Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire Le cas du Burkina Faso , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2010

EAN13

9782811104191

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti
Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire
Le cas du Burkina Faso
KARTHALA
RÉVOLTES ET OPPOSITIONS
DANS UN RÉGIME SEMI-AUTORITAIRE
Couverture :
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Éditions Karthala, 2010 ISBN : 978-2-8111-0078-0
SOUS LA DIRECTION DE Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti
Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire
Le cas du Burkina Faso
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
INTRODUCTION
Semi-autoritarisme, perceptions et pratiques du politique
MathieuHILGERS Avec la collaboration de JacintheMAZZOCCHETTI
Les régimes semi-autoritaires ont souvent été décrits sous l’angle de leur organisation, formelle et informelle ; on sait qu’ils autorisent la liberté d’association, le pluralisme politique, que les médias libéralisés y façon-5]5/ .5 ]03~_] 3.}VY_ ]/ 2.R]5 7$7] /]730 ^]0 ^Y0340Y/Y\0 545 4\+_Y]V0 rendent l’alternance pratiquement impossible. La démocratie et ses élec-tions constituent une façade qui confère au régime sa légitimité sans l’ex-poser au risque de la compétition politique. Ce qu’il importe de documenter plus précisément, aujourd’hui, c’est la manière dont ces transformations institutionnelles (nouveaux pouvoirs locaux, élections, liberté d’association et de la presse...) rendent possible et façonnent un espace imaginaire et pra-tique au sein duquel s’élabore une critique du pouvoir établi. Les régimes semi-autoritaires sont, de fait, traversés par une tension : pour exister ils doivent nourrir et rendre institutionnellement possibles les espérances qu’ils cherchent à neutraliser. Les aménagements qu’ils concèdent pour préserver leur légitimité ouvrent de nouveaux espaces qui, même s’ils les contrôlent, affectent les perceptions et les pratiques du pouvoir. La question est donc de savoir comment s’opèrent les oppositions de consciences et de pratiques, les insubordinations et les révoltes vis-à-vis du pouvoir dans un contexte où leur légitimité n’est pas remise en cause mais où elles aboutissent rarement aux résultats espérés. Qu’advient-il des oppositions frustrées ? Comment les transformations institutionnelles, 7$7] 5]./1~VY0']0t Y50.\)]5/r]VV]0 .5 ^y5~7Y07] 34VY/Y2.] % m/ 2.]V dynamisme ? L’objectif de cet ouvrage est d’apporter quelques éléments de réponses à ces questions en partant d’études de cas menées au Burkina Faso. Outre une contribution à l’analyse des régimes semi-autoritaires, ce livre propose un aperçu à la fois synthétique et détaillé de la situation poli-tique du pays.
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RÉVOLTES ET OPPOSITIONS DANS UN RÉGIME SEMI-AUTORITAIRE
d]0 1')]zY450 31'0]5/']0 34.10.Y-]5/ V] /1~-~YV 7]5' ^~50 V] 5.7'14 SnS 1 dePolitique africaine(Hilgers, Mazzochetti 2006a) . L’observation de l’évolution politique du pays et de l’élection présidentielle de 2005 avait conduit à la description d’un mécanisme d’intériorisation et de naturalisa-tion de l’absence d’alternative. Pas de présupposé culturaliste derrière le constat d’une élection marquée par l’impossibilité imaginaire et matérielle de l’alternance ; juste l’observation que pour les populations les nouvelles _45+[.1~/Y450 34VY/Y2.]0 5R~33~1~Y00]5/ 3~0 341/].0]0 ^R.5 34/]5/Y]V ^] transformation et d’ouverture. La faiblesse d’une opposition divisée, le gouffre entre ses ressources et celles du pouvoir, l’habileté de ce dernier à se réapproprier la critique, les campagnes électorales menées avec déter-mination n’ont laissé aucun doute sur la perpétuelle reconduction du régime à court ou à moyen terme. Lorsque la critique incite le régime à faire des aménagements sans parvenir, ou même tenter de le renverser, VR~}0]5_] ^] 1']VV]0 ~V/]15~/Y-]0 +5Y/ 3~1 $/1] ]5-Y0~['] _477] .5] \~/~-lité. Au moment où s’opère la concentration des moyens de production du politique dans les mains d’une élite qui monopolise les formes du jeu poli-tique légitime et pertinent, les dérives sont conçues comme inexorable-ment liées à l’exercice du pouvoir. L’absence de possibles s’impose comme un cadre normalisé, une structure naturalisée au sein de laquelle se jouent les rapports de force et les rapports de sens qui déterminent l’ac-tivité politique. Pour établir la teneur, les effets et l’ampleur de cette intériorisation, on ~ _Z]1_Z' J VRY^]5/Y+]1 ^~50 ^]0 x45]0 ^] VR]03~_] 04_Y~V 2.Ya priori auraient pu y être plus rétives. Les recherches menées auprès de mouve-ments étudiants, de la jeunesse qui a grandi pendant la révolution sanka-riste ou dans la ville