Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2004

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845865037

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

6 Mo

Jacques de Cauna (éd.)
Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti
KARTHALA - SFHOM
TOUSSAINT LOUVERTURE
ET L’INDÉPENDANCE D’HAÏTI
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com
© Éditions Karthala et Société française d’histoire d’Outre-mer, 2004 ISBN (Karthala) : 2–84586-503-1 ISBN (SFHOM) : 2-85970-033-1
Jacques de Cauna (éd.)
Toussaint Louverture et l’indépendance d’Haïti
Témoignages pour un bicentenaire
Éditions Karthala 22-24, bd Arago 75013 Paris
SFHOM 15, rue Catulienne 93200 Saint-Denis
Avant-propos
On doit à la Société française d’histoire d’outre-mer, fondée en 1912 par Alfred Martineau, professeur au Collège de France, sous le nom de Société d’histoire des colonies, la publication d’une revue qui, depuis cette époque et sous les noms successifs deRevue de l’Histoire des colo-nies françaises(1913-1932), puis deRevue d’Histoire des colonies 1 (1932-1958) et, enfin, deRevue française d’histoire d’outre-mer, a toujours constitué la référence essentielle dans son champ d’étude, accueillant dans ses colonnes les noms les plus prestigieux et initiant en France ce que l’on appelait alors l’histoire coloniale en tant que discipline originale. Ouvrant l’horizon de la recherche historique de l’Europe aux autres continents, elle est, de surcroît, restée très longtemps la seule revue française à publier régulièrement des textes historiques sur les Antilles et, plus particulièrement, sur l’ancienne colonie de Saint-Domingue, actuelle 2 République d’Haïti . À l’occasion du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, promu au rang de célébration nationale par la France, est venue tout natu-rellement à l’esprit l’idée de regrouper en un volume quelques-uns des textes parmi les plus significatifs consacrés par la revue au « Premier des Noirs », selon la qualification qu’il se serait attribuée lui-même dans sa correspondance avec Bonaparte si l’on en croit Gragnon-Lacoste. Toute sélection a, naturellement, ses défauts et ses limites. Mais il est vite apparu qu’en s’en tenant simplement au principe très immédiat de la présence du nom de Toussaint Louverture dans le titre des articles retenus, on pouvait aboutir non seulement à la constitution d’un volume suffisamment cohérent, mais encore à la revivification de textes qui ont très souvent marqué des étapes importantes dans la connaissance d’un personnage dont la légende occultait très souvent la réalité historique. Il a semblé nécessaire, toutefois, d’alimenter ce corpus déjà important en y ajoutant – autant pour lier et compléter la présentation de ces textes
1. Désormais notéRFHOMdans le cours du texte et les notes. 2. Avant l’apparition dans les années 1980 duBulletin du Centre d’études des espaces atlantiques, dirigé par Paul Butel à Bordeaux et aujourd’hui disparu, puis desCahiers du centre de généalogie et d’histoire des isles d’Amérique, dirigés par Guy Langellier-Belle-vue, d’Ultramarines, bulletin du Centre des archives d’outre-mer à Aix-en-Provence et, enfin, deGénéalogie et histoire de la Caraïbe, de Bernadette et Philippe Rossignol. Il faut y ajouter, mais plus occasionnellement, laRevue d’Histoire moderne et contemporaineet, plus récemment, laRevue d’Histoire maritime.
