Vie et luttes des Sans Terre au sud du Brésil Une occupation au Paraná , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2012

EAN13

9782811107079

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

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Susana Bleil Vie et luttes des Sans Terre au sud du Brésil Une occupation au Paraná
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Préface de Luc Boltanski KARTHALA
VIE ET LUTTES DES SANS TERRE AU SUD DU BRÉSIL
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KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: extrait de la photo n° 2 du cahier photo. re Voir la photo complète dans la 1 page du cahier et sa légende page 193. (Collection particulière)
© ÉDITIONSKARTHALA, 2012 ISBN : 978-2-8111- 0707-9
Susana Bleil
Vie et luttes des Sans Terre au sud du Brésil Une occupation au Paraná
Préface de Luc Boltanski
ÉditionsKARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
À mes parents, Helmuth et Erna, qui m’ont appris la force et la discipline. À mes filles, Mel et Maíra, qui m’ont appris à aimer.
REMERCIEMENTS
Je voudrais remercier avant tout Rose-Marie Lagrave, ma directrice de thèse, qui a su m’encourager à analyser et à rechercher des données selon les règles de la sociologie. Ma gratitude s’adresse également aux membres de la coopérative victoire (COPAVI), les Sans Terre de l’assentamentoSanta Maria. Ces familles m’ont ouvert leurs maisons, permis d’assister à leurs réunions de travail, à leurs fêtes, et de partager quelques moments de leurs vies. Elles m’ont mise en relation avec les membres du village de Paranacity, auprès desquels j’ai pu obtenir des informations précieuses pour la compréhen-sion de leur mouvement. Je remercie l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) ainsi que la commission qui m’a accordé en 2002 le prix Saint-Simon pour mon projet de thèse, me permettant de me consacrer à sa mise en œuvre. Je suis aussi reconnaissante à l’équipe de la revueProjetet au Centre de recherche de l’action sociale (CERAS) pour leurs critiques et leurs commentaires sur certains chapitres de ce livre. À mes collègues de l’Université du Havre pour leur soutien. À Tangi Cavalin, Robert Dumont et Nathalie Viet-Depaule pour le travail éditorial, sans lesquels cet ouvrage n’aurait pu être publié. Enfin, mes remerciements s’adressent à Gilles Touati, qui a élaboré et mis en forme le cahier photographique.
Préface
À quoi servent les sciences sociales ? Cette question a hanté la socio-logie depuis l’origine de cette discipline. Annexée par le jeu des antago-nismes sociaux, elle a très vite pris un tour politique :quise sert des sciences sociales ? Quels groupes, quels intérêts, servent-elles ? Pour échapper à la double accusation, d’être au service des pouvoirs en place (le sociologue expert qui informe des services administratifs) ou de se plier aux exigences des mouvements critiques (l’intellectuel « orga-nique ») les sociologues, soucieux de défendre leur indépendance et, à travers elle, l’autonomie de leur discipline, en tant que garant de son caractère scientifique, ont parfois défendu, avec hauteur, l’idée qu’elle ne servait et nedevaitservir à rien, ni à personne. La sociologie serait donc une science pure. Étrange idée. Ainsi, un métier qui consiste, pour une large part, à mener des enquêtes, c’est-à-dire à se rapprocher de personnes et de groupes très divers pour tenter de comprendre leur mode de vie et leurs valeurs, leurs attentes et leurs demandes, aurait le caractère parfaitement détaché, distant et quasi ludique, que l’on se plaît à reconnaître aux jeux de l’esprit. La sociologie serait donc une sorte d’exercice valant pour lui-même, à la façon dont les mathématiciens aiment parfois à décrire leur activité. Mais, on le sait aujourd’hui, notamment grâce aux avancées dessciences studies, les sciences pures n’existent pas et ne peuvent pas exister. C’est précisément en se coulant dans le terreau du monde, en s’enracinant dans l’imma-nence, que les sciences parviennent à dire quelque chose du monde et, par là, à en inscrire une représentation dans la réalité, c’est-à-dire aussi dans la vie quotidienne de ce que les sociologues appellent parfois, de façon assez étrange, les « personnes ordinaires ». Ce terme fait référence, discrètement, à une distinction à laquelle les professionnels de la profes-sion sociologique semblent souvent attacher une grande valeur : celle qui sépare le sujet de l’objet, l’observateur averti et réflexif qui mène l’enquête et le quidam supposé – sinon ignare –, au moins ignorant des déterminations auxquelles obéissent ses conduites, c’est-à-dire de ce qui
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VIE ET LUTTES DES SANS TERRE AU SUD DU BRÉSIL
