201
pages
Français
Ebooks
2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
1
EAN13
9781783108329
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
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04 juillet 2023
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EAN13
9781783108329
Langue
Français
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Auteur : Jeremy Roe
Traducteur : Elise Nœtinger
Mise en page :
Baseline Co. Ltd,
61A-63A Vo Van Tan Street
4 e étage
District 3, Ho-Chi-Minh-Ville
Vietnam
© Confidential Concepts, worldwide, USA
© Parkstone Press International, New York, USA
© Catédra Gaudí photographies pp.16-21-31-60-109-110-113-140
© Eduard Solé photographie p.70
© Luis Gueilburt photographie p.111
Casa Milà, La Pedrera (Barcelona). Remerciements à la Fundació Caixa Catalunya.
François Devos pour toutes les photographies
Remerciements particuliers au Gaudí Club
ISBN : 978-1-78310-832-9
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
Jeremy Roe
ANTONI
GAUDÍ
SOMMAIRE
Prologue
Perspectives sur la vie d’Antoni Gaudí
L’enfance de Gaudí
Études d’architecture à Barcelone
Le personnage et la pensée de Gaudí
Architecture et identité catalane
Religion et spiritualité
La mort de Gaudí et les hommages de Barcelone à sa vie
La Barcelone de Gaudí
Gaudí et l’architecture de son époque
Le Modernisme
Barcelone : la croissance d’une ville moderne
Théories architecturales et la recherche d’un style moderne
Architecture et idéologie
Gaudí et les idéaux de l’ère industrielle
Célébration des valeurs de la Catalogne et modernité
Préserver les valeurs et les pratiques du passé à l’ère moderne
Boutiques et réverbères : les projets urbains de Gaudí
Tranformer l’espace domestique
La Casa Vicens
El Capricho
Casa de los Botines
La Casa Calvet
Bellesguard
Des demeures pour deux amis et un peintre
Casa Batlló
La Casa Milà
L’architecture ecclésiastique de Gaudí
Études de jeunesse et autels
Premiers projets d’église
Une nouvelle façade pour la cathédrale de Barcelone
Deux autels
Représenter l’autorité ecclésiastique : le palais épiscopal, Astorga
Un style contemplatif : le collège pour la Compagnie de Santa Teresa
Les missions catholiques, Tanger
Deux projets pour sa ville d’origine
Une installation sculpturale
Restaurer la tradition à Majorque
Projets inachevés
La rencontre créatrice entre Gaudí et Güell
Le premier projet : un dragon pour une maison de campagne
Le Palacio Güell
La crypte de la colonie Güell
Le Parc Güell
La Sagrada Familia
Creuser les fondations
La vision de Gaudí
La façade de la Nativité
Travailler à la Sagrada Familia après Gaudí
À l’ombre de la cathédrale : les écoles de la Sagrada Familia
Biographie
Liste des illustrations
1. Parc Güell, mosaïque du banc, en trencadís.
Prologue
Pour comprendre la véritable portée de l’architecture de Gaudí, il est indispensable de tenir compte des différents facteurs qui ont influencé sa pensée. Qu’il s’agisse de sa famille, de son enfance, de son lieu de naissance ou de scolarisation, du contexte historique de la Catalogne et de l’Espagne de son temps, de ses amis et relations, ce sont tous des éléments constitutifs de l’architecture extraordinaire et très singulière d’Antoni Gaudí i Cornet. Cependant, sa personnalité demeure insaisissable et ce pour diverses raisons. Tout d’abord, la nature timide et solitaire de Gaudí fait qu’il n’existe pratiquement aucun document original qui pourrait témoigner de son apparence. Il veillait étroitement à son intimité et il s’agit là d’un sancta sanctorum dans lequel l’historien doit se garder de pénétrer, à la fois par respect et parce qu’il ne dispose pas d’éléments suffisants pour tirer des conclusions définitives.
D’où les nombreuses légendes qui entourent Gaudí – des affabulations dépourvues de valeur historique malgré l’attrait qu’elles exercent sur le public, toujours avide de détails sur la vie intime des grands hommes, qu’ils soient véridiques ou non. L’ascendance familiale de Gaudí a joué un rôle extrêmement important, car la nature même du métier qu’exercèrent son père et ses grands-pères, tant paternel que maternel, est très révélatrice. Plus de cinq générations de Gaudí avaient été artisans chaudronniers, fabriquant les cuves destinées à l’alcool distillé à partir du raisin de Camp de Tarragona.
La dimension spatiale des formes courbes de ces cuves, faites de tôles de cuivre battu, eut une influence considérable sur Gaudí, comme il se plaisait à le reconnaître lui-même, car elles lui apprirent à visualiser les corps dans l’espace plutôt qu’à les projeter géométriquement sur une surface plane. Ces visions de son enfance et de l’atelier de son père, telles un kaléidoscope de formes vivement colorées, brillantes et malléables, de sculptures vivantes, se perpétuèrent dans son architecture. Élevé dans une famille chrétienne d’artisans et d’ouvriers, il fréquenta l’école Pies de Reus, où il reçut un enseignement humaniste et sans préjugés, influençant de façon décisive la formation de son caractère. C’est là qu’il rencontra Eduard Toda Güell, qui fit naître en lui un amour pour le monastère de Poblet et pour l’histoire de la Catalogne en général.