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TOUSSAINT LOUVERTURE ET L’INDÉPENDANCE D’HAÏTI
que pour tenter finalement de présenter un panorama aussi juste que possible du contexte historique dans lequel ils ont été écrits – des textes qui ont constitué en leur temps des étapes importantes pour l’avancement de la recherche mais qui sont parfois difficiles à trouver, notamment lors-qu’ils ont été publiés en Haïti, ou d’autres encore restés inédits ou objets de publications récentes. Ce tour d’horizon était aussi, en quelque sorte, l’occasion, dans le cadre d’un survol historiographique global de près d’un siècle, de rendre hommage à l’action de la société et à des collaborateurs de sa revue aujourd’hui disparus, tels Gabriel Debien, le grand précurseur, ou Pierre Pluchon, dernier grand spécialiste en date de Toussaint Louverture, dont on ne soulignera jamais assez l’importance pour les études antillaises, sans oublier pour autant tous ceux qui, même s’ils n’ont pas tous écrit directement sur le sujet qui nous retient ici, ont cependant apporté, à l’occasion principalement de leurs communications à la revue, une contribution de premier plan dans le domaine, tels Blanche Maurel, Étienne Taillemite, Marie-Antoinette Menier, M. Begouën-Demeaux, Yvan Debbasch, Marcel Delafosse, Louis Dermigny, Jean Fouchard, Charles Frostin, Robert Richard, Paul Roussier, Françoise Thésée, Hervé du Halgouët, ou Joannès Tramond..., liste qui n’a rien d’exhaustif et s’en tient essentiellement aux noms de grands anciens sans lesquels on serait en droit de se demander aujourd’hui ce que nous connaîtrions de l’his-toire antillaise. Ajoutons à cela que c’est à la Société française d’histoire d’outre-mMer que l’on doit l’entreprise pionnière de publication, coédition ou réédition – dès les années 1930 avecTrois Siècles d’histoire antillaise. Martinique et Guadeloupe de 1635 à nos jours,d’Alfred Martineau et Louis-Philippe May (1935), puis lesLettres du général Leclerc (P. Roussier, 1937) – d’ouvrages de référence aussi fondamentaux et figurant en bonne place dans toutes les bibliothèques de spécialistes que Les Engagés pour les Antilles(G. Debien, 1951),Les Minutes des notaires de Saint-Domingue(R. Richard, A.-Y. Bolloc’h et M.-A. Menier, 1951), le Mémorial d’une famille du Havre. Stanislas Foäche(M. Bégouën-Demeaux, 1951, 1982), l’Histoire monétaire de Saint-Domingue et de la République d’Haïti(R. Lacombe, 1956), laCorrespondance de Rouvray sur les troubles de Saint-Domingue(Mac Intosh et Weber, 1959) et, surtout, l’indispensableDescription de la partie française de l’isle Saint-Domingue,de Moreau de Saint-Méry (et son précieux index établi par B. Maurel et E. Taillemite, 1958). Un peu plus récemment, dans les années 1970, on lui doit encore la publication desNégociants bordelais et colons de Saint-Domingue,de F. Thésée (1972), ainsi que des contributions collectives et instruments de travail de première utilité tels queLa Traite des Noirs par l’Atlantique(1976),Le Répertoire des expéditions négrières françaises,de J. Mettas (1978),Économie et sociétés des Caraïbes(1987), ou encore les actes ducolloque international de Nantes sur la traite des Noirs(1985) ou ducolloque Léger-Félicité Sonthonax(1997).
