Qui mène le monde? , livre ebook

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« Qui mène le monde ? Cette interrogation en soulève une autre : quels principes et quelles valeurs mènent le monde ? Cette question devrait préoccuper en premier lieu les citoyens des pays riches et puissants. Ceux-ci jouissent en effet d’une liberté, de privilèges et de possibilités considérables, fruits des luttes de leurs prédécesseurs, et se trouvent devant des choix décisifs quant à la manière de répondre à des enjeux d’une importance cruciale pour l’humanité. »
Dans cet ouvrage, achevé au lendemain de l’élection de Donald Trump, Noam Chomsky offre une vue d’ensemble de la géopolitique actuelle et une synthèse des rouages politiques qui la sous-tendent : des sanctions américaines contre l’Iran à la politique de torture que pratique l’armée des États-Unis, en passant par la montée en puissance de la Chine et ses conséquences sur les États-Unis et l’« ordre mondial », sans oublier la nouvelle guerre froide qui couve en Europe de l’Est et la guerre planétaire contre le terrorisme.
De moins en moins contraintes par la structure que l’on dit encore démocratique, les puissances mondiales d’aujourd’hui ont un tel potentiel destructeur qu’il est plus urgent que jamais de prêter attention à leurs détracteurs.
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Publié par

Date de parution

06 septembre 2018

Nombre de lectures

28

EAN13

9782895967415

Langue

Français

Titre original: Who Rules the World?
Metropolitan / Henry Holt & Co, New York
© L. Valéria Galvão-Wasserman-Chomsky, 2016
© L. Valéria Galvão-Wasserman-Chomsky, 2017 pour la postface
© Lux Éditeur, 2018 www.luxediteur.com
Conception graphique de la couverture: David Drummond
Dépôt légal: 4 e trimestre 2018
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (papier): 978-2-89596-281-6
ISBN (epub): 978-2-89596-741-5
ISBN (pdf): 978-2-89596-931-0
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada pour nos activités d’édition.

Liste des sigles et acronymes ALENA Accord de libre-échange nord-américain APSA American Political Science Association (association américaine de science politique) CIA Central Intelligence Agency (agence centrale du renseignement) CIJ Cour internationale de justice FBI Federal Bureau of Investigation (bureau fédéral d’enquête) FMI Fonds monétaire international HRW Human Rights Watch MIT Massachusetts Institute of Technology NSA National Security Agency (agence de sécurité nationale) NSC National Security Council (conseil de sécurité nationale) OLP Organisation de libération de la Palestine ONU Organisation des Nations Unies OTAN Organisation du traité de l’Atlantique-Nord PIB Produit intérieur brut STRATCOM  United States Strategic Command (commandement stratégique des États-Unis) TNP Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires UNITA Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola UNRWA United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient)