fait la texture même de sa vie. Mais on voit bien, d’un autre côté, les inquiétudes dans lesquelles s’enracine cette distinction. Si le sociologue n’est rien d’autre qu’un acteur comme les autres et parmi d’autres, alors que peut-il apporter de plus que les autres à la connaissance du monde social ? Quelle est la valeur ajoutée – si on peut dire – procurée par la sociologie ? Ce genre de dilemme a largement structuré le champ de nos disci-plines. Positions positivistesversus. Positions critiques ; travaux surplom-bants, faisant souvent appel à un appareil quantitatif,versus. Recherche-action ; macrosociologie explicativeversus. Microsociologie compréhen-sive, etc. Or, les oppositions que l’on vient de rappeler ne sont pas une cage d’airain. Si c’était le cas, la sociologie serait un exercice simplement impossible. C’est précisément en se donnant des méthodes, celles du laboratoire et, plus profondément, une anthropologie – au sens de l’anthropologie philosophique – susceptible de les surmonter, que la sociologie a tracé son chemin. Un laboratoire n’est pas, ou pas seulement, un amas d’objets matériels concentrés dans un lieu déterminé. C’est un ensemble de méthodes et de techniques intériorisées qui exercent sur le chercheur une contrainte, de façon à l’empêcher de s’abandonner tout entier à ses désirs, à ses affec-tions ou à ses répulsions, à ses goûts ou à ses dégoûts, etc. Le laboratoire, c’est d’abord un état d’esprit – ce que savent bien les ethnologues – et il est, par là, éminemment transportable. Quant à l’anthropologie du socio-logue, disons – pour aller vite – qu’elle se constitue au confluent de la reconnaissance des similitudes, sans lesquelles les conduites et les croyances des autres seraient simplement ininterprétables, et des diffé-rences, souvent profondes et, d’abord, incompréhensibles, auxquelles le sociologue est confronté, sur le terrain. C’est la raison pour laquelle la sociologie, comme l’ethnologie, est avant tout une discipline comparative. L’ouvrage qu’on va lire est, à mon sens, un exemple paradigmatique de ce que doit être une sociologie réussie. Susana Bleil, venue à la socio-logie après avoir exercé un métier d’intervention sociale, ne s’est proba-blement pas orientée de façon fortuite vers les Sans Terre, un mouvement né dans la région du Brésil d’où elle était elle-même originaire. Mais cette orientation dictée par la sympathie – ce qui est fréquemment le cas du choix que les jeunes sociologues font de leur premier terrain – ne l’a jamais conduit à relâcher les contraintes et les exigences du métier, acquises au cours d’un apprentissage de sa discipline, mené au Brésil puis en France, à l’École des hautes études en sciences sociales, aussi appro-fondi et rigoureux sur le plan des méthodes d’enquête que sous celui des connaissances théoriques. En bonne ethnologue, Susana Bleil a participé activement – comme on le verra en lisant son livre – à différents moments cruciaux, et parfois
PRÉFACE
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dangereux, de la vie des Sans Terre. Elle a quotidiennement apporté sa contribution à leurs tâches quotidiennes. Mais elle a aussi occupé avec eux des domaines agricoles laissés en friche, et pourtant gardés par des milices privées armées. Elle s’est réjouie avec eux au cours de ces fêtes, à la fois commémoratives et tournées vers les espoirs à venir, que les Sans Terre appellent lesmística. Ces rituels au cours desquels les Sans Terre célèbrent et rejouent théâtralement les occupations de terres réalisées les années passées, sortes de « fêtes que le peuple se donne à lui-même » – pour le dire en terme rousseauiste –, éclairent avec particulièrement de netteté la spécificité d’un mouvement qui fait converger attentes révolu-tionnaires et aspirations religieuses. Enfin, Susana Bleil a été présente dans ces sortes d’institutions spécifiques que les Sans Terre ont mises en place pour régler les conflits qui se manifestent, nécessairement, au sein desassentamentos. Ces dispositifs originaux, visant à apaiser les tensions internes et les disputes qui menacent ces communautés encore fragiles, témoignent de la compétence et de l’inventivité politique de ce mouve-ment qui s’enracine à la fois dans les traditions marxistes et dans l’expé-rience des Communautés ecclésiales de base. Bref, Susana Bleil a partagé la vie des Sans Terre. Mais elle ne s’est pas identifiée aux membres du mouvement, et c’est toujours en sociologue qu’elle s’est mêlée à eux, ne leur cachant jamais ni, d’un côté, son empathie, ni, de l’autre, sa distance. À la différence des Sans Terre, elle était là seulement pour une période déterminée, non pour un temps indéfini ou pour toujours. Susana Bleil ne s’est pas fait non plus une avocate des Sans Terre. Son livre n’a rien d’un prêche en leur faveur et elle a écouté aussi les récrimi-nations des acteurs qui avaient quitté le Mouvement. Le ton sur lequel le livre est écrit ne prend jamais non plus un tour polémique à l’égard de la société environnante, comme c’est pourtant souvent le cas dans les ouvrages de sociologie qui se veulent fidèles aux orientations critiques de notre discipline. Elle s’est trouvée là, avec son savoir spécifique, de façon à recueillir le maximum d’éléments permettant de recomposer l’histoire du Mouvement et de décrire la vie quotidienne de ses membres. Et, surtout, elle a laissé parler les acteurs. Elle a écouté le récit de leurs histoires, toujours singulières, et les a suivis dans les linéaments de leur vie quotidienne, se souvenant que la vérité est dans le détail – comme Claude Lévi-Strauss aimait souvent à le rappeler. Sur le plan théorique et, peut-être, plus généralement, sur un plan humain, Susana Bleil a beaucoup appris du pragmatisme. De ce que l’on a appelé en France, ces dernières années, la sociologie pragmatique, mais aussi de ce qu’ont enseigné les maîtres du pragmatisme anglo-saxon et, particulièrement, de ceux qui, comme John Dewey, avaient cherché à mettre leur recherche au service de l’émancipation. Le pragmatisme, et surtout celui de Dewey, a inspiré Susana Bleil de deux façons différentes.
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