POLITIQUE AFRICAINE n° 99 - octobre 2005 - Éthiopie : le fédéralisme en question , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 octobre 2005

EAN13

9782845867093

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

POLITIQUE AFRICAINE
Éstion thiopie : le fédéralisme en que
Les Objectifs du millénaire en débat
Wangari Maathai, Nobel atypique
99
n° 99 - octobre 2005 trimestriel
p o l i t i q u e a f r i c a i n e
Éthiopie : le fédéralisme en question
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
politique africaine Rédaction Université Paris-I. Centre d'études juridiques et politiques du monde africain. 9, rue Malher, 75181 Paris Cedex 04. Tél. : 01 44 78 33 25 ou 33 23. Fax : 01 44 78 33 39. e-mailpolitique.africaine@univ-paris1.fr site Internethttp://www.politique-africaine.com Rédacteur en chefRoland Marchal. Comité de lectureRichard Banégas, Filip de Boeck, Pierre Boilley, Christine Deslaurier, Vincent Foucher, Pierre Janin, Frédéric Le Marcis, Bruno Losch, Dominique Malaquais, Ruth Marshall-Fratani, Hervé Maupeu, Thomas Osmond, Didier Péclard, Sandrine Perrot, Janet Roitman, Benjamin Soares, Joseph Tonda. RédactionChristine Deslaurier, Vincent Foucher, Dominique Malaquais, Sandrine Perrot, Janet Roitman. Secrétaire de rédactionGreta Rodriguez-Antoniotti. AssistanteSylvie Causse-Fowler. Directeur de la publicationRichard Banégas. La revuepolitique africaineest publiée par l’Association des cher-cheurs de politique africaine (président, Richard Banégas ; trésorière, Céline Thiriot). Avec le soutien de l'UPRESAafricaines dans la« Mutations longue durée » (Université Paris-I), du Centre d’études et de recherches internationales (Fondation nationale des sciences politiques), du Centre d’études d’Afrique noire (Institut d’études politiques de Bordeaux), de l’Institut de recherche sur le développement (IRD-ORSTOM) et de l’Afrika Studiecentrum de Leiden (Pays-Bas). Avec le concours du Centre national de la recherche scientifique et du Centre national du livre. politique africaineest une revue à comité de lecture. Elle évalue aussi les textes rédigés en anglais, en espagnol et en portugais. Les opi-nions émises n’engagent que leurs auteurs. La revue n’est pas responsa-ble des manuscrits qui lui sont confiés et se réserve le droit de modifier les articles pour des raisons éditoriales.
Édition, ventes et abonnements Karthala, 22-24, boulevard Arago, 75013 Paris. Tél. : 01 43 31 15 59. Fax : 01 45 35 27 05. e-mailkarthala@wanadoo.frsite Internethttp://www.karthala.com Bulletin d’abonnement et bon de commande en fin d’ouvrage. Prix au numéro : 19Commission paritaire n° 0509 T 84879.
© Éditions KARTHALA, 2005.
Conception graphiqueGhislaine Garcin. Photo de couverture : rassemblement chrétien à Addis-Abeba, 27 septembre 2004 © Mickael Tsegaye. En 2004, les cérémonies ont dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre sur fond de fraudes électorales.
Politique africaine 3
Jean-François Médard n’est plus
Jean-François Médard nous a quittés brusquement le vendredi 23 septembre, en fin de matinée. Quelques minutes auparavant, Jean-François se disait pourtant en pleine forme et, de retour d’un bref séjour à l’hôpital, était, comme à l’accoutumée, bouillonnant de projets et d’initiatives. Avec toujours cette simplicité, cette gentillesse et cette courtoisie sans faille dont il ne se départait jamais. La mort de Jean-François c’est avant tout un grand vide laissé par une disparition totalement inattendue, le départ d’un ami et collègue qui, en pleine possession de ses moyens, nous avait et continuait de nous apporter tant. À l’instar du Persan de Montesquieu, Jean-François savait explorer les hypothèses les plus iconoclastes sans avoir l’air d’y toucher, avec modestie et bon-homie, avec un sens de la formule, mais aussi et surtout un mélange de limpidité dans la formulation et de précision conceptuelle. Au détour d’une phrase, la conversation la plus banale devenait avec lui un échange stimulant qui incitait irrésistiblement à la prise de notes. Jean-François témoignait également d’un enthousiasme inépuisable dès lors qu’une piste, une idée de thèse, d’article, ou un projet de collaboration l’avaient séduit. Les générations d’étudiants de l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux qui l’ont connu comme enseignant, ou responsable du DEA « Études africaines », ou encore comme directeur de thèse pourraient en témoigner : son implication était totale ; sa capacité à conjuguer un sens critique toujours en alerte et une honnêteté intellectuelle indéfectible faisait de lui un homme attentif, à l’écoute de tous. La brillante carrière de nombre de ses élèves, tant en France qu’à l’étranger, constitue le plus bel hommage qui puisse lui être rendu. Sa personnalité, riche et chaleureuse, allait de pair avec un parcours atypique pour son époque. Avec une licence de la faculté de droit et un diplôme de l’IEP de Bordeaux en poche, Jean-François était parti aux États-Unis comme instruc-teur à l’Institute of Foreign Studies de Monterey (CA). Devenu bilingue, il était par-faitement au fait des dernières orientations de la science politique américaine qu’il allait combiner avec les idées de son professeur Jacques Elull, dont il resta très proche. