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pages
Français
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2015
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Publié par
Date de parution
10 septembre 2015
Nombre de lectures
16
EAN13
9782359300642
Langue
Français
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Date de parution
10 septembre 2015
Nombre de lectures
16
EAN13
9782359300642
Langue
Français
Collection
• MISE AU POINT •
Petit précis de l’islamophobie ordinaire
Du même auteur :
1954-1962 - La Guerre d’Algérie - Portraits croisés
Edt Les points sur les i
Paris 2011
-
Petit précis de l’islamophobie ordinaire
Droits réservés
ISBN : 978-2-35930-064-2
Les Points sur les i éditeurs
16 Boulevard Saint-Germain 75 005 Paris
www.i-editions.com
« Va chercher la science jusqu’en Chine »
Prophète Muhammad (hadith rapporté par Bukhârî et Muslim)
« Le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie et l’ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays »
Averroès
Remerciements
À Kamel, mon indéfectible soutien , à mes enfants Ali et Lina. Un jour vous lirez ces lignes. Sachez que je les ai écrites pour vous…Un remerciement fraternel aux personnes qui ont inspiré ces 17 nouvelles : Zineb Alaoui, Dounia Ben Mohamed, Assia Benziane, Nadia Hathroubi Saf-Saf, Samira Henni, Jéhane Lazrak-Toub, Nadia Tbahriti, Zine-Eddine, à Assmaâ Rakho-Mom, toute ma gratitude, merci pour ta gentillesse et ton professionnalisme. Un remerciement affectueux à ma famille (Amina, Anissa, Karim, Mohammed...), ma belle-famille et mes amis qui me poussent à croire en moi! Ils sauront se reconnaître.
Une mention spéciale à Jeff Ecopp ! Puisse-t-il se gaver de bons petits pains au chocolat toute sa vie.
Nadia Henni-Moulaï
Nadia Henni-Moulaï
Petit précis de l’islamophobie ordinaire
Avant propos
Cachez cette islamophobie que je ne saurais voir. Si le terme est largement utilisé par une grande majorité de musulmans en France, son acception ne fait pas vraiment l’unanimité. Si l’on s’intéresse à son sens étymologique, l’islamophobie - du grec Phobos qui veut dire crainte - est un néologisme qui désigne la peur ou les préjugés vis-à-vis de la religion musulmane. On ne peut plus clair. Sauf que le terme porte une connotation politique. Selon Caroline Fourest, « le mot islamophobie a été pensé par les islamistes pour piéger le débat et détourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphème. » Selon la journaliste et essayiste, le mot serait apparu en Iran en 1979 lors de la révolution islamique. Utilisé par les mollahs iraniens pour stigmatiser les femmes rejetant le voile, le terme est depuis repris par une frange de Français, musulmans ou non d’ailleurs. En dépit de son caractère apparemment péjoratif. Près d’une décennie après cette analyse, les médias français restent visiblement cantonnés à la définition de Fourest et consorts. C’est dire si la réflexion avance dans notre beau pays de France. Comment faire du neuf avec du vieux. Dans un édito diffusé sur les ondes de France Inter en octobre 2012, un journaliste tente de faire une mise au point lexicale. « Instrumentalisation victimaire » , «islamisme radical » , voilà la polysémie du terme islamophobie revue par l’éditorialiste. Pas étonnant, c’est la presse d’opinion qui parle. Doit-elle pour autant verser dans la caricature ? C’est un autre débat. Reste que la stigmatisation des utilisateurs est en marche. Ils seraient en fait des manipulateurs dont le but serait d’instrumentaliser cette forme de racisme (visiblement niée par les tenants de la bienséance à la française, c’est-à-dire les média s mainstream et les intellectuels qui fleurissent sur ces canaux) à des fins islamistes. La chute de l’édito est à ce titre grandiloquente. Selon le journaliste de France Inter, « les utilisateurs du mot « islamophobie », qui généralement se servent de ce terme pour trouver des excuses à l’islam radical, et transformer ses promoteurs en victimes. » Du chantage intellectuel de haut vol. Si vous employez ce terme, c’est que vous êtes un islamiste caché. Un raccourci dont les médias français, quand ils traitent de l’islam, sont coutumiers.
