Internet et politique en Chine , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2011

EAN13

9782811105808

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Séverine Arsène
Internet et politique en Chine
Recherches internationales
INTERNET ET POLITIQUE EN CHINE
L’ouvrage a été préparé éditorialement par Hélène Arnaud.
KARTHALA sur internet : http://www.karthala.com Le CERI sur internet : http://www.ceri-sciences-po.org
© Éditions KARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0580-8
Séverine Arsène
Internet et politique en Chine Les contours normatifs de la contestation
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
« Recherches internationales » est une collection du CERI, dirigée par Jean-François Bayart. Elle accueille des essais traitant des mutations du système inter-national et des sociétés politiques, à l’heure de la globalisation. Elle met l’accent sur la donnée fondamentale de notre temps : l’interface entre les relations internationales ou transnationales et les processus internes des sociétés politiques, que peut symboliser le fameux ruban de Möbius. Elle propose des analyses inédites et rigoureuses, intellectuellement exigeantes, écrites dans une langue claire, indépendantes des modes et des pouvoirs. Le CERI (Centre d’études et de recherches internationales) est une unité mixte de la Fondation nationale des sciences poli-tiques et du CNRS.
REMERCIEMENTS
Cet ouvrage est issu d’une thèse de doctorat soutenue à l’IEP de Paris en décembre 2009. Je dois les plus chaleureux remer-ciements à Jean-Philippe Béja, mon directeur de thèse, qui a grandement contribué à l’aboutissement de cette recherche par son impressionnante connaissance de la Chine, ses conseils méthodologiques, son soutien et sa disponibilité exemplaires. Il a su me laisser suivre des intuitions théoriques qu’il ne parta-geait pas toujours, non sans me porter une contradiction stimu-lante, à laquelle j’espère avoir répondu de manière convaincante. Mes remerciements vont également aux membres de mon jury de thèse, Françoise Mengin, Loïc Blondiaux, Luigi Tomba et Chantal de Gournay, qui, par leurs commentaires, leurs recommandations et leurs conseils, ont joué un rôle non négli-geable dans la transformation de ce manuscrit en livre. Sur ce point, ma gratitude va naturellement à Jean-François Bayart qui a bien voulu accueillir cet ouvrage dans la collection « Recherches internationales » qu’il dirige. Cette enquête n’aurait pas été possible sans le soutien finan-cier, mais aussi l’émulation scientifique que j’ai trouvés auprès d’Orange Labs, à Issy-les-Moulineaux et à Pékin. Je remercie Dominique Cardon, Chantal de Gournay, Damien Schaepelynck, Jean-François Doulet, Shang Dan, Tong Hui et Zhao Lianfei pour avoir défendu ce projet et pour les conversations passion-nantes que nous avons échangées au quotidien. Cinquante-sept personnes ont accepté de me consacrer deux heures de leur temps pour parler de leurs usages d’Internet. Ils n’imaginent pas toute la valeur des mots qu’ils m’ont livrés. Je
leur suis infiniment reconnaissante pour la confiance qu’il m’ont accordée. De nombreuses rencontres avec d’autres chercheurs m’ont appris que la recherche n’est pas du tout une aventure solitaire. Je tiens à remercier Stéphanie Wojcik, Thierry Vedel et les membres du réseau de recherche DEL pour leurs conseils, pistes de recherche et relectures critiques qui m’ont été très utiles. Surtout, je remercie les membres de notre groupe de travail à Sciences Po, et plus particulièrement Yasmine Berriane, Marie-Laure Geoffray, Soline Laplanche et Amélie Le Renard, qui détiennent la palme des échanges comparatifs improbables, ainsi que tous les jeunes chercheurs qui peuplent la Bibliothèque nationale et celle de l’Ecole doctorale de l’IEP.
Paris, octobre 2010
Avant-propos
À la Fête de l’Humanité de septembre 2009, le stand du Quotidien du peupleprésente une image très officielle de la Chine actuelle. De grands panneaux thématiques décrivent une Chine florissante, en plein développement économique et ouverte sur l’international. L’un de ces panneaux détaille la catégorie « Démocratie ». En son milieu figure une photographie de Hu Jintao, souriant, participant à une discussion en ligne avec 1 des internautes chinois . Elle est accompagnée du texte explicatif suivant : « La participation et la délibération du peuple dans les affaires publiques via Internet ont connu des progrès. Cela est encouragé par le président Hu Jintao, le Premier ministre Wen Jiabao ainsi que les dirigeants de différents ministères et provinces. Le respect à l’égard des avis des internautes traduit le développement de la démocratie de la société chinoise ». Alors que la Chine s’apprête à célébrer soixante ans de direction du pays par le Parti communiste chinois, cette affir-mation attire l’attention sur la manière dont le PCC « réinvente 2 sa légitimité » , après avoir lancé en 1978 une série de réformes qui ont profondément transformé la société chinoise.
1. Cette photographie date de juin 2008. « Hu Jintao talks to netizens via People’s Daily Online », 20/06/2008,People’s Daily Online, consulté le 16/10/2010 sur http://english.peopledaily.com.cn/90001/90776/90785/6433952.html 2. André Laliberté, Marc Lanteigne (dir.),The Chinese Party-State in the 21st Century. Adaptation and the Reinvention of Legitimacy, Londres, New York, Routledge, 2008.
