L’horreur qui nous prend au visage L’État français et le génocide au Rwanda , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

2

EAN13

9782845866208

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Laure Coret et François-Xavier Verschave
L’horreur qui nous prend au visage
L’État français et le génocide au Rwanda
Rapport de la Commission d’enquête citoyenne
KARTHALA
L’HORREUR QUI NOUS PREND AU VISAGE L’ÉTAT FRANÇAIS ET LE GÉNOCIDE
Collection « Hommes et Sociétés »
Conseil scientifique: Jean-François BAYART(CERI-CNRS) Jean-Pierre CHRÉTIEN(CRA-CNRS) Jean COPANS(Université Paris-V) Georges COURADE(IRD) Alain DUBRESSON(Université Paris-X) Henry TOURNEUX(CNRS)
Directeur: Jean COPANS
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
James Natchwey. Agence VII.
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-620-8
SOUS LA DIRECTION DE Laure Coret et François-Xavier Verschave
L’horreur qui nous prend au visage
L’État français et le génocide
Rapport de la Commission d’enquête citoyenne
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
LES ÉDITIONS KARTHALA ET LE GÉNOCIDE DE 1994
Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda, Alison Des e Forges / FIDH et HRW, 3 édition, 2004.
Le défi de l’ethnisme. Rwanda et Burundi (1990-1996), Jean-Pierre Chrétien, 1997.
La justice internationale face au drame rwandais, Jean-François Dupaquier (dir.), 1996.
Politique africaine, n° 93, La revue des livres, mars 2004.
Rwanda. Les médias du génocide, Jean-Pierre Chrétien (dir.), nouvelle édition, 2002.
Rwanda, le piège de l’histoire. L’opposition démocratique avant le génocide (1990-1994), Jordane Bertrand, 2000.
Merci… aux donateurs, de temps et de monnaies.
L’organisation de la Commission d’Enquête Citoyenne, de la préparation des rapports aux invitations, en passant par l’enregistrement des bandes sonores et vidéo, sans oublier l’accueil des témoins et des invités, a été assurée par les bénévoles et les permanents de l’association Survie, coordonnés par Olivier Thimonier.
Une mention toute spéciale pour Samuel Gantier, pour avoir bien voulu filmer en Belgique le témoignage d’Alison Des Forges.
La publication de ces actes est tout droit issue des retranscriptions et relectures patientes d’une équipe d’étudiantes, de doctorantes et d’enseignantes de l’Université Paris 8, chacune connaît sa part de responsabilité dans ce qui suit…
qui n’aurait pas été sans le travail final de correction des commissaires, invités et personnes extérieures à la CEC, ni le soutien technique de Claire Jacquemin, Carol Guillaume et Rodolphe Ollivier.
29°00' 29°30' 30°00' 30°30' 31°00' 1°00'Kafunzo Merama Kagitumba O U G A N D A R W A N D A Lac Lac Mutanda FrontièresRwemhasha BunyonyiRWANDA PréfecturesLubirizi Kisoro Rutshuru Capitale Nyagatare CyanikaK Kabale aa Préfectures bg e PARC NATIONALr ma VillesButarou DES VIRUNGAMuvumbai t KidahogP A R C LacKatunaa Lac K Burera Mulindi Rwanyakizinga RuhengeriGatunda 1°30'Kirambo Ngarama Lac Cyamba RÉPUBLIQUEGabiroLac Mikindi KoraRuhondoByumba Busogo DÉMOCRATIQUE DU MuturaN A T I O N A L D ELac Kinihira C O N G OGoma KagaliMujunjuLac Hago Nemba Gisenyi (EX-ZAÏRE) Kinyami Nyundo Muhura Lac L Kabaya Rushashi oRutare Kivumba wNgaruN a yRukara aMurambiL ’ A K A G E R A LacbMbogo a r ongo Lac KivuNgororero Shyorongi Lac Ihema Ile Muhazi BugaruraKiyumba Gikoro Kinyinya Rwamagana Kigali Ile Wahu Runda Bulinga Lac Kayonza Kicukiro Bicumbi 2°00'Nasho Butamwa Mabanza Kigarama GitaramaLac Lac Lac KibuyeMpanga Bisongou Mugesera Lac Birambo Ile Bugesera Cyambwe KibungoRukira Idjwi Gishyita Bwakira Rilima Sake Ruhango Rwamatamu Masango Gashora Rusumo Gatagara Bare Nemba Kaduha Kirehe K a g Ngendae Nyabisindur Ilea Rwesero Lac Lac GomboKaraba Rweru RusatiraCyohoha Gisakura Sud KamembeGikongoro Bukavu Karama CyanguguRwumba 2°30'Kitabi Cyimbogo Karengera Nyakabuye Bugumya RurambaButareT A N Z A N I E B U R U N D I Gisagara u r a Bugarama Busoroy n Muninia k A 0 10 20 30 km Runyombyi 0 10 20 mi 29°00' 29°30' 30°00' 30°30' 31°00'
