Le pétrole du Tchad Rêve ou cauchemar pour les populations ? , livre ebook

438

pages

Français

Ebooks

2005

Écrit par
Martin PETRY , Naygotimti BAMBÉ

Publié par
Karthala éditions

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Publié par

Karthala éditions

Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

EAN13

9782845866216

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

EAN13

9782845866216

Langue

Français

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4 Mo

LepétroleduTchad

Rêveoucauchemar pourlespopulations?

MartinPETRY etNaygotimtiBAMBÉ

LE PÉTROLE DU TCHAD

Édition allemande originale parue en 2003 sous le titre Wem gehört das schwarze Gold ?, publiée par Brandes & Apsel, Francfort-sur-le-Main, Allemagne.

KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé

Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-621-6

Martin Petry et Naygotimti Bambé

Le pétrole du Tchad

Rêve ou cauchemar pour les populations ?

Traduit de lÀallemand par Mireille Liebermann, avec le soutien dÀIrène Mandeau et de Geneviève Pillet

Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris

LES AUTEURS

Martin Petry a travaillé entre 1991 et 1994 dans un projet de développement rural au Tchad. Depuis cette époque, il voyage régulièrement au Tchad et dans d¯autres pays d¯Afrique centrale. Après avoir travaillé pour EIRENE, Pain pour le monde et FAKT GmbH, il est aujourd¯hui consultant indépendant. Ses expériences au Tchad ont amené l¯agronomeà mettre un accent particulier sur l¯action pour la paix et les droits de l¯homme. Par le biais de ses consultations, il a pu donner des orientations précieuses aux acteurs de la sociétécivile aussi bien en Afrique qu¯en Europe.

Naygotimti Bambéa fait desétudes de planification. En 1992, il intègre l¯équipe du département deséditions du CEFOD (Centre d¯étude et de formation pour le développement) en tant que journalisteàla revueTchad et Cultureet ilétait responsable de la publication de fascicules de vulgarisation de droit,économie, politique, etc. De 1994à1996, il aété correspondant du Système francophone d¯information agricole (Syfia) et, de 1996à1997, correspondant de l¯Observatoire géopolitique des drogues. Depuis 1999, il est directeur des éditions du CEFOD et rédacteur en chef de la revueTchad et Culture. En tant que journaliste, il a publiéun grand nombre d¯articles sur le Projet Pétrole, notamment un numéro spécial de Tchad et Culture.

Préface

Dans la stratégie de diversification de leurs champs pétroliers, les responsables d’Esso ont jeté leur dévolu sur le Sud du Tchad, une région peuplée majoritairement de paysans paisibles et travailleurs. La Banque mondiale a été sollicitée par Esso pour minimiser les risques du Projet Pétrole Tchad-Cameroun, avec 3,7 milliards de dollars, le plus grand investis-sement réalisé en Afrique subsaharienne. Rappelons que, très souvent, les populations vivant dans les zones pétrolières en Afrique sont les victimes des méfaits du pétrole : corruption, destruction de l’environnement, violations des droits de l’homme, violences, guerres. En trois ans, le consortium a foré 300 puits d’exploitation et construit un oléoduc de 1 070 kilomètres à travers la forêt pour l’évacuation du pétrole jusqu’à la côte atlantique du Cameroun àKribi. Sur les terres agricoles et dans les forêts des régions concernées se trouvent maintenant des installations modernes, des stations de pompage, de surveillance, des pistes d’atter-rissage, des dépôts et ateliers de réparation, le tout entraînant un bouleversement total du mode de vie des populations riveraines. Leurs droits sont violés et leurs vies sont menacées. Mais comment aévoluécette situation conflictuelle au Tchad et au Cameroun oùles populations ont surmontédésespoir et impuissance grâceàla collaboration en réseau avec des orga-nisations de la société? Ccivile internationale ’est l’histoire que nous raconte ce livre, une histoire de personnes

