L’INTÉGRATION DE L’AFRIQUE DANS L’ÉCONOMIE MONDIALE , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2014

Nombre de lectures

2

EAN13

9782811111489

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

L’INTÉGRATION DE DANS L’ÉCONOMIE
L’AFRIQUE MONDIALE
Cet ouvrage est publiéavec le concours de l’Universitédu Luxembourg et de l’Association Tiers Monde.
KARTHALAsur Internet : www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Création de la une : Lab Wat.
!Éditions KARTHALA, 2014 ISBN : 978-2-8111-1148-9
SOUS LA DIRECTION DE Arnaud Bourgain, Jean Brot et Hubert Gérardin
L’intégration de dans l’économie
l’Afrique mondiale
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Des mêmes auteurs
Fabienne LELOUP, Jean BROT, Hubert GÉRARDIN (dir.) (2012) L’État, acteur du développement, Paris, Karthala.
Jean BROT, Stéphane CALLENS, Hubert GÉRARDIN, Olivier PETIT (dir.) (2008)Catastrophe et gouvernance. Succès et échecs dans la gestion des risques majeurs, Cortil-Wodon, Éditions modulaires européennes.
Patrice PIERETTI, Arnaud BOURGAIN, Philippe COURTIN (2007) Place financière de Luxembourg : analyse des sources de ses avantages compétitifs et de sa dynamique,Bruxelles, De Boeck.
Géraldine FROGER, Claire MAINGUY, Jean GÉRARDIN (dir.) (2005)Quels acteurs pour quel Paris, GEMDEV-Karthala.
BROT, Hubert développement ?,
Jean BROT, Roger BERTAUX, Bernard BALZANI (dir.) (2002) Questions urbaines et politiques de la ville, Paris, L’Harmattan.
Jean BROT, Hubert GÉRARDIN développement, Paris, L’Harmattan.
(dir.)
(2001)
Infrastructure
et
Jean BROT (dir.) (1996)Entreprise, région et développement, Metz, Éditions Serpenoise.
Hubert GÉRARDIN (1994)La zone franc. La dynamique de l'intégration monétaire et ses contraintes, tome 2, Paris, L'Harmattan, collection Bibliothèque du développement.
Jean BROT, René GENDARME, Jean-Paul WEBER (1991)Trois décennies de développement des zones industrielles, Nancy, Presses Universitaires de Nancy.
Hubert GÉRARDIN (1989)La zone franc. Histoire et institutions, tome 1, Paris, L'Harmattan, collection Bibliothèque du développement.
Jean BROT, René GENDARME, Anne-Marie RINALDI (1988) L’absence de TGV-Est ou l’Alsace et la Lorraine sans locomotive, Nancy, Presses Universitaires de Nancy.
INTRODUCTION
L’Afrique et son intégration internationale : quelles perspectives ?
