POLITIQUE AFRICAINE n° 106 - juin 2007 - Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie , livre ebook

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Date de parution

01 juin 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868977

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

POLITIQUE AFRICAINE
L e Nigeria sous Obasanjo Violences et démocratie
Un paradoxe sud-africain : les conditions de travail
Débat : corps et sida en Afrique du Sud
106
n° 106 - juin 2007 trimestriel
p o l i t i q u e a f r i c a i n e
Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
politique africaine Rédaction Centre d’étude d’Afrique noire - Institut d’études politiques de Bordeaux Domaine universitaire 11, allée Ausone - 33607 Pessac cedex Tél. : 05 56 84 82 28/18 Fax : 05 56 84 68 44 e-mailpolitique-africaine@sciencespobordeaux.fr site Internetwww.politique-africaine.com La Revue des livres continue d’être éditée au secrétariat parisien de la revue. Les livres pour compte rendu doivent être envoyés à l’adresse suivante : Politique africaine, CEMAf, 9 rue Malher, 75004 Paris. Directeur de la publicationRichard Banégas Rédacteur en chefVincent Foucher Rédactrice en chef adjointeChristine Deslaurier Comité de lectureMyriam Catusse, Tarik Dahou, Francesca Declich, Dominique Malaquais, Julien Meimon, Kathryn Nwajiaku, Thomas Osmond, Benjamin Soares RédactionJean-Hervé Jézéquel, Frédéric Le Marcis, Didier Péclard, Sandrine Perrot Secrétaires de rédactionMarie-Françoise Palueau, Jacqueline Vivès Assistante de rédactionSylvie Causse-Fowler La revuepolitique africaineest publiée par l’Association des cher-cheurs de politique africaine (président Richard Banégas ; trésorière Céline Thiriot). Avec le soutien du CEMAf»d’études des mondes africains « Centre (CNRS, Université Paris 1, Université de Provence, EPHE), du Centre d’études et de recherches internationales (Fondation nationale des sciences politiques), du Centre d’étude d’Afrique noire (Institut d’études politiques de Bordeaux), de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’Afrika-Studiecentrum de Leiden (Pays-Bas). Avec le concours du Centre national de la recherche scientifique et du Centre national du livre. politique africaineest une revue à comité de lecture. Elle évalue aussi les textes rédigés en anglais, en espagnol et en portugais. Les opinions émises n’engagent que leurs auteurs. La revue n’est pas responsable des manuscrits qui lui sont confiés et se réserve le droit de modifier les articles pour des raisons éditoriales.
Édition, ventes et abonnements Karthala, 22-24, boulevard Arago, 75013 Paris Tél. : 01 43 31 15 59 Fax : 01 45 35 27 05 e-mailkarthala@wanadoo.frsite Internetwww.karthala.com Bulletin d’abonnement et bon de commande en fin d’ouvrage Prix au numéro : 19Commission paritaire n° 0509 T 84879 © Éditions KARTHALA, 2007 Conception graphiqueGhislaine Garcin PHOTO DE COUVERTURE : LAMIDI ADEDIBU REMERCIÉ PAR SES OBLIGÉS DANS SA RÉSIDENCE D’IBADAN, AU LENDEMAIN DE LA VICTOIRE DU GOUVERNEUR DE L'ÉTAT D'OYO, 16 AVRIL 2007 © PAOLO WOODS.
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Politique africaine
n° 106 - juin 2007
le Dossier Le Nigeria sous Obasanjo.
