîre, au début du sîèce, en témoîgne concrètement. Un regroupement opte pour un posîtîonnement socîa souvent autonomîste contre a normaîsatîon efectîve des rapports entre îndîvîdus. Dans son îvreLe apsus des înteectues, René ourau aît a dîstînctîon entre ’înteectue organîque de ’înstîtutîon et ’autre, ’engagé : « ’înteectue organîque, dès qu’î est mîs en demeure de se sîtuer, de marquer un cîvage, s’engage uî aussî, d’une certaîne açon, dans son organîcîté, dans un îen prîvîégîé et încontestabe avec ’înstîtutîon, aquee peut être e même îeu d’appartenance que ceuî de son conrère engagé. a notîon d’engagement prend un contenu de crîtîque, de négatîon du mandat socîa. On parera éventueement d’înteectue crîtîque, progressîste, engagé. » a proîératîon des pratîques aogènes, hybrîdes, dévîantes, est une airmatîon de ’hégémonîe d’un art « académîque » – e système des beaux-arts prîncîpaement – soutenu par a méthodoogîe înstîtutîonnee. ï y a donc un art aternatî – îndépendant, dîférent – en opposîtîon justement au modèe retenu par ’înstîtutîon. Du poînt de vue de ’anayse înstîtutîonnee, ’îndépendance, par exempe cee de ’anayseur, dévoîe aors e condîtîonnement artîstîque encouragé par e modèe organîque înstîtutîonne. ’actîvîté îbre des « regroupements » reste a preuve que ’art d’înstîtutîon exîste e pus souvent comme un conortabe système en vase cos pour es înteectues des pratîques înstîtutîonnees. a prétentîon savante des înstîtutîons, unîversîtaîres par exempe, est îcî reatîvîsée par ’exîstence des pratîques hybrîdes. Autrement dît, s’î y a un art quî cherche des ormes de îberté, c’est que e modèe admîs înstîtutîonnaîse seon ses crîtères propres. Deux
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mondes se côtoîent sîmutanément ; îs ont des reatîons înternes et mènent une vîe paraèe, d’où e termeaternatîace au terrorîsme de a norme admîssîbe. es îeux aternatîs – ou îndépendants – ont un rapport dîaectîque crîtîque avec es mîîtants de ’actîvîté artîstîque oicîee. ’exîstence des regroupements d’artîstes prouve qu’î n’y a pas d’« art absou », prétentîon des înteectues organîques ; c’est eur autocensure parce que c’est eur gagne-paîn. ï y a un perpétue va-et-vîent entre ce que retîent pour ee-même ’înstîtutîon et e désîr de comprendre a nécessîté de ’exercîce de a îberté, sous n’împorte quee orme, et d’autant pus împortante s’î s’agît de ’actîvîté artîstîque.
Toujours dans ce même numéro, Guy Schraenen traîtaît des « Espaces aternatîs, sonores, împrîmés… » avec un nombre consîdérabe d’înor-matîons et de îeux, surtout à ’échee înternatîonae. Avec Car oeLer et son texte « Éectronîques et transmîssîbes », ’ouverture sur e mutîmédîa s’airmaît. Ce numéro de reste un témoîgnage et une justîIcatîon de ’art comme pratîque aternatîve, tout en souîgnant ’împortance du travaî en réseau. Dans e vî du sujet, avec prîses de posîtîon, a justîIcatîon des pra-tîques aternatîves aît partîe de ’axe théorîque de a revue, quî sera par a suîte nomméeïnter, art actue. e numéro de , avec comme tître « Enerrer ’art », contenaît e projet de oî sur e statut de ’artîste au Québec, anaysé et commenté par Gîes Arteau. On se rendaît donc compte que a nécessîté d’organîsatîon se aîsaît sous ’ange de ’autogestîon, d’abord, et par une reconnaîssance et une égîtîmîté en réseau. Aussî, a manîère de s’exprîmer se dîversîIaît : î aaît désormaîs « aîre » putôt que « produîre », ce quî nous a amené de nouvees pratîques, possî-bement parce que ’occasîon nous étaît oferte par notre mode de gestîon – un centre d’artîstes n’est nî une gaerîe d’art nî un musée. es pratîques se dîversîIaîent et nous essayîons dîverses açons de poser e rapport des actes artîstîques dans a sphère socîae, ce quî nous amèneraît à déInîr par exempe e concept demanœuvre artîstîqueque nous aîons théorîser dans e numéro de . Quee ouverture que cet appareîage conceptue aaît nous amener ! Au prîntemps , avec e numéro , je ormuaîs une înquîétude ace à ’înstrumentaîsatîon : « Entre ’utopîe et a servîtude, proposîtîon pour un posîtîonnement responsabe des centres d’artîstes ». À partîr d’une consuta-tîon du RCAAQ, je m’înquîétaîs : « Nonobstant a dîicuté à déveopper une méthodoogîe de consutatîon cohérente à ’ensembe des centres d’artîstes
