L’Atlantique multiracial Discours, politiques, dénis , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2012

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811106188

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

sous la direction de James Cohen, Andrew J. Diamond et Philippe Vervaecke
L’Atlantique multiracial Discours, politiques, dénis
Recherches internationales
L’ATLANTIQUE MULTIRACIAL
L’ouvrage a été préparé éditorialement par Sylvie Tailland.
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com Le CERI sur internet : http://www.ceri-sciences-po.org
© Éditions KARTHALA, 2012 ISBN : 978-2-8111-0618-8
SOUS LA DIRECTION DE James Cohen, Andrew J. Diamond, Philippe Vervaecke
L’Atlantique multiracial
Discours, politiques, dénis
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
« Recherches internationales » est une collection du CERI, dirigée par Jean-François Bayart. Elle accueille des essais traitant des mutations du système inter-national et des sociétés politiques, à l’heure de la globalisation. Elle met l’accent sur la donnée fondamentale de notre temps : l’interface entre les relations internationales ou transnationales et les processus internes des sociétés politiques, que peut symboliser le fameux ruban de Möbius. Elle propose des analyses inédites et rigoureuses, intellectuellement exigeantes, écrites dans une langue claire, indépendantes des modes et des pouvoirs. Le CERI (Centre d’études et de recherches internationales) est une unité mixte de la Fondation nationale des sciences poli-tiques et du CNRS.
REMERCIEMENTS
Les coordinateurs de ce volume ont pu compter sur l’aide et le soutien de plusieurs personnes et collectivités qu’ils tiennent à remercier. Ce livre est en partie issu du colloque « Nation, Immigration and Identity Across the Atlantic : France, Great Britain and the United States America in Comparative Perspective » qui s’est tenu à Lille les 19 et 20 juin 2009. L’équipe a bénéficié, pour son organisation, du soutien du laboratoire de recherche CECILLE(Centre d’études en civilisations, langues et littératures étrangères) de l’université de Lille-III. Nous remercions tout particulièrement Catherine Maignant, directrice du laboratoire, et Jean-François Delcroix, son responsable administratif, pour leur précieux concours. Le colloque a aussi bénéficié de l’appui financier du conseil régional du Nord-Pas de Calais, qui a également contribué à cofinancer la publication de ce volume. Nous tenons à manifester notre gratitude envers Fabienne Blaise, directrice de la Maison européenne des sciences de l’homme et de la société de Lille, qui nous a accueillis lors de la première journée du colloque. Nous sommes reconnaissants envers Claire Habart, Olivier Esteves, Philippe Vervaecke et Nathalie Caron pour leur travail de traduction sur cinq des chapitres de l’ouvrage. Merci également à Angeline Escafré-Dublet pour sa relecture attentive de l’introduction du livre. La qualité éditoriale du livre doit beaucoup à la compétence et au soutien sans faille de Sylvie Tailland, en charge de la préparation du manuscrit, et à la disponibilité constante de
Judith Burko, responsable des publications au CERI et coordina-trice, en collaboration avec les éditions Karthala, de la collection « Recherches internationales » dirigée par Jean-François Bayart, que nous remercions ici pour sa décision d’accueillir cet ouvrage. Les trois coordinateurs du livre font partie d’une équipe de six personnes à laquelle appartiennent également Emmanuelle Le Texier, Denis Lacorne et Olivier Esteves. Le projet de recherche qui nous a réunis, intitulé « The Cultural Politics of Race, Ethnicity and Nation : Great Britain and the US », a pu être mené à bien grâce à un financement octroyé de 2006 à 2011 par l’Agence nationale pour la recherche, dont l’appui financier nous a permis de conduire des recherches de terrain en Grande-Bretagne et aux États-Unis. C’est à Emmanuelle Le Texier que nous devons l’initiative de ce projet et une grande partie du travail administratif qui l’a rendu possible. Pour cela, elle a pu compter sur l’aide du personnel de l’agence comptable et du service de la recherche de l’université de Lille-III. Nous remercions enfin Denis Lacorne pour ses encourage-ments depuis le début et pour l’accueil qu’il nous a toujours réservé au CERI, ainsi que deux autres chercheurs, Audrey Célestine et Vincent Latour, qui ont collaboré au projet du début à la fin. Notre équipe de collègues, issue d’environnements institutionnels et disciplinaires différents, est devenue un groupe d’amis qui ont trouvé une partie de leur motivation dans le grand plaisir pris à travailler ensemble. Nous espérons que le fruit de cette collaboration, épanouissante pour nous sur le plan personnel et intellectuel, apportera une modeste contribution aux discussions contemporaines entre chercheurs et entre citoyens.
Racialisations et enjeux politiques en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis
Par James COHEN, Andrew J. DIAMOND et Philippe VERVAECKE
La dernière décennie a vu se multiplier des discours se voulant dépourvus de toute référence à la catégorie de « race », en Europe comme aux États-Unis. La tolérance et la diversité sont désormais les registres dominants employés pour parler de questions qui ont pu, à des époques antérieures, être formulées 1 en des termes plus explicitement racialisés . Aux États-Unis, l’élection de Barack Obama a donné un puissant élan au 2 « grand récit de la réconciliation raciale » , bien que ce pays 3 reste marqué par une forte racialisation des inégalités sociales,
