La multinationale et le bidonville Privatisations et pauvreté à Buenos Aires , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2007

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845869240

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Sarah Botton
La multinationale et le bidonville
Privatisations et pauvreté à Buenos Aires
KARTHALA
LA MULTINATIONALE ET LE BIDONVILLE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: Buenos Aires, bidonville de Retiro et Business Center. Photo Agence Archivolatino.
© Éditions KARTHALA, 2007 ISBN : 978-2-84586-924-0
Sarah Botton
La multinationale et le bidonville
Privatisations et pauvreté à Buenos Aires
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Avant-propos
Cet ouvrage est issu d’une thèse de doctorat en sociologie, soutenue en décembre 2005 à l’École des Ponts et Chaussées (Laboratoire LATTS, Université de Marne la Vallée), dont le texte a été allégé et partiellement actualisé. Les enquêtes de terrain sur lesquelles repose cette recherche se sont principalement déroulées de mai 2000 à mai 2003, avec quelques enquêtes de terrain complémentaires en 2004 et 2005. Le choix de l’objet de recherche (les politiques des entreprises privatisées à l’égard des quartiers défavorisés) nous a naturellement conduit à nous intéresser à la période des privatisations des services urbains en Argentine : du début des années 1990 au milieu des années 2000. Depuis lors, les orientations politiques du nouveau gouvernement, suite à l’élection de Nestor Kirchner à la présidence en avril 2003, de même qu’une série d’événe-ments que nous présentons dans nos analyses, sont venues bouleverser le paysage des services publics argentins, avec notamment la renationaia-tion du secteur de l’eau en mars 2006. Si notre intérêt reste entier pour une recherche concernant les évolutions actuellement à l’œuvre – qui semblent annoncer une rupture avec la période précédente – il nous est cependant difficile, du fait du caractère très récent et encore non stabilisé des réformes, de procéder à une actualisation complète des résultats de cette recherche. Pour autant, la période étudiée n’en conserve pas moins une valeur exemplaire et les conclusions de cette recherche, indépendem-ment des évolutions du contexte politique argentin, constituent une contribution certaine aux réflexions sur l’avenir des services publics dans les pays du Sud. La recherche dont est issu cet ouvrage a bénéficié, à toutes les étapes de son développement, de nombreux et de précieux appuis, à Buenos Aires comme à Paris. Merci, avant tout, à D. Feyrs de m’avoir encouragée à mettre le pied à l’étrier. Merci aux responsables des entreprises pour leur accueil, leur prédis-position et leur grande aide dans le déroulement du travail de terrain, en
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particulier, à Juan Schaer (Telecom Argentina), à Jean-Luc Ashard et Christian Gosse (Edenor) et à Alexandre Braïlowsky (Aguas Argentinas). Merci à l’ensemble des équipes travaillant dans les quartiers (spéciale-ment à l’équipe Desarrollo de la Comunidad chez AASA, à Marialba Endelli et Daniel Alvarado chez Edenor) pour leur disponibilité et leur motivation communicative. Merci aussi à l’ensemble des personnes rencontrées au cours de l’enquête de terrain, qui ont su, chacune à leur manière, m’aider à avancer dans la compréhension de la complexité argentine. Merci à Julio Neffa et aux membres du CEIL-PIETTE du CONICET de m’avoir accueillie au sein de leur équipe et éclairée de leurs précieux conseils. Merci à Yves Lichtenberger et à Sylvy Jaglin de m’avoir accompagnée dans la transition, de m’avoir écoutée, suivie et conseillée. Merci à l’ensemble des membres du LATTS de m’avoir permis de trouver un cadre permettant, chose rare, d’écrire une thèse à la fois dans le sérieux et dans la bonne humeur. Merci aux responsables du Programme « Ecos-Sud France / Secyt Argentine » de m’avoir permis d’effectuer les compléments de terrain nécessaires à l’élaboration de la troisième partie de thèse. Merci à Bernard De Gouvello de m’avoir aidée à faire le lien entre Buenos Aires et Champs sur Marne. Un grand merci à Lynda Sifer-Rivière pour sa relecture attentive, pour la pertinence de ses commen-taires et de ses conseils, enfin, pour sa présence infaillible. Merci à Graciela Schneier et à Denis Segrestin d’avoir accepté d’être rappor-teurs de ma thèse. Un grand merci à Jean-Luc Trancard d’avoir bien voulu participer au jury de thèse, dans un contexte aussi sensible, et à Suez Environnement et Lyonnaise des Eaux pour leur aide à la publica-tion du présent ouvrage. Merci, enfin et surtout, au père Louis-Jacques Bataillon pour sa présence et sa confiance, de même que pour son amour du savoir et du partage.