Introduction
I L N’EXISTE PAS DE RÉPONSE SIMPLE et définitive à la question que soulève le titre de ce livre. Le monde est beaucoup trop complexe et varié pour cela. Il est néanmoins aisé de constater qu’une poignée d’acteurs exercent une influence prépondérante sur les affaires du monde, souvent aux dépens des autres.
Au rang des nations, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont été et demeurent de loin les premiers. Ils président encore largement au débat international, que celui-ci porte sur le conflit israélo-palestinien, l’Iran, l’Amérique latine, la «guerre contre le terrorisme», l’organisation de l’économie mondiale, les droits et la justice et j’en passe, jusqu’à la question fondamentale de la survie de la civilisation (menacée par la guerre nucléaire et la destruction de l’environnement). Mais si la puissance des États-Unis atteignait en 1945 un sommet sans précédent dans l’histoire, elle n’a fait que diminuer depuis lors. Compte tenu de cet inexorable déclin, Washington partage dans une certaine mesure cette puissance avec le «gouvernement mondial de facto » des «maîtres de l’univers», pour reprendre les mots de la presse d’affaires renvoyant aux principales puissances capitalistes (les pays du G7) et aux institutions que dirigent celles-ci dans le «nouvel âge impérial», à savoir le Fonds monétaire international (FMI) et les organisations du commerce mondial [1] .
Les «maîtres de l’univers» sont bien sûr très loin de représenter les populations des puissances dominantes. Même dans les démocraties les plus avancées, l’influence de la population sur les décisions politiques s’avère minime. Aux États-Unis, d’éminents chercheurs ont établi de façon probante que «l’influence incontestable qu’exercent les élites économiques et des organisations agissant au nom d’intérêts commerciaux sur la politique gouvernementale est considérable en regard de celle exercée par le citoyen ordinaire et des groupes d’intérêts issus de la base». Les résultats de leur étude, concluent les auteurs, «abondent fortement dans le sens des théories de la domination économique de l’élite et du pluralisme partial, mais non en faveur de la démocratie électorale majoritaire ou du pluralisme majoritaire». D’autres études ont démontré que la vaste majorité de la population, au plus bas de l’échelle, se voit dans les faits exclue du système politique, ses représentants officiels ne tenant pas compte de ses opinions alors qu’une mince couche de la population jouit d’une influence démesurée; à plus long terme, les contributions aux campagnes électorales constitueraient par ailleurs un indicateur d’une précision remarquable quant aux décisions politiques à venir [2] .
Il en résulte une prétendue apathie: voter n’en vaudrait plus la peine. La corrélation avec la classe sociale est ici frappante. Walter Dean Burnham, l’un des principaux chercheurs en politique électorale, en a évoqué les raisons probables voilà déjà trente-cinq ans. D’après lui, l’abstention serait due à une «singularité fondamentale du système politique américain: l’absence totale d’un parti de masse socialiste ou travailliste représentant un adversaire organisé sur la scène électorale», ce qui, ajoute-t-il, explique pour une large part le «déséquilibre de classe dans le taux d’abstention» ainsi que le peu d’estime accordé à des choix politiques favorables à l’ensemble de la population, mais contraires aux intérêts de l’élite. Ce constat reste d’actualité. Dans une analyse approfondie de l’élection de 2014, Burnham et Thomas Ferguson soulignent que les taux de participation «rappellent les premières heures du XIX e  siècle», époque à laquelle seuls les hommes libres et possédants jouissaient du droit de vote. «Les résultats des sondages comme le bon sens, font-ils remarquer, attestent qu’un très grand nombre d’Américains se méfient désormais des deux principaux partis politiques et sont de plus en plus inquiets. Une vaste majorité d’entre eux sont convaincus que les politiques obéissent à une poignée d’intérêts dominants. Ils souhaitent que l’on agisse afin d’enrayer le déclin économique à long terme et l’inégalité économique galopante, mais aucun des deux principaux partis, obnubilés par l’argent, ne se montre à la hauteur de la situation. Cette désillusion risque uniquement de précipiter la désintégration du système politique entamée avec les élections législatives de 2014 [3] .»
En Europe, le déclin démocratique s’avère tout aussi alarmant, la prise de décision au chapitre de nombreuses questions cruciales incombant désormais aux bureaucrates de Bruxelles et aux instances financières qu’ils tendent largement à représenter. En juillet 2015, leur mépris de la démocratie s’est manifesté dans leur violente réaction à la seule idée que le peuple grec puisse se prononcer sur le futur sort de sa société, ruinée par les brutales politiques d’austérité de la troïka: la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI (en particulier sa frange politique, ses économistes s’étant montrés critiques à l’égard des politiques destructrices). Ces politiques d’austérité avaient été imposées dans l’objectif déclaré de réduire la dette de la Grèce. En réalité, elles ont eu pour effet de la creuser relativement au produit intérieur brut (PIB) pendant que le tissu social grec était réduit en lambeaux, et que le pays servait d’alibi pour renflouer les banques françaises et allemandes ayant accordé des prêts à risque.
Voilà qui n’est guère surprenant. La guerre des classes est généralement unilatérale, et son histoire longue et amère. Dès la naissance de l’État capitaliste moderne, Adam Smith a condamné les «maîtres de l’univers» d’alors, les «marchands et manufacturiers» d’Angleterre, ceux-ci s’avérant «de loin les principaux architectes» en matière de politique et veillant à ce que leurs intérêts «soient ceux dont on s’occupait le plus particulièrement», et ce, sans égard pour les «conséquences» d’un tel choix sur autrui (en premier lieu les victimes de leur «injustice sauvage» à l’étranger, mais aussi la majorité de la population britannique). L’ère néolibérale a ajouté sa propre touche à ce tableau familier, en l’occurrence des maîtres issus des hautes sphères d’économies de plus en plus monopolistiques, des institutions financières gargantuesques et souvent prédatrices, des entreprises multinationales protégées par le pouvoir d’État et de personnalités politiques agissant largement dans leurs intérêts.
Au même moment, chaque jour ou presque apporte son lot d’inquiétantes découvertes scientifiques concernant la progression de la destruction environnementale. Il est peu rassurant de lire qu’«aux latitudes moyennes de l’

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