L’IMPOSSIBLE RETOUR À PROPOS DE L’AFROCENTRISME , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2004

EAN13

9782845864740

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Clarence E. Walker
L’IMPOSSIBLE
À propos de l’afrocentrisme
RETOUR
KARTHALA
L’IMPOSSIBLE RETOUR À PROPOS DE L’AFROCENTRISME
Édition originale :We can’t go Home Argument about Afrocentrism, Oxford Press, New York, 2001.
again. An University
Ouvrage traduit avec le concours du Centre national du Livre
Couverture :
Détail d’un masque baoulé du « dieu de la forêt », Côte d’Ivoire.
Éditions KARTHALA, 2004 ISBN : 2-84586-474-4
Clarence E. Walker
L’impossible retour
À propos de l’afrocentrisme
Traduit de l’anglais américain par Roger Meunier
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
A Paul Goodman, professeur dhistoire, et à Jacqueline Mitchell, directrice desÉtudes africaines-américaines
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Introduction
Ce petit livre constitue une prise de position dans le débat sur lafrocentrisme. Il présente une critique du discours de lafrocentrisme qui se focalise sur l’Égypte (appelée Kemet), considérée comme une civilisation noire et comme lorigine de la civilisation occidentale. En engageant cette discussion, jai clairementàlesprit le fait que lafrocentrisme constitue une forme populaire du nationalisme 1 culturel contemporain des Noirs américains . Ce
1.
Au cours de ce travail, on ma rapporté quil existait dautres variétés dafrocentrisme. Cependant, il ne ma pas été possible de déterminer ce quétaient précisément ces autres formes dafrocentrisme, même après avoir lu la littérature afrocentriste et fait des conférences dans diverses universités desÉtats-Unis. Parmi les tentatives pour échapper au modèle kémétique dafrocentrisme, on pourra consulter les trois travaux suivants : Makunugu M. Akinyella,«The Foundation of a Theory of Critical Afro-centricity »,Culture and Difference : Critical Perspectives on the Bicultural Experience in the United States, Darder Antonia (éd.), Westport, Conn., Bergin and Garvey, 1995, p. 21-38. Cet article appelleàune méthodologie afro-centriste plus critique. Pour lauteur, lafrocentrisme peut servir de critique contre lhégémonie de lOccident. Je ne suis pas daccord, car je ne pense pas quun argument se réclamant dun quelconque«centrisme » puisse avoir une
6 L’IMPOSSIBLE RETOUR texte viseàsoulever des questions sur lafro-centrisme comme forme de conscience historique. Bien que ses défenseurs puissent affirmer que lafrocentrisme relève du fait historique, les méthodes par lesquelles ils aboutissentàleurs conclusions ne sont pas rigoureuses sur le plan de lhistoire. Les chercheurs qui se baptisent afro-centristes nont pas fait de lhistoire, au sens le plus strict du terme. Ce quils ont produit est une mythologie thérapeutique visantàredonner une plus grande fierté deux-mêmes aux Américains noirs, en inventant un passé qui na jamais existé. En concoctant pour eux-mêmes et leurs adeptes un mélange de notions historiques et dinventions, les afrocentristes utilisent une argumentation de style historique pour valider leur analyse de la crise culturelle que traversent actuellement les Noirs américains. Quest ce que lafrocentrisme ? Molefi K. Asante, aujourdhui le principal porte-parole de ce courant auxÉtats-Unis, le définit ainsi :
valeur critique. Lidée quun continent aussi complexe que lAfrique pourraitêtre expliqué par le terme«centrisme » est réductrice et ne constitue pas une stratégie analytique très utile. Cet article mérite néanmoins la lecture car il est plus riche daperçus que les travaux dAsante. Une ligne dargumentation similaire est présentée par Clinton M. Jean,Behind the Eurocentric Veils, Armherst, University of Massachusetts Press, 1991, p. 98-99. Voir également C. Tsehloane Keto,The African Centered Perspective of History, Londres, Research Associates/Karnak House, 1994, p. 70-71. Ce livre tente de critiquer le dogme afrocentriste de lAfrique comme matrice de la culture occidentale en proposant une analyse plurielle des origines de la civilisation.
INTRODUCTION7 « L’afrocentriste chercheàdécouvrir etàutiliser les codes, les paradigmes, les symboles, les confi-gurations, les mythes et les lignes de discours qui renforcent le caractère central des valeurs et des idéaux africains comme cadre de référence pertinent pour rassembler et examiner les faits. Une telle méthode semble aller plus loin que lhistoire occidentale et a pour but de revaloriser la place de lAfrique dans linterprétation des Africains du 2 continent et de la diaspora » .