Introduction
Revers de fortune ou incomplétude des modèles à l’œuvre, plus de dix ans après leur privatisation, les entreprises argentines de services urbains n’ont pas produit, loin s’en faut, le miracle économique et social qui avait été initialement promis par les institutions internationales et par les auto-rités publiques nationales. Certaines analyses y perçoivent le poids déci-dément trop lourd des héritages politiques et techniques freinant l’activité de marché d’autres, à l’opposé, lisent dans cette situation la preuve irréfu-table de l’impossibleefficacité socialed’une marchandisation des services. Par-delà ces postulats idéologiques qui rendent difficile un bilan des actions engagées, une question demeure, malgré tout : quel est le résultat de plus de dix années de privatisation des services urbains et comment peut-on l’interpréter ? La réponse est délicate. L’actualité récente nous a montré que les grands groupes internationaux de services publics avaient fait marche arrière en amorçant un retrait progressif des pays dits « à risques » dans lesquels ils avaient massivement investi au cours de la dernière décennie. Ce désengagement, qu’il soit le fruit d’un calcul économique stratégique ou d’une pression sociale ou politique trop forte, viendrait conforter la 1 thèse de la « grande désillusion » suite à l’échec dusauvetagedes écono-mies du Sud par le secteur privé. Cependant, posé en ces termes, le débat tend à ignorer les véritables enjeux que soulève la problématique de la durabilité des services dans les pays en développement de même que les espaces possibles d’inventivité sociale que la question pourrait, au contraire, susciter. D’où une série d’interrogations laissées ouvertes à l’expertise des analystes : l’expérience avait-elle été pensée convenable-
1. Titre de l’ouvrage de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, qui a démissionné en 1999 de son poste de vice-président de la Banque mondiale. Son ouvrage dénonce les règles du jeu économique mondial guidées par les intérêts des pays industrialisés au détri-ment des économies du Sud. Voir : STIGLITZ, Joseph E.La grande désillusion. Paris: Fayard, septembre 2003, 324 p.
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ment ? Les actions engagées sont-elles nécessairement vouées à l’échec ? Les mauvais résultats de certaines expériences phares sonnent-ils le glas des partenariats public-privé, ou signifient-ils une recomposition des modèles proposés ? Plutôt que de conclure trop hâtivement à l’impossible équation entre marché et développement, il nous a semblé plus pertinent de considérer la période actuelle de « flottement » comme une occasion de repérer puis d’interpréter les éléments structurants du débat, à partir des réalisations concrètes plus ou moins concluantes des entreprises depuis les privatisa-tions. Cet ouvrage interroge ainsi le travail des opérateurs de services urbains de Buenos Aires, entreconstruction d’un marchéetservice à la collectivité, dans le cadre d’un exercice gestionnaire spécifique : la 2 desserte et la gestion du service dans les quartierscarenciadosde l’agglomération. Afin de dépasser les discours dénonçant marchandisa-tion des services et pratiques de « business abusif », nous avons fait le choix d’analyser les grandes déclarations d’intention sur la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) dans le but de les confronter aux questionne-ments et aux « bricolages » gestionnaires qui sous-tendent la pratique quotidienne des opérateurs. Pourquoi les entreprises engagent-elles des projets dans de tels quartiers ? Qu’attendent-elles d’une telle démarche ? Où puisent-elles la motivation et les ressources pour mener à bien une telle ambition ? De quelle ambition parle-t-on ? Dans cette perspective, ce travail de recherche s’est construit autour d’une exploration(i)des processus deprofessionnalisationen ingénierie sociale à l’œuvre dans ces entreprises et(ii)des dynamiques de coopéra-tion entre acteurs du champ du développement (municipalités, associa-tions de quartiers, ONG, etc.) engagés, afin de répondre au mandat de « responsabilité sociale » émanant des groupesSuez, EDF etFrance Télécom.
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Précisons d’emblée que notre raisonnement s’est construit à partir d’un questionnement issu du terrain sur la façon dont la notion de « Responsabilité Sociale d’Entreprise » y est déclinée selon les discours
2. Les quartierscarenciadossont les quartiers « défavorisés » de l’agglomération de Buenos Aires. Nous analyserons plus en détail par la suite leurs principales caractéris-tiques de même que les différentes réalités urbaines que cette notion recouvre. Ces quar-tiers, pour la plupart illégaux, sont souvent absents des cartes et inexistants au regard des autorités.
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