Du 16 février au 9 avril 1965, Habib Bourguiba, alors président de la Tunisie, entame un long périple politique qui doit le mener du Liban à Jérusalem, de l’Égypte à la Grèce, déplacements qui doivent l’emmener à sillonner les rives de la Méditerranée, lieu de croisement où se confrontent Orient et Occident. Tout au long de son voyage, en dépit des menaces qui planent sur sa sécurité, cet homme politique livre des discours qui rendront compte d’une pensée pour le moins progressiste, originale, humaniste, mais encore engagée. Ce sont ces textes, abordés d’un point de vue stylistique, idéologique, mais encore philosophique, que relit et analyse H. Zaghouani-Dhaouadi, dévoilant par là même une "conscience en accomplissement" et une "exceptionnelle ouverture sur autrui". Notre modernité nous a habitués à un monde politique adepte des petites phrases et autres piques assassines, si bien que l’on a oublié toute la densité la valeur de la parole politique, et l’idée que celle-ci était porteuse d’espoir, de combats, de visions du monde et des relations entre les hommes. Or, en se penchant sur la production discursive de Bourguiba, l’auteur de ces pages renoue avec une certaine grandeur du politique et place dans la lumière l’avant-gardisme et les combats d’un homme d’État phare pour le Maghreb.
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