Dans cette citation, Asante nutilise pas le mot «histoire » ; pourtant, un curieux amalgame de faits historiques et de fiction nen occupe pas moins une place centrale dans ses travaux et ceux des autres 3 chercheurs afrocentristes . Lappel que fait Asanteà une«» dansrevalorisation de la place des Africains létude du passé des Noirs trouve un écho dans le propos de Maulana Karenga quand il affirme que le but primordial des recherches sur les Noirs est«de 4 sauver et de reconstruire lhumanité noire » . Resituées dans le contexte des écrits afrocentristes, ces déclarations trouvent une autre signification :
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3.
4.
Molefi K. Asante,Kemet, Afrocentricity, and Knowledge, Trenton, N.J., Africa World Press, 1990, p. 6. Pour des exemples dhistoire afrocentriste, voir les ouvrages suivants : Molefi K. Asante,Afrocentricity, Trenton, N.J., Africa World Press, 1988,passim; id.,Classical Africa, Maywood, N.J., Peoples Publishing Group, 1994 ; id., African American History : A Journey of Liberation, Maywood, N.J., Peoples Publishing Group, 1995 ; Maulana Karenga,Introduction to Black Studies, Los Angeles, University of Sankore Press, 1993, chap. 2 ; et Chancellor Williams,The Destruction of Black Civilization, Chicago, Third World, 1987. La première citation est tirée dAsante,Kemet, Afro-centricity, and Knowledge6 et la seconde de Karenga,, p. Introduction to Black Studies, p. 69.
8 L’IMPOSSIBLE RETOUR Asante et Karenga nous disent en fait que les Américains noirs sont psychologiquement désarmés face au monde blanc. Selon Asante, les Noirs pour se sauver de leurs maux doivent se situer«au centre de leur propre contexte historique comme agents historiques actifs ». Pour atteindre au sens propre leur conscience historique, les Noirs auxÉtats-Unis «doivent commencer de lendroit oùils se trouvent » en faisant létude«de lhistoire et de la mythologie 5 afro-américaine » . Létude de ces questions amènera les Noirsàconclure que leur compréhension du passé noir est non seulement incomplète mais erronée. Le remèdeàcette conscience historique 6 fausse est lafrocentricité .«Lafrocentricité est au 7 cœ», selon Asante ur de la régénération humaine . Privésàla fois dune«idéologie » et dun«patri-moine », les Noirs sont comme des fourmis qui «essaient de déplacer un gros morceau de détritus et 8 découvrent qu» . La réponseil ne bougera pas àcet état dinertie et de déracinement dans lequel les Noirs se trouvent empêtrés«par une histoire discon-9 tinue et un avenir incertain » est lafrocentrisme . Agissant comme une forme de convalescence cultu-relle, lafrocentrisme est une cure de réhabilitation de la psyché noire meurtrie et désorientée par des siècles darrogance et de présomption de lhistoire eurocentrique. Lafrocentrisme conteste laffirmation selon laquelle la Grèce seraitàlorigine de la
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6.
7. 8. 9.
Cité dans Gary B. Nash, Charlotte Crabtree et Ross F. Dunn,History on Trial, New York, Knopf, 1997, p. 118. Voir la discussion de ce processus dans Asante,Afro-centricity,passim. Ibid., p. 1. Ibid. Molefi K. Asante,Afrocentric Idea, Philadelphie, Temple University Press, 1987, p. 9.
INTRODUCTION9 civilisationoccidentale et attribue ce rôleàl’Égypte ancienne.
«Lanalyse afrocentrique rétablit la centralité de la civilisation kémétique (égyptienne) antique et du complexe culturel de la Vallée du Nil comme points de référence pour une perspective africaine, de la même manière que la Grèce et Rome servent de 10 points de référence pour le monde occidental » .
Àla racine de laffirmation que cest Kemet et non la Grèce qui est la mère (ou le père) de lOccident, il y a la croyance que la véritable histoire des peuples noirs leur a été subtilisée. Cest ce que le professeur Amos N. Wilson, un psychologue, a appelé«le vol de lhistoire ». Il continue en disant :
«En étudiant légyptologie, nous essayons de reprendre ce que lhistoriographie européenne nous a volé et a complè; dtement falsifié effacer les nouvelles identités fausses quelle a attribuées au 11 peuple africain de l’É.gypte »
Une argumentation similaire se retrouve dans un des ouvrages afrocentristes qui a eu le plus 12 dinfluence,Stolen Legacyde George G. M. James . Lidentité ou lidée fausse que ces textes veulent rectifier est la notion que les peuples noirs compteraient pour zéro dans lhistoire mondiale. Si
10.Ibid. 11. Amos N. Wilson,The Falsification of Afrikan Conscious-ness : Eurocentric History, Psychiatry, and the Politics of White Supremacy, New York, Afrikan World Info Systems, 1993, p. 25. 12. George G. M. James,Stolen Legacy(1954), (réédition, San Francisco, Julian Richardson Associates, 1988), p. 7, 153-154, 158.
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