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat d’État en science politique en 1966, Jean-François a entrepris une carrière d’enseignant à l’IEP, une carrière qui aurait été tout à fait classique si elle n’avait été entrecoupée de deux longs séjours en Afrique. Il réorienta alors ses recherches – lesquelles portaient initialement sur le pouvoir local en France – et se consacra à l’étude de l’État au Cameroun (où il fut professeur à l’université de Yaoundé de 1973 à 1977), puis à l’analyse des entre-preneurs politiques du Kenya, où il fut directeur du Centre de recherche, d’échanges
et de documentation universitaire (devenu, en 1992, l’Institut français de recherche
en Afrique [IFRA]) de 1981 à 1986. Plus tard, il fit aussi plusieurs séjours de terrain au Botswana. Voyageur infatigable, il fut également professeur invité de nombreuses universités étrangères. La contribution de Jean-François à la science politique est reconnue internationalement depuis plusieurs années. Son œuvre est bien connue des lecteurs dePolitique africaine, dont il était membre fondateur et dont il incarnait parfaitement l’esprit par son souci de mettre en exergue l’analyse du politique dans une perspective tout à la fois continentale et comparative. C’est sans nul doute à travers ses travaux sur le clientélisme (publiés aux côtés des grands noms de la science politique amé-ricaine), sur les « politiciens entrepreneurs » (son article sur le « Big Man » dans la vie politique kenyane est un classique du genre) et sur l’État patrimonialisé en général que son empreinte sur la science politique africaniste demeure aujourd’hui la plus évidente. Le concept de néopatrimonialisme, décliné de façon variable selon les situations comme Jean-François le soulignait, est devenu incontournable dans les débats sur l’État en Afrique. Autour de cette intuition fondamentale d’un type mixte de domi-nation légitime caractérisant l’État africain, il a décliné des problématiques connexes. Parmi celles-ci figure l’analyse de la corruption en Afrique, complétée par des tra-vaux comparatifs sur la corruption dans la vie politique des États européens et sur ce qu’il dénommait la « néopatrimonialisation » des relations franco-africaines. À l’in-terlocuteur que cette réorientation partielle pouvait étonner, il aimait à rappeler qu’il n’avait fait que renouer avec des travaux antérieurs menés sur la vie politique locale à Bordeaux. Selon une formule consacrée, Jean-François a « fait école », mais sans le revendiquer ni le rechercher, à travers un respect d’autrui, une capacité à stimuler quiconque l’approchait, à inciter ses étudiants à produire le meilleur d’eux-mêmes, en les traitant comme de jeunes chercheurs. J’ai toujours pensé que le plus extraordinaire témoignage de cette capacité résidait dans la manière dont il a indirectement inspiré ses enfants, en leur donnant envie, chacun à sa manière, de s’engager avec succès dans des carrières africanistes. Jean-François aimait l’Afrique et savait faire partager cette passion. Mais ce bref hommage ne serait pas complet si nous n’évoquions pas celle sans qui il n’aurait pas été ce qu’il fut, son épouse, Burney, fine observatrice des hommes et des choses, toujours disposée à anticiper sur la gestion d’un quotidien que Jean-François se plaisait à rendre imprévisible.
Daniel Bach
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Politique africaine
n° 99 - Octobre 2005
le Dossier Éthiopie : le fédéralisme en question
L’après-État-nation en Éthiopie. Changement de forme plus que d’habitudes ? Cedric Barnes et Thomas Osmond Identité ethnique et fédéralisme en Éthiopie du Sud Sarah Vaughan La Région Somali d’Éthiopie. Entre intégration, indépendance et irrédentisme Tobias Hagmann et Mohamud H. Khalif Jeux de pouvoir et référents identitaires. Quel statut institutionnel pour Dire Dawa ? Thomas Osmond Le marché du livre éthiopien à l’épreuve de la diversité Éloi Ficquet et Shiferaw Bekele
Conjoncture Les éléphants de papier. Réflexions impies pour e le V anniversaire des Objectifs de développement du millénaire François Egil Le Botswana face à la montée de l’autoritarisme Ian Taylor
Magazine Débat.Wangari Maathai, femme de paix ou contestataire de choc ? Hervé Maupeu Terrain.Participation des acteurs sociaux et gouvernance d’État. Le cas du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté au Mali Kama Cissoko et Ramatou Touré
Lectures Autour d’un livre.Marginal Gains. Monetary Transactions in Atlantic Africa, de Jane I. Guyer, par Jean-Michel G. Servet, Jean Coussy et Cyprian Fisiy.