Carte nº 3717 Rev. 7 © NATIONS UNIES 1997
« Ici se pose la fameuse question […] « hutu c’est quoi, et tutsi, c’est quoi ? ». Certainement pas des ethnies. Une ethnie selon lePetit Robertest un « ensemble d’individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture ». Les Bahutu, les Batutsi et les Batwa parlent la même langue (le kinyarwanda), partagent la même culture (l’ikinyarwanda), ont les mêmes croyances (imana) et habitent le même territoire. Il n’y a donc au Rwanda qu’une seule ethnie : les Banyarwanda. » Dorcy Rugamba, « Hutu/Tutsi », in Alternatives théâtrales 67-68,Rwanda 94,le théâtre face au génocide, Groupov, récit d’une création,avril 2001, Lièges (p.58).
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AVANT-PROPOS
 Le 10 mai 1994, un mois après le début du génocide d’environ un million de Tutsi rwandais, le président François Mitterrand cherchait déjà, dans une intervention solennelle sur TF1 et France 2, à en exonérer la France : « Nous n'avons pas envoyé une armée pour combattre, nous n'étions pas là-bas pour faire la guerre. Nous ne sommes pas destinés à faire la guerre partout, même lorsque c'est l'horreur qui nous prend au visage. » Le présent rapport montrera d’abondance le déni de réalité contenu dans ce propos : au Rwanda, nos dirigeants n’ont pas cessé de « faire la guerre » avant, pendant et après le génocide, alors que nul destin ne les y astreignait – « une vraie guerre, totale et très cruelle » a même déclaré le général Quesnot, chef d’état-major de Mitterrand.  Mais une chose au moins est juste dans la vaticination présiden-tielle : l’ampleur des complicités françaises au côté des concepteurs et organisateurs du génocide est telle que, depuis, « l’horreur nous prend au visage ». Et elle prendra indistinctement au visage tous les Français, tant qu’il n’aura pas été possible, pour les rescapés, les parents des victimes, tous les êtres humains que le génocide de 1994 a bouleversés, de percevoir à la fois la réalité de ces complicités et les ruses par lesquelles un petit nombre de décideurs hexagonaux ont entraîné la France dans ce 1 qui constitue l’une des pires ignominies de son histoire . Dès 1994, certaines de ces complicités avaient été exposées et dénoncées. Le dossier n’a ensuite cessé de s’étoffer de quantité d’articles, rapports, ouvrages, documentaires télévisés, en France et surtout à l’étranger. Car aussitôt s’est abattue chez nous la chape de la négation : le cercle des responsables de l’engagement français dans le camp génocidaire a su convaincre la quasi-totalité des décideurs civils et militaires d’une nécessaire solidarité dans le déni. En 1998, pour le centenaire duJ’accuseZola, une série de de quatre articles de Patrick de Saint-Exupéry dansLe Figarobrisé le a silence médiatique et apporté de nouveaux éléments, provoquant la création d’une Mission d’information parlementaire. Au sein de cette Mission, une minorité de députés curieux et de bonne volonté, parfois isolés, a contribué à épaissir le dossier. Mais son président, l’ancien 2 ministre de la Défense Paul Quilès, a conclu au rejet de toute complicité , e 1. Elle en a commis beaucoup, dont la traite négrière. Rien qu’au XX siècle, rappelons le travail forcé en Afrique centrale, les crimes contre l’humanité à Madagascar, en Algérie, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, etc. – et bien sûr les crimes de Vichy. 2. Cette conclusion a été critiquée par quelques députés de la Mission et a fait l’objet, en juin 2004, de questions au gouvernement.