AVANT-PROPOS
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On n’aurait garde d’oublier, enfin, l’énorme travail, plus ingrat mais ô combien nécessaire et utile, effectué régulièrement et inlassablement au fil des ans par tous ceux qui ont contribué à alimenter la rubrique des comptes-rendus (rappelons simplement la célèbreChronique bibliogra-phique,de Gabriel Debien,Les travaux d’histoire sur Saint-Domingue, publiés par la revue en 1946, 1949, 1961 et, en 1972, en collaboration avec Xavier du Boisrouvray et Gilles de Maupéou, lesPapiers privés sur l’histoire des Antilles et de Saint-Domingue), véritable mine aujourd’hui de connaissances condensées en quelques lignes sur l’historiographie et les sources antillaises. On mesure déjà aisément, à la lecture de ce simple rappel, le chemin parcouru depuis la publication en 1913 d’un premier article sur Ferdinand Christophe, fils du roi d’Haïti, en France, et l’apport fonda-mental de la revue aux études antillaises, et plus particulièrement haïtiennes, principalement dans les cinquante dernières années. On imagine aussi le vide qu’aurait laissé dans le domaine son absence. Il n’est pas inutile ou anodin de rappeler aujourd’hui ce qu’a été cette grande époque durant laquelle une véritable école s’était constituée, essentiellement autour des travaux pionniers sur les papiers de familles initiés par Gabriel Debien, sous l’aile protectrice de la directrice des archives d’outre-mer de l’époque, Marie-Antoinette Menier, à l’époque bénie de la rue Oudinot où l’on croisait à l’occasion dans la salle de lecture Pierre Pluchon ou Robert Forster, Marcel Châtillon ou David Geggus..., parmi tant d’autres. Mais revenons à notre personnage. Sans entrer dans l’extrême complexité du détail des événements de tous ordres – et principalement politiques – qui caractérisent la fulgurante carrière de Toussaint Lou-3 verture , il n’est pas inutile d’en rappeler les grandes lignes afin de mieux 4 apprécier l’apport en leur temps des textes qui vont suivre . Créole, né esclave sur l’habitation Bréda au Haut du Cap, on le dit petit-fils de Gaou-Guinou de race royale des Arada. D’apparence chétive, il saura s’endurcir et devenir un infatigable cavalier. Instruit, d’une dévo-tion bigote, il gagne la confiance du gérant Bayon de Libertat qui en fait son cocher puis l’affranchit en 1776. Lorsque éclate la Révolution, il est déjà un homme mûr, propriétaire d’une habitation et de quelques esclaves. Il semble que les contre-révolutionnaires l’aient alors choisi pour susciter un soulèvement d’esclaves afin de comprimer les revendica-tions des colons. Dans les premiers temps de l’insurrection de 1791, il reste dans l’ombre, mais, passé au service des Espagnols au printemps de 1793, il supplante rapidement ses principaux rivaux, Jean-François et
3. Voir pour cela P. Pluchon,Toussaint Louverture. Un révolutionnaire noir d’Ancien Régime, Fayard, 1989, qui reste à ce jour l’étude la plus complète sur le sujet. 4. Les lignes qui suivent sont reprises de la noticeFrançois-Dominique Toussaint Louverture, 1743-1803, publiée par J. de Cauna dansLes Anneaux de la mémoire, cata-logue de l’exposition, Nantes, 1992, p. 118.
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Biassou, et prend le titre de lieutenant général des armées du roi à la tête d’une petite armée de trois à quatre mille Noirs. En mai 1794, trois mois après l’émancipation générale des esclaves, brouillé avec ses rivaux et devenu suspect, il se retourne brutalement contre les Espagnols et les émigrés, et passe au service de la République en massacrant tous ceux qui tentent de lui résister. C’est alors qu’apparaît, sur une réflexion du commissaire Polvérel, son surnom de Louverture. Promu général français, il combat activement les Anglais et se débarrasse successivement de ses tuteurs Laveaux et Sonthonax, très populaires, le second surtout depuis qu’il a proclamé la liberté générale des Noirs. Puis, il fait expulser l’agent Hédouville, emprisonne son successeur, Roume, libère la colonie des Anglais en signant directement un traité avec eux, défait les mulâtres conduits par Rigaud au terme d’une terrible guerre civile, réduit enfin les derniers rebelles noirs dont son propre neveu, Moïse, qu’il fait fusiller. Devenu le maître incontesté de l’île, il n’hésite pas à s’opposer aux vues de la métropole en envahissant la partie de l’est, en signant des traités commerciaux avec les États-Unis, en favorisant le retour des colons émigrés et, surtout, en promulguant le 9 mai 