Rwanda 1994 Les politiques du génocide à Butare , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866690

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

André Guichaoua
Rwanda 1994 Les politiques du génocide à Butare
KARTHALA
RWANDA 1994 LES POLITIQUES DU GÉNOCIDE À BUTARE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Survivants du génocide de 1994 dans une manifestation à Kigali, le 11 avril 2000. Photo AFP / Marco Longari.
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-669-0
André Guichaoua
Rwanda 1994
Les politiques du génocide à Butare
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Cet ouvrage a été publié avec l’appui de l’Université des sciences et technologies de Lille et de l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne
L’auteur tient à adresser ses plus vifs remerciements à tous ceux qui ont bien voulu contribuer, par leur témoignage, leur participation au recueil des informations, leurs relectures et apports, à la réalisation de cette étude. Sans oublier le très exigeant travail de mise en forme. Mes remerciements s’adressent aussi aux très nombreux interlocuteurs qui, à Arusha, Kigali et surtout à Butare, ont soutenu mes recherches et respecté ma démarche.
A Irénée, Marie-Christine, Christian, Michel et Théophile
Le sacrifice de leurs parents, le 7 avril 1994 au matin, demeure le symbole de tous les Rwandais qui aspirent à la paix et à la démocratie
Préambule
Depuis plus de dix ans maintenant, à la demande de diverses institutions judiciaires nationales et internationales, je participe à l’instruction de dossiers relatifs à des crimes commis durant les conflits qui ont affecté les pays de la région des Grands lacs africains. Au fil des ans, du fait de la multiplicité des procédures judiciaires et de très nombreux séjours dans la région, j’ai pu accumuler un matériau riche et souvent inédit. En tant que chercheur responsable de plusieurs programmes régionaux de recherche universitaire, j’ai réalisé beaucoup d’enquêtes de terrain, notamment au Rwanda, sur des thématiques liées aux conflits récents. Lorsque je suis sollicité comme expert, notamment par le tribunal pénal international des Nations Unies pour le Rwanda (TPIR), ma démarche est identique et j’effectue sur place mes propres enquêtes de manière indépendante. Indépendance vis-à-vis des enquêteurs et des divers membres du bureau du procureur, mais aussi indépendance vis-à-vis des tutelles administratives et politiques rwandaises qui encadrent et relaient sur le terrain l’activité judiciaire. Du moins, le temps au cours duquel ce privilège m’a été accordé. La préparation des procès implique presque toujours des investigations préalables longues et fouillées. Pour cette étude concernant la préfecture de Butare, mes recherches ont débuté en 2001 et représentent plusieurs mois de terrain, principalement en préfecture de Butare, mais aussi dans plusieurs pays d’accueil des Rwandais expatriés. Au total, pour donner un ordre d’idée, j’évaluerai à deux ou trois cents, le nombre des témoins, informateurs ou interlocuteurs divers sollicités personnellement lors de la préparation du dossier « Butare » dont une trentaine de détenus à la prison de Karubanda. J’ai de même pu accéder aux dossiers administratifs originaux de la quasi-totalité des fonctionnaires d’autorité de la préfecture 1 et des personnalités politiques concernées . Enfin, j’ai publié des archives
1 La totalité des informations retraçant la carrière des personnes citées, documents d’identité, diplômes, nominations et affectations, documents administratifs divers, a été
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Les politiques du génocide à Butare
et exploité ce qui apparaît désormais comme une des pièces maîtresses de l’accusation dans le procès « Butare » du TPIR, c’est-à-dire l’agenda personnel de l’année 1994 de la ministre de la Famille et de la Promotion féminine. Il était d’abord nécessaire de le transcrire, puis de le traduire, avant de reconstituer la suite logique des notes, comptes rendus, observations et réflexions. Mis en forme, l’ensemble de ces annotations dessine alors dans un style direct et cru les contours d’une vision politique argumentée et conséquente comme l’illustrent les actions qui en découlent. Une fois recoupées, ces notes fournissent des informations extrêmement précises qui confirment et éclairent les témoignages recueillis par ailleurs. En l’état, il s’agit désormais d’un des documents accessibles parmi les plus documentés sur l’activité du gouvernement intérimaire. Par ailleurs, il m’a semblé indispensable d’intégrer les éléments pertinents dont je disposais relatifs aux agissements et aux crimes, 2 commis en préfecture de Butare, susceptibles d’être imputés au FPR : il s’agit notamment des attentats commis entre mai 1992 et avril 1993 (cf. note 67, p.109) et des assassinats de Félicien Gatabazi et de Martin Bucyana en février 1994 (encadré 10, p.104). Au terme de mes