213
pages
Français
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2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
0
EAN13
9781783108473
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
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04 juillet 2023
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EAN13
9781783108473
Langue
Français
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3 Mo
Texte : Etienne Beissel
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
Image-Bar www.image-bar.com
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-78310-847-3
Note de l ’ éditeur
Par respect pour le travail originel de l’auteur, le texte n’a pas été réactualisé dans ses propos, notamment en ce qui concerne les changements d’attribution, les datations et la location des œuvres, qui ont été et qui sont encore parfois incertaines. En revanche, les légendes ont été actualisées.
Stephan Beissel
Fra Angelico
Sommaire
Première Formation de l’artiste ; ses travaux à Cortone et à Pérouse
Séjour et travaux à Fiesole
Le Séjour de Fra Angelico à Florence, ses peintures murales au couvent San Marco
Les Influences extérieures
Les Peintures du Jugement dernier dans leurs rapports avec les poésies de Dante
La Vierge Marie dans les peintures de Fra Angelico
Les Travaux de Rome et d’Orvieto
Les Dernières Années et la mort de Fra Angelico
Bibliographie
Liste des artistes
Liste des illustrations
Notes
1. L’Ange de l’Annonciation, 1450-1455.
Temp era et or sur panneau de bois, 33 x 27 cm .
The Detroit Institute of Arts, Detroit.
2. L’Annonciation (peinte dans une initiale
historiée « R » , détail d ’ un missel), vers 1423.
Biblioteca del convento di San Marco, Florence.
Première Formation de l’artiste ; ses travaux à Cortone et à Pérouse
Une vie intellectuelle très active régnait, au commencement du XV e siècle, au couvent des Dominicains de Fiesole. Cette maison avait été fondée en 1406 par le bienheureux Giovanni di Dominici Bacchini, plus tard archevêque de Raguse et cardinal (1419), afin de rétablir dans toute sa sévérité l’ancienne règle de l’Ordre selon l’esprit de saint Dominique. Les membres de ces maisons réformées devaient se consacrer au salut des âmes non seulement par l’étude des sciences et la prédication, mais encore par le travail appliqué aux arts. Banni de Venise, Giovanni était arrivé en 1399 à Città di Castello près d’Arezzo, d’où il fut appelé à Florence pour y prêcher le carême à la cathédrale. San Lapo Mazzei, en écrivant à un ami après avoir entendu l’un des premiers sermons, rend compte de ses impressions en ces termes : « J’ai été à Santa Liparata (la cathédrale) où devait prêcher un frère de la vie pauvre de saint Dominique, et où il a prêché en effet ; je puis vous assurer que jamais je n’ai entendu pareil discours, ni été ému par tant d’éloquence (…) ; tout le monde pleurait ou semblait frappé de mutisme et de stupeur en écoutant la pure Vérité (…). Il parle de l’Incarnation de Dieu de manière à vous arracher l’âme du corps et à forcer tout le monde à courir après lui. » [1]
Les mœurs de la population devinrent plus pures, et, de jour en jour, l’influence de Dominici allait grandissant. En 1405, l’évêque de Fiesole lui fit don du terrain nécessaire à la construction d’un couvent et d’une église, qui furent commencés immédiatement. Déjà en 1406, ce religieux zélé entrait dans la nouvelle maison avec treize frères, et bientôt de nombreux néophytes, animés des plus ferventes dispositions, vinrent solliciter leur admission dans l’Ordre. Dès l’année 1405, le jeune Antoine, alors âgé de seize ans, devenu plus tard le saint évêque de Florence († 1459), s’était présenté à Dominici. Questionné sur la nature de ses études, le postulant manifesta ses préférences pour le droit canon. On lui répondit que, dans l’Ordre, on n’admettait à ce genre d’étude que les novices sachant déjà par cœur tout le « Decretum » . « Allez donc, mon fils, lui dit Dominici, et mettez-vous à l’apprendre ; lorsque vous le posséderez, vous pourrez vous présenter en toute confiance.» [2] Le jeune postulant partit et revint subir l’épreuve. L’ayant admis à la vêture, le Père Supérieur l’envoya à Cortone, où le bienheureux Lorenzo di Ripafratta dirigeait, depuis 1409, le noviciat de la branche réformée de l’Ordre.
L’année 1408, deux frères venaient frapper à la porte du couvent de Fiesole, sollicitant également leur admission. L’aîné des deux, Guido (Guidolino), était âgé de vingt et un ans, le second n’en comptait que dix-huit. Leur père Pietro vivait dans un petit bourg auprès du château fortifié de Vicchio, situé entre Dicomano et Borgo San Lorenzo dans la province toscane de Mugello, non loin du lieu de naissance de Giotto. Sans doute questionna-t-on également ces deux jeunes survenants sur l’objet de leurs études antérieures, et eux aussi n’auront été reconnus admissibles dans la maison des Dominicains réformés, qu’après avoir fait preuve de leurs aptitudes. Il se trouva que l’aîné possédait comme peintre un véritable talent, et que le second était calligraphe.
