La coopération décentralisée et ses paradoxes , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866399

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Alain Marie
La coopération décentralisée et ses paradoxes
KARTHALA
LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE ET SES PARADOXES
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-639-9
Alain MARIE
La coopération décentralisée et ses paradoxes
Dérives bureaucratiques et notabiliaires du développement local en Afrique
Préface de Jean-Pierre Olivier de Sardan
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Avertissement
L’auteur tient à préciser que les analyses ici présentées relèvent de sa seule responsabilité scientifique. Elles ne sauraient engager l’AFVP, commanditaire de l’étude, dont le présent ouvrage constitue une version remaniée et qui a pleinement accepté le principe d’un « audit » externe d’orientation anthropologique. À cet égard, Alain Raymond, de l’AFVP, a été un interlocuteur et un médiateur précieux.
En souvenir d’Arnaud Luce
Cet ouvrage est dédié à Arnaud Luce, l’un des étudiants accueillis par l’AFVP pour effectuer, sous la responsabilité scientifique de l’auteur de ce livre, les enquêtes de terrain dont s’est nourrie l’analyse ici présentée. Dans cet exercice, Arnaud Luce s’était particu-lièrement distingué par une exigence très vive de vérité sans concession, mais répudiant le confort de l’« objectivité », puisqu’il la voulait au service des dominés. Par la suite, dans le même esprit, il s’était 1 surtout consacré à la photographie , parcourant l’Afrique de l’Ouest « en quête d’images fortes et rares », mais, loin de tout exotisme facile, « parmi ceux qui travaillent, ceux qui portent et qui poussent, qui attendent et qui marchent à longueur de journée dans la pollution, pour quelques CFA, “Dieureudieuf sama Serigne !”, ceux qui portent et qui tirent, qui marchent et doivent courir, qui parlent et qui saluent, 2 qui crient et puis rient ... »
1. Les éditions Karthala ont eu le plaisir de travailler avec Arnaud Luce pour l’illustration de couverture de l’ouvrage de Cheikh Guèye,Touba, la capitale des mourides, Karthala, 2002. 2. Arnaud Luce,Dakar – Fragments, [Photographies], Poursuite Éditions, 2003. Serigneun marabout (un notable religieux) en wolof. désigne L’expression courante « Dieureudeuf sama Serigne », traduisible par « merci monsieur », a donc une connotation respectueuse et louangeuse et elle renvoie à toutes ces situations où les petites gens doivent exprimer
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LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE ET SES PARADOXES
Arnaud Luce est brusquement parti en juin 2004. Il avait trente ans. Nous garderons le souvenir d’un jeune homme talentueux, entier et exigeant, et dont on pressentait quelquefois, aussi, aux éclats de sombre intériorité qui pouvaient voiler un visage énergique sur une carrure d’athlète, qu’il était peut-être traversé de ces doutes radicaux qui sont l’envers d’une vitalité d’autant plus prompte aux brutales désespérances qu’elle est en quête d’impossibles absolus. Mais cela, ses partenaires d’un bel été africain de 1999, Aurélie, Carine et Olivier, ainsi que son amie Carine, tous issus de cette si vivante promotion d’étudiants, le savent sans doute bien mieux que n’a pu le pressentir leur professeur.
leur reconnaissance à qui consent à les aider, ne serait-ce que par l’aumône de piécettes ou l’achat d’une marchandise instamment proposée.
