La politique culturelle en Espagne , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845869189

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Science Politique Comparative
La politique culturelle en Espagne Lluís Bonet et Emmanuel Négrier
Karthala Centre de Science Politique Comparative - IEP Aix-en-Provence
LA POLITIQUE CULTURELLE EN ESPAGNE
KARTHALAsur internet : http://www.karthala.com
Couverture :Mamàde Louise Bourgeois. Abords du musée Guggen-heim, Bilbao. Photographie : L. Bonet.
© Éditions Karthala, 2007 ISBN : 978-2-84586-918-9
Lluís Bonet et Emmanuel Négrier
La politique culturelle en Espagne
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Institut d’études politiques 25, rue Gaston-de-Saporta 13625 Aix-en-Provence cedex 1
SCIENCE POLITIQUE COMPARATIVE
À l’initiative de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et de son Centre de science politique comparative (CSPC), les éditions Kar-thala éditent la collectionScience politique comparative. La science politique, discipline en expansion, couvre un large champ de recherche propice à une diversification des connaissances et à une ouverture aux autres disciplines des sciences sociales et historiques. L’ambition deScience politique comparativeest de contribuer à un dépassement d’une division dans l’énonciation, la production et la diffu-sion des savoirs entre un « chez nous » et un « chez les autres » de la poli-tique, entre l’Euro-Amérique et les « aires culturelles ». Ce projet est celui du CSPC, qui a pour champs prioritaires les mobili-sations politiques et l’action publique, en fonction de trois grandes aires de référence : l’Europe, le Monde arabe et musulman et l’Amérique latine. Science politique comparativeaccueille les travaux individuels et col-lectifs du CSPC et de chercheurs ou d’équipes collaborant avec celui-ci.
Ouvrage déjà paru :
Sous la direction de Christophe Trani,Vote en Paca.Les élections 2002 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Michel Camau et Vincent Geisser (dir.),Habib Bourguiba. La trace et l’héritage. Julie Massal,Les mouvements indiens en Équateur. Mobilisations protes-tataires et démocratie. Olivier Dabène,Exclusion et politique à São Paulo. Olivier Dabène, Michel Hasting et Julie Massal,La surprise électorale. Paradoxes du suffrage universel. Isabelle Sommier, Olivier Fillieule et Éric Agrikoliansley,Généalogie des mouvements altermondialistes en Europe.
Introduction générale
Lluís BONETet Emmanuel NÉGRIER
Dans le concert européen des politiques culturelles, l’Espagne occupe une place à part. Il y a plusieurs manières de situer son expérience singulière dans la comparaison interne au camp occi-dental. La première consiste à relever les traits spécifiques de ses modes d’organisation, qui s’inscrivent dans un processus propre de transition démocratique qui a succédé à une longue expérience autoritaire (Bennassar 1985, Dulphy 1992,Pôle Sud2002). Nous verrons que la forte décentralisation du système espagnol de poli-tique culturelle est l’héritière de ce processus (Prieto de Pedro 1993) et tendrait à elle seule à distinguer fortement l’Espagne de ses deux voisines, la France ou le Portugal, mais aussi du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Des deux premières, dont la tradition centraliste aurait, avec la Grèce (Konsola 1999), consacré le rôle majeur des États dans l’orga-nisation des politiques publiques, l’Espagne se distinguerait donc par un fort niveau d’intervention des autorités régionales, les Commu-nautés autonomes (Paniagua Soto 2000, Subirats et Gallego 2002). C’est en ce sens que l’Espagne fait d’ailleurs figure de cas d’école lorsque, toutefois, on la perçoit assez globalement (Benhamou 2006). Mais le modèle espagnol se distingue également des pays anglo-saxons. Par rapport au Royaume-Uni et son mode de gestion délé-guée (at arms’ lenght) de l’action publique (Selwood 2001), il reste fidèle à une tradition napoléonienne d’intervention directe, par voie de ministère, de départements autonomiques ou de services munici-paux et provinciaux. Cependant, certaines évolutions à l’échelle régionale montrent toute la difficulté d’assimiler l’Espagne, en bloc, à l’une ou l’autre des grandes traditions d’administration publique de la culture. On doit en effet mentionner, depuis quelques années, certains essais timides d’intervention déléguée, comme dans le cas des conseils de l’audiovisuel en Catalogne, en Navarre ou en Anda-lousie, ou dans celui du nouveau Conseil de la culture et des arts de
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LA POLITIQUE CULTURELLE EN ESPAGNE