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au Québec, î nous est apparu que cee retenue par notre propre assocîatîon présentaît, dans son mode et par ses consîdératîons împîcîtes, un éément de technocratîsatîon déraîsonnabe : putôt que déendre a îberté d’actîon artîstîque et a dîversîté des stratégîes d’înterventîon, e RCAAQ partîcîpe d’un efort de normaîsatîon technîque ondé sur es besoîns de contrôe de ’appareî de ’État, sur e maîntîen des prîvîèges de ses membres et sur une conceptîon petîte-bourgeoîse de ’actîvîté artîstîque. […] a bîenséance admînîstratîve ne doît en aucun cas prendre e dessus : î aut ’airmatîon de ’art dans tous es înterstîces de a vîe. » ï aaît rester crîtîque, donc, ace à une certaîne soîdarîté, maîs aussî amorcer une autocrîtîque de nos propres méthodoogîes de onctîonnement. Pour e numéro de , avec comme sous-tître « es doîgts ont es onges durs », encore une oîs, je me rangeaîs du côté aternatî, contre un art d’înstîtutîon, un art et une îmîte : « [C]’est comme sî ’artîstîque et e poîtîque n’avaîent jamaîs été aussî près ’un de ’autre, e poîtîque tentant d’ajuster ’aure du posîtîonnement artîstîque tandîs qu’une margînaîsatîon esthétîque apparat comme un reuge pour tenter une expertîse dégagée des contraîntes înstîtuées. » On voît bîen caîrement e posîtîonnement. e travaî théorîque soutenaît donc aussî e renouveement des pratîques comme des dîscîpînes ! Au prîntemps , pour e numéro , nous avons pubîé un împortant dossîer sur ’art actue des années quatre-vîngt-dîx en Espagne. Néo Vîar y montraît une soîdarîté înternatîonae et une înormatîon pertînente sur es pratîques aternatîves. Pour e numéro du prîntemps , en rançaîs et en espagno, à ’occasîon de notre échange artîstîque entre es vîes de Québec et Mexîco, nous en proItîons pour, une oîs encore, témoîgner de nos réa-îtés aternatîves : Guy Sîouî Durand dressaît un panorama assez compet de a sîtuatîon artîstîque dans a vîe de Québec tandîs que « j’essaîe de comprendre ’évoutîon du système de ’art aternatî, prîncîpaement à Québec et au Québec, dans son ensembe. ï s’agît d’une recherche que j’avaîs efectuée en pour une aocutîon prononcée à ’ouverture du Congrès du Regroupement des centres d’artîstes autogérés du Qué-bec. Je a réactuaîse îcî, à ’été , pour que cecî reste un témoîgnage autogestîonnaîre artîstîque ». Encore une oîs, je prenaîs posîtîon – avec traductîon espagnoe : « ïdentîté et réseau : proégomènes à ’actîvîté artîs-tîque comme échange de nourrîture ». Je reprenaîs donc, essentîeement, e texte paru en dans e numéro . Au prîntemps , pour e numéro tîtré « Stragédîes » – un ama-game destratégîeset detragédîes–, j’exporaîs e travaî en coectî, de e a In du XïX sîèce à . Cette pubîcatîon demeure împortante parce qu’on y a aît a démonstratîon de ’hîstorîcîsme du travaî artîstîque co-ectî. Marc Partouche nous y présentaît un extraît de son îvre sur e sujet, La îgnée oubîée : bohèmes, avant-gardes et art contemporaîn de à nos jours, paru en . Cette synthèse étonnante démontraît ’actîvîté des e groupes et des regroupements à partîr du XïX sîèce jusqu’au « sîtuatîon-nîsme », ou à peu près, un « groupîsme » exposant es revendîcatîons des artîstes : îberté d’expressîon, rejet de ’art oicîe, ancrage dans ’époque, vîe de caé, etc. ; on se rassembe pour échanger et revendîquer. ’assocîa-tîon permet toujours de procamer une certaîne îndépendance, donc une nécessîté d’organîsatîon. Sî ’on pensaît que c’étaît nouveau, on se rend bîen compte que ce sont des motîvatîons récurrentes pour es artîstes ! Évîdemment, ce numéro spécîa donnaît a paroe aux groupes du sîèce passé, Dada, ïS, Fuxus, Unte, Boxon… et ofraît queques posîtîonnements dans dîvers pays. Bre,ïnter, art actueprîs posîtîon depuîs ses débuts sur ces aura questîons d’assocîatîons, de coectîs, de regroupements. Encore pus récemment, e numéro , de , en rançaîs et en angaîs pour e e annîversaîre de a vîe de Québec, aîsaît a synthèse de à en arts vîsues, en archîtecture, en urbanîsme, en poésîe – exactement comme au premîer numéro de – et ofraît une înormatîon au sujet
