430
pages
Français
Ebooks
2013
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Publié par
Date de parution
01 novembre 2013
EAN13
9782812916021
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
54 Mo
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Date de parution
01 novembre 2013
EAN13
9782812916021
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Vincent Brousse
Philippe Grandcoing
Les Nouvelles
Affaires
Criminelles
x
De Borée
ÉDITIONSLes Nouvelles
A f faires
Criminelles Des mêmes auteurs
Aux éditions De Borée
Les Grandes Affaires Criminelles de Haute-Vienne
Les Grandes Affaires Criminelles du Limousin (avec Jean-Marie Chevrier et Jean-Michel
Valade)
Les Gres Criminelles du Lotrandes Affaires Criminelles Politiques
Les Nouvelles Affaires Criminelles de Corrèzeouves Criminelles de Haute-Vienne
Les Nouves Criminelles de la Creuseouvelles Affaires Criminelles du Lot
Les Nouves Criminelles Politiques
Vincent Brousse
Les Grandes Affaires Criminelles des Landes (avec Philippe Berthelot)
Autres éditeurs
1905. Le printemps rouge de Limoges (avec Dominique Danthieux)
eEngagement(s), Résistance(s) et Mémoire(s) au XX siècle en Limousin
Ostensions. Un siècle de photographies
Vincent Brousse
Guide dictionnaire des noms de rues de Saint-Junien (avec Sylvie Chabernaud)
Jean-Baptiste Boudeau, un épicier photographe des campagnes limousines, 1900-1924
La Manufacture Ahrenfeldt
Les Antitout, mémoires d’un anarchiste limousin à la Belle Époque (avec Dominique
Danthieux)
Les Misérables du Limousin (avec Ingrid Nys)
Philippe Grandcoing
Des funérailles de porcelaine. L’art de la plaque funéraire en porcelaine de Limoges
eau XIX siècle (avec Jean-Marc Ferrer)
La Baïonnette et le Lancis : crise urbaine et révolution à Limoges sous la Seconde
République
La Belle Limousine : la vache en Limousin, un patrimoine historique et génétique
(avec Raymond Julien)
e eLa Limousine : histoire d’une race bovine, XIX -XX siècles (avec Dominique Danthieux)
eLe Limousin, pays et identité. Enquêtes d’histoire de l’Antiquité au XXI siècle (avec Robert
Chanaud et sous la direction de Jean Tricard)
eLes Demeures de la distinction. Châteaux et châtelains en Haute-Vienne au XIX siècle
Le Siècle d’or des châteaux : Haute-Vienne 1800-1914
Une histoire de Limoges (avec Jean-Marc Ferrer)
e eUn Robin des Bois entre Périgord et Limousin : histoire et légende de Burgou, XIX -XX siècles
En application de la loi du 11 mars 1957,
il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement
le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français
d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© De Borée, 2013Affaire Robert-François Damiens, Versailles,
5 janvier 1757
Damiens, le
dernier régicide
ou l’effroi
du supplice
Un supplice hors d’âge
ES FENÊTRES TOUT AUTOUR de la place de Grève
avaient été louées à prix d’or. On murmurait que la femme
d’un fermier général avait même déboursé 12 louis (soit L l’équivalent de plusieurs mois de salaire d’un ouvrier)
pour pouvoir jouir tranquillement du spectacle. Casanova lui-même
n’avait pu trouver qu’une fenêtre d’entresol, coincée entre deux
escaliers, pour répondre aux souhaits de trois dames désireuses d’assister
à la scène. D’autres n’avaient pas hésité à grimper sur les toits des
immeubles tout autour de l’Hôtel de Ville ou à s’agripper aux
cheminées. Jusqu’en milieu d’après-midi de ce lundi 28 mars, les spectateurs
n’avaient pu observer que les derniers préparatifs du bourreau et de
ses aides. Une palissade avait été dressée sur la place, formant une
sorte d’enclos carré aux quatre coins allongés afin de pouvoir faire
manœuvrer les chevaux. Au centre, une grande estrade de bois
finissait d’être dressée. Tout autour, un immense déploiement de troupes
comme Paris en avait peu connu : archers du roi, gardes suisses,
sergents de ville aux uniformes bariolés.
Le supplice de Damiens, issu tout droit
du Moyen Âge, choqua profondément les beaux
esprits des Lumières.