la Catalogne qui exerce une partie des compétences du ministère catalan de la Culture. Par rapport à l’Allemagne (Burns et Van der Will 2003), si l’Es-pagne n’est pas formellement de constitution fédérale (Alcántara et Martínez 2001), elle reconnaît l’identité propre de communautés historiques qui, récemment, ont accédé à la reconnaissance de « nation » ou de « nationalité » à l’intérieur de l’identité nationale. C’est le « fait différentiel » qui marque la dynamique de progression des compétences autonomiques, suivant une évolution distincte selon que l’on parle de Communautéshistoriques(notamment du point de vue des langues : la Catalogne, le Pays basque, par exemple) ou des autres Communautés autonomes. Ici, on peut tenter un parallèle avec la situation italienne des régions à statut spécial, qui disposent, notamment en matière culturelle, d’une grande autonomie d’interven-tion (Alcaud 2003). Cependant, alors que l’unification italienne s’est constituée en projet modernisateur, en réaction contre la domination étrangère, la centralisation espagnole mise en œuvre par les Bourbons e au début duXVIIIsiècle s’est traduite par l’hégémonie de la Castille sur les nations périphériques. La crise politique et financière du e XIXsiècle, avec la perte des colonies, les guerres civiles et de longues périodes autoritaires, s’est prolongée jusqu’au dernier tiers du e XXsiècle. Il en est résulté une incapacité durable d’imposer un modèle d’État-nation politiquement et institutionnellement intégra-teur. Par conséquent, toute analyse des politiques publiques en Espagne est contrainte d’intégrer la dimension multiniveau, de la définition à la mise en œuvre concrète (Gomà et Subirats 1998, Brugué et Gomà 1998, Grau et Mateos 2002), et la culture ne déroge bien évidemment pas à cette règle (Bonet 1999a). Mais cette première thèse, qui nous oriente vers une singularité irréductible du cas espagnol, fait l’impasse sur les nombreux traits que l’Espagne partage avec d’autres pays européens. Ce sont d’abord ceux de l’Europe du Sud, mais aussi, à travers les changements qui affectent la plupart des États, la majeure partie des membres de l’Union européenne (Gray 1996).
Une expérience sud-européenne
D’une part, on doit reconnaître certains traits communs au sein des pays d’Europe du Sud, du point de vue des politiques culturelles
INTRODUCTION GÉNÉRALE
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(Dubois et Négrier 1999). L’expérience autoritaire, au cours du e XXsiècle, aura également marqué l’Italie, la Grèce et le Portugal, ce qui imprime plusieurs caractéristiques que l’Espagne partage avec ces pays. La première est, avec l’Italie, la profonde et durable méfiance à l’égard des prérogatives de l’État, et donc de toute reconstitution d’une politique centralisée en matière de culture (Dal Pozzolo 1999, Ericart’s 2003). On sait ce qu’il en fut pour l’Italie, qui n’a dû qu’à la fondation de la Seconde République la réunifi-cation des différents secteurs étatiques de l’action publique cultu-relle au sein d’un seul et même ministère (Alcaud 2003). Dans ce même pays, comme en Espagne, la régionalisation des compé-tences aura été un substitut partiel à la reconstitution d’un pouvoir culturel étatique dévoyé par le fascisme ou le franquisme. La deuxième caractéristique commune aux différents pays sud-européens a trait à l’importance qu’occupe le patrimoine dans l’en-semble des dépenses publiques. Ceci est loin d’être seulement dû à la richesse « objective » des biens patrimoniaux du Sud et à leur valorisation touristique. Toute richesse patrimoniale s’opère, on le sait, à partir d’une vision politique particulière (Négrier 2002, Rautenberg 2004). Dans le cas sud-européen, en général, et espa-gnol, en particulier, cette politisation du patrimoine est allée de pair avec son importance propre sous les régimes autoritaires qui – sauf peut-être en Italie – ont été, sur le plan culturel, plus préoccupés de conservation que de révolution esthétique et culturelle. Le patri-1 moine, historique ou folklorique , aura été l’un des vecteurs privi-légiés d’affirmation culturelle des régimes autoritaires. Il faut ajouter le fait que ce patrimoine, dont la nature religieuse est domi-nante, s’est inscrit, au-delà des transitions démocratiques, comme une valeur singulière pour des partis conservateurs dont les liens sont restés très forts avec l’Église catholique, à l’exception de la Grèce. Enfin, la troisième caractéristique commune à ces pays post-autoritaires, que l’Espagne partage notamment avec le Portugal (Coelho 1999), est l’état de faiblesse du réseau d’équipements et des pratiques culturelles qu’ont dû affronter les nouveaux régimes démocratiques (Fernández Prado 1991, Rubio Arostegui 2003). Ces trois traits particuliers aux pays d’Europe du Sud remettent en question la thèse de l’incomparabilité de l’Espagne, bien que l’on
1. On fait ici référence au folklore consacré par l’imaginaire nationaliste d’État dans les périodes autoritaires, et non aux traditions propres aux régiona-lismes périphériques, au contraire réprimées durant ces périodes.
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