L’après-guerre dans les Balkans , livre ebook

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L’appropriation des processus de transition et de démocratisation pour enjeu
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Date de parution

01 janvier 2003

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845864634

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

collection europe centrale et orientale
Christophe Solioz
L’après-guerre dans les Balkans L’appropriation des processus de transition et de démocratisation pour enjeu
Postface de Wolfgang Petritsch
KARTHALA
L’APRÈS-GUERRE DANS LES BALKANS
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: Sejla Kameric, armes vides, Sarajevo, 2003. En période de transition, l’art permet de réinventer notre identité ; ces armes vides nous tendent un miroir nous invitant à recontruire notre propre image.
© Éditions KARTHALA, 2003 ISBN : 2-84586-463-9
Christophe Solioz
L’après-guerre dans les balkans
Postface de Wolfgang Petritsch
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
DU MÊME AUTEUR ET EN COLLABORATION AVEC SVEBOR DIZDAREVIC
Bosna i Hercegovina: od ovisnosti do samoodrzivosti. Lekcije i izazovi procesa tranzicije i demokratizacije u Bosni i Hercegovini : Proces ownership-a: bosanskohercegovacki pogledi i prijedlozi [Bosnie et Herzégovine : de la dépendance à l’indépendance], Sarajevo, Helsinki komitet za ljudska prava u Bosni i Hercegovini, 2002, 126 p.
La Bosnie-Herzégovine : enjeux de la transition, Paris, L’Harmattan, 2003, 159 p.
Ownership Process in Bosnia and Herzegovina : Contributions on the International Dimensions of Democratization in the Balkans, Baden-Baden, Nomos (Democracy, Security, Peace, vol. 159), 2003, 143 p.
DU MÊME AUTEUR ET EN COLLABORATION AVEC CHRISTINE VON KOHL ET VEDRAN DZIHIC
Bosnien-Herzegovina: 8 Jahre nach Dayton – Krisen, Kritik, und Perspektiven, Vienne, Südosteuropäischer Dialog, 2003, 112 p.
Introduction
Cet ouvrage reprend en partie un exposé présenté à Paris le 20 décembre 2002 lors du colloque international « Études bal-kaniques : état des savoirs et pistes de recherche » organisé par l’Association française d’études sur les Balkans. L’ensemble du texte a cependant été fortement remanié, complété et actualisé en vue de la présente publication. Celle-ci se situe à un moment charnière de notre travail sur les problématiques liées à l’espace post-yougoslave : en amont se trouve une série de publications et de séminaires consacrés à la Bosnie et Herzégovine ; en aval, un ensemble de travaux prenant progressivement en compte l’ensemble des républiques post-yougoslaves, chacune dans sa spécificité. Dans cet ouvrage, après une analyse globale de la complexi-té des processus de transition en Europe médiane, notre propos se limite aux cas de la Slovénie, du Kosovo et de la Bosnie et Herzégovine. Nos prochaines publications passeront en revue la situation des autres républiques post-yougoslaves. En postface, nous publions un entretien exclusif avec Wolfgang Petritsch, l’ancien haut représentant de la communauté internationale en Bosnie et Herzégovine. L’actualité de notre entreprise n’échappera à personne. La récente intervention américaine en Irak incite à tirer les leçons des expériences en matière d’intervention et de démocratisation dans les Balkans. En effet, au-delà de la spécificité des contextes respectifs, un examen minutieux des récentes inter-ventions de la communauté internationale permet de mettre en
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L’APRÈS-GUERRE DANS LES BALKANS