Arnaud Bourgain, Jean Brot et Hubert Gérardin
« L’Afrique est mondialisée mais non, ou peu, mondialisatrice. Elle est intégrée dans le système-monde tout en demeurant à ses marges » (Hugon, 2012, 135). À de nombreux égards, l’intégration internationale de l’Afrique est contrastée et ambivalente. D’une part, l’Afrique n’est pas une. Au-delà du clivage traditionnel entre sa partie nord et sa partie subsaharienne, elle se compose d’économies dont les spécialisations ont été longtemps marquées par l’histoire de la colonisation et l’essor des cultures de rente, puis par l’exploitation et l’exportation des ressources naturelles. De plus, en Afrique subsaharienne, il convient de distinguer, outre le particularisme de l’Afrique du Sud, plusieurs catégories de pays : ceux à rente minière ou pétrolière, ceux sans rente, ayant enregistré des résultats économiques très variés, et enfin les pays en conflit, pour la plupart handicapés par la faiblesse de l’État et souvent enlisés dans des trappes à pauvreté. Depuis plus d’une décennie, une réorientation des partenariats internationaux est à l’origine d’une nouvelle donne dans les relations de l’Afrique avec 1 nombre de pays émergents : à l’instar de la présence chinoise sur le
1 Voir par exemple, « Chindiafrique » de Boillot et Dembinski (2013) et « Le temps de la Chine en Afrique » de Chaponnière et Gabas (2012). L’accroissement des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique (10 milliards $ en 2000, près de 200 milliards $ en 2012) et l’octroi de crédits pour le financement des infrastructures sont conséquents, mais des tensions sont perceptibles désormais, liées notamment à la présence d’un million de Chinois sur le continent, à l’importation massive de produits chinois à bas coût, aux achats de terres, qui contribuent à une nouvelle donne dans les relations entre la Chine et l’Afrique : « cette dépendance envers l’empire du Milieu inquiète les États africains qui redoutent un “néocolonialisme” » voir l’article de Bougon et Hervieu (2013, 3) au titre évocateur : « Chine-Afrique. La fin de la lune de miel ».
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L’INTÉGRATION DE L’AFRIQUE DANS L’ÉCONOMIE MONDIALE
continent africain et de l’essor récent des échanges commerciaux avec l’Inde et le Brésil, une logique Sud-Sud contribue à remettre en cause la portée des traditionnels rapports Nord-Sud et à modifier les modalités de l’insertion des pays africains dans l’économie mondiale. D’autre part, au plan spatial, les dynamiques d’intégration régionale en cours,de jureoude facto, contribuent à rapprocher certaines économies africaines. Même si les acquis des groupements régionaux diffèrent fortement sur le continent, des avancées significatives peuvent être relevées, particulièrement au sein de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), alors que depuis sa création l’Union du Maghreb arabe a enregistré peu de réalisations. Dans le cadre de la zone franc, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont engagées dans des processus de convergence similaires à ceux mis en œuvre au sein de l’Union européenne (UE) et elles disposent des instruments d’intégration les plus élaborés. S’inscrivant dans des mouvements centrifuges et centripètes de nature variée dans le temps et dans l’espace, l’insertion de l’Afrique dans les relations internationales se caractérise par une grande diversité de situations selon les spécialisations et les contextes nationaux.
L’Afrique face à la mondialisation
