POLITIQUE AFRICAINE n° 107 - octobre 2007 - Politiques du corps , livre ebook

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Date de parution

01 octobre 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868984

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

POLITIQUE AFRICAINE
P olitiques du corps
Justice internationale et justice traditionnelle en Ouganda
Grèves et changement politique en Guinée
107
n° 107 - octobre 2007 trimestriel
p o l i t i q u e a f r i c a i n e
Politiques du corps
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
politique africaine Rédaction Centre d’étude d’Afrique noire - Institut d’études politiques de Bordeaux Domaine universitaire 11, allée Ausone - 33607 Pessac cedex Tél. : 05 56 84 82 28/18 Fax : 05 56 84 68 44 e-mailpolitique-africaine@sciencespobordeaux.fr site Internetwww.politique-africaine.com La Revue des livres continue d’être éditée au secrétariat parisien de la revue. Les livres pour compte rendu doivent être envoyés à l’adresse suivante : Politique africaine, CEMAf, 9 rue Malher, 75004 Paris. Directeur de la publicationRichard Banégas Rédacteur en chefVincent Foucher Rédactrice en chef adjointeChristine Deslaurier Comité de lectureMyriam Catusse, Tarik Dahou, Dominique Malaquais, Julien Meimon, Kathryn Nwajiaku, Thomas Osmond RédactionJean-Hervé Jézéquel, Frédéric Le Marcis, Didier Péclard, Sandrine Perrot Secrétaires de rédactionMarie-Françoise Palueau, Jacqueline Vivès Assistante de rédactionSylvie Causse-Fowler La revuepolitique africaineest publiée par l’Association des cher-cheurs de politique africaine (président Richard Banégas ; trésorière Céline Thiriot). Avec le soutien du CEMAf»« Centre d’études des mondes africains (CNRS, Université Paris 1, Université de Provence, EPHE), du Centre d’études et de recherches internationales (Fondation nationale des sciences politiques), du Centre d’étude d’Afrique noire (Institut d’études politiques de Bordeaux), de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’Afrika-Studiecentrum de Leiden (Pays-Bas). Avec le concours du Centre national de la recherche scientifique et du Centre national du livre. politique africaineest une revue à comité de lecture. Elle évalue aussi les textes rédigés en anglais, en espagnol et en portugais. Les opinions émises n’engagent que leurs auteurs. La revue n’est pas responsable des manuscrits qui lui sont confiés et se réserve le droit de modifier les articles pour des raisons éditoriales.
Édition, ventes et abonnements Karthala, 22-24, boulevard Arago, 75013 Paris Tél. : 01 43 31 15 59 Fax : 01 45 35 27 05 e-mailkarthala@wanadoo.frsite Internetwww.karthala.com Bulletin d’abonnement et bon de commande en fin d’ouvrage Prix au numéro : 19Commission paritaire n° 0509 T 84879 © Éditions KARTHALA, 2007
Conception graphique
Ghislaine Garcin
ILLUSTRATION DE COUVERTURE : 2002 © CHEGE
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Politique africaine
n° 107 - octobre 2007
le Dossier Politiques du corps
Entre le dualisme et son double, les écueils de la construction de soi. Des difficultés d'analyse biopolitique en contexte postcolonial Danielle de Lame
Corps, technologies du pouvoir et appropriation de la modernité au Cameroun Jean-Pierre Warnier
Séduction électorale au bidonville : jouer de l’opulence, de la jeunesse ou du handicap à Casablanca Lamia Zaki
« Capital beauté Céline Lesourd
». De quelques riches femmes maures
« Le poids du succès » : construction du corps, danse et carrière à Dakar Hélène Neveu Kringelbach
De la prostitution clandestine aux désirs de l’Ailleurs : une « ethnographie de l’extraversion » à Dakar Thomas Fouquet
Conjoncture Janvier 2007 – Sékou Touré est mort Mike McGovern
Magazine The International Criminal Court and the invention of traditional justice in Northern Uganda Tim Allen
« Et booooum ! » Provocations médiatiques et commotions politiques au Burundi Christine Deslaurier
Lectures Autour d’un livre.For the City Yet to Come : Changing African Life in Four Cities, d’AbdouMaliq Simone, discuté par Edgar Pieterse, Bogumil Jewsiewicki et Odile Goerg
La revue des livres La revue des revues
Abstracts
© Damien Glez pourPolitique africaine, octobre 2007.