Or, de raccourci à manipulation, il n’y a qu’un pas ! Quand on sait que Wikipédia l’encyclopédie collaborative et accessible à tous ! indique clairement que le terme « islamophobie » est apparu selon Alain Gresh en 1925 à travers l’expression « délire islamophobe » . Accordons pourtant que le terme n’est pas le plus approprié pour parler du rejet des musulmans puisqu’il cible avant tout la crainte de l’islam. Certes. Pour autant, il a le mérite de pointer une réalité que certains refusent de regarder. L’Islam, dont les musulmans sont la manifestation la plus concrète, pose problème en France. La multitude de polémiques lancées ces dernières années halal, burqua, minaret, prières de rues… en attestent.
La France change, les Français aussi, une réalité qui en effraie plus d’un visiblement. Du bas de l’échelle sociale au plus haut. Car les islamophobes ne sont pas forcément là où on le pense. Alors, on peut toujours tenter de nuancer la définition du mot « islamophobie. » Mais il me semble que c’est une façon bien pernicieuse, de déplacer le débat. L’islamophobie n’est pas qu’un mot, c’est une réalité. Refuser de la voir, c’est un peu comme « refuser de se servir du terme, c’est trouver des excuses aux islamophobes. »
Cela ne vous rappelle rien ?
Préface
Dans la France de 2012, les questions liées à l’islam et aux musulmans suscitent des débats souvent passionnés, rarement rationnels. On fait de moins en moins de place aux arguments pour laisser s’exprimer sur la place publique des opinions qui relèvent du ressenti, parfois extrêmes, dont certaines sont idéologiquement motivées par des appartenances politiques ou communautaires.
Ainsi, sont à l’œuvre dans la construction idéologique de l’islamophobie des figures d’extrême droite et, de plus en plus souvent, des personnalités beaucoup plus consensuelles dans leur positionnement, mais tout aussi violentes dans leurs idées. Sur le plan politique, on note de fait, à l’UMP comme dans certaines franges du PS, une forte pénétration des idées et des propositions d’extrême droite, sous des formes discursives différentes.
L’évolution de la notion de laïcité, passant ces dernières années d’un cadre juridique permettant le vivre ensemble à un instrument d’exclusion ciblant prioritairement les musulmans, est l’un des exemples les plus emblématiques de cette diffusion et de cette banalisation de l’idéologie raciste.
Le principal danger d’une islamophobie en constante recomposition réside dans sa capacité à s’exprimer dans des formes toujours plus banalisées, permettant d’agréger en un consensus antimusulmans toute une variété d’opinions initialement motivées par des raisons très différentes. On trouve ainsi, parmi les tenants d’une laïcité d’exclusion, aussi bien des sympathisants d’extrême droite que des militantes féministes de gauche. Les premiers considèrent la présence musulmane comme une menace à l’identité (fantasmé) d’une Europe blanche et judéo-chrétienne, les seconds construisent un féminisme qui s’exerce, lorsqu’il s’agit de l’Islam, aux dépens même de celles dont il prétend participer à l’émancipation.
Ces constructions idéologiques ont des conséquences : pour la seule année 2011, le Collectif Contre l’Islamophobie en France relève 298 actes de discrimination ou de violences, dont plus des deux tiers visent des personnes. 92% des victimes sont des femmes. Ces dynamiques sont également confirmées par l’OSCE qui note une augmentation inquiétante des actes et discriminations antimusulmans et par Amnesty International, qui a mis en 2011 la France sur sa liste de surveillance en matière d’islamophobie. Au sein même des institutions de la Communauté européenne, Nil Muznieks, commissaire aux droits de l’homme au Conseil de l’Europe, a diffusé un rapport alarmant sur la situation en France.
Si le phénomène prend une telle ampleur, c’est qu’au sein de nos pays pourtant démocratiques, la stigmatisation de communautés ciblées (Roms, migrants ou musulmans par exemple) revêt des formes quotidiennes, minorées, banalisées et trop souvent impunies.
Ce livre est une somme d’expériences, comme des photos instantanées décrivant les formes que peut prendre l’islamophobie dans la France de 2012.
Derrière les actes et les violences, derrière les mots qui disent le mépris et le rejet de l’autre, il convient à la lecture de ces pages de s’interroger sur l’humain, dans sa capacité à faire preuve d’empathi