Comment se situe l’Afrique en matière d’intégration internationale, dans le cadre des processus d’une mondialisation multidimensionnelle et de l’essor de la globalisation financière ? Longtemps considérée comme subissant la mondialisation et devant s’y adapter, l’Afrique apparaît désormais comme l’un de ses acteurs. D’une manière significative, lorsqu’en 2001, la revue du Fonds monétaire international (FMI),Finances et développement, a publié un dossier sur « La mondialisation et l’Afrique », les questions centrales portaient sur les modalités d’adaptation au processus en cours : « Comment l’Afrique peut bénéficier de la mondialisation » (Ibi Ajayi), « l’Afrique face aux défis de la mondialisation » (Daouas), « Pour que la mondialisation réussisse en Afrique » (Gondwe). Depuis le début du nouveau millénaire, le positionnement de l’Afrique dans la mondialisation a évolué : en octobre 2012, en France, dans le cadre des
PERSPECTIVES D’INTÉGRATION INTERNATIONALE DE L’AFRIQUE
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2 « Rendez-vous de la mondialisation », le Centre d’analyse stratégique a retenu la problématique centrale de « L’émergence de l’Afrique subsaharienne dans la mondialisation » et les contributions ont mis en évidence un continent devenu acteur du processus en cours : « L’impact du développement de l’Afrique subsaharienne sur le reste du monde » (Chataignier), « L’Afrique subsaharienne : atouts, défis et enjeux de gouvernance » (Hugon), « La soutenabilité de la croissance africaine » (Brunel). Historiquement, “L’Afrique exclue de la mondialisation” constitue un cliché qui a longtemps prévalu. Dans les faits, le continent a connu, dans sa quasi-totalité, la colonisation et a toujours été inséré dans l’économie mondiale : durant de nombreuses décennies, dans le cadre de relations de dépendance et de domination, les pays africains ont exporté principalement des produits de base (minerais et cultures de rentes) et ont bénéficié d’investissements directs étrangers, essentiellement en provenance de leurs anciennes métropoles. Simultanément, l’intégration internationale de l’Afrique s’est fondée également sur des migrations intercontinentales, à travers le rôle économique et financier joué par les diasporas africaines à l’étranger et par d’autres diasporas (asiatiques et libanaises) sur son territoire. Impliquée de fait dans la mondialisation, au fil des années, face à l’essor des pays avancés puis des pays émergents, le continent a cependant été progressivement marginalisé au plan des échanges internationaux et de la venue d’investissements étrangers. Jusqu’au nouveau millénaire, la faible diversification des économies nationales, construites sur la prééminence du secteur primaire, n’a pas permis à la majorité des pays de bénéficier de l’ouverture des marchés, à l’exception des pays exportateurs d’hydrocarbures. Depuis 2000, les performances économiques du continent africain sont proches de celles enregistrées par les BRICs et les autres pays émergents depuis plus de deux décennies. La croissance économique a été de l’ordre de 5,5% et le revenu par habitant s’est accru, en moyenne, de près de 3,5% au cours de la dernière décennie. Globalement, les résultats s’améliorent, tant pour la dette que pour les budgets publics ou le solde des balances commerciales. Cette nouvelle donne se traduit par une amélioration du pouvoir d’achat d’une partie de la population, un accroissement de la capacité d’absorption interne, une montée des classes moyennes et une progressive réduction de la pauvreté (voir, BAD, OCDE, ONU-CEA, PNUD, 2010 à 2013 ; FMI, 2012 ; PNUD, 2012 ; ONUDI et CNUCED, 2011). Alors que la population africaine a atteint
2 Ancien Commissariat général au plan. Manifestation organisée en partenariat avec le CEPII, le CERI, Sciences-Po etLes Echos.
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L’INTÉGRATION DE L’AFRIQUE DANS L’ÉCONOMIE MONDIALE
un milliard d’habitants en 2012 et pourrait doubler en 20 ans, l’insertion internationale de l’Afrique, longtemps fondée sur l’offre, sera fortement marquée par la demande au cours des prochaines décennies. L’Afrique est devenue partie-prenante du « basculement du monde, et de l’émergence de nouveaux acteurs dans l’économie mondiale » (Ben Hammouda, Bounemra Ben Soltane et Oulmane, 2012).
Quelle intégration internationale pour l’Afrique ?
