114
pages
Français
Ebooks
2015
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2015
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Publié par
Date de parution
31 octobre 2015
Nombre de lectures
33
EAN13
9782363154972
Langue
Français
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Date de parution
31 octobre 2015
Nombre de lectures
33
EAN13
9782363154972
Langue
Français
Le printemps de Damas
Benak
2015
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Dédicace
À toutes les victimes de l’obscurantisme et des hordes sauvages
2ème dédicace
À Yara… À Neyrouz…
À tous les papillons et hirondelles de la belle Syrie
Préface
Syrie, les nouveaux barbares ne passeront pas
L’auteur de cet admirable ouvrage, poignant de sensibilité et de rage, mais écrit, et c’est ce qui fait sa puissance, avec lucidité, se veut, au-delà de la déclaration d’amour à l’éternelle Syrie, mémoire de l’Humanité, qui inventa l’écriture et présida, avec les héros du Maghreb, à l’éclosion des plus belles pages de l’histoire arabo-musulmane, en Andalousie, un rappel salutaire à l’ordre. Une mise en garde à tous « ces suppôts du diable, ces mercenaires de la nouvelle ère, ces ramassis du Nouveau Monde » qui « sont venus souiller les murs fabuleux de ma brillante citadelle sous le regard complice et haineux de certains culs-terreux du royaume de sable. Oui, ils ont accouru, exhortés par les pauvres péquenots de mon quartier. À ces cambrousards de l’or noir et du vent dont la lignée est rétrograde et arriérée, je déclare que ma forteresse civilisationnelle est imprenable du fait de son enracinement dans l’histoire. Immunisé depuis la nuit des temps, bastion de l’Islam et de la culture, je demeure le Sham, le berceau de la civilisation humaine. »
Dès les premières lignes, le décor est planté et les lignes – de front – fixées. La Syrie ne tombera pas, encore une fois, entre les mains des nouveaux barbares, entre les mains des Tamerlan et des Hulagu des temps modernes qui n’ont rien à envier à ceux qui avaient mis à sac en 1258 Bagdad, la capitale des Abbassides ; ils reviennent aujourd’hui déguisés en Émirs et Califes pour achever cette « œuvre » satanique. Faut-il rappeler aux « idiots utiles » des mal nommés printemps arabes les récits dantesques que les historiens de l’époque nous avaient rapportés sur cette tragédie ? Le plus grand « exploit » de ces hordes mongoles, surgies des nuits du temps, a été la destruction de la grande bibliothèque de Bagdad, Bayt al-Hikma (La Maison de la sagesse) qui contenait les plus précieux trésors du savoir humain dans tous les domaines. Ce monument que les califes des lumières, Haroun al-Rachid, et surtout son successeur al-Maamoun, avaient voulu léguer à l’esprit universel a été anéanti. À en croire certains narrateurs, les innombrables ouvrages historiques, philosophiques, scientifiques et littéraires que contenait ce monument ont été brûlés ou jetés dans les eaux du Tigre qui « devinrent sombres en raison des quantités d’encres émanant des livres de la bibliothèque. Les Mongols détruisirent également les mosquées, les palais, les autres bibliothèques ainsi que des édifices d’une grande richesse culturelle. »
Ce rappel historique, même s’il n’est pas explicitement cité dans « Syrie, enfer et paradis » y est néanmoins omniprésent. Simple rappel. Au début du déclenchement de la crise syrienne, l’Armée syrienne libre, qui n’est ni syrienne, ni libre, mais pur produit de la secte wahhabite, alliée de l’Occident, avait investi la localité de Maarrat al-Nou’maan, ville natale de du grand poète et philosophe Abou Al-Alaa Al-Maari. Là, certains illuminés de ses membres n’ont pas hésité à le déterrer de sa tombe, à saccager sa maison et à décapiter sa statue. Les auteurs de cet « exploit démocratique » n’étaient autres que les fanatiques du Front Al-Nosra, filiale attitrée d’Al-Qaïda en qui certains aveugles en Occident avaient cru déceler l’avant-garde de la révolution syrienne démocratique (sic !). En se vengeant de celui qui inspira l’auteur de la Comédie divine, Dante, le message était clair, n’en déplaise aux promoteurs de la démocratie chère aux néo-conservateurs américains : détruire, dans le monde arabe l’idée même d’État-nation, de citoyenneté, d’esprit critique pour y édifier un émirat moyenâgeux.