évidence quelques enjeux et problèmes concernant l’exportation de la démocratie. La défaite des partis citoyens de Bosnie et Herzégovine fin 2002, mais bien entendu plus encore l’assassinat de Zoran Djindjic le 12 mars 2003 nous confrontent au constat suivant : plus de sept ans après la signature de l’accord de paix de Dayton et presque quatre ans après l’instauration du Pacte de Stabilité pour l’Europe du Sud-Est, il ressort de manière évidente que – tant en Bosnie et Herzégovine qu’en Serbie et au Kosovo – la communauté internationale a navement sous-estimé la complexi-té et les difficultés des processus de transition et de démocratisa-tion, ainsi que l’ampleur des résistances au niveau local. Ainsi imaginait-on que, l’État de droit à peine rétabli en Serbie, la démocratie était déjà un fait accompli alors même que l’appareil sécuritaire, une mafia criminelle et des réseaux natio-nalistes extrémistes n’étaient ni écartés ni contrôlés. Bref, l’illu-sion d’une démocratisation instantanée ! Tout cela a un prix : Zoran Djindjic et son pays qui l’ont payé au prix fort. Dans le domaine des stratégies d’assistance à la démocratisation, l’errance de la communauté internationale est d’une ampleur telle que l’on devine déjà la version Bagdad d’un même scéna-rio. D’où la pertinence de revisiter quelques leçons apprises – ou non – entre Sarajevo et Belgrade. Il me revient le devoir mais surtout le plaisir de remercier ici les personnes et institutions ayant d’une manière ou d’une autre soutenu toutes ces années mon action, soit : le Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse (DFAE), l’Agence pour la coopération et de la développement (DDC), les fonda-tions Karl Popper (Zoug) et Charles Veillon (Lausanne), le Canton et la Ville de Genève, le Watson Institute for International Studies (Providence, RI) ainsi que l’Institut Universitaire de hautes études internationales (Genève) ; s’agis-sant des personnes : Wolfgang Petritsch, Heidi Tagliavini, Cornelio Sommaruga, Yvana Enzler, Victor-Yves Ghebali, Svebor Dizdarevic ainsi que nombres d’intellectuels engagés de Sarajevo, Zagreb, Ljubljana, Belgrade et Pristina auxquels je dédie ce livre.
Genève, 7 octobre 2003
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Complexité des processus de transition en Europe médiane et dans les Balkans
Rôle de l’État et des partis politiques
Le réveil de l’autre Europe suscita en 1989 l’espoir d’une Europe autre. Le paradoxe étant que cette altérité était formulée d’un lieu où la dimension de l’autre se trouvait précisément abolie. Quelque treize années plus tard, il reste bien peu de cette illusion d’un avenir riche en possibles. Il ne s’agit pas seule-ment de la fin du mythe de l’Europe centrale ; l’opportunité d’un retour à l’Europe ouvrant sur une troisième voie devait vite céder la place au désenchantement. Il n’en demeure pas moins que de profondes transformations sociétales sont à l’œuvre en 1 2 Europe médiane . Ainsi, la « révolution négociée » – le terme restitue l’idée que le processus de désagrégation politique du
1. Nous nous en tiendrons à ce terme pour remplacer celui d’Europe centrale et orientale. Sur les multiples définitions de ce terme, cf. K. Sinnhuber, « Central Europa – Mitteleuropa – Europe centrale : an Analysis of a geographical Term », Transactions of the Royal Geographical Society, Londres, Institute of British Geographers, 1954, pp. 15-39. Pour le terme des « Balkans », on se reportera à l’ouvrage de Marija Todorova,Imagining the Balkans, Oxford, Oxford University Press, 1997, 257 p. ; ainsi qu’à Milan Ristovic, « The birth of Southeastern Europe and the Death of the Balkans »,Thethis, Mannheimer Beitrage zur Klassischen Archeologie und Geschichte Griechenlands und Zyperns, Mannheim, 1995, vol. 2, pp. 169-176. 2. Cf. Georges Mink & Jean-Charles Szurek,La Grande conversion, le destin des communistes en Europe centrale, Paris, Seuil, 1999, 311 p.
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système communiste était accompagné d’une volonté de conversion à la social-démocratie et de négociations avec l’opposition – devait déboucher sur l’organisation d’élections libres reposant sur le concept du pluripartisme, abolissantde factole rôle dirigeant du parti unique ainsi que l’État-parti et l’État-classe. Dans cette transition vers la démocratie, les partis politiques devaient jouer un rôle primordial, et ce à deux niveaux : premiè-rement, celui de l’établissement d’un État démocratique, et, 3 deuxièmement, celui de sa consolidation . Si l’on a régulière-ment mis en évidence des pratiques relevant du clientélisme