Les impensés de la gouvernance La société civile, réponse à la crise ? , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811102968

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Sophia Mappa
Les impensés de la gouvernance
La société civile, réponse à la crise ?
-
LES IMPENSÉS DE LA GOUVERNANCE
Forum de Delphes
Le Forum de Delphes, créé en 1984 à l’initiative de per-sonnalités scientifiques et politiques issues de l’Union euro-péenne et des pays du Sud, est un lieu de réflexion et d’échanges pour comprendre les enjeux de notre temps, faire reconnaître la diversité des cultures dans les politiques inter-nationales et construire de nouveaux rapports internationaux. Le Forum de Delphes a été emporté par la crise en sep-tembre 2009. Ses travaux peuvent être consultés sur le blog : http://lesarchivesduforumdedelphes, in http://unblog.fr, identifiant : lesarchivesduforumdedelphes, mot de passe : delphes.
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com paiement sécurisé
Couverture: Nairobi vu depuis le Barclays Plazza Building, centre ville. Collection privée.
© Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0296-8
SOUS LA DIRECTION DE Sophia Mappa
Les impensés de la gouvernance
La société civile, réponse à la crise ?
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
DU MÊME AUTEUR
Pour une définition de nouveaux rapports Nord-Sud, Publisud-Automorphossi, Paris-Athènes, 1986. Les enfants de migrantsàl’écoleBlot,Bottani, D. , avec N. C. Duchêne, OCDE, 1987. La CEE : chance ou contrainte pour la transformation sociale, L’Harmattan, Paris, 1988, Éd. grecque, Exandas, Athènes, 1988. LOME IV : ambitions et illusions de la coopération Nord-Sud, L’Harmattan, Paris, 1990. LEurope des Douze et les autres : intégration ou auto-exclusion ?, Karthala, Paris, 1992, Éd. grecque, Exandas, Athènes, 1994. Les deux sources de lexclusion,économisme et replis identitaires, Karthala, Paris, 1993. Développer par la démocratie ? Injonctions occidentales et exigences planétaires, Karthala, Paris, 1995. Puissance et impuissance de l’État. Les pouvoirs en question au Nord et au Sud, Karthala, Paris, 1997. Essai historique sur lintérêt général, Karthala, Paris, 1997. Pouvoirs traditionnels et pouvoir d’État en Afrique, Karthala, Paris, 1998. La démocratie planétaire : un rêve occidental ?, Sépia, Paris, 1999. Le lien social du Nord au Sud, Karthala, Paris, 1999. Planetary democracy : A Western Dream, IKO-Verlag für inter-kulturelle Kommunication, Francfort/Main, Londres, 2001. La coopération internationale face au libéralisme, Karthala, 2003. Les métamorphoses du politique au Nord et au Sud, Karthala, 2004. Le savoir occidental au défi des cultures africaines, Karthala, Paris, 2005.
Uniquement en grec : L’école des discriminations, Éd. Nea Synoca, Athènes, 1988. École et critique des théories de développement(sous la dir. de S. Mappa), Exandas, Athènes, 1989.
INTRODUCTION
Les impensés de la gouvernance
La participation pertinente de la société civile
Sophia MAPPA*, Elisa CONTI**
Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix du siècle dernier « la participation de la société civile » apparaît comme un pilier 1 des politiques de gouvernance dans ses différentes variables , que celles-ci concernent les pays du Nord ou les récipiendaires de l’aide au développement. Selon le discours officiel en Occident, le concept signifierait l’approfondissement de la démocratie. L’usage à profusion du terme de démocratie participative, notamment depuis le début des années 2000, s’inscrit dans cet ordre d’idées. Dans les politiques d’aide au développement, « la participation de la société civile » est supposée améliorer les conditions de l’exer-cice du pouvoir d’État. Suivant une idéologie largement partagée
* Sophia Mappa est directrice du Forum de Delphes, professeur associée à l’université Paris-12 et chercheur au Largotec. ** Elisa Conti est doctorante en droit international et membre du Forum de Delphes. Elle a notamment coopéré à la rédaction de la troisième partie de ce texte sur « la participation de la société civile ». 1. La gouvernance de la CE, la bonne gouvernance de la Banque mon-diale, la gouvernance démocratique du MAE français, le Consensus européen pour la gouvernance dans les politiques d’aide, etc. En dépit de leurs diffé-rences, ces politiques ont en commun la mise en place des programmes nor-matifs censés améliorer l’exercice du pouvoir d’État.
