L'Orientalisme au XIXe siècle : de la fiction vers la réalité , livre ebook

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Dès le début du XIXe siècle, le terme « orientalisme » fait son apparition. Compromis entre fiction et réalité, il donne lieu à des représentations souvent fantaisistes d'un Orient produit d'une imagination trompeuse, nourrie par la légende. Des symboles d'évasion et d'exotisme littéraires au réalisme brutal pictural, l'étude de Nathalie H. Rouphael apporte des éclaircissements supplémentaires à un sujet qui a attiré beaucoup de chercheurs, et qui continue à présenter un intérêt particulier dans un monde préoccupé par ce qu'on appelle de nos jours « le conflit » de civilisations, ou dans un esprit plus positif le « dialogue » de civilisations, un monde qui découvre de plus en plus la nécessité d'aller vers l'autre, de comprendre l'autre. Afin d'explorer plus en profondeur la fascination pour l'Orient, cet ouvrage se penche sur deux domaines qui s'interpénètrent : l'art et la littérature, en se basant sur des textes clés et sur l'analyse des tableaux majeurs de grands maîtres. Basée sur la méthode sociocritique de Lucien Goldmann : "Pour une sociologie du roman", cette étude se propose d'inscrire les productions littéraires et artistiques de Victor Hugo, Antoine Gros et Eugène Delacroix dans leur contexte social et politique précis, à savoir celui du XIXe siècle français. « De la réalité vers la fiction » : un voyage saisissant où les cultures s'interpénètrent, où les fantasmes d'une époque révolue donnaient naissance à des œuvres majeures.

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Date de parution

18 mars 2016

Nombre de lectures

2

EAN13

9782342043020

Langue

Français

L'Orientalisme au XIXe siècle : de la fiction vers la réalité
Nathalie H. Rouphael
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L'Orientalisme au XIXe siècle : de la fiction vers la réalité
 
 
 
À mon père.
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Aucun travail ne peut s’accomplir dans la solitude. Aussi voudrais-je remercier ici tous ceux qui, de près ou de loin, ont pris part à l’aboutissement de ce travail.
En premier lieu, ma famille et mes amis qui, ont toujours su trouver les mots justes pour m’encourager.
En deuxième lieu, les personnes qui étaient toujours présentes à mes côtés : Roula AZAR DOUGLAS et Grace MITRI YOUNES pour leurs conseils, et Nabih KHAIRALLAH qui a mis en exécution cet ouvrage.
 
 
 
Introduction générale
 
 
 
L’intérêt que porte le monde occidental à l’Orient ne date pas d’hier. En 333 avant Jésus-Christ déjà, Alexandre le Grand envahit l’Asie Mineure, et s’empara, entre autres, du territoire des Phéniciens. Pour l’Europe, les rives orientales et au sud du Midi de la Méditerranée représentaient par excellence le monde de l’exotisme.
Les croisades (1096-1292) marquent dans l’exotisme une phase essentielle. Avec le souvenir de leurs défaites, les croisés rapportèrent de leurs campagnes le goût des pays qu’ils avaient traversés et dans lesquels, ils avaient parfois séjourné durant des années ; ils gardèrent surtout le goût du « revenez-y ».
L’Orient au Moyen Âge était considéré comme le lieu où résidaient les peuples de l’Antéchrist, le lieu du séjour des dieux et des monstres, mais aussi l’endroit où se trouverait la source de la Jouvence. La vision européenne médiévale de l’Orient était le produit d’une imagination trompeuse, nourrie par la légende et le besoin de créer du fantastique.
L’ignorance de la réalité orientale et l’incompréhension des idées, rites, mythes a duré bien longtemps jusqu’au-delà même des xvii e et xviii e   siècles où on assiste à la naissance d’une vague orientaliste remarquable.
 