1801 une constitution autonomiste qui le nomme gouverneur général à vie avec possibilité de désigner son successeur. Cet acte, adressé à Bonaparte au moment des préliminaires de la paix d’Amiens, décida le Premier consul à envoyer une expédition de trente mille hommes commandés par son propre beau-frère, le général Leclerc, pour tenter de rétablir l’autorité française sur la colonie. Après une farouche résistance marquée par l’incendie du Cap, la chute du fort de la Crête-à-Pierrot et de nombreux massacres de part et d’autre, Toussaint, dont les principaux lieutenants Christophe et Dessalines avaient fait défection, dut se soumettre et accepter une trêve le 6 mai 1802. Un mois plus tard, il était arrêté traîtreusement et déporté en France où il finit misérablement, le 7 avril 1803, dans un cachot du sinistre et glacial fort de Joux où il avait été interné. Il ne connaîtra pas l’indépen-er dance d’Haïti proclamée le 1 janvier 1804. Proscrit à son tour sur le rocher le Saint-Hélène, Bonaparte avouera, peu avant sa mort, qu’il avait commis « une grande faute » en tentant de soumettre par la force les Noirs de Saint-Domingue : « Je devais me contenter de gouverner par Toussaint. J’aurais eu une armée de 50 000 braves noirs qui m’auraient conservé l’Amérique », reconnut-il amère-ment. Voilà, en bref, et très schématiquement, ce que l’on pouvait dire il y a une quinzaine d’années, à la lumière des derniers travaux – essentielle-ment ceux de G. Debien, M.-A. Menier, J. Fouchard et P. Pluchon – qui venaient d’apporter, au-delà des envolées lyriques de la légende, quelques connaissances historiques nouvelles et précises sur le personnage de Toussaint Louverture et, principalement, sur les années qui avaient précédé son apparition subite sur le théâtre révolutionnaire de l’ancien
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Saint-Domingue, en liaison avec le contexte dans lequel il avait évolué, lui, créole, homme et produit de la plantation et de la région capoise. On apprenait tout juste à l’époque, à la suite d’un article retentissant, qu’il n’était pas esclave mais affranchi en 1789, depuis plus de vingt ans et lui-même possesseur d’esclaves ; on commençait à soupçonner son rôle dans le premier élan de l’insurrection des esclaves du Nord à la suite des indi-cations données par les grands historiens classiques haïtiens, Thomas Madiou et Céligny Ardouin, malheureusement toujours aussi méconnus en France ; ceux qui connaissaient le « terrain » des événements, l’actuel Haïti, tentaient de comprendre et de faire comprendre sans concessions, à travers les premières ébauches d’une histoire des mentalités libérée des tentations européocentristes aussi bien que des panégyriques idéologiques tiers-mondistes, ce qu’avait été réellement, ou aurait pu être et repré-senter, pour des milliers d’hommes, le « projet » louverturien pris dans le rouleau compresseur de la transition napoléonienne entre les survivances de l’Ancien Régime et les prémices des nouvelles aventures coloniales africaines de la République... Mais on ne savait toujours pas qui était exactement – humainement – cet homme qui avait érigé le secret en règle d’action politique et dont on ne connaissait pratiquement rien de la vie jusqu’à la cinquantaine. On ne le sait toujours pas aujourd’hui faute de documents nouveaux (faute de chercheurs nouveaux ?, d’étudiants, de chaires, de moyens universi-taires ?, d’intérêt même, peut-être, pour tout ce qui touche à l’histoire des Antilles et de l’esclavage en France ?) et, comme on sait, selon la maxime bien connue : « pas de document, pas d’histoire »..., même si l’étude d’un contexte peut permettre en histoire de progresser – avec la prudence nécessaire – par recoupements et transpositions (peut-on encore aujour-d’hui faire l’économie de l’étude de l’entourage gascon de Toussaint ?). Il y a fort à parier qu’on en restera encore longtemps là tant qu’on ne se décidera pas à accorder à ce secteur des études historiques la place qu’il mérite dans le dispositif institutionnel de la recherche française. Il est de coutume lors des célébrations de formuler un vœu. Le mien sera très simple : que ce petit volume puisse modestement contribuer à relancer la recherche historique sur ce qui fut la plus importante des colo-nies au monde et le plus retentissant échec politique de notre pays. Que le temps de l’occultation cède enfin la place à celui de la recherche et de la transmission de la connaissance.
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