LEADERS ET PARTISANS AU LIBAN , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2012

EAN13

9782811105952

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

LEADERS ET PARTISANS AU LIBAN
Cet ouvrage est le résultat d¡un programme de recherche mené à l¡IFPO, en partenariat avec l¡IISMM, financé par l¡Agence nationale pour la recherche (Programme ANR-06-BLAN-0149).
Visitez notre site KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Montage Simon Gléonec.
Éditions KARTHALA, IFPO et IISMM, 2012 ISBN : 978-2-8111-0595-2
SOUS LA DIRECTION DE Franck Mermier et Sabrina Mervin
Leaders et partisans au Liban
KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
IFPO B.P. 11-1424 Beyrouth
IISMM 96, bd Raspail 75006 Paris
Institut français du Proche-Orient Alep-Amman-Beyrouth-Damas
Espace des Lettres  rue de Damas B.P. 11-1424  Beyrouth, Liban
Tél./Fax : 961 1 420 294 Site web : www.ifporient.org
IISMM
Créé en 1999 par le ministère de la Jeunesse, de l¡Éducation nationale et de la Recherche au sein de l¡École des Hautes Études en Sciences Sociales, l¡Institut d¡études de l¡Islam et des Sociétés du Monde Musulman a pour vocation d¡ouvrir un espace de collaboration et d¡échanges entre les chercheurs spécialisés dans l¡étude du monde musulman, en synergie avec les autres éléments du maillage scientifique national et international. Localisé à Paris, l¡IISMM s¡attache à coordonner ses actions pédagogiques et de recherche avec les autres pôles scientifiques en France et à l¡étranger.
EHESS-IISMM 96, boulevard Raspail  75006 Paris tél. : 01 53 63 56 00  fax : 01 53 63 56 10
iismm@ehess.fr http://www.iismm.ehess.fr
Liste des contributeurs
ABIRACHEDPhilippe, post-doctorant. AUBIN-BOLTANSKIEmma, chargée de recherche auCNRS/CEIFR, Paris. BAUMANNHannes, Tutorial Fellow, King¡s College, Londres, et doctorant,SOAS, Londres. CHAOULMelhem, professeur à l¡Université libanaise, Beyrouth. DAHERAurélie, chercheur en post-doctorat à l¡université d¡Oxford, Royaume-Uni. DEWAILLYBruno, chercheur associé à l¡IFPOet enseignant à l¡ALBA, Beyrouth. DOUAYHIChawki, anthropologue, Université libanaise. GERVAISVictor, chercheur associé au Kuwait Program,IEP, Paris. ICHTIChawkat, professeur à l¡Université libanaise, Beyrouth. LETHOMASCatherine, enseignante en histoire, chercheur associé au CEIFR, Paris. LEFORTBruno, doctorantIREMAM-IEP, Aix-en-Provence et université de Tampere, Finlande. MAZAEFFChantal, directrice adjointe, chargée des formations initiales et de la recherche, Institut supérieur social de Mulhouse. McCALLUMFiona,RCUKAcademic Fellow, université de St Andrews, Royaume-Uni. MERMIERFranck, directeur de recherche auCNRS/IIAC-LAU, Paris. MERVINSabrina, chargée de recherche auCNRS/CEIFR, Paris. PŁONKAArkadiusz, chercheur à l¡université de Cracovie, Pologne. RIVOALIsabelle, chargée de recherche auCNRS/UPOND, Nanterre. TABETMichel, post-doctorant, chercheur associé à l¡IFPO, Beyrouth.
INTRODUCTION
Une approche anthropologique du leadership au Liban
Franck MERMIERet Sabrina MERVIN
Au regard des mouvements arabes de contestation de 2010-2011, le Liban semble faire exception par l¡ absence de réelle mobilisation contre son régime politique. Pourtant, son histoire récente marquée par la guerre, entre 1975 et 1990, puis par l¡effervescence et les violences politiques suscitées par l¡assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005, a montré combien ce pays est une caisse de résonance des bouleversements régionaux. La guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, la mise en place du Tribunal spécial pour le Liban et, depuis mars 2011, le mouvement de contestation en Syrie auront ainsi eu pour effet d¡accentuer les fractures communautaires et partisanes à l¡intérieur du pays. On ne peut ici qu¡acquiescer à ce constat sans appel d¡Ahmad Beydoun sur l¡état du système politique libanais depuis l¡accord de Taëf :
1.
« Il n¡en reste pas moins vrai que, s¡alimentant mutuellement, la polarisation communautaire et la cristallisation avancée des communautés mettent en échec toute tendance de l¡identité nationale à transcender les particularismes de groupe. Elles empêchent cette identité de faire valoir l¡idée d¡un système politique fondé sur la citoyenneté et doté de la capacité d¡affronter sainement les changements qui ne cessent de boule-1 verser la société, l¡environnement régional du Liban et le monde . »
Beydoun, 2009, p. 63.
8
LEADERS ET PARTISANS AULIBAN