En fait, au xvii e   siècle la littérature cède à la fascination de ce qu’il est convenu d’appeler « l’orientalisme » ; ce dont en témoigne le « Mammamouchi » du Bourgeois gentilhomme de Molière. L’intérêt pour l’Orient est revivifié au siècle suivant par la traduction que fait paraître en français Antoine Galland des Mille et Une Nuits en 1704. L’ignorance va être ainsi gommée par la mémoire des voyages. Les Mille et Une Nuits est l’image séduisante d’un Orient de l’exotisme, du fantasme et du rêve, ne prétendant en aucune façon à l’exactitude. C’est l’image idyllique d’un Orient du plaisir, de la fantaisie, des fastes et du luxe. C’est aussi l’image d’un Orient de la sagesse et du mysticisme. L’imaginaire procède ici d’un souci affiché de distance, d’évasion et de dépaysement au sens propre du terme.
C’est pourquoi la publication à Paris de ces contes fantastiques constitue un événement littéraire extraordinaire puisqu’il signe le début de la mode orientaliste. Le succès est immédiat. Ces histoires orientales ont un charme irrésistible qui enchante l’imaginaire occidental. Un imaginaire qui s’enflamme à la lecture même d’un récit qui mêle le merveilleux et le quotidien de la société arabe des xii e et xiii e   siècles : princes arabes, femmes soumises au destin, esclaves noirs, eunuques, djinns et autres créatures merveilleuses dans un monde sur lequel trône le Dieu de l’islam.
Ainsi, avec Les Mille et Une Nuits , Galland brosse le tableau d’une société tiraillée entre la foi et le libertinage. Il met à la disposition du public français les images fortes d’un Orient inaccessible depuis la fin des croisades. Celles-ci avaient pourtant donné lieu à de nombreux récits. Mais c’est surtout à partir du xviii e   siècle que l’Occident se met à l’heure orientale.
À partir du xix e   siècle, l’Orient devient un espace investi d’imaginaire ; lieu de mémoire, en même temps que page vide invitant à rêver le lointain, à projeter ce rêve aussi bien dans l’image que dans l’écriture. Siècle de la bourgeoisie triomphante et de la réussite capitaliste, le xix e   siècle se révèle aussi l’ère de la recherche de l’ailleurs : fascination pour un nouveau monde à la fois exotique et mystique, et exaltation pour des causes politiques qui pousse les romantiques à défendre la Grèce lorsque le pays tente de s’affranchir de la tutelle turque. Le goût des rencontres avec d’autres cieux et d’autres hommes et l’aventure au bout du monde deviennent pour les Occidentaux le miroir de leurs propres désirs et fantasmes. Partis vers le lointain Orient, les écrivains voyageurs aimaient ressentir le « chez soi » chez l’autre.
La colonisation leur en offrait la possibilité. Sur fond de la Campagne d’Égypte et de la conquête de l’Algérie, se développe de plus en plus, en France, le courant orientaliste qui traverse la littérature (Nerval, Hugo…), la peinture (Delacroix, Ingres…) et la musique (Debussy…). Les récits de voyage se multiplient et rapportent en Occident les témoignages d’une nouvelle société, entre fiction et réalité. L’Orient a nourri l’imaginaire de la bourgeoisie européenne et l’inspiration d’un bon nombre d’artistes et d’écrivains : on rêve des bains turcs, de la sensualité des femmes du harem, mais aussi de la lumière unique de la Méditerranée et des couleurs du couchant…
Entre mythes et réalités, telle est l’image de l’Orient qui ressort des récits des voyageurs français au xix e   siècle. L’imaginaire véhiculé par la littérature du voyage se fonde sur l’illusion d’un Orient immuable, despotique, sensuel et pittoresque ; Orient créé pour et par l’Occident triomphant dans sa recherche identitaire. Aux prises avec leurs illusions, les voyageurs véhiculent des images ambivalentes et polymorphes par la confrontation incessante de l’imaginaire aux réalités observées. La vision de l’Orient se transforme et évolue au cours du xix e siècle d’un Orient mal défini géographiquement et assimilé aux « turqueries » ou au cadre enchanteur des Mille et Une Nuits , d’un « Orient littéraire » symbole de l’évasion et de l’exotisme, vers un Orient réel, visité, vécu et retracé avec précision, à la faveur de l’Expédition d’Égypte (1798) et de la Guerre de l’Indépendance Grecque (1821-1827).
« L’Orientalisme au xix e   siècle : de la fiction vers la réalité » fera l’objet de notre livre. Ce sujet a passionné beaucoup d’écrivains et de chercheurs. Nous le développerons dans deux domaines qui s’interpénètrent : l’art et la littérature. Nous tenterons d’apporter quelques nouveautés, en nous basant sur des textes clés de l’époque choisie et sur l’analyse des tableaux majeurs des grands maîtres, notamment Antoine Gros et Eugène Delacroix.
Nous essaierons dans une première partie de découvrir, à travers des textes puisés des Orientales de Victor Hugo, l’Orient littéraire symbole d’évasion et d’exotisme. Nous suivrons dans la deuxième partie l’évolution de cette vision qui s’oriente vers un réalisme brutal à travers les œuvres picturales d’Antoine Gros, et nous tenterons ensuite de cerner l’Orient véritable vu de près, vécu, décrit et peint par Eugène Delacroix. Aussi essaierons-nous d’inscrire les œuvres littéraires et artistiques des auteurs précités, dans leur contexte social et politique précis à savoir celui du xix e   siècle français.
Nous souhaitons pouvoir apporter des éclaircissements supplémentaires à un sujet qui a attiré beaucoup de chercheurs, et qui continue à présenter un intérêt particulier dans un monde préoccupé par ce qu’on appelle de nos jours « le conflit » de civilisations, ou dans un esprit plus positif le « dialogue » des civilisations, un monde qui découvre de plus en plus la nécessité d’aller vers l’autre, de comprendre l’autre.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. L’Orient littéraire symbole d’évasion et d’exotisme : Les Orientales de Victor Hugo
 
 
 
 
 
 
 
«Quand on aime la vie, on lit la littérature. » 1
Plonger dans l’histoire de la littérature du xix e   siècle, c’est s’attendrir avec les écrivains romantiques qui exaltent les élans et les incertitudes du « moi », et épanchent leur propre vie, leurs amours et leurs espoirs inassouvis. C’est aussi participer à cet élan fraternel qui pousse certains d’entre eux, tel Victor Hugo, à dénoncer la misère du peuple et l’injustice sociale et à tenter de réhabiliter les humbles et les humiliés. C’est également assister à la naissance de la première révolution industrielle et de la société bourgeoise moderne, société mercantile de vapeur et de fer, qui broie les personnages de Balzac ou de Zola, présentés dans la dure réalité de leurs existences.
La période s’étendant entre la fin du xviii e et le milieu du xix e   siècle est en fait à la charnière de deux mondes. Elle est marquée par « le mal du siècle », mal de vivre dans un siècle trop chargé d’Histoire. Égarés dans un monde accablant et triste, et conscients de leur singularité, les écrivains et artistes romantiques refusent la médiocrité, les bassesses. Avant de penser à changer le monde, ils cherchent à s’en évader, d’où le triomphe du sentiment de la nature-refuge, les thèmes d’évasion (rêve, rêverie, voyage, vertige de la mort et du néant), la poursuite de l’ailleurs et le goût du dépaysement, qui coïncident avec l’élargissement de l’horizon européen et la fascination de l’Orient. Le mouvement romantique est indissociable de son temps, c’est ce qu’affirme Goldmann en disant : « La forme romanesque n’est que la transposition sur le plan littéraire de la vie quot

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