Démocraties et autoritarismes Fragmentation et hybridation des régimes , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811101718

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Science politique comparative
Démocraties et autoritarismes
Fragmentation et hybridation des régimes
Sous la direction de Michel Camau et Gilles Massardier
Karthala CHERPA - Centre de Science politique comparative - IEP Aix-en-Provence
DÉMOCRATIES ET AUTORITARISMES
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
¤Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0171-8
SOUS LA DIRECTION DE Michel Camau et Gilles Massardier
Démocraties et autoritarismes
Fragmentation et hybridation des régimes
ÉditionsKARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Institut d’études politiques 25, rue Gaston-de-Saporta 13625 Aix-en-Provence Cedex 1
Ont participé à cet ouvrage
Romain BERTRAND, directeur de recherche FNSP, CERI, Paris.
Philip BOOTH, reader, University of Sheffield.
Michel CAMAU, professeur, IEP Aix-en-Provence, CSPC.
Myriam CATUSSE, chargée de recherche CNRS, IFPO, Beyrouth.
Hélène COMBES, chargée de recherche CNRS, CRPS, Paris 1.
Olivier DABENE, professeur, IEP Paris, CERI.
David GARIBAY, maître de Conférences, IEP Lyon, Triangle.
Claude GILBERT, directeur de recherche CNRS, CERAT, Grenoble.
Bernard JOUVE, professeur, UQAM, Montréal.
Karam KARAM, directeur de projet, LCPS, Beyrouth.
Florian KOHSTALL, ATER, IEP Aix-en-Provence.
Gilles MASSARDIER, maître de conférences, IEP Lyon, Triangle.
Emmanuel NÉGRIER, chargé de recherche CNRS, CEPEL, Montpellier.
Emre ÖNGÜN, doctorant, IEP Aix-en-Provence, CSPC-IREMAM.
René OTAYEK, directeur de recherche CNRS, CEAN, Bordeaux.
Hubert PERES, professeur, CEPEL, Montpellier.
Patrick QUANTIN, directeur de recherche FNSP, IEP/CEAN, Bordeaux.
Cécile ROBERT, chargée de recherche CNRS, CERAPS, Lille.
Jay ROWELL, chargé de recherche CNRS, GSPE, Paris.
Frédéric VAIREL, pensionnaire scientifique CEDEJ, Le Caire.
Mark WICKHAM-JONES, professor, University of Bristol.
INTRODUCTION
1 Revisiter les régimes politiques
Michel CAMAU Gilles MASSARDIER
 Dans le sillage d’Aristote et de Montesquieu, la théorie politique s’est longtemps employée à classer les régimes suivant leur « nature » et leur « principe ». Elle y est parvenue avec plus ou moins de bonheur. Pour la période contemporaine, particulièrement prolifique en classements et typo-logies, son livre d’or retiendra sans nul douteDémocratie et totalitarismede Raymond Aron (1965) etRégimes totalitaire et autoritairesJuan Linz de (2006). Mais peut-être s’est-il déjà refermé sur ces deux classiques. À l’heure du « post-totalitarisme » et des « processus de démocratisation », les compa-raisons transnationales passent désormais lesdémocratiesles et autorita-rismes au tamis de minutieuses échelles de classement, depuis « la démo-cratie libérale » jusqu’à « l’autoritarisme politiquement clos » (Diamond, 2002). À vrai dire, le nombre et la teneur des classes varient au gré des diverses typologies, dont aucune ne parvient à s’imposer et à structurer, fût-ce momentanément, le champ de l’analyse. Le problème posé en l’occurrence tient moins à la pertinence de telle ou telle échelle ou catégorie qu’aux limites rencontrées par une méthode classificatoire jadis éprouvée.  Quels qu’ils soient, les régimes consistent en des arrangements. D’un point de vue phénoménologique, ils correspondent à des agencements plus ou moins stabilisés de principes et de normes, de règles et de procédures de prise de décision (Lawson, 1993). Plus fondamentalement, ils esquissent, dans une e 1. Cet ouvrage est issu des travaux d’une table-ronde du 8 Congrès de l’Association Française de Science Politique, tenu à Lyon en septembre 2005 (table-ronde n° 4, « Les régimes politiques revisités. Analyse comparative des recompositions des rapportspolitics/policies»).