Certes la bataille pour la démocratie la bonne gouvernance, les droits de l’homme, la citoyenneté dans le monde arabo-musulman est plus que jamais impérative. Le héros de ce récit, Yatim, un homme révolté, tourmenté, ne cesse de le répéter et de le revendiquer tout au long de ses pérégrinations politico-philosophiques.
Seulement en s’attaquant à Al-Maarri, avec toute la charge symbolique qu’il représente, ceux que les très démocrates Syrie, enfer et paradis émirs du Golfe et leurs parrains occidentaux avaient baptisés « révolutionnaires syriens », ont commis l’irréparable et c’est l’effet inverse qui fut obtenu : La talibanisation des esprits, le retour au Moyen-Âge et à la barbarie, à l’inquisition et au naufrage collectif de la raison.
Al Maarri, qui ne portait pas dans son cœur et dans ses œuvres la bigoterie, la tartufferie et l’obscurantisme, avait déjà, il y a presque mille ans, dénoncé, comme par ailleurs tous les grands esprits de son époque, les pères fouettards de la pensée théocratique rétrograde – précurseurs de la pensée unique de nos jours – sur le ton de la satyre. Il avait cru déceler deux catégories d’hommes : « Ceux qui ont la raison sans religion et ceux qui ont la religion et manquent de raison. ». Il faudra y ajouter une troisième catégorie : ceux qui, à l’instar des takfiris déguisés en « révolutionnaires≈ », n’ont ni cerveau ni religion ni patriotisme surtout. »
Tout au long de ce voyage à travers un monde arabe bouleversé, brutalisé, martyrisé, attaqué de toutes parts, Benak – c’est le nom de plume de l’auteur – se fait un malin plaisir de s’attaquer à ces bigots, ces usurpateurs de l’Islam dont le discours virulent appelant au « djihad en Syrie » cache mal une soumission à peine dissimulée à l’impérialisme et à ses supplétifs.
Il n’a pas de mots assez durs contre ces « médias mercenaires bêtes et méchants » dont le rôle dans la destruction du monde arabe est aujourd’hui plus qu’avéré.
Nous sommes face à un écrivain en colère qui a très vite décelé la supercherie des mal-nommés « printemps arabes ». Il l’exprime tout à longueur des pages. Pourtant, ils n’étaient nullement nombreux ceux qui avaient découvert cette imposture. Il ne faut pas chercher très loin pour comprendre les raisons de cette lucidité précoce aujourd’hui de plus en plus partagée : l’auteur est un Algérien, et ça dit tout.
Écrivain et poète, il est né en 1955, soit un an après le déclenchement de la plus grande des révolutions qui marquèrent l’histoire du XXᵉ siècle, dans un hameau perdu, comme il nous le confie, « entre deux collines oubliées dans cette vaste Oranie muselée par l’histoire en dépit de tous ses moments de gloire. ». Il continue plus loin : « Allaité au biberon révolutionnaire de parents pauvres, mais ô combien généreux, j’hérite de leur esprit éveillé et tolérant une richesse incommensurable. Enfant, je subis les affres de la guerre et de la révolution et connus aussi la liesse de la libération et le bonheur de l’indépendance. Adulte, je dus combattre les armes à la main les hordes sauvages sévissant en Algérie lors de la fameuse décennie noire. Atteint dans mon âme et dans ma chair, je porte encore les stigmates d’abord de la guerre et ensuite ceux de la terreur. Le terrorisme ayant laissé en moi de profondes ornières, je dédie ma plume à la défense des damnés de la Terre. Poète depuis toujours, je taquine ma muse en décriant l’injustice et l’iniquité. »
On l’aura compris, il faut être natif de cette terre rebelle pour compren