6LES IMPENSÉS DE LA GOUVERNANCE par les bailleurs de fonds occidentaux qui consiste à démoniser l’État et idéaliser « le peuple », ce dernier serait par nature mieux à même que l’État de mettre en oeuvre les politiques occidentales de développement, dont les résultats ont été jusqu’ici peu convaincants. Dans ces pays, la « participation » prend les allures d’une injonction des bailleurs de fonds et devient, en quelque sorte, la nouvelle « norme », ou, si l’on veut, la nouvelle conditionnalité des politiques de coopération au développement. Pourquoi la participation de la société civile comme mode nouveau et,a fortiori, universel de gouverner ? Quel est le pro-blème à résoudre et dans quel contexte socio-historique ? Et pourquoi dans cette conjoncture ? A quelles mutations – poli-tiques, sociales, économiques – se propose-t-elle de répondre ? Sur quelle analyse du fait politique et social repose-t-elle ? Le concept de société civile et ceux qui lui sont associés doi-vent donc être clarifiés. Leur compréhension gagnerait en densité s’ils étaient appréhendés à la lumière de l’analyse des expériences concrètes et s’ils étaient mis en débat avec des acteurs mettant en oeuvre les politiques de participation de la société civile. Ils posent en effet la question des fondements du collectif et de l’individu, des relations entre eux et de leurs rapports au pouvoir d’État dans les différents contextes sociaux. Historiquement, l’individu construit par la modernité occidentale ne trouve pas d’équivalent dans d’autres aires socio-historiques. L’autonomie, l’action politique et économique en vue du changement, la liberté et les droits individuels, la responsabilité, etc., qui lui sont consubstantiels, en tant que théorie et pratique, n’ont pas été reconnus clairement sur l’ensemble de la planète, en dépit des nombreuses déclarations « universelles ». L’État-nation apparaît, lui aussi, comme une construction politique particulière qui ne se résume pas à la formule courante : une population, un État, un territoire. La création d’un espace politique pluriel mais unifié, régulé par l’État et intégrant des individus singuliers et égaux devant la loi, ne semble pas avoir connu l’universalité qu’on lui prête. La plupart des autres sociétés de la planète sont largement structurées par des segments, indifférents ou hostiles les uns aux autres, et réfractaires à la création d’un État de type occidental. Les concepts associés à la modernité, par ailleurs, changent de signification dans le temps suivant les mutations sociales. Ils
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recouvrent aujourd’hui au Nord des réalités et des pratiques dif-férentes de celles auxquelles ils correspondaient, il y a encore une trentaine d’années et,a fortiori, aux siècles précédents. Le sens de l’individu, et du collectif, et leurs rapports à l’État, dans un contexte de radicalisation des droits et des libertés indivi-duels n’est pas celui qu’il était dans un contexte de primat du collectif sur l’individu. Y a-t-il au « Sud » des équivalents pour ces notions et com-ment se traduisent-ils dans les pratiques sociales ? Comment se déclinent-ils dans les différentes composantes de la société civile : associations, ONG, syndicats, lobbies, experts, etc. ? Et comment l’incitation à la participation de la société civile se concrétise, dans les différents contextes socio-historiques ? L’objectif du colloque sur «les impensés de la gouvernance : la pertinence de la participation de la société civile» et de la publication qui en est issue est de clarifier et de mettre en débat ces concepts et les réalités qu’ils recouvrent au « Nord » et au « Sud ». Pour ce faire, nous avons sollicité la réflexion et l’expé-rience des acteurs politiques et sociaux qui mettent en œuvre les politiques de gouvernance – institutionnels, élus locaux, ONG – en Europe et en Afrique, et des intellectuels qui sont censés les 2 analyser avec la prise de distance et les outils qui sont les leurs . Notre objectif dans ce texte est de contribuer à la clarification du sens et de l’effectivité de la société civile en Europe et dans les pays bénéficiaires de l’aide. A la différence des responsables politiques et autres bailleurs de fonds, qui ont une prédilection certaine pour ce terme, nom-breux sont ceux qui lui contestent toute signification au Nord comme au Sud. A leurs yeux, elle serait une catégorie pauvre, sans valeur ajoutée par rapport à celle de communauté, de peuple, de société ou encore de nation. Elle serait un mot sans unité de signification, ni autonomie propre, dépourvu des attri-3 buts d’un instrument neutre de la pensée . Selon d’autres, la
2. Si, pour des raisons pratiques, les participants venaient de ces deux continents, les expériences analysées concernent d’autres sociétés de la pla-nète comme l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, la Birmanie, etc. 3. Cf. Elisa Conti, « Synthèse des débats du colloque international sur les impensés de la gouvernance » in http: //lesarchivesduforumdedelphes ;