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DÉMOCRATIES ET AUTORITARISMES
conjoncture donnée, des « réponses à des défis » issus de « la combinaison de changements de longue période et de grande amplitude (nés de transfor-mations démographiques, technologiques et économiques) et des processus sociaux fondamentaux et “intemporels” (la lutte des groupes et organisations pour défendre et imposer leurs intérêts, et l’articulation de l’opposition sociale des intérêts et de la domination légitimée des gouvernants) » (Leca, 1985). Or, précisément, la conjoncture et les « défis » ont changé et avec eux les « réponses ». Pour cerner celles-ci, les considérations relatives au nombre de ceux qui prennent part aux décisions publiques (pluralisme ouvert ou limité, polyarchie, élitisme, oligarchie) et à leur mode de sélection (élection, cooptation) restent bien sûr de mise. Mais leur formulation est désormais confrontée, sur les plans théorique et empirique, à des mutations affectant l’échelle, l’emprise et la teneur des règles relatives à l’accès au gouvernement et aux formes de la décision, ainsi qu’aux modes de fabrication et d’implé-mentation des biens collectifs. La « nature » et le « principe » des régimes perdent aujourd’hui de leur évidence avec l’approfondissement de processus de fragmentation des lieux de pouvoir.  Les procédures dites de « démocratie participative », les mobilisations et nouveaux mouvements sociaux ainsi que la conversion des ressources expertes en ressources politiques tendent à reconfigurer des espaces politiques jusque-là dominés par le principe électif. Cette transformation de la politique, au sens depolitics, c’est-à-dire de compétition pour exercer ou influencer le pouvoir, se double d’une évolution polycentrique des dispositifs d’action publique, autrement dit despoliciesmodes de production des (ou biens publics) : diversification des intervenants (administrations tradition-nelles, mais aussi experts, « publics »...) et des lieux de fabrication des politiques publiques (réseaux, arènes, coalitions), décentralisation/territo-rialisation de l’action publique, échelles multiples de décision depuis l’international jusqu’aux micro-territoires. Au-delà de chacune de ces deux dimensions du politique,politicsetpolicies, envisagées isolément, les recom-positions à l’œuvre affectent leurs rapports, sous l’angle de déconnexions entre la « politique électorale » et la « politique des problèmes » (Leca, 1996), et d’une multiplication, voire d’une circulation, des modes de légitimation entre élection, participation, expertise/technicité et administration. L’ensemble des régimes, qu’ils soient qualifiés de « démocratiques » ou d’« autoritaires », sont affectés par ces mêmes phénomènes de recomposition des rapports entre politicsetpolicies, significatifs d’une tendance lourde à la fragmentation des lieux de pouvoir.
INTRODUCTION
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2  Les repères de la distinction entre démocraties « réelles » et autorita-rismes s’en trouvent brouillés. Ils tenaient, pour l’essentiel, à la question du pluralisme et de sa limitation. Le « pluralisme limité » apparaissait comme le principal critère distinctif de l’autoritarisme par rapport à la démocratie (et au totalitarisme) (Linz, 1975, 2006). Or des pans de pluralisme limité voient actuellement le jour dans les démocraties ou « polyarchies ouvertes » (Dahl, 1961), la gouvernance apparaissant à cet égard comme une forme de sélection élitiste d’acteurs intégrés à des « réseaux » d’action fermés sur eux-mêmes et séparés de la « politique électorale » (Hermet, 2004, 2005). De leur côté, les autoritarismes élitistes sont censés connaître des formes d’ouverture pluraliste en direction d’acteurs de la supposée « société civile », le plus souvent sous l’impulsion de bailleurs de fonds internationaux.  Cette mise à l’épreuve des certitudes invite à « revisiter » les régimes, à renouveler le regard que nous leur portons, en jetant des passerelles entre deux chantiers de recherche, voués l’un à l’autoritarisme et à la démocra-tisation et l’autre à « la nouvelle action publique ». Autrement dit, il s’agit de décloisonner les analyses dupoliticset celles despolicies. Mais ce décloison-nement des questionnements ne va pas sans celui des terrains. Il implique une circulation des paradigmes au-delà de la division du travail entre « généra-listes » de la science politique du « centre » et « spécialistes » desarea studies, pour ne pas dire des « périphéries ». Dans cette perspective, nous proposons dans les chapitres qui suivent une série de cas « géographiques » et de figures thématiques tendant à explorer les diverses formes empruntées par une tendance générale – la fragmentation des pouvoirs induite par les recompo-sitions des rapportspolitics/policies – ainsi que leurs implications pour l’analyse des régimes.  Au prisme des nouveaux « défis » rencontrés par les régimes, ou plutôt par leurs analystes, les catégoriesdémocratie etautoritarisme relèveraient-elles, pour paraphraser Ulrich Beck (2003), d’une « science-zombie » ou, à tout le moins, d’un espace-temps révolu ? Guy Hermet (2007), pour sa part, constate « l’épuisement » du régime démocratique, une « perte de substance » propice à l’avènement d’un « nouveau régime » caractérisé par une formule de complémentarité entre le populisme et la gouvernance. La « démocratie participative » constituerait le point d’intersection entre ces deux compo-santes majeures du « nouveau régime ». La thèse ne manque pas de séduire, dans la mesure où elle prend au sérieux la recomposition des rapports politics-policieset introduit un principe d’ordre dans un ensemble apparem-ment chaotique de transformations. De notre point de vue, « le nouveau régime » relève du vraisemblable et à ce titre d’une mise en garde pour ce qui 2. L’adjectif signifie l’écart entre régimes observables et idéaux démocratiques (Bobbio, 2007, p. 112).
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