Violences et démocratie
Violences et ordre politique au Nigeria Laurent Fourchard
Corruption, culture politique et démocratie au Nigeria : réactions populaires à la croisade anti-corruption du président Obasanjo Daniel Jordan Smith
La charia contestée : démocratie, débat et diversité musulmane dans les « États charia » du Nigeria Susan M. O’Brien
Violence urbaine et politique à Jos (Nigeria), de la période coloniale aux élections de 2007 Adam Higazi
Les mutations d’une milice ethnique sous le régime civil d’Olusegun Obasanjo : le cas de l’Oodua People’s Congress Yvan Guichaoua
Lamidi Adedibu ou l’état nigérian entre contraction et sous-traitance Ebenezer Obadare
Le delta du Niger face à la démocratie virtuelle du Nigeria Ukoha Ukiwo
ditions de travail depuis
Magazine Le paradoxe sud-africain : les con la fin de l’apartheid Nicolas Pons-Vignon et Ward Anseeuw
Lectures Autour d’un livre.Quand les corps se souviennent. Expériences et politiques du sida en Afrique du Sud, de Didier Fassin, discuté par Judith Hayem et Fred Eboko
La revue des livres La revue des revues
Abstracts
LEDOSSIER
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Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie
Coordonné par Laurent Fourchard et Benjamin Soares
Introduction au thème par Laurent Fourchard
Violences et ordre politique au Nigeria
A u Nigeria, de nombreux journalistes et chercheurs ont associé la réémer-gence de conflits religieux, ethniques ou encore économiques au retour à un 1 régime civil en 1999 . La guerre larvée dans le delta du Niger, la récurrence des émeutes urbaines, les affrontements politico-religieux dans les États du nord et du Plateau tout comme les violences électorales témoignenta prioridu déclin du contrôle territorial par l’État fédéral, d’une compétition croissante entre des ordres juridiques concurrentiels (loi islamique /loi fédérale), de la privatisation non légale des fonctions policières de l’État par des groupes d’autodéfense et d’un essor de milices dans le delta du Niger qui défient régu-lièrement les forces armées fédérales. Cette multiplication des conflits armés est confirmée par le nombre élevé de morts, bien qu’au Nigeria il soit à peine 2 plus aisé de compter les morts que de recenser les vivants . La comparaison
1. Je souhaiterais remercier Roman Loimeier, Ruth Marshall-Fratani, Kathryn Nwajiaku, Benjamin Soares, Vincent Foucher, Christine Deslaurier et toute l’équipe de rédaction dePolitique africaine pour leurs suggestions et commentaires sur la version initiale de ce texte. Je demeure entièrement responsable des erreurs et approximations. 2. D’après le dernier recensement – contesté – de 2006, le Nigeria compterait 140 millions d’habi-tants dont 9 millions dans l’État de Lagos. Ce dernier prétend en avoir 17 millions. L’Organisation mondiale contre la torture estime que 10 000 personnes seraient décédées au cours de conflits ethniques, religieux et politiques entre 1999 et 2002, alors que pour Human Rights Watch, ce chiffre concerne la période 1999-2006. Voir World Organisation against Torture (OMCT) et Centre for Law Enforcement (Cleen),Hope Betrayed ? A report on Impunity and State-Sponsored Violence in Nigeria, Genève et Lagos, OMCT et Cleen, 2002, p. 187 ; Human Rights Watch, « They do not own this place. Government discrimination against non indigenes in Nigeria »,Human Rights Watch, avril 2006, vol. 18, n° 3, p. 32.