La revue des livres La revue des revues
Abstracts
Les régions composant la fédération d’Éthiopie depuis le début des années 1990
Carte établie et dessinée par Thomas Osmond.
LEDOSSIER
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Éthiopie : le fédéralisme en question
Coordonné par Cedric Barnes et Thomas Osmond
Introduction au thème
L’après-État-nation en Éthiopie
Changement de forme plus que d’habitudes ?
C ela fait dix ans maintenant que l’Éthiopie a officiellement adopté un système fédéral basé sur l’ethnicité ; il nous a donc semblé opportun d’en 1 dresser un premier bilan . La promulgation de la Constitution fédérale en 1995 entendait rompre avec la tradition impériale et centralisée des gouvernements e éthiopiens, au moins depuis la seconde moitié duXIXsiècle. Elle visait ainsi à atténuer les déséquilibres ethniques et régionaux exacerbés par le régime 2 impérial de Hailé Selassié et celui de la junte militaro-communiste de Mengistu Hailé Mariam. Mais, ironie de l’histoire, ce projet fut mis en œuvre au moment de l’effondrement du communisme par un régime encore imprégné des différentes versions du marxisme-léninisme. Ce dernier, en effet, héritait les débats du mouvement estudiantin éthiopien des années 1960 et les idéologies des mouvements d’opposition armés après 1974. C’est la théorie des nationalités
1. Ce dossier n’est évidemment pas le premier à traiter de l’expérience politique éthiopienne depuis la chute du précédent régime militaro-communiste du Derg. Voir S. Pausewanget al.,Ethiopia since the Derg, Londres, Zed Books, 2002 ; B. Zewde et S. Pausewang,Ethiopia : the Challenge of Democracy from Below, Stockholm, Elanders Gotab, 2002. 2. La transcription des termes amhariques retenue ici ne correspond pas au système savant établi par l’Inalco. Nous avons opté pour une présentation « francisée » afin de ne pas gêner le lecteur, peu familiarisé avec le système de transcription universitaire.
LEDOSSIER 8Éthiopie : le fédéralisme en question
de Joseph Staline qui inspirait ainsi le projet éthiopien, d’où certainement la confusion entretenue entre les termes « nationalité » et « ethnie » dans la politique quotidienne éthiopienne et, avec une plus grande prudence, dans ce dossier. Une telle réflexion recouvre des enjeux théoriques qui dépassent le cadre éthiopien. Cette expérience repose, dans un contexte radical, la question de la mobilisation identitaire et du rapport entre construction de l’ethnicité et de l’État. Elle permet également d’examiner, dans un cadre historique précis, une thématique nouvelle eu égard aux théorisations classiques de l’ethnicité. À l’échelle du continent africain, l’instauration du fédéralisme en Éthiopie intervient au moment où beaucoup de ses voisins expérimentent des formes de gouvernement et de démocratie décentralisées, comme alternatives à l’échec des gouvernements postcoloniaux. Le projet fédéral « ethnique » de l’Éthiopie reflète ainsi le développement de l’ethnicité politique sur le continent, qui s’exprime notamment par la production de théories analysant l’ethnicité comme un discours national. Last but not the least, la tenue d’élections qui se révélèrent extrêmement controversées en mai 2005 a illustré les conditions d’épuisement relatif d’un système qui, comme on le verra dans ce dossier, a pourtant significativement évolué depuis sa mise en œuvre initiale.
Une brève histoire de l’État éthiopien moderne
Si l’on pense à l’Éthiopie comme à un État centralisé, au fil de son histoire, elle a davantage été un empire peinant à contrôler son territoire et marqué de façon significative par des formes de pouvoir régional et décentralisé. Cepen-dant, la centralisation étatique a été une préoccupation depuis au moins la e seconde moitié duXIXsiècle, lorsque l’empereur amhara Tewodros fonda la monarchie « néo-salomonienne ». En dépit de ses aspirations modernistes, ce régime s’appuyait sur les mythes fondateurs sacralisés dans un corpus de textes, leKebra Negast»]. Ce recueil de textes épiques[« La Gloire des rois mettant en scène les populations de langue sémitique du nord (les Amhara et 3 les Tigréens principalement ) légitimait leur expansion militaire et politique au sud, au nom de leur descendance putative de la reine de Saba (connue sous le nom de Makeda en Éthiopie) et du roi Salomon de l’ancien Israël. L’asymétrie ethnique inscrite dans leKebra Negast– et perpétuée par la force des armes – était soutenue par l’Église orthodoxe éthiopienne, laquelle consti-tuait la religion d’État. Légendes, foi et ethos militaire partagés participèrent au processus d’identification de la catégorie ethnique amhara à la société éthiopienne, présentée dès lors comme le noyau national de l’État impérial.
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