3. Simone Martini, Maestà (détail), 1317. Fresque.
Sala del Mappamondo, Palazzo Pubblico, Sienne.
A cette époque toutefois, Dominici ne se trouvait plus à Fiesole ; il avait reçu en 1406 de la République de Florence une mission pour Rome. Arrivé à la Ville éternelle, Grégoire XII se l’attacha par les liens les plus étroits, et, le 12 mai 1409, il le revêtit de la pourpre cardinalice. Son successeur à Fiesole fit un accueil amical aux deux postulants : il leur donna l’habit et nomma l’aîné Fra Giovanni (Petri del Mugello), et le plus jeune des deux frères Fra Benedetto (Petri del Mugello). Il les envoya ensuite au noviciat de Cortone où, pendant un an, ils devaient vivre principalement d’une vie de pénitence et de prière. Pour caractériser ce noviciat, et l’esprit qui devait animer plus tard Fra Giovanni (Angelico), ces paroles empruntées à Dominici sembleront particulièrement en situation :
« Je ne qualifie pas encore de bon novice celui qui marche toujours les yeux baissés, qui récite une longue suite de psaumes, ne faisant jamais défaut aux chants du chœur, observant le silence et vivant en paix avec ses frères ; celui qui aime sa cellule et châtie son corps par la discipline, qui jeûne souvent et évite soigneusement le commerce avec les gens du monde ; s’adonnant à tous les exercices de la vie ascétique, regardée par les commençants comme la sainteté même. Non, tout cela n’est pas suffisant. Je donnerai seulement le certificat de bon novice à celui qui accomplit d’une manière parfaite et selon toutes ses forces, les volontés légitimes de ses supérieurs. »
L’historien d’art Rösler ajoute à ces lignes :
« Le renoncement complet au monde et à soi-même, l’accomplissement entier de toutes les prescriptions de la règle, l’amour actif et fervent de Dieu et du prochain, les yeux toujours fixés sur le modèle que Jésus nous a laissé, et le vif désir de l’union avec le Christ, tels sont les fondements de la vie parfaite, suivant Dominici. » [3]
C’est en répondant à ces principes que Fra Giovanni del Mugello, ainsi que son frère, furent portés à s’élever sans cesse aux altitudes de la pureté idéale, par la domination de soi-même, et par l’amour du Christ.
Toute la vie et tous les actes de Fra Giovanni prouvent que les enseignements de son noviciat ne cessèrent de lui servir de règle et que, par conséquent, il suivit avec succès cette première période de l’éducation monastique. Une jolie anecdote rapportée par Vasari, montre combien le religieux, même parvenu à un âge avancé, avait conservé la simplicité et la candeur du novice. Le pape Nicolas tenait en haute estime Fra Giovanni : un jour, il le trouva fatigué, presque épuisé par le travail, et, pour le restaurer, il lui offrit un plat de viande ; malheureusement, ce jour-là les Dominicains de la récente Réforme avaient l’obligation de s’abstenir de viande. L’artiste remercia le Souverain Pontife, s’excusant sur la règle de son Ordre, qui ne permettait pas d’user de pareil mets sans l’autorisation de son prieur.
4. Duccio di Buoninsegna, Maestà (détail).
Tempera sur panneau de bois, 370 x 450 cm .
Museo dell ’ Opera del Duomo, Sienne.
5. Le Couronnement de la Vierge, vers 1420.
Tempera sur panneau de bois, 28,3 x 38,4 cm .
The Cleveland Museum of Art, Cleveland.
6. L’Ascension (une des 35 compositions pour
l ’ armoire de la Santissima Annunziata), vers 1450.
Tempera sur panneau de bois, 39 x 39 cm .
Museo di San Marco, Florence.
Il avait oublié que l’offre faite par le pape impliquait la permission de l’autorité la plus haute, et rendait superflue celle du prieur. Cette anecdote témoigne ainsi de l’extrême conscience de Fra Giovanni. Vasari donne une autre preuve de sa soumission à la règle. « On ne l’avait jamais vu irrité contre un de ses frères de l’Ordre ; il répondait avec la plus grande affabilité à tous ceux qui lui demandaient un travail, les priant de s’entendre d’abord avec le prieur : quant à lui, la bonne volonté ne ferait pas défaut. » Il ne travaillait, il n’agissait qu’avec la permission de ses supérieurs, et tout ce qu’il recevait était remis entre leurs mains. En étudiant la vie de l’artiste, on ne doit jamais perdre de vue la discipline sévère du noviciat. Elle seule permet de comprendre et d’estimer à toute leur valeur les œuvres de son pinceau. La bonté native de Fra Angelico et les aspirations mystiques de cette époque ne suffisent point à expliquer les conceptions picturales du maître. « Sans Dominici, il n’y aurait pas eu de couvent de San Domenico à Fiesole, et probablement pas de San Marco à Florence [4] , peut-être pas de Fra Angelico. »
Après leur année de noviciat, les deux frères prononcèrent à Cortone les vœux solennels qui devaient les lier perpétuellement à l’Ordre, et ils retournèrent pour quelque temps à