Mpomo le prince de la grande rivière Épopée nzimé du Cameroun , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868625

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Charles Binam Bikoi
Mpomo le prince de la grande rivière
Épopée nzimé du Cameroun
IRD - KARTHALA
MPOMO, LE PRINCE DE LA GRANDE RIVIÈRE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
Daniel Minkang (cliché Ch. Binam Bikoi).
¤IRD et KARTHALA, 2007 ISBN (IRD) : 978-2-7099-1612-6 ISBN (Karthala) : 978-2-84586-862-5
Charles Binam Bikoi
Mpomo, le prince de la grande rivière
Épopée nzimé du Cameroun recueillie auprès de Daniel Minkang
IRDÉditions 213, rue La Fayette 75010 Paris
KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Langues du département du Haut-Nyong (province de l’Est)
Source : Breton, Roland et Fohtung Bikia F., 1991, Atlas administratif des langues nationales du Cameroun, Yaoundé, ACCT-CERDOTOLA-MESIRES.
Avant-propos
Beaucoup a été dit et nombreux sont aujourd’hui les écrits sur la tradition orale africaine depuis que, par la force des contacts entre nations, entre races, entre continents, l’Afrique et les Africains sont devenus objet de science. Les points de vue sont, à cet égard, à la fois divers et évolutifs. Depuis l’Antiquité, ils ont épousé, au fil de l’histoire, les regards croisés qui se posaient sur le continent et sur ses habitants, non sans traduire, chaque fois, une charge idéologique plus ou moins marquée. Sans qu’il soit besoin de remonter au déluge, et sans s’arrêter sur les polémiques auxquelles certains de ces regards ont conduit, force est d’observer que le passé africain n’a pas toujours bénéficié de la solli-citude objective des hommes d’opinion ni des hommes de science qui se sont intéressés à son étude. Soulignant ce phénomène, Ahmadou Mahtar M’bow, historien et ancien directeur général de l’Unesco, croit pouvoir rattacher sa source à deux événements de triste souvenir pour l’ensemble de la conscience humaine : la traite négrière et la colonisation. À son avis, en favorisant l’émergence de stéréotypes raciaux générateurs de mépris et d’incompréhension, la traite négrière et la colonisation ravalèrent l’his-toire « des peuples africains au rang d’une ethnohistoire où l’appréciation des réalité historiques et culturelles ne pouvait qu’être faussée ». Heureusement, ajoute-t-il,
« la situation a beaucoup évolué depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, en particulier depuis que les pays d’Afrique, ayant accédé à l’indépendance, participent activement à la vie de la communauté inter-nationale et aux échanges qui sont sa raison d’être. De plus en plus d’historiens se sont efforcés d’aborder l’étude de l’Afrique avec plus de rigueur, d’objectivité et d’ouverture d’esprit (...) et dans l’exercice de leur droit à l’initiative historique, les Africains eux-mêmes ont ressenti
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MPOMO, LE PRINCE DE LA GRANDE RIVIÈRE
profondément le besoin de rétablir sur des bases solides l’historicité de 1 leurs sociétés ».
Cette évolution s’est accompagnée ainsi d’une véritable explosion d’écritures et d’opinions sur l’Afrique et les Africains : écritures et opinions défavorables et dévalorisantes, écritures et opinions favorables et positives, écritures « exotiques », écritures « endogènes ». Sans com-plexe, faisons l’effort de voir, dans ce bourgeonnement d’expressions, des écritures de la Différence, tout simplement... Nées de contacts plus ou moins planifiés, fondées par la curiosité et portées par la nécessité de connaître de mieux en mieux l’objet de leurs efforts, les études africaines sont devenues d’un intérêt scientifique croissant, incontestable, pluriel : elles ont embrassé aussi bien les sciences humaines que les sciences naturelles : leur sérieux a favorisé la création de sciences perçues comme nouvelles sur l’échiquier épistémologique classique : ethnobotanique, ethnolinguistique, ethnomathématiques, ethno-zoologie, ethnophilosophie, par exemple. Dès l’abord de notre carrière de chercheur, nous nous sommes nous-même inscrit dans cette dynamique, dans cet enthousiasme, dans cet engouement... C’était la voie, c’était la mode... Il faisait bon être spécia-liste d’une « ethnoscience »... Mais, chemin faisant, nous avons été saisi d’un curieux malaise, nous avons perçu comme une lacune : nous constations une orientation étriquée et forcenée, ressentions et réunissions les signes constitutifs ou avant-coureurs d’un syndrome qui sonnait comme « barbarisme » : « l’Africa-nisme », sorte de détournement fixatif de tout intérêt pour l’Afrique par les « sciences... africaines ». Alors que, d’une manière générale, les sujets de recherche se suffisent dans leur perspective scientifique et intellectuelle, les études africaines, en Amérique, en Europe ou ailleurs, nous ont donné à penser que leur perspective se situait toujours en dehors de leur sujet et ne pouvait trouver son équilibre qu’à ce niveau. Ainsi, la tradition orale était étudiée « pour... », la littérature traditionnelle « pour... », la musique africaine « pour... », la pensée africaine « pour... ». Et nous avions subitement l’impression que, derrière ce « pour » récurrent, se dessinait un souci de démontrer, par comparaison avec un modèle établi une fois pour toutes, les voies, formes et moyens de l’accessibilité des effets étudiés à un rang, à une dignité, à une position
1.
