Le feu ou rien , livre ebook

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Les personnes issues des "générations Y et Z", aussi appelées "millennials" ou "digital natives", sont la cible de bien des critiques. Accros à leur smartphone et au narcissisme des réseaux sociaux, dépolitisées, sans cesse offensées, elles n’auraient plus le goût du collectif et seraient en perpétuelle rébellion contre tout.

Laura-Jane Gautier et Florent Manelli font partie de cette génération et en peignent, au travers d’un propos précis, sourcé, et d’entretiens avec des personnes concernées, un portrait bien à rebours de tous ces stéréotypes.

Accros aux réseaux sociaux ? Peut-être, mais aussi pour y parler de l’état du monde et réfléchir, ensemble, à comment le rendre meilleur. En perpétuelle rébellion ? Oui, contre les injustices et les discriminations, et pour bâtir une société où tout le monde trouverait sa place.

Que vous en fassiez partie ou que vous souhaitiez mieux la comprendre, découvrez une génération consciente et engagée, nourrie d’un feu salvateur qui peut tout changer.


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Publié par

Date de parution

01 avril 2022

Nombre de lectures

3

EAN13

9782317030994

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Laura-Jane Gautier
Florent Manelli
Préface de Rokhaya Diallo

Portrait d’une génération engagée
Sommaire Préface Introduction Comment l’engagement a-t-il évolué au fil des générations ? L’engagement d’antan et celui d’aujourd’hui Un engagement filial Une société d’individus Les héritages militants et les rejets Quand la jeune génération s’inspire des outils de ses aîné·es Génération désillusionnée de la politique et des institutions Un écart de plus en plus grand dans la compréhension des sujets Pourquoi les jeunes s’engagent-ils aujourd’hui ? Les raisons psychologiques L’engagement comme nécessité dans sa construction identitaire et comme réponse à l’irresponsabilité des adultes S’engager pour surmonter une épreuve Génération consciente Inventer un nouveau monde et un nouveau rapport au monde La déconstruction individuelle et collective Le rapport à l’intime de la jeune génération Quel est l’impact d’Internet et des réseaux sociaux dans l’engagement des jeunes ? La révolution d’internet et des réseaux sociaux Sous les hashtags, la révolution Les réseaux sociaux : et la lumière fut Internet et les réseaux sociaux : l’émergence de contre-pouvoirs Un bouleversement de l’ordre établi Quand les militant.es deviennent leur propre média Les limites et les dérives de ces outils Place à d’autres problèmes Les réseaux sociaux ou l’histoire de nouvelles formes de violences Comment les jeunes s’engagent-ils au sein d’un système capitaliste ? Quand les icônes pop, les médias et les marques s’engagent Activisme et pop culture : un mariage nouveau ? L’impact de ce mariage et ses effets auprès des jeunes Qui en bénéficie réellement ? Une jeunesse qui n’est pas dupe L’ère du woke washing Engagé·es mais soumis·es au capitalisme ? Conclusion Lexique Les activistes et spécialistes interviewé.es Ressources pour aller plus loin Remerciements Notes Page de copyright
Points de repère Couverture Page de Titre Corps de texte
Préface
La jeunesse.
En France, cette entité aux contours vagues se voit régulièrement fustigée, de manière sentencieuse, dans les discours politiques. Qualifiée d’« apolitique » voire d’« apathique », la jeunesse est devenue la cible d’une ancienne génération dépassée face à l’accélération de l’évolution du monde. La frange privilégiée des « boomers » – dénomination dont la pertinence est discutable – formule ainsi la complainte d’une génération à laquelle échappe le monopole des débats. Elle se voit désormais contrainte de considérer des voix jeunes et exigeantes qui s’imposent en dehors des périphéries où elles étaient confinées. Pourtant, cette irruption des jeunes dans le débat public devrait inviter aux solidarités intergénérationnelles, plutôt qu’aux anathèmes méprisants disqualifiant une « génération offensée » dont, au contraire, la sensibilité face à l’injustice devrait être louée, tant elle est salutaire et inspirante.
Comme personne avant eux, bien des jeunes ont su tirer profit d’une démocratisation de l’accès à la sphère publique, et ont réussi à bousculer le groupe de privilégié·es qui décidait du contenu de la parole médiatique. À travers des témoignages nourrissant des expériences singulières, ces jeunes sont parvenus à décrire des oppressions systémiques. Le « je » de cette jeunesse que l’on fustige n’est ni individualiste, ni particulariste : il est profondément universaliste, tant il insuffle de l’humanité dans un « nous » où chacun·e est autorisé·e à se reconnaître.
Nombreux·euses sont celles et ceux qui ont su avec habileté donner un écho aux causes qui leur tiennent à cœur, avec une expertise largement déconsidérée. Toutefois, leur vigilance comme leur intégrité sont soumises à rude épreuve, tant cette parole dépend du relais d’entités privées surpuissantes. Si cette jeunesse sait jouer des codes, elle devra aussi jouer des coudes pour éviter l’absorption capitaliste de ses luttes.
Les qualités manifestes de cette jeunesse engagée ne doivent néanmoins pas nourrir une idéalisation béate, tant les clivages sociaux et idéologiques interrogent directement la catégorisation simpliste de « jeunesse ». Depuis une décennie, les jeunes se montrent particulièrement sensibles au vote d’extrême droite, et le Rassemblement national s’illustre par la jeunesse de nombre de ses figures éminentes. Le rajeunissement de l’ultra droite, inspirée par des groupes états-uniens, est aussi préoccupant tant il nourrit une menace globale suprémaciste blanche. À travers le monde, le terrorisme, qu’il se réclame d’un Islam dévoyé ou de la suprématie blanche, est aujourd’hui porté par de jeunes hommes.