Il convient, dès lors, de s’interroger sur le sens et la portée de l’intégration internationale de l’Afrique Quelles formes prend-t-elle ? Dans quelle dynamique s’inscrit-elle ? La place de chaque pays et leur évolution demeurent-elles contrastées tant au plan quantitatif que qualitatif ? Certes, l’Afrique, en particulier subsaharienne, conserve une spécialisation dans le secteur primaire. L’économie africaine demeure marquée par l’économie de rente avec peu de progrès de la productivité et se situe souvent dans une logique de court terme. Les investissements directs étrangers sont encore concentrés sur l’exploitation des ressources primaires, forêts, hydrocarbures, mines (Sundaram etal., 2011), mais depuis une décennie on évoque une nouvelle attractivité de l’Afrique (Chaperon, 2013, 5). Les observateurs et les investisseurs prennent conscience des perspectives nouvelles du continent, notamment en matière démographique et économique : « Sortant du cercle vicieux de la dette, l’Afrique est entrée dans un cycle de croissance plutôt forte, un cercle vertueux, que la crise financière mondiale affecte à peine. Le continent peut désormais prendre la place qui lui revient dans la mondialisation, grâce à une main-d’œuvre travailleuse, plutôt bien formée et peu coûteuse pour le moment. La mondialisation est irréversible. Le tour de l’Afrique viendra, comme est venu celui de l’Asie et de l’Europe de l’Est » (Bourges, 2010, 144-145). Avec le nouveau millénaire, le positionnement de l’Afrique au plan international a été progressivement remodelé. Par exemple, en 2006, les flux de capitaux privés vers l’Afrique subsaharienne (ASS) ont dépassé pour la première fois les flux publics, atteignant 50 Mds de dollars, quatre fois plus qu’en 2000. Les flux d’investissement et commerciaux en provenance d’Asie (Chine, Inde) attirent l’attention depuis plusieurs années. De plus, avec les nouvelles avancées technologiques, le raccordement de l’Afrique au reste du monde par la fibre optique laisse imaginer des révolutions dans les domaines de l’information, de l’enseignement, de la coopération médicale…
PERSPECTIVES D’INTÉGRATION INTERNATIONALE DE L’AFRIQUE
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Désormais, à la suite des pays asiatiques, ce sont des pays émergents comme le Brésil ou la Turquie, traditionnellement peu tournés vers l’Afrique, qui réévaluent la place de ce continent dans leur politique commerciale et étrangère, alors que les pays européens font preuve d’un apparent désintérêt pour l’Afrique : « Ce désinvestissement européen, psychologique, commercial et financier, en Afrique, constitue le terrible paradoxe d’un rendez-vous manqué : après plusieurs décennies de proximité avec un continent souffrant, l’Europe pourrait délaisser son Sud à l’heure où il s’apprête à décoller. Alors que l’Afrique tisse des relations fortes avec ses nouveaux partenaires, la société européenne lui tournerait le dos. Cette distanciation représente une erreur historique, que l’Afrique sombre dans les périls de sa métamorphose ou saisisse les opportunités qu’elle recèle » (Severino et Ray, 2010, 302-303). Face à ces mutations, des tensions peuvent apparaître entre « nouveaux partenaires ». Les processus d’accaparement des terres a fait l’objet d’une progressive prise de conscience des risques inhérents, à terme, par des membres de la société civile, puis, plus récemment, des responsables politiques qui ont instauré un groupe de concertation sur cette thématique à l’échelle du continent. La problématique de l’intégration internationale de l’Afrique et de ses enjeux pour les populations montre dès lors qu’elle peut s’inscrire dans des démarches différentes, voire antagonistes, selon une approche mise en œuvre « par le 3 haut » et/ou « par le bas » . En contrepoint, les mutations en cours sont à l’origine de nouveaux questionnements. Ceux-ci concernent, en particulier, la participation différenciée des 54 pays du continent aux nouvelles dynamiques en cours, certains pays étant durablement déstabilisés par des conflits armés et des luttes intestines pour l’accès au pouvoir. « De nombreux États sont dans l’impossibilité d’assurer leurs fonctions régaliennes, de constituer un cadre favorable à la prise de risque de l’investissement et de contrôler les territoires nationaux (Hugon, 2013, 42). Au sein de chaque pays, la question reste posée du recul général et durable de la pauvreté, de la création d’emplois : « La croissance est repartie, mais elle ne bénéficie pas assez au plus grand nombre » (Solignac-Lecomte, 2013, 54). Dès lors, il est nécessaire de retenir différents scénarios d’intégration internationale dans laquelle s’insère non l’Afrique, mais « les Afriques » (Jacquemot, 2013, 30-32 ; Perrot et Malaquais, 2009, 17-20). Dans ce contexte, l’ouvrage présente quatre thématiques montrant les mutations qui contribuent à renforcer, sous diverses formes, certaines
3 Voir, par exemple, le dossier « Afrique, la globalisation par les Suds »Politique africaine, n° 113, mars 2009, 6-115.
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