Ahmadou Mahtar M’bow, « Préface » à l’Histoire générale de l’Afrique, III, Paris, Unesco, 1990, p. 10.
AVANT-PROPOS
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unique, seule à même d’emporter ou non la reconnaissance de censeurs non identifiés. Une autre impression donnait à penser que de tout ce qui pouvait être concerné par les études africaines, seul comptait le caractère « fonctionnel » des choses, des événements, des données, des productions africaines. Au point que nous nous en tirions avec une troisième impression d’après laquelle les études africaines ne pouvaient être que des commen-taires savants sur des cas, savoirs ou causes, objectifs ou subjectifs, de la vie et de la pensée africaine, en somme une « ethnologisation », plus ou moins péjorative, de la science lorsque cette dernière s’applique à l’Afrique. Un petit livre fort dense que nous consultions pendant cette phase quelque peu trouble de notre cheminement intellectuel n’a pas contribué à dissiper nos doutes. L’on peut y lire notamment :
« Étant dotées d’une “attitude véritablement scientifique”, toutes les sociétés que nous appelons “autres” possèdent des savoirs et des pratiques sur lesquels s’interrogent l’ethnographie, l’ethnologie et l’anthropologie, termes qui se confondent souvent dans l’esprit du néophyte et qu’il est par conséquent utile de situer l’un par rapport à l’autre : l’ethnographie décrit les modes de vie des différents peuples (ou ethnies) dans leur matérialité. L’ethnologie compare les données recueillies par les ethnographes et tente d’en dégager les lois qui régissent le fonctionnement des ethnies. L’anthropologie, après s’être intéressée aux dimensions physiques de l’homme (jusqu’aux années 50), tente maintenant, par-delà les différences entre sociétés présentes ou passées, de comprendre la nature humaine dans sa dimension biologique et culturelle. Comprendre une société dans 2 son ensemble, telle est l’ambition de l’anthropologie globale ... »
Dès lors devient évidente pour l’anthropologue la nécessité de tout observer, afin d’accéder aux représentations mentales qui sous-tendent les paroles et les gestes :
2.
« L’apprentissage de la langue orale, de sa compréhension à sa traduction, matérialise la démarche exemplaire d’une science de l’homme qui lutte contre la séparation. Mais il est difficile de ne pas séparer les savoirs dont l’Occident a fait des sciences de plus en plus spécialisées. Les sciences sauvages elles-mêmes n’échappent pas au discours réductionniste qui les préfixe “ethno-...”. Appréhendés par la science, les
Ruth Scheps, « Introduction », inLa Science sauvage, Paris, Seuil, 1993, p. 8.
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MPOMO, LE PRINCE DE LA GRANDE RIVIÈRE
savoirs des autres seront ainsi des ethnosciences, diversifiables à 3 volonté ... »
Connaissance de l’histoire, des us et coutumes, des pratiques, des cultes, des langues, par les fonctions reconnues en Occident : fonctions sociales, fonctions éthiques, fonctions esthétiques, fonctions linguis-tiques, fonctions pédagogiques, fonctions culturelles, tel semble donc être le fondement de cette littérature de commentaires et d’opinions techniques que sont les études africaines. Au point que, même lorsque les œuvres littéraires sont au cœur de la préoccupation des spécialistes, les études littéraires sont, tout naturellement, portion congrue, réduites qu’elles sont à un rôle de prétexte pour des développements préten-dument plus scientifiques. Jacques Chevrier ne note pas autre chose, lorsqu’il relève pour saluer l’avènement d’un travail de recherche original consacré au fonction-nement de l’esthétique traditionnelle dans le texte littéraire négro-africain contemporain :
« Certes, nous disposons déjà sur le “groupe dit Pahouin d’un nombre appréciable d’études, dont certaines excellentes, mais principalement dans 4 le domaine ethnographique et linguistique ».
S’agissant de la littérature précisément, l’érudit allemand J. Jahn nous a, parmi d’autres, précédé dans ce constat, lui qui écrivait en 1969 que les études africaines
3. 4.
« non seulement développèrent leur ésotérisme spécifique, comme beaucoup de sciences, mais [qu’]elles perdirent aussi leur élan, leur indépendance et furent réduites à une pure science auxiliaire d’autres disciplines. On continuait à rassembler les poèmes africains, mais ce n’était pas pour découvrir et étudier leur structure esthétique ; on cherchait un matériau docile au service de l’ethnologie, de la philologie, de la psychologie, de la théologie (...) et d’autres disciplines ».
Ainsi, concluait-il à juste titre,
« la poésie africaine était et reste une mine de mœurs et d’usages, un champ plein d’archétypes, une source intarissable pour les historiens, un
Id.,ibid., p. 9. Préface àl’Esthétique romanesque de Mongo Beti par J. Fame Ndongo, Paris, P. A. et ABC, 1985, p. 12.
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