LE PÉTROLE DUTCHAD

courageuses et d’organisations prêtes à relever le défi «pétrole». Ce que ce livre nous montre, c’est que même chez un peuple qui aété écrasépar une dictature sanglante (Hissène Habréa fait assassiner plus de 40 000 personnes et torturer des dizaines de milliers d’autres), des citoyens ont trouvéla force et le courage de se lever, de braver les obstacles et les menaces pour défendre leurs terres, leurs familles, leur pays. On mesure le mépris d’Essoàl’égard de la populationàl’aune du montant de la compensation accordée pour l’abattage d’un manguier (voir le chapitre 3), Esso prévoyant d’indemniseràhauteur de 3 500 francs CFA (8,5 francs) le manguier coupé, soit environ le prix d’une boî! Ce nte de conserve ’est qu’après une lutte exemplaire des réseaux pétrole mis en place par la sociétécivile tchadienne que finalement le montant aétéramené àune valeur plus proche de celle estimée par les agronomes tchadiens. Nous apprenons aussi que la Banque mondiale, bien au fait de la corruption, de la destruction de l’environnement et des conflits violents découlant de l’exploitation du pétrole tchadien, a quand même choisi de soutenir ce projet très controversé (chapitre 6). Les organisations qui se sont mises en réseau autour du Projet Pétrole Tchad-Cameroun n’ont cependant pas désespéré. Leurs efforts ont permis de créer des conditions sociopolitiques plus favorables (un ensemble de dispositions, règlements, lois et suivi international) pour la promotion et le respect du droit des populations tchadiennes et pour la prévention des conflits. Le résultat le plus important de l’action et de l’engagement des associations autour du pétrole tchadien est la structuration, le renforcement et la reconnaissance des organisations de la sociétécivile tchadienne en tant qu’actrices du développement. L’action de réseau internationale a donnéune telle force aux acteurs locaux qu’ils sont devenus capables dans le cadre du Projet Pétrole de faire face au gouvernement etàEsso. Relayée au niveau international, l’action de réseau a permis aux acteurs les plus faibles d’influencer durablement le projet pétrolier tchadien. De plus, les organisations internationales de plai-

PRÉFACE

doyer, pour l’environnement, pour la paix, de développement et de droits de l’: lhomme ont beaucoup appris ’exploitation du pétrole et son impact ne sont pas seulement le problème des populations directement touchées, c’est un problème qui nous concerne tous. Nous souhaitons que l’histoire que nous racontent Martin Petry et Naygotimti Bambé sur la lutte menée (et qui se poursuit) par la société civile tchadienne, dans le cadre du projet d’exploitation pétrolière, serve de modèle à d’autres combats à venir.

Janvier 2005 Cordaid, Intermón-Oxfam, Misereor, Pain pour le monde et SWISSAID.

Prologue

En mai 1994, Esso est arrivéàBedogo pour effectuer des forages de prospection pétrolière dans la plaine fluviale du Logone.«EssoàBedogo, c¯est comme des Martiens dans un village d¯Allemagne»,écrivit dans une lettreàdestination de son pays l¯Allemand Martin Petry, alors coopérant dans cette région.

«Ici, vous avez Bedogo, village aux attelagesàbœufs, aux puits ouverts d¯où l¯eau est tirée péniblementàl¯aide de seaux, aux toits de chaume et aux feux de camp ; la nuit, c¯est l¯obscuritébruit sourd, on entend les aboiements des chiens, le que font les femmes en pilant le mil, les tam-tams, des rires, des pleurs. Là-bas, le«camp»d¯Esso avec ses tours de forage et ses machines gigantesques dirigées par ordinateur, des pièces conteneurs entièrement climatisées, une cantine avec des hamburgers et des glaces américaines, une salle vidéoéclairée a giorno et un bruit de machines perceptible vingt-quatre heures sur vingt-quatreàdes kilomètresàla ronde.»

Le camp avait pris naissance en peu de temps dans le paysage herbeux du fleuve et disposait déjàd¯eau courante après trois jours. Dans le cadre du programme de dévelop-pement du Service chrétien international pour la paix, EIRENE, la population avait travailléplus d¯un anàla réalisation d¯un puits de 90 mètres de profondeur. EIRENE est une organisation

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