de Koudougou, principal foyer de l’opposition entre Qnnn ]/ QnnLt 45/ /4./]\4Y0 _45+17' 2.]t 7$7] 3~17Y _]0 343.V~/Y450 2.Y avaient incarné et exprimé une vive résistance, plus encore aujourd’hui qu’hier le fatalisme semble généralisé (Hilgers 2006, 2008, Mazzocchetti, 2006). Après l’espérance liée aux protestations qui ont suivi l’assassinat 2 de Zongo, la gueule de bois est longue et saumâtre . Au-delà du contre-coup lié à l’échec des mobilisations, la lecture populaire du politique résulte d’une analyse lucide : dans l’état actuel des choses, il n’y a tout simplement pas d’alternance possible. La possible succession de Blaise Compaoré par son frère Simon, qui prend une place croissante dans les médias et est généralement perçu comme le commanditaire du meurtre du journaliste, renforce ce sentiment et à de quoi retourner plus d’un juste dans sa tombe. Néanmoins, ce constat peu amène doit être nuancé par l’observation d’une vague de fond, lente, imperceptible mais inexorable qui se répand
1. Pour la bibliographie de cette introduction, voir les références qui suivent la section intitulée « Situation politique, économique et développement au Burkina Faso ». 2. Voir la section « Contextualisation : situation politique, économique et développement au Burkina Faso » (p. 15 et s.) pour un récapitulatif de la situation politique dans le pays.
INTRODUCTION
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sur l’ensemble du territoire national. On l’a dit, les transformations insti-tutionnelles ne demeurent pas sans effet et c’est bien là que réside la tension au cœur des régimes semi-autoritaires. La presse ou la décentrali-sation en sont de parfaits exemples. En 2006, pour la première fois, les élections municipales touchent l’intégralité du territoire burkinabè. Des études quantitatives montrent que le nombre de protestations en milieux urbains a augmenté avec la progression de la décentralisation (Harsch 2009). La pénétration de l’État dans des zones où il était absent, la multi-plication des scrutins, le renforcement des enjeux locaux en témoignent. Dans sa tentative pour empêcher l’alternance, « la principale stratégie du 34.-4Y1 -Y0] J _45\41/]1 V]0 1~3341/0 ^] \41_] ]zY0/~5/0 ~+5 ^] 7Y5Y7Y0]1 les risques d’une défaite et de consolider son électorat » (Hilgers, Jacob, 2008 : 187). Cependant, l’apprentissage par l’expérience d’élections suc-cessives, la transformation des rapports de force et, dans certaines loca-lités, la sanction de dirigeants locaux par le vote peuvent contribuer à 74^Y+]1 V]0 31~/Y2.]0 ]/ V]0 1]31'0]5/~/Y450 ^. 34VY/Y2.]p d]0 54.-]~.z enjeux locaux, la médiatisation croissante des affaires et l’opportunité de s’adresser à des représentants politiques géographiquement proches ont conduit à l’accroissement des revendications. Lorsque l’instauration d’un scrutin transforme les équilibres politico-démographiques, que des groupes minoritaires politiquement mais majoritaires en nombre peuvent s’ex-primer, en dépit des efforts du pouvoir, il n’est pas toujours possible de reconduire les situations historiques antérieures. La prise de conscience de l’intérêt du vote peut alors transformer les rapports de force et conduire, comme cela s’est vu dans certaines municipalités, à des choix qui sanc-tionnent les anciens dirigeants et mènent à l’instauration d’une autre élite politique. Cependant, cette progression démocratique s’opère la plupart du temps dans l’espace des possibles circonscrit par l’hégémonie du parti au pouvoir : le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) (Hilgers, Jacob 2008). Aux élections de 2006, le CDP remporte 320 mairies sur 3 359 à conquérir . Sans alternance politique ou presque, le processus de démocratisation formelle se poursuit et, même si les débats sont nombreux, à l’intérieur du parti, il n’y a pas de véritables changements perceptibles au sommet de l’État. Tel est le principal paradoxe que cherche à étudier cet ouvrage : alors que l’espace politique de ce semi-autoritarisme stabilisé se caractérise par une absence de possible, les changements institutionnels façonnent néan-moins de manière lente, progressive et souvent involontaire, une transfor-mation des mentalités, une meilleure connaissance des mécanismes et des rouages et, dans certains cas, de plus grandes velléités d’oppositions. On sait, au moins depuis la vague de travaux consacrés au politique par le bas (Bayart 1981, Mbembé 1988, Bayart Mbembe et Toulabor 1992), que la démocratie formelle peut marginaliser l’opposition politique institution-nelle, se réapproprier la critique, mais jamais suspendre les indocilités
3. 49 communes urbaines sur 57 et 271 communes rurales sur 302.
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