1. Voir Brown 2008. 2. Sugrue 2010 : 4. 3. Le terme de « racialisation », que nous examinons plus bas, peut être défini de diverses manières ; nous l’employons ici dans une acception large pour désigner des situations d’assignation par lesquelles des catégories de personnes sont soumises à différentes formes de discrimination, stigmatisa-tion, exclusion et/ou violence physique. Les catégories-cibles de telles radica-lisations des rapports d’altérité peuvent être définies selon des critères de phénotype, mais aussi en fonction de critères culturels au sens large, des identifications ethnoreligieuses par exemple.
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L’ATLANTIQUE MULTIRACIAL
comme le confirment de nombreux indices : taux d’emploi et de chômage, revenus et richesse des ménages, niveaux d’instruc-tion, accès aux services de santé, inégalités flagrantes dans les 4 jugements prononcés par des tribunaux . L’approche résolument indifférente à la couleur de peau (color-blind) défendue par le président Obama n’a rendu possible aucun progrès face à ces inégalités, qui se sont plutôt creusées depuis son entrée en fonction en 2009. En Europe comme aux États-Unis, la notion decolor-blind-nessgagne en influence, en grande partie pour dissimuler une forme de racisme culturel (ou racisme différentialiste) qui se diffuse dans la sphère publique et est même, parfois, revendi-5 quée par certains responsables politiques . Cette évolution inter-vient dans un contexte de remise en cause des « modèles » nationaux d’intégration : en 2010, la chancelière Angela Merkel a déclaré que « le multiculturalisme a complètement échoué » et, l’année suivante, David Cameron, Premier ministre britan-nique, a tenu des propos similaires, confirmant une tendance déjà inaugurée au début de la décennie par le gouvernement de Tony Blair. Dans l’une et l’autre de ces interventions, il s’agissait de critiquer des politiques jugées trop différentialistes dans les deux pays, tout en pointant du doigt certaines catégo-ries de la population (musulmans radicalisés pour Cameron ; descendants de migrants turcs pour Merkel) dont l’intégration s’avérerait problématique. En France, nul besoin de telles décla-rations, puisque le multiculturalisme est une option écartée par 6 le « modèle républicain d’intégration » et que la notion même de race demeure, pour des raisons historiques, taboue, y 7 compris dans le cadre de l’antiracisme .
4. Voir Blackwell, Kwoh et Pastor 2010 pour des données récentes. 5. Bonilla-Silva 2003. 6. Ce qui n’a pas empêché M. Sarkozy de reprendre à son compte les propos de Mme Merkel et de M. Cameron, en déclarant que « dans toutes nos démocraties, on s’est trop préoccupé de l’identité de celui qui arrivait et pas assez de l’identité du pays qui accueillait » (AFP, 10 février 2011). 7. Erik Bleich, politiste et contributeur à ce volume, a analysé les raisons de ce refus de la notion de race en France, même de la part des organisations antiracistes : voir Bleich 2000.
INTRODUCTION
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Cependant, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une série d’orientations, de discours et de mesures politiques concrètes sont venus stimuler des dynamiques de mise à distance radicale de catégories entières de la population : les Roms de la façon la plus explicite, les Africains dans des discours présidentiels aux relents coloniaux, les musulmans dans de nombreux contextes, faisant du « modèle républicain » un objet d’analyse hautement hybride et instable. Les effets de racialisation examinés dans ce livre se manifes-tent, on le voit, en dépit et par-delà les distinctions entre « modèles 8 de citoyenneté » ou « philosophies publiques d’intégration » , qu’ils soient définis comme « multiculturalistes » ou « postmulti-culturalistes », « républicains » (à la française) ou désignés sous d’autres appellations. Les États-Unis se situent sur un terrain beaucoup plus incertain de ce point de vue : il paraît difficile de définir un « modèle d’intégration » états-unien de référence. Si, de loin, le pays peut passer pour un bastion du « multicultura-lisme », il s’avère presque impossible, quand on examine de plus près le fonctionnement de la citoyenneté états-unienne, d’identi-fier un « modèle » cohérent, multiculturaliste ou non. Si « modèle d’intégration » il y a, ce serait alors un modèle structuré par une 9 forme de gouvernementalité néolibérale , où les discours se voulant non raciaux (raceless) viennent se greffer sur des orienta-tions économiques, socioéconomiques, juridiques et administra-tives qui laissent la part belle aux mécanismes du marché – ce qui n’exclut pas des formes de discipline sociale où divers modes de racialisation trouvent toute leur place.
Racismes, racialisations et contexte sociohistorique
Le titre principal du présent ouvrage est bien sûr un clin d’œil à Paul Gilroy, auteur deThe Black Atlantic(1993), étude pionnière de la diaspora africaine et de ses multiples formes
8. Favell 2001. 9. Brown 2007.
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