En ce xxi e siècle, la jeunesse est torturée par les nombreux défis qui s’imposent à elle, et se trouve à l’orée de possibles dangereux basculements. C’est le moment où jamais d’entendre cette génération, animée par un profond désir de changement.
Pour ma part, après plus d’une décennie dans la vie publique, je suis convaincue de l’urgence de la transmission. L’histoire étant racontée par ses vainqueurs, les luttes sont souvent effacées de la mémoire collective au profit du récit dominant. De ce fait, faute d’avoir conscience des mouvements qui les ont précédées, les nouvelles générations surgissent régulièrement dans les espaces militants en ayant la conviction d’inventer des luttes ou d’identifier des problématiques inédites. Or, cette méconnaissance du passé affaiblit la portée des engagements ; l’amnésie organisée des groupes subalternes étant un outil de domination.
C’est le moment où jamais d’entendre cette génération, animée par un pro­fond désir de changement.
Se vivre comme une génération spontanée, c’est perdre l’opportunité de puiser dans les ressources des générations précédentes et dans le capital qu’elles ont constitué. Faute d’archives et de récits directs, on s’épuise à tout recommencer pour reproduire les mêmes erreurs et, finalement, perdre un temps précieux. Cette mission d’outiller la jeunesse repose sur nos épaules : c’est à nous, plus âgé·es, de leur permettre de gagner le temps que nous avons perdu.
C’est un des objectifs de cet ouvrage, dont le titre résonne d’ailleurs tel un écho à l’incantation de l’auteur afro-américain James Baldwin : « La prochaine fois, le feu. »
Rokhaya Diallo
L’espoir ne sera jamais silencieux
Harvey Milk
Introduction
Le Feu ou rien est à la fois un hommage à notre génération 1 mais aussi un appel à agir, à s’engager encore et toujours plus. Cet engagement est à l’origine de notre rencontre lors d’une interview pour un épisode du podcast Supplément d’âme 2 , qui s’est transformée en puissante amitié. Elle a donné naissance à une relation nourrie par l’envie d’agir et de penser le monde sous un prisme différent que celui imposé par notre système. Nos cercles activistes et relationnels respectifs, mais aussi nos expériences de vie et leurs lots de troubles, nous ont amené·es à nous questionner sur ce qui fait la singularité de notre génération. Cette génération en colère, déterminée et résiliente qui porte à bout de bras un système néfaste, usé et violent.
Le temps de la jeunesse est probablement plus propice à la rébellion, à l’exaltation, à la radicalité et à la contestation. Chaque génération n’en demeure pas moins unique, façonnée par le contexte social et politique dans lequel elle grandit. Notre génération, elle, est la génération de toutes les crises : climatique, sociale, sanitaire, économique, démocratique, médiatique. Face à leur récurrence et à leur intensité, elle n’espère plus le changement, elle l’exige. En quête de vérité, elle ne supporte plus le mensonge, l’omerta, la manipulation, le silence, l’indifférence et l’oppression. L’urgence de ce que nous vivons renverse notre rapport au présent, et c’est précisément cette urgence qui nous amène à plus de radicalité. Certes, nous n’avons pas tout inventé : des droits civiques aux luttes LGBTQI+, en passant par les luttes féministes ou les premiers combats écologistes, on se doit de remercier nos aîné·es pour le chemin tracé jusqu’ici.
Ce qui se joue désormais, c’est un changement de paradigme et l’ébranlement d’un système vieux comme le monde : celui dirigé par les hommes blancs, hétérosexuels, cisgenres, bourgeois et valides. Les détenteurs de ce pouvoir sentent que le vent tourne devant une génération plus que jamais résolue à les pousser vers la sortie. Nous faisons face à des hommes qui n’ont d’ailleurs pas intérêt à ce que les choses changent car leur situation privilégiée est née de ce système déséquilibré, violent et injuste, système qu’ils ont créé et voulu ainsi, à leur avantage. Malgré cela, nous ne sommes pas en guerre, et notre opposition a vocation à faire advenir le changement, entendre nos voix et non à exister pour le plaisir de la protestation.
Ces nouvelles voix qui émergent dérangent. Peut-être parce que trop peu entendues par le passé, porteuses d’un point de vue qu’une partie de la population ne veut pas prendre en compte, volontairement silenciées et écartées de toute discussion, mises au placard parce que considérées comme étant en dehors de la norme. Alors qu’est-ce qui a changé ? Comment ces nouvelles voix se sont-elles élevées ? D’où nous vient cette impression que l’engagement des jeunes se joue aujourd’hui à une plus grande échelle que dans le passé ? Et d’où vient cet intense sentiment que notre système commence à sérieusement prendre l’eau de toute part ? Les aspects patriarcaux et capitalistes de notre organisation sociale et économique sont intrinsèquement liés, et, si cette ritournelle tend à être de plus en plus entendue ces dernières années, comment les jeunes s’en emparent-ils aujourd’hui, en France ?
Toutes ces questions nous brûlent les lèvres depuis des mois, et cet ouvrage se veut être une clé de réponse pour tenter de naviguer dans une époque parfois crispée mais profondément mouvante. C’est dans ce contexte que la jeunesse évolue et tente de se faire une place.
Mais qu’est-ce que la jeunesse exactement ? Ce n’est pas une catégorie sociale homogène, c

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