et de la corruption, souligné les faiblesses organisationnelles, une certaine incohérence programmatique ainsi qu’une base sociale limitée, on se doit néanmoins de reconnaître l’apport indéniable des partis politiques en faveur de la structuration du processus électoral et de la stabilité du système démocratique en Europe 4 médiane . Selon nous, la (re)construction d’États de droit est l’enjeu central du processus de démocratisation en Europe médiane. Avant de poursuivre, précisons que nous entendons par « pro-cessus » un mouvement non pas téléologique, mais au contraire dynamique et ouvert sur le « possible » ; de plus – et nous y reviendrons plus loin – un tel processus ne peut par définition que varier selon le contexte géopolitique et les conditions socio-politiques propres à chaque pays. Avec ces précisions nous pou-vons nous risquer à définir tout processus comme étant détermi-né depuis son point de départ jusqu’à son aboutissement, de telle sorte que tout ce qui advient est en interaction complexe et générateur d’influences.
3. Cf. Pascal Delwit & Jean-Michel De Waele,La démocratisation en Europe centrale : la coopération paneuropéenne des partis politiques, Paris, L’Harmattan, 1998, 203 p. ; Jean-Michel De Waele,L’émergence des partis politiques en Europe Centrale, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 1999, 354 p. ; ainsi que, sous la direction du même auteur,Partis politiques et démocratie en Europe centrale et orientale, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 2002, 228 p. 4. Cf. Philippe C. Schmitter,Intermediaries in the Consolidation of Neo-Democraties : the Role of Parties, Associations and Movements, Barcelone, Institut de Ciencès Politiques I Socials (working paper), 1997.
COMPLEXITÉ DES PROCESSUS DE TRANSITION
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Comme nous venons de l’indiquer, le concept de processus ne clôt pas l’horizon, mais, au contraire, l’ouvre dans la mesure où il comporte la possibilité qu’advienne quelque chose de nou-veau ; il implique par conséquent une sortie de la logique de l’État totalitaire qui était la négation de l’événement et, par là, refus de l’Histoire. Nous distanciant quelque peu du concept de la faculté de commencer d’Hannah Arendt, nous pensons que le terme de processus invite à porter une attention particulière aux « changements qui travaillent toujours une société et dont les effets, quand ils convergent, à la faveur de circonstances impré-visibles, pour produire une mutation, révèlent qu’ils avaient du sens, c’est-à-dire étaient porteurs de significations et indiquaient 5 une direction » .In fine, le processus compris de cette façon laisse entendre qu’il peut être générateur de sens permettant aux hommes de guider leur action. Concernant la reconstruction de l’État de droit, trois domaines sont à prendre en considération : tout d’abord, l’intro-6 duction de changements constitutionnels , ensuite, la réorgani-sation et modernisation du gouvernement central ainsi que de l’administration, et, enfin, l’établissement d’institutions relevant des pouvoirs locaux et régionaux auxquels il convient d’ajouter le développement de la société civile. Ce qui est commun à ces trois niveaux, c’est la séparation des pouvoirs législatif, exécu-tif et judiciaire, la création de cours constitutionnelles venant coiffer ce processus. Cette séparation relève d’un véritable changement de paradigme : l’État totalitaire était marqué par une telle imbrication à la fois du politique, du social, de l’éco-nomique, du droit et des mœurs, que le chantier de désintrica-tion apparaît comme une entreprise unique – à la mesure de la tentative de l’État totalitaire d’effacer la dimension de l’autreau 7 profit de l’Un .
5. Claude Lefort,La Complication. Retour sur le communisme, Paris, Fayard, 1999, p. 208. 6. Cf. Dick Howard (éd),Constitution making in Eastern Europe, Washington, D.C., The Woodrow Center Press, 1993, 215 p. 7. Cf. Hannah Arendt,Le Système totalitaire, Paris, Seuil, 1972, pp. 210-213.
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