Politique africaine n° 107 - octobre 2007 5
avant-propos
Le mépris souverain
D ans son avant-dernière livraison (n° 105, mars 2007),Politique africaine se faisait l’écho des interrogations des chercheurs sur les impasses de la politique française en Afrique et interpellait les candidats à l’élection présidentielle sur la nécessité d’un profond renouvellement des relations de la France avec le continent. Nicolas Sarkozy avait, durant la campagne électorale, promis de rompre avec l’hé-ritage de ses prédécesseurs. Depuis son élection, certains signes ont pu sembler encourageants, comme par exemple dans le traitement de l’assassinat à Djibouti du juge Borrel ou l’ébauche d’ouverture de Bernard Kouchner à l’égard du 1 Rwanda . D’autres symptômes, comme la place de choix accordée par la prési-dence française au président gabonais Omar Bongo ou l’hommage rendu à Jacques Foccart et à son dauphin, Robert Bourgi, semblent plutôt indiquer la conti-2 nuité . Ce qui paraît se dessiner au total, c’est un vide conceptuel, une gestion au cas par cas, une politique où, faute d’une approche nouvelle, les vieux réflexes pour-raient bien encore jouer leur jeu. La continuité est en effet indiscutable pour ce qui concerne les représentations, comme en témoigne le discours prononcé le 26 juillet 2007 à Dakar par Nicolas 3 Sarkozy à l’attention des « jeunes d’Afrique » . Ce texte a immédiatement suscité
1. « La veuve du juge Bernard Borrel reçue à l’Élysée par Sarkozy », Reuters, 19 juin 2007 ; « La France a commis des “erreurs” au Rwanda (Kouchner) », AFP, 2 octobre 2007. 2. Lors d’une remise de médaille à Robert Bourgi, acteur central des liens entre l’État français et les États africains, Nicolas Sarkozy a rendu un hommage appuyé à Jacques Foccart. Voir F. Soudan, « Quand Sarkozy réhabilite Foccart »,Jeune Afrique,n° 2439, 7-13 octobre 2007. 3. Le texte intégral du discours est disponible sur le site <www.elysee.fr>.
LEDOSSIER 6Le mépris souverain
4 les nombreuses critiques d’intellectuels français et africains , et un universitaire sénégalais s’est demandé s’il fallait « perdre davantage de temps à répondre à 5 M. Sarkozy ». Peut-être avait-il raison. Sans reprendre ici l’ensemble des points développés par les critiques souvent excellentes (et parfois plus longues) déjà parues,Politique africaineestime cependant nécessaire de prendre à son tour position. Le discours, dont les sentencieuses formulations néogaullistes indiquent qu’il visait à faire date, a été lu à l’université Cheikh Anta Diop, devant une audience choisie. Comme de nombreux commentaires l’ont souligné, le texte, préparé par Henri 6 Guaino, conseiller spécial du président Sarkozy , était d’un essentialisme achevé, reprenant notamment le poncif hégélien de l’Afrique immobile. On citera pour mémoire, parmi les moments les plus déconcertants :
« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. […] Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. »
De façon symptomatique, la bienveillance présidentielle envers l’Afrique se traduit ensuite par le recours à des stéréotypes éculés : l’art est évidemment le grand exemple de la contribution de l’Afrique à l’histoire de l’humanité, l’Afrique réveille bien sûr « les joies simples, les bonheurs éphémères et […] ce besoin de croire plutôt que de comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner, ce besoin d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête » ; et, comme de juste, la « solidarité », la « chaleur », l’« esprit communautaire » y sont forts. Ce texte signale la méconnaissance et le dédain du pouvoir à l’égard des travaux des sciences sociales sur l’Afrique, et Achille Mbembe a la juste ironie d’en conclure qu’il faut s’interroger sur l’utilité réelle de l’argent investi par l’État 7 français dans la recherche sur l’Afrique … Le discours de Dakar est assurément un soufflet à tous ceux qui, d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs, s’attachent à dire l’histoire de l’Afrique en la replaçant dans l’histoire du monde et refusent d’en faire le lieu de la différence absolue et du mystère insondable. Mais au-delà de ces soucis qu’on pourrait dire corporatistes, le propos prési-dentiel surprend sur bien des plans. D’abord, le ton en est d’un paternalisme et d’un didactisme extrêmes, et l’on a du mal à imaginer un autre dirigeant occidental 8 s’exprimer ainsi . Les « jeunes d’Afrique » avaient-ils vraiment besoin d’apprendre de la bouche du Président français que « l’homme africain est aussi logique et raisonnable que l’homme européen » ? Encore l’équipe présidentielle s’est-elle
Politique africaine 7Le mépris souverain