7Vers 4 heures de l’après-midi, il y eut un mouvement de foule sur
le pont Notre-Dame. Le condamné, venant du parvis de la cathédrale
où il avait fait amende honorable pieds nus, en chemise et un cierge
à la main, se dirigeait vers la place de Grève, debout dans un
tombereau tiré par de robustes chevaux. On le fit entrer dans l’Hôtel de
Ville où les commissaires du roi devaient l’interroger une dernière
fois. Il y resta près d’une heure. La foule commençait à s’impatienter,
craignant que quelque aveu ou révélation ne suspendît l’exécution.
Mais, manifestement, il n’avait rien dit qui puisse lui octroyer un
quelconque sursit, car, lorsqu’il ressortit de l’Hôtel de Ville, ce fut
pour être directement amené dans l’enclos. Là, assis sur une chaise,
il assista aux derniers préparatifs du bourreau. Charles Jean-Baptiste
Samson, exécuteur des hautes œuvres de justice, s’échinait à achever
sa besogne. Quoiqu’il ait fait appel à plusieurs de ses collègues de
province pour l’aider, il n’avait pas réussi à installer à temps l’ensemble
du dispositif destiné à l’écartèlement. Il lui fallait encore ficher sur
les planches de bois de robustes sangles d’acier qui allaient enserrer
le buste du supplicié, ne laissant libres que ses bras et ses jambes.
La foule regardait avec un intérêt
malsain la physionomie du condamné.
On s’attendait à ce qu’elle trahisse
sa peur ou qu’elle exprime du repentir.
Au lieu de cela, l’homme observait en
silence les préparatifs, ne montrant aucune
émotion. Un peu avant 5 heures,
on le fit monter sur l’échafaud. Samson
et ses aides le couchèrent sur l’estrade
et le sanglèrent tandis qu’un autre
bourreau préparait sur un brasero
un mélange de plomb fondu, d’huile
bouillante, de poix, de soufre et de cire.
On commença par répandre du soufre brûlant sur la main droite
du supplicié, la main qui avait osé porter le coup sacrilège. Puis un
bourreau se munit de fortes tenailles en acier et lui entailla le gras
8 - Damiens, le dernier régicide...des jambes et des bras, lui arrachant ensuite les tétons. Le
supplicié hurlait de douleur mais sans jurer ni blasphémer. Le bourreau
reposa ses tenailles et se saisit d’une grande cuiller de fer qu’un
des aides lui tendait. Il la plongea dans le mélange bouillant et en
versa le contenu sur les plaies sanguinolentes. Les cris du condamné
redoublèrent. À plusieurs reprises, le greffier du roi s’approcha de lui
pour lui demander s’il avait quelque chose à déclarer. Chaque fois, il
lui répondait en demandant seulement pardon à Dieu et embrassant
le crucifix que lui présentait un aumônier.
Quand il eut achevé sa sinistre besogne, le bourreau descendit de
l’estrade et laissa la place à des aides qui attachèrent des cordes aux
bras et aux jambes de l’homme qui avait cessé de crier et qui
s’efforçait de redresser la tête afin d’observer ce qui se passait. Le public
s’étonnait de cette attitude. Manifestement, le supplicié s’était juré
de ne point parler et de mourir dignement. Lorsqu’il fut solidement
attaché aux quatre chevaux, le greffier revint lui demander s’il avait
quelque chose à dire. Comme il se contentait de répondre « pardon
Seigneur », le greffier ordonna au bourreau d’entamer le supplice.
Les quatre chevaux, tenus par la bride par des aides de l’exécuteur,
s’ébranlèrent. Rien ne se passa. On réitéra la manœuvre une seconde
fois. Les membres du supplicié étaient toujours intacts. Au bout
de plusieurs tentatives, les bourreaux adjoignirent deux autres
chevaux à ceux qui étaient attachés aux jambes. En vain. Le condamné
ne disait rien, assistant comme en spectateur à son propre calvaire.
Au bout d’une heure d’essais infructueux, Samson alla retrouver les
commissaires du roi siégeant à l’Hôtel de Ville et leur demanda
l’autorisation de couper les tendons du supplicié. Ils accédèrent à sa requête.
Samson entailla d’abord le haut des cuisses. On fouetta les chevaux
et les deux jambes se séparèrent du tronc l’une après l’autre dans un
grand craquement. Puis il répéta son geste à l’articulation de l’épaule.
Un ultime coup de collier des chevaux et le supplice s’acheva enfin.
L’homme était mort après deux h