LEDOSSIER 6Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie
des élections de 1999 et 2007 serait significative à cet égard, les premières étant considérées plutôt transparentes tandis que les dernières ont été marquées par d’innombrables irrégularités, de nombreux affrontements et plusieurs centaines de morts. La multiplication des groupes armés et l’incapacité apparente de l’État fédéral à maintenir le monopole de la violence renvoient à un débat plus général sur l’État en Afrique. Ce qui est considéré comme le processus de privatisation de l’État est devenu une question centrale au cours des quinze dernières années, en particulier avec l’essor des compagnies de sécurité, des armées privées, des seigneurs de guerre, des milices et des groupes d’auto-défense. Ainsi, pour Crawford Young, le processus de démocratisation et la libéralisation économique des années 1990 marqueraient sans doute la fin de l’État postcolonial, la « dramatique érosion de l’État » ouvrant dans de nom-breux cas un espace pour une multitude d’acteurs : commerçants de l’informel, 3 trafiquants, chefs de guerre, marchands d’armes, milices, associations locales . Achille Mbembe estime aussi que la réduction de la rente étatique, la déflation de l’État, la remise en cause de sa souveraineté, l’émergence de nouvelles organisations privées qui administrent la violence et la contrainte auraient 4 fait émerger une nouvelle forme d’État : le « gouvernement privé indirect ». Ces constats généraux, qui portent sur le continent, rejoignent des analyses plus spécifiques au Nigeria. Certaines suggèrent que la taille du pays serait un obstacle au contrôle territorial de l’État et au bon fonctionnement de son admi-5 nistration . La multiplication des conflits et des groupes armés pourrait aussi 6 conduire le Nigeria à devenir à terme un « pays sans État ». Ce numéro dePolitique africainesouhaite revenir sur ces questionnements e en resituant la IV République et les deux mandats du président Obasanjo (1999-2007) dans une séquence chronologique plus étendue : celle d’un long demi-siècle marqué par un système fédéral évolutif, par l’apparition de partis politiques régionaux et nationaux qui ont popularisé des revendications nouvelles (minorités, autochtonie, partage des ressources, lutte contre la corruption) et par une récurrence des violences dont le régime actuel est loin d’avoir le monopole. La prise en compte d’une période plus longue permet de s’affranchir du questionnement pas toujours convaincant sur les « tran-sitions démocratiques », qui correspondent peu à l’histoire politique du Nigeria. Les régimes militaires ont certes été comme ailleurs sur le continent davantage la norme que l’exception. Ils se sont le plus souvent présentés comme garants de l’ordre et de l’unité nationale et comme des « régimes de 7 transition » aux transitions souvent sans fin . Ces régimes n’ont cependant pas été les seuls modes de gouvernement et les périodes de compétition électorale re e de la fin de l’empire britannique (1946-1960) ou de la I et de la II République
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(1960-1966 ; 1979-1983) ont été également centrales dans l’apprentissage d’un 8 jeu politique pluraliste, sinon démocratique . La chronologie électorale du Nigeria est ainsi non congruente avec celle du continent, marquée dans un grand nombre de pays par le passage de régimes autoritaires postcoloniaux aux « transitions démocratiques » des années 1990. Au Nigeria, la liberté de presse et d’association n’a jamais pu être étouffée ; la tradition électorale est plus solide et les élections mettant en concurrence plusieurs partis sont une 9 affaire bien rodée, y compris sous les régimes militaires . 10 En relativisant les thèses sur le déclin de l’État en Afrique et ailleurs , on peut envisager « les stratégies étatiques qui paraissent en retrait, en déclin voire en décomposition, comme faisant partie du processus de formation 11 continue de l’État ». Ainsi le recours à la violence dans le jeu électoral n’est-12 il pas la manifestation d’un État fragile(weak state)ou effondré(failed state), deux notions plus utiles à la décision politique qu’à l’analyse scientifique. Elle est plutôt consubstantielle d’un ordre politique dans lequel l’État et ses principaux acteurs (ministres, gouverneurs, parrains politiques) ont joué et jouent toujours un rôle primordial. On peut se demander également si les violences qualifiées de « religieuses », « ethniques », ou « communautaires » et le mode opératoire des milices armées ou desvigilantes –dont l’analyse est parfois
3. C. Young, « The end of the post-colonial state in Africa ? Reflections on changing African political dynamics »,African Affairs, n° 103, 2004, p. 23-25. 4. A. Mbembe,De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2005, p. 95-139. 5. J. Herbst et G. Mills, « Africa’s big dysfunctional states : an introductory overview»,inC. Clapham, J. Herbst et G. Mills (eds),Big African States, Johannesburg, Wits University Press, 2006, p. 1-15. 6. D. C. Bach, « Inching towards a country without a state : prebendalism, violence and state betrayal in Nigeria »,inC. Clapham, J. Herbst et G. Mills (eds),Big African States,op. cit., p. 63-96 ; R. Eberlein, « On the road to the state’s perdition ? Authority and sovereignty in the Niger delta, Nigeria »,Journal of Modern African Studies, vol. 44, n° 4, 2006, p. 573-596. 7. L. Diamond, A. Kirk-Greene et O. Oyediran (eds),: Nigerian Politics andTransition without end Civil Society Under Babangida, Boulder, Lynne Rienner, 1997. 8. Nous utilisons le terme de démocratie dans ce dossier dans un sens équivalent à régime civil et en opposition à régime militaire. Le Nigeria combine quelques formes de la démocratie libérale (des élections, une division relative des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif, une presse libre) avec de nombreux traits autoritaires (puissance du parti présidentiel, quasi impossibilité d’alternance politique, trucage massif des élections). Le mot est largement en usage dans le pays depuis 1999. 9. Les régimes militaires ont organisé des élections générales en 1979 et en 1993, des élections locales en 1976 et 1990 et des élections de gouverneurs en 1991, ces deux dernières élections ayant été largement manipulées. Voir J. Ibrahim, « Obstacles to democratization in Nigeria »,inP. A. Beckett et C. Young (eds),Dilemmas of Democracy in Nigeria,Rochester, University of Rochester Press, p. 171. 10. J.-F. Bayart,Le Gouvernement du monde. Une critique politique de la globalisation, Paris, Fayard, 2004. 11. B. Hibou (dir.),La Privatisation des États, Paris, Karthala, 1999, p. 13. 12. International Crisis Group, « Nigeria : failed elections, failing state ? », 30 mai 2007.