rendue compte à la dernière minute que le tutoiement (« Jeune d’Afrique… ») employé dans la version initiale posait quelque problème… Le texte étonne également par ses contradictions internes : peut-on simultanément évoquer l’Afrique immobile du village et les migrations des jeunes Africains ? Déplorer l’aliénation coloniale et expliquer les maux de l’Afrique par l’« immobi-lité » des sociétés africaines ? Souligner la diversité de l’Afrique pour la réduire ensuite à un lieu commun néocolonial ? Appeler les Africains à refuser la « tentation de la pureté » tout en les enfermant dans leur supposée « tradition » ? La persistance des imaginaires forgés à l’époque coloniale est d’autant plus remar-quable qu’on sent à l’œuvre dans le discours untoposde la rhétorique sarkozyste : la « rupture », le « il faut se dire la vérité », la volonté de prendre le contre-pied, de « dire les choses qui fâchent ». Ainsi, probablement, aucun Président français n’aura été aussi explicite dans sa critique de la traite et de la colonisation. Nicolas Sarkozy ménage certes la mémoire des colons en soulignant les bonnes intentions qui ont guidé certains d’entre eux, ainsi que leurs réalisations. Mais là où, en 2005, Jacques Chirac avait posé à Madagascar d’expéditifs et spécifiques regrets à propos des événements de 1947 sur la Grande île, Nicolas Sarkozy discute à Dakar de la colonisation dans son ensemble, soulignant qu’elle a d’abord été une « grande faute », une « aliénation ». Sans doute, il y a dans cette critique
4. Dans l’ordre chronologique, citons entre autres A. Mbembe, « L’Afrique de Nicolas Sarkozy »,Sud Quotidien»,ces sottises qui divisent France-Afrique : (Dakar), 2 août 2007, et « Sud Quotidien, 11 août 2007 ; J.-F. Bayart, « Y’a pas rupture, patron ! »,Le Messager(Douala), 4 août 2007 ; É. Smith, « L’Afrique de Monsieur Sarkozy », <www.mouvements.info>, 7 août 2007 ; I. Thioub, « Lettre à M. Nicolas Sarkozy »,Le Matin(Dakar), 7 septembre 2007 ; Raharimanana, B. Boris Diopet al.,« Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy »,Libération; C. Coquery-Vidrovitch, G. Manceron et B. Stora, « La mémoire, 10 août 2007 partisane du président »,Libération, 13 août 2007 ; F. Brisset-Foucaultet al.,« Géopolitique de la nostalgie », Libération,14 août 2007 ; D. Simon, « Sarkozy en Afrique sur les traces de Tintin au Congo », <www.rue89.com>, 14 août 2007; N. et S. Kourouma, «En mémoire de notre père»,Libération,20 août 2007; M. Diouf, « Pourquoi Sarkozy se donne-t-il le droit de nous tancer et de juger nos pratiques… »,Sud Quotidien, 17 août 2007 ; B. Girard, « Les tribulations sarkoziennes en Afrique et l’histoire à l’école », Libération,»,Le faux pas africain de Sarkozy ; P. Bernard, « 20 août 2007 Le Monde,;23 août 2007 J.-P. Chrétien, « Le discours de Dakar. Le poids idéologique d’un “africanisme” traditionnel »,Esprit, novembre 2007, p. 163-180. Les textes parus dans la presse africaine sont accessibles sur le site de la section toulonnaise de la Ligue des droits de l’homme, <www.ldh-toulon.net>. 5. C. Thiam, « Devons-nous perdre davantage de temps à répondre à M. Sarkozy ? »,Walfadjri, 6 octobre 2007. 6. Faut-il voir dans le fait que ni le Quai d’Orsay ni la cellule diplomatique de l’Élysée n’ont été associés à la préparation de ce discours un symptôme de l’art de gouverner du Président français ? 7. A. Mbembe, « L’Afrique de Nicolas Sarkozy », art. cit. 8. On pourra utilement contraster le discours de Dakar avec les récentes déclarations, respectueuses, spécifiques et engagées, de la chancelière allemande Angela Merkel à Addis Abeba. « En tournée africaine, Merkel réclame plus d’ouverture politique », AFP, 4 octobre 2007.
LEDOSSIER 8Le mépris souverain
de la colonisation une manière de faire solde de tout compte, de payer de mots et d’éviter les vraies questions du présent des relations entre France et Afrique – relations commerciales, immigration, soutien français aux autoritarismes africains. Le discours comprend ainsi un refus explicite de la repentance. Que cette critique de la colonisation ne s’accompagne pas d’une remise en cause du regard essentialiste indique en tout cas à quel point le nouveau pouvoir cherche plus le symbole que la cohérence, le slogan que la réflexion, l’affichage que la connaissance. La spectaculaire contradiction entre la lecture de la colonisation à laquelle Nicolas Sarkozy s’adonne et l’image qu’il semble se faire de l’Afrique d’aujourd’hui indique aussi et surtout la ténacité du culturalisme et de l’essen-tialisme au plus haut niveau de l’État français, et une persistance à ignorer les origines colonialistes et le racisme sourd de ces manières de voir, depuis longtemps 9 mis en évidence par Edward Said et Valentin Mudimbe . Quel genre de « rupture » peut-on enraciner dans une ignorance qui est d’autant plus profonde qu’elle se prend pour un savoir ? La rédaction
9. E. Said,Orientalism, Londres, Routledge et Paul Kegan, 1978 ; V. Y. Mudimbe,The Invention of Africa : Gnosis, Philosophy, and the Order of Knowledge. Bloomington and Indianapolis, Indiana University Press, 1988.
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