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INTERNET ET POLITIQUE EN CHINE
Sous l’égide de Deng Xiaoping, le PCC a en effet abandonné les grands principes de l’économie planifiée, pour adopter progressivement l’économie de marché. Il a ainsi remplacé l’idéologie maoïste par un « pragmatisme » économique censé garantir le développement et l’enrichissement progressif de toute la nation chinoise. Cet important tournant s’est traduit notamment par l’encouragement de l’entreprise privée et par la réduction progressive du rôle des institutions qui assuraient tout à la fois la prise en charge et le contrôle des individus, comme l’unité de travail. L’éducation, la santé, mais aussi le logement et l’emploi sont désormais largement du ressort des individus qui acquièrent ainsi une autonomie sans précédent. 3 Contrairement à ce qui a souvent été pronostiqué ou réclamé , ce retrait de l’État de pans entiers du monde économique et social ne s’est pas traduit par la démocratisation du régime. Tout au contraire, le PCC a réaffirmé régulièrement et ferme-ment son rôle de leader politique incontestable, réprimant sévèrement toute contestation au nom de l’unité de la nation et de la stabilité du pays qui sont présentées comme les conditions sine qua nondu développement économique. Si la prise en compte des attentes des individus ne passe pas par le développement d’institutions démocratiques, elle n’est cependant pas totalement inexistante. Le PCC a mis en place de nombreux mécanismes destinés à construire un consensus autour de ses décisions et à montrer qu’il est à l’écoute de l’« opinion publique ». Il s’appuie sur des analyses d’experts, met en place diverses formes de consultation de la population, des sondages, et procède même à des élections locales en zones 4 rurales . Trente ans après le début des réformes, ces méthodes
3. Sur le Mur de la démocratie, en 1979, le dissident Wei Jingsheng défen-dait par exemple l’idée que les « Quatre modernisations » engagées par le PCC devaient logiquement se prolonger par une « cinquième modernisation » : la démocratie. Wei Jingsheng.La cinquième modernisation et autres écrits du Printemps de Pékin, Paris, C. Bourgois, 1997 ; voir aussi Jean-Philippe Béja, A la recherche d’une ombre chinoise, Paris, Seuil, 2004. 4. Ce que Richard Baum nomme « léninisme consultatif ». Richard Baum, « The limits of ‘authoritarian resilience’ in China », conférence au CERI, Paris, 2007, consulté le 15/10/2010 sur http://www.ceri-sciences-po.org/archive/jan07/art_rb.pdf.
AVANT-PROPOS
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5 dites de « gouvernance » ne semblent plus relever de la transi-6 7 tion , ni même de la « résilience » . La cooptation des élites 8 économiques , le développement encadré d’associations ou d’ONG et le recours insistant à une rhétorique « scientifique » 9 sembleraient plutôt être l’apanage d’un régime technocratique . La Chine aurait-elle sauté l’étape de la démocratie pour évoluer 10 directement vers une forme d’« autoritarisme post-politique » ? Indéniablement, définir la nature du régime chinois demeure un exercice très délicat. Comme le montre le discours sur le « développement de la démocratie » diffusé jusqu’en France par leQuotidien du 11 peupleque constitue la nature des, l’« énigme chinoise » relations entre le Parti et la population a trouvé une illustration particulièrement emblématique dans le développement d’Internet. La parole des internautes a en effet commencé à prendre une importance considérable dès le début des années 2000, avec le développement des premières mobilisations en ligne, d’abord à teneur nationaliste et, dès 2003, dans le sens de la défense des droits des citoyens, sans donner lieu pour autant à un véritable bouleversement du régime.
5. Merle Goldman, Elizabeth Perry (dir.),Grassroots Political Reform in Contemporary China, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 2007 ; Jude Howell (dir.),Governance in China,Oxford, Rowman & Littlefield, 2004 ; Tony Saich,Governance and Politics of China, New York, Palgrave, 2001. 6. Voir par exemple le dossier « China in transition »,Social Research73 (1), 2006. 7. Andrew Nathan, « Authoritarian resilience »,Journal of Democracy14 (1), 2003, pp. 6-17. Ce terme désigne une capacité d’adaptation et de transfor-mation du régime, qui permet sa survie après un choc. 8. Jean-Pierre Cabestan, « La Chine évoluerait-elle vers un autoritarisme ‘éclairé’ mais ploutocratique ? »,Perspectives chinoises84, 2004, pp. 21-29 ; Bruce Dickson, « Cooptation and corporatism in China: the logic of Party adaptation »,Political Science Quarterly115 (4), hiver 2000-2001, pp. 517-540. 9. Zang Xiaowei, « The consolidation of political technocracy in China: The fourteenth and fifteenth central committees of the CCP», Journal of Communist Studies and Transition Politics15 (3), 1999, p.101. 10. Jean-Philippe Béja, « The changing aspects of civil society in China », Social Research73 (1), 2006, pp. 53-74. 11. « L’énigme chinoise », dossier consacré à la nature du régime chinois dans la revueLe Débat. Sur cette question, voir aussi l’ensemble du dossier « China’s changing of the guard », dans la revueJournal of Democracyen 2003.
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