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LES IMPENSÉS DE LA GOUVERNANCE
4 société civile « ne semble pas recouvrir une réalité empirique » . On lui préfère ainsi le statut de catégorie d’action, d’une notion politique ou encore celui d’un simple mot. Or, outre la nécessité de distinguer la catégorie de « société civile » et celle de « participation de la société civile », cette dernière étant souvent utilisée comme une véritable injonction politique, deux questions méritent d’être clarifiées : la première est celle de savoir si c’est la pertinence du concept qui est en cause ou la difficulté collective (y compris celle des sciences sociales) de préciser le sens qu’il a aujourd’hui. En effet, les mutations en cours, depuis une trentaine d’années, n’exigent-elles pas la précision de toutes les catégories analytiques qu’on utilise, sans toujours questionner leur adéquation avec les réali-tés dont elles sont supposées rendre compte : pouvoir politique, État souverain, nation, légitimité, État de droit, domination, classe sociales, individu, collectif, norme, etc. ? La deuxième question à clarifier est celle de savoir pourquoi il est difficile de définir la société civile, alors même que le concept est utilisé à profusion et pourquoi cet usage est extensible. Ce qu’il y a de spécifique dans le concept de « société civile » par rapport à celui de communauté, c’est qu’il rend compte de deux moments historiques singuliers – celui de la cité grecque et celui de la modernité européenne. Singuliers, car ils ont produit des significations imaginaires inédites et ont construit deux types de société différents des autres formes de communautés humaines observables sur la planète. A l’instar d’autres concepts et catégories analytiques inventés pour penser ces sociétés –polis, loi, liberté, lien social, intérêt commun, souveraineté, Raison, légitimité, nation, etc. –, celui de société civile n’a ni unité de signification, ni autonomie propre. La signification de société civile est insérée dans un réseau de significations imaginaires solidaires les unes avec les autres. Elle informe l’institution de l’ensemble du champ social, y
in http:/unblog.fr, mot de passe delpes, cf. aussi, François Rangeon « Société civile : Histoire d’un mot » inLa société civile, PUF, Paris 1986. 4. Cf. Alexis Roy, « La société civile face à ses contradictions : l’exemple malien », contribution au colloque internationalLes impensés de la gouver-nance : la pertinence politique de la participation de la société civile,octobre 2008, non publiée dans ce volume.
INTRODUCTION
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compris celui des sciences sociales, et des concepts qu’elles ont hérités du passé ou inventés pour rendre compte de l’institution des sociétés modernes. Les réalités dont rend compte le concept changent au fil des siècles et sa signification est objet d’inter-prétations différentes et de débats contradictoires à la fois dans l’espace public et à l’intérieur des sciences sociales, lesquelles, osons-nous penser, ne connaissent pas vraiment d’« instruments neutres de pensée ». Notre visée dans ce texte est d’aborder la question de la société civile dans une perspective historique, philosophique et comparative. Historique, car la théorie et la pratique de la société civile sont issues d’une histoire particulière de l’huma-nité. Le concept est enraciné dans les théories du politique et de l’économique, telles qu’elles s’élaborent en Europe, depuis l’avènement de la modernité et, auparavant, dans la cité grecque. Il est donc issu de l’expérience, de la problématisation, des significations imaginaires – des conceptions du monde – des institutions, bref de la culture occidentale. L’approche histo-rique permet d’éviter les anachronismes et les projections du présent sur le passé. Elle permet aussi de comprendre que le changement travaille sans relâche les sociétés, mais qu’il s’ins-crit toujours dans la continuité. Il n’est jamais rupture, au moins immédiate, même lorsque les sociétés croient avoir rompu avec l’ancien ordre des choses. Car il opère à partir des matériaux et des réalités qui sont là, par déplacement des significations d’une sphère à l’autre, par leur radicalisation ou leur ré-élaboration, voulue ou non, par l’inversion des anciennes hiérarchies, par retour de balancier… Les sociétés occidentales sont un laboratoire pour com-prendre la complexité des cheminements du changement,a for-tioriparce qu’elles sont les seules à l’avoir érigé en idéal, voire en idéologie. La signification du sacré, par exemple, se déplace, dans la modernité, de la sphère divine vers la vie humaine, puis 5 vers le politique, la Raison, le peuple, etc. . Malgré la séculari-sation des sociétés occidentales, la signification du sacré ne s’est pas perdue. Rien ne se perd, écrivait Freud. Il y a toujours
5. Cf. Pierre-Henri Chalvidan « Le pensé, l’impensé, l’impensable de la société civile », publié dans ce volume.
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