Au milieu du XIX e siècle, la ville de Reus était un foyer d’agitation politique, radicale et républicaine. Bien que Gaudí n’ait jamais ressenti le désir de participer activement à la politique, ni à aucune autre activité si ce n’est sa propre architecture singulière, il est clair qu’il se laissa pénétrer par les puissantes émotions de ceux qui l’entouraient et qu’il s’intéressa profondément aux sérieux problèmes dont souffrait son pays.
Il était étudiant au moment de la dernière guerre carliste, et bien qu’il n’ait jamais dû participer à aucun affrontement, il fut mobilisé pendant toute la durée du conflit. Plus tard, pendant ses études d’architecture à Barcelone, lorsqu’il manifesta son intérêt pour les préoccupations des classes laborieuses en participant à la conception de La Obrera Mataronense, la première coopérative d’Espagne, il mit en pratique certaines idées qui avaient germé en lui pendant sa scolarité à Reus.
Reus et le village voisin de Riudoms, où il passa de nombreux étés dans une petite maison que possédait son père, influencèrent tous deux Gaudí, non seulement par le caractère de ses habitants, mais aussi par leur climat et le paysage environnant.
D’arides champs de pierres, dotés d’une luminosité singulière, où poussaient la vigne, les amandiers et les noisetiers, les cyprès et les caroubiers, les pins et les oliviers : des terres qui auraient pu être celles du Latium ou du Péloponnèse ; un paysage méditerranéen par excellence , que Gaudí considérait comme l’endroit idéal pour contempler la nature, car le soleil y brille d’une splendeur inhabituelle et vient frapper la terre en formant un angle de 45 degrés, produisant les plus parfaits effets de lumière. La réalité dans toute sa vérité et sa beauté était présente dans les paysages de Camp de Tarragona sous le soleil de la Méditerranée.
Gaudí se considérait lui-même comme un observateur des choses à l’état naturel. Sa prodigieuse imagination reposait uniquement sur sa capacité à assimiler la réalité de la nature, illuminée et présentée de manière exquise par le soleil de cette belle région. Mais nous savons tous que le soleil – y compris celui de Camp de Tarragona – brille pour tout le monde ; pourtant, il ne suggère pas à tous ce qu’il inspirait à Gaudí.
Et ceci nous amène à un deuxième facteur : en effet, le talent d’observateur de Gaudí trouvait son origine dans sa condition d’enfant malade, atteint de rhumatisme articulaire aigu, ce qui l’empêcha de se joindre aux jeux des autres enfants. Isolé et seul, il passait la plupart de son temps à observer la nature, et il réalisa, grâce à la finesse de son intelligence, que parmi le nombre infini de formes présentes dans le monde, certaines conviennent parfaitement à la construction et d’autres à la décoration.
Au même moment, il remarqua que structure et décoration sont concomitantes dans la nature – parmi les plantes, les pierres et les animaux – et que la nature crée des formes qui sont à la fois parfaitement proportionnées et extrêmement belles, reposant essentiellement sur leur caractère fonctionnel.
La partie structurelle d’un arbre et le squelette d’un mammifère ne font rien d’autre que se conformer strictement aux lois de la gravité et donc à celles de la mécanique. Le parfum et la beauté d’une fleur ne sont rien d’autres que des mécanismes destinés à attirer les insectes pour assurer la reproduction de l’espèce. La nature crée des structures somptueusement décorées sans la moindre intention de réaliser des œuvres d’art.
Il nous faut maintenant prendre en considération un autre élément constitutif du caractère de Gaudí. Nous avons expliqué comment le concept de structure a pris forme dans son esprit à partir des formes de cuivre battu que produisait son père dans son atelier. Pourtant Gaudí ne comptait aucun architecte ou maçon parmi ses ancêtres. Ceci signifie qu’il ne portait pas le poids de 3 000 ans de culture architecturale, comme c’est le cas dans la plupart des familles d’architectes.
Bien que l’architecture ait souvent varié au fil de son histoire, et que des styles visiblement très différents aient succédé les uns aux autres, en réalité, des premiers Égyptiens à nos jours, l’architecture des architectes a reposé sur une géométrie simple utilisant des lignes, des figures bidimensionnelles et des polyèdres classiques combinés à des sphères, des ellipses et des cercles. Cette architecture était toujours le fruit de plans – des plans produits grâce à des instruments de base comme le compas et l’équerre, et suivis à la lettre par les maçons de tout temps.
Gaudí, cependant, constata que la nature ne réalisait aucune esquisse préliminaire et ne semblait utiliser aucun de ces instruments pour élaborer