Préface
J.-P. OLIVIER DESARDAN
Si le monde du développement a ses ambiguïtés et ses contradictions, abondamment illustrées dans cet ouvrage, le monde des sciences sociales n’est pas sans avoir les siennes. Ainsi des « effets d’école », avec cette reproduction à l’infini du paradigme fondateur ou de la parole du Maître. Les réseaux de recherche, plus souples, moins férus d’orthodoxie, marquent néanmoins eux aussi une certaine tendance à la circularité et à l’enfermement dans un système de références érudites partagées, voire mutuelles. Un réseau comme l’APAD (Association euro-africaine pour l’anthropologie du changement social et du développement), focalisé sur la socio-anthropologie du dévelop-pement, n’échappe sans doute pas, malgré nous, à ce risque quasi inéluctable. Or voilà qu’un auteur comme Alain Marie, extérieur à ce réseau (mais qui en connaît les écrits), propose, sans se soucier en l’occurrence de références savantes, une analyse fine de l’évolution de la coopération décentralisée en général et de l’AFVP en particulier, qui rejoint, à partir d’une série d’études de cas, l’essentiel des perspectives, des postures et des inter-prétations de la socio-anthropologie du développement. Il n’y a là, clairement, ni effet d’école, ni effet de réseau, ni un quelconque mimétisme, mais bien convergence scientifique
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LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE ET SES PARADOXES
dont on ne peut que se réjouir : parfois les sciences sociales peuvent donc être cumulatives et dépasser les clivages insti-tutionnels, claniques ou personnels pour produire des énoncés similaires face à des réalités semblables ! Alain Marie retrouve sur une base essentiellement empirique toute une série de concepts « proches du terrain » utilisés par la socio-anthropologie du développement : l’éthique populiste de nombre d’opérateurs de développement, leur vision excessi-vement « communautariste » des réalités africaines, le fait que tout projet s’inscrit dans une arène politique locale, la diversité des logiques sociales et des stratégies en interaction à cette occasion, les détournements opérés par les notables, le rôle des courtiers en développement, les effets de « mise en scène » et de rhétorique à l’intention des bailleurs de fonds... Mais il produit à son tour des conceptualisations nouvelles et productives. En particulier, son analyse des dérives bureau-cratiques propres à la professionnalisation nécessaire des agents du développement est particulièrement stimulante (et elle vaut pour l’ensemble de la profession qui propose des produits largement identiques, à quelques variantes près, sur le marché du développement). Il montre en effet comment le souci croissant de contourner ce qu’il appelle la « récupération notabiliaire » ou le « détournement sociologique » (l’acca-parement des postes, ressources et avantages des projets par les notables locaux) et de s’adresser directement aux « pauvres » (on pourrait aussi parler, en jargon développementiste, de empowerment) aboutit à mettre en place des mécanismes particulièrement complexes, des « usines à gaz » institution-nelles, qui, de fait, permettent aux notables mis sur la touche par la porte de rentrer par la fenêtre. Cette même inflation bureau-cratique, avec ses mêmes effets pervers, se constate avec la dernière « méthodologie » du développement en vogue à l’AFVP comme ailleurs, l’appui-conseil, qui a aussi ses propres contradictions. Alain Marie procède d’ailleurs par mise en évi-dence, à chaque étape, descontradictionsspécifiquespropres aux politiques successives de l’AFVP, et son usage pratique
PRÉFACE
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(non idéologique) de ce qu’en d’autres temps on aurait appelé une analyse dialectique ne peut que nous convaincre. Avec lui et son équipe (les étudiants qui ont réalisé les études de cas ici utilisées), et autour du cas de l’AFVP, dont on nous fournit une histoire détaillée, pertinente, fort utile, c’est toute l’évolution de la coopération décentralisée en Afrique qui est évoquée et périodisée, depuis les naïvetés des jumelages et de la « coopération conteneur » des débuts, en passant par les « éléphanteaux blancs », selon l’expression d’Alain Marie, jusqu’aux projets de développement local et leurs variantes récentes. On ne peut qu’approuver également son appel renouvelé, solidement argumenté, empiriquement étayé, à de sérieuses études socio-anthropologiques, que ce soitex ante,ex post, ou sous forme de suivi : la méconnaissance par les opérateurs de développement (sans parler des bailleurs de fonds et des notables des villes françaises) des réalités locales, des jeux politiques souterrains, des dynamiques individuelles, et même des effets « réels » de leur propres projets, est en effet spectaculaire, et la complexité des montages institutionnels et des tâches administratives (la bureaucratisation) au sein d’insti-tutions comme l’AFVP ne permet pas aux « volontaires » sur le terrain d’acquérir véritablement cette compétence, dont pourtant ils sentent tous l’importance. Il est clair que ce qui tient habi-tuellement lieu d’« étude de milieu »ex ante, toujours stan-dardisée et expéditive, souvent sous le label quelque peu usurpé et démagogique d’enquête « participative » (MARP, etc.) n’apporte en rien les connaissances approfondies nécessaires sur le contexte politique local, sur les initiatives économiques personnelles, sur les réseaux clientélistes, sur les stratégies d’accaparement ou de détournement, sur les mécanismes d’exclusion sociale. On peut en dire autant des évaluations à mi-parcours ouin fine, plus focalisées sur les procédures comptables, les difficultés institutionnelles ou les témoignages de satisfaction que sur une analyse fine des interactions réelles entre un projet et ses destinataires officiels. Dans les deux cas, il
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