recherches, j’ai souhaité publier une grande partie des études et documents qui relèvent déjà du domaine public. En effet, ce qui a été présenté et exposé devant la chambre 2 du tribunal d’Arusha l’a été en séance publique et peut être consulté ou sollicité auprès du TPIR. Le présent ouvrage relève bien évidemment de ma propre initiative et son contenu n’engage que moi-même. Il n'est pas « en preuve » et ne prétend nullement inférer avec la procédure en cours. Je désire simplement en tant que chercheur mettre à la disposition d’un lectorat élargi des éléments d’analyse qui vont au-delà de la « vérité procédurière ». Celle qui subsiste une fois que les parties en sont convenues au terme d’un laborieux exercice judiciaire. La « vérité » que le chercheur construit et l’indépen-dance qu’il revendique relèvent d’autres finalités. Si l’objectif d’atteindre ce que Jacques Berque appelait la « réalité du réel » demeure inaccessible, du moins est-il possible et nécessaire de rendre compte des efforts qui ont été déployés pour parcourir une partie du chemin accompli. En attendant une prochaine réflexion sur le bilan « scientifique » de ces dix ans de collaboration avec les institutions judiciaires. Comme je l’ai déjà dit, ce travail a exigé un très important investis-sement (entretiens, traitement des documents et consultation des archives),
obtenue par mes soins auprès des structures administratives concernées, via le journal officiel de la République rwandaise ou par le biais de témoins. Des copies de ces documents administratifs ont systématiquement été remises au TPIR. 2 L’actuelle formation politico-militaire qui contrôle le pays depuis juillet 1994. « Éléments qui ont fait l’objet d’une déposition publique devant la Chambre 2 du TPIR lors de ma comparution comme témoin-expert en septembre-octobre 2004 ».
Préambule
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mais cet investissement ne tient pas uniquement à la quantité des 3 matériaux à traiter . Il s’est imposé du fait de la complexité du contexte, du nombre et de l’ambivalence des personnalités concernées. Contrai-rement à la plupart des précédentes études de cas où les engagements des 4 acteurs se révélaient généralement très tranchés , il m’est apparu dans un premier temps bien difficile de décrypter les stratégies des uns et des autres. Si quelques comportements relèvent d’une simplicité presque déconcertante, pour d’autres, l'ambiguïté des personnalités, au cours des années et face aux événements de 1994, impressionne fortement. La préfecture de Butare, celle où vivait le plus fort effectif de population tutsi du Rwanda, a été au cœur des massacres de 1994. L’équipe de l’ONGHuman Rights Watch, animée par l’activiste des droits de l’homme Alison Des Forges, leur a consacré d’importants dévelop-5 pements dans un ouvrage majeur . Ce travail fournissait une somme d’informations considérable sur l’organisation et l’ampleur des tueries, les rôles des différents acteurs y étaient rigoureusement analysés. Je propose une approche complémentaire qui se développe dans deux directions. La première se situe en amont des événements de 1994. La préfecture de Butare présente des particularités beaucoup plus marquées que toutes les autres préfectures du Rwanda. De nombreuses caracté-ristiques n’ont pas d’équivalent dans le reste du pays et la présentation de cet arrière-plan permet de mieux comprendre le comportement des protagonistes au cours des événements de l’année 1994. La seconde introduit une réflexion plus large et compréhensive sur le fonctionnement de la sphère politique rwandaise et en éclaire certains aspects de manière largement inédite. En effet, si de très nombreux interlocuteurs rwandais, quel que soit leur statut, ont accepté de m’entretenir des événements butaréens et/ou de raconter leurs propres agissements avec une sincérité souvent surprenante, ils exprimèrent parallèlement le souci que le récit ne se limite pas à l’énoncé des exactions et des massacres. Leurs demandes portaient à la fois sur une intelligence large des antécédents des événements et sur la nécessité de rendre compte de la manière la plus complète et fidèle possible des logiques et des contraintes qui se sont imposé aux individus. Logiques qui se nourrissaient presque toujours de situations anciennes (amitiés, relations de solidarité, mais aussi compétitions économiques ou politiques,
3 Contrairement à plusieurs préfectures, de nombreuses archives officielles étaient toujours disponibles à Butare. 4 Notamment dans les préfectures de Cyangugu (A. Guichaoua,Le cadre politique de la préfecture de Cyangugu avant les massacres et le génocide d’avril 1994, Nations unies, TPIR, Arusha, octobre 2000, 38 p.) et de Kigali rural (Semanza, le « grand bourgmestre », Nations unies, TPIR, Arusha, avril 2001, 25 p.). 5 HRW-FIDH,Aucun témoin ne doit survivre.Le génocide au Rwanda,Paris, Karthala, 1999, 928 p.
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