Il serait intéressant de discuter, à la lueur de cette analyse, comment le communautarisme, en parallèle avec l¡idée libanaise, ne cesse de revêtir de nouveaux habits comme si les deux étaien t en perpétuelle mutation sans pour autant affecte r profondément les fondements du système 2 politique . Il n¡est cependant pas certain que ce dernier soit ce jeu à somme nulle qui procéderait par ajustements successifs de la version libanaise d¡un modèle « consociatif » qui s¡épanoui t surtout dans les 3 manuels de science politique . Le communautarisme politique libanais est bien plutôt source d¡instabilité que mode consensuel de gestion des rivalités servant à garantir les grands équilibres communautaires et à empêcher la domination absolue d¡une communauté sur les autres. Le « centre vide » autour duquel graviterait la société libanaise du fait de « l¡incivilité » de nombre de ses élites dirigeantes se posant en repré-sentants de leurs communautés, selon l¡analyse ancienne d¡Edward Shils, n¡a cependant rien à voir avec ce « lieu vide » , lieu du pouvoir de la 4 démocratie, qu¡a défini Claude Lefort . Après guerre, l¡État libanais a encore perdu de son autonomie, du fai t de sa mise sous tutelle par les acteurs politiques et économiques d¡un système milicien, qui agissent en 5 dehors de son contrôle et dans un contexte d¡ultralibéralisme . Agnès Favier donne une vision synthétique de ce nouveau pouvoir :
e « Les nouvelles élites politiques de la II République qui se sont imposées dans la deuxième moitié des années 1980, forment une triade que l¡on peut schématiser ainsi : les dirigeants des organisations mili-ciennes cooptés au cur de l¡État ; des entrepreneurs et des représentants de la bourgeoisie d¡affaires, enrichis dans l¡émigration ; des héritiers qui 6 expriment un renouvellement générationnel de l¡ancienne élite . »
La formule incantatoire de « ni vainqueurs, ni vaincus » qui succède à chaque bouffée de violence n¡est qu¡une manière pudique de couvrir le deuil rageur des illusions enfouies pour les vaincu s et le triomphe toujours éphémère des vainqueurs. D¡où cet accablement géné ralisé qui peut s¡emparer de la population après que retombent les espoirs suscités par
2. 3.
4. 5. 6.
Picard, 1994. « On ne le redira pas assez, le consociativisme ne saurait avoir été inventé autrement que comme moyen, et non pas comme fin. À le devenir, il se transforme en blocage, dont le dépassement laisse peu de place à autre chose qu¡à la violence » (Bahout, 1999, p. 302). Shils, 1966, p. 2 ; Lefort, 1986, p. 28. Picard, 2000. Favier, 2005, p. 48.
INTRODUCTION
9
7 d¡éphémères mobilisations collectives . Le nouveau libanisme trans-communautaire qui a atteint son acmé lors des manifestations de « l¡intifada de l¡indépendance » en 2005 contre la tutelle syrienne a dû refluer devant les manuvres politiciennes de son propre leadership et devant le patriotisme concurrent incarné principalement par le bloc chiite avec l¡idéologie de la ré sistance. Le nationalisme libanais ne pourrait extirper le Liban de la gangue du communautarisme et des compromis politiciens entre ses représentants que s¡il était en mesure de coïncider avec une revendication de citoyenneté qui n¡apparaîtrait pas comme exclusive. Cet horizon un tant soit peu utopique semble se briser sur le « syndrome des communautés spécialisées » : l¡opposition souverainiste et anti-syrienne dans les milieux chrétiens aprè s Taëf, la politique de reconstruction initiée par Rafic Hariri et son empreinte sunnite, la lutte contre l¡occupation israélienne « confisquée » par les chiites et, surtout, 8 par le Hezbollah . Ainsi, après la domination maronito-chrétienne des trente premières années de l¡indépendance puis le rééquilibrage des pouvoirs au profit des communautés musulmanes suite à l¡accord de Taëf, serait donc venu le moment chiite avec la surrection du Hezbollah. Lorsque ces activités à dimension nationale ainsi monopolisées débordent les frontières communautaires, de nouvelles alliances transcommunau-taires se dessinent, si tant est que les rapports de force régionaux et inter-9 nationaux permettent le dépassement de l¡ancrage communautaire initial . Ce qui n¡empêche pas certains partis politiques de rester attachés à cet ancrage communautaire, tant et si bien qu¡ils tendent même à « confis-quer » la communauté sur laquelle ils s¡appuient, en essayant de conquérir le monopole de sa représentation, par leur discours idéologique ou par leurs pratiques sur son ou ses territoires. Le communautarisme politique libanais n¡est souvent perç u qu¡à partir de ses traductions institutionnelles et du jeu interactif de ses leaders, une grille de lecture qui pénètre autant les champs journalistique , académique et diplomatique que les perceptions endogènes du jeu politique. Cette vision est renforcée par la lecture des résultats électoraux qui feront dire, par exemple, qu¡en 2009 les chrétiens sont divisés à parts égales entre le bloc de Michel Aoun et celui du 14 Mars , que les sunnites ont soutenu à 80 % les listes de Hariri et du 14 Mars , qu¡une grande majorité de druzes a suivi
7. 8.
9.
Voir Karam, 2006. Voir Beydoun, 2009, p. 88, à qui nous empruntons l¡expression de « syndrome des communautés spécialisées ». Sur la situation politique libanaise depuis 2005, voir entre autres: Mermier et Picard, 2007 ; Young, 2010 ; Picard, 2008 ; Favier, 2006.
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