LEDOSSIER 8Le Nigeria sous Obasanjo. Violences et démocratie
dominée par une vision téléologique et strictement conjoncturelle – remettent fondamentalement en cause le fonctionnement d’un État fédéral qui s’est tendanciellement renforcé depuis l’indépendance. On ne souscrit pas davantage 13 à la thèse du désordre comme instrument politique . Ces conflits et ces organisations armées ne représentent en aucun cas la retraditionnalisation d’une « société précoloniale » mais s’inscrivent au contraire dans une histoire récente, coloniale et postcoloniale pour l’essentiel. Vingt ans après le numéro 14 consacré parPolitique africaineau fédéralisme nigérian , ce dossier souhaiterait apporter quelques réponses à ces réflexions et questionnements en étudiant la double trajectoire de l’État fédéral et des mouvements locaux et régionaux qui n’ont cessé de réclamer, par les armes et par la négociation, à la fois plus d’autonomie et une meilleure redistribution de la rente nationale.
Un fédéralisme centralisé, des conflits localisés
Depuis les années 1960, le poids de l’État central n’a cessé de se renforcer au détriment des trois régions dessinées par les Britanniques (le Nord, le Sud-Ouest et l’Est). La guerre du Biafra (1967-1970) a initié le processus en centra-lisant les ressources fiscales et en supprimant les forces de police régionales, la Native Authority Police. Elle a marqué l’abandon progressif du principe de « dérivation » : les taxes à l’importation et à l’exportation intégralement rever-sées aux régions dans les années 1950 sont maintenant centralisées dans le budget fédéral. De même, alors que les États producteurs de pétrole disposaient de 50 % des revenus tirés du pétrole en 1969, ils n’en conservaient plus que 1 % 15 sous Abacha (1993-1998) . Pendant trois décennies de régimes militaires, la centralisation des revenus a donné au gouvernement central la capacité de subordonner tous les acteurs politiques et a supprimé l’autonomie des niveaux 16 inférieurs de gouvernement . Le poids fiscal, démographique et économique des trois grandes régions initiales a été réduit puisque celles-ci ont cédé la place à 36 États dont la dépendance au centre est désormais presque totale : c’est ce 17 que Daniel Bach appelle le fédéralisme scissipare . Cette hypercentralisation du système que beaucoup de mouvements régionaux pensaient liés à la nature autoritaire et centralisatrice des régimes militaires (et, en conséquence, pen-saient voir disparaître avec ces derniers) ne s’est pas altérée depuis 1999. Car, à l’exception d’une augmentation de 1 à 13 % des revenus fédéraux tirés du pétrole et réalloués aux États du delta, le gouvernement Obasanjo n’a pas modifié fondamentalement la pratique du fédéralisme nigérian héritée de trois décennies de centralisation militaire. Il a refusé pendant ses deux man-dats de mettre en place une conférence nationale souveraine qui discuterait d’une meilleure répartition des ressources du pétrole qui fournissent, selon les
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