10
AVANT-PROPOS
en dépit des preuves contenues dans le rapport lui-même. Il a seulement admis une « erreur ». Les historiens le savent, la mémoire d’un génocide résiste fortement à la négation. Un an avant le dixième anniversaire du génocide des Tutsi, des associations et citoyens français ont résolu de reprendre le dossier des complicités françaises là où les députés l’avaient laissé, réagissant ainsi à une défaillance de nos institutions démocratiques. Puisqu’il est permis au citoyen d’une commune de porter plainte au lieu du maire quand celui-ci ne dénonce pas un détournement de l’argent municipal, il doit bien être possible à des citoyens français de s’inquiéter d’une présomption de crimes infiniment plus graves. C’est ainsi qu’est né le projet d’une « Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 » (CEC), qui tiendrait cinq jours de session plénière du 22 au 26 mars 2004. Quatre associations ont porté ce projet : l’Association internationale de recherches sur les crimes contre l’humanité et les génocides (Aircrige), la Cimade, l’Observatoire des transferts d’armement et Survie. S’y sont joints des juristes, historiens, témoins et militants, dont plusieurs ont représenté la Commission durant ses séances publiques de mars 2004 (Géraud de la Pradelle, président de la CEC, Annie Faure, Bernard Jouanneau, Rafaëlle Maison et Yves Ternon). Une pétition de soutien à ce projet d’enquête a recueilli huit mille signatures. La préparation a été difficile, tant à cause de la faiblesse des moyens financiers obtenus (investir dans la recherche de vérités déplaisantes n’est pas un geste courant) que de la pression ressentie par certains témoins potentiels, ou de l’autocensure de nombreux autres. La CEC a pu cependant envoyer Georges Kapler recueillir durant un mois des témoignages au Rwanda – une mission difficile et réussie. La sortie en mars 2004 de l’ouvrage de Patrick de Saint-Exupéry,L’Inavouable. La France au Rwanda, a créé un effet de synergie, amenant des éléments nouveaux jusqu’au dernier jour de session de la CEC. Le programme des séances publiques a été réparti en six thèmes : présomptions de complicités militaires ; financières ; diplomatiques ; rôle des médias et présomptions de complicités idéologiques ; opération Turquoise ; hiérarchie des responsabilités. Chaque thème a fait l’objet d’un rapport préalable, apportant à la CEC les éléments disponibles (documents, études, retranscriptions de propos antérieurs). La Commission a entendu le rapporteur, discuté son rapport et les pièces proposées, tout en auditionnant des experts et témoins. Les témoignages de Rwandais ont été visionnés en fin de journée. Faute de pouvoir se déplacer fin mars à Paris, l’historienne Alison des Forges, auteur du rapport de référence sur le génocide (Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, 1999), a accepté de s’exprimer dans un long témoignage filmé.
La Commission a essayé d’entendre les tenants de la thèse officielle de la non-complicité. Elle a invité quasiment tous les acteurs français majeurs de la relation franco-rwandaise à cette époque. Elle n’a obtenu, pratiquement, que des non-réponses ou des refus. Cela peut se comprendre. Seule la justice pourra exiger des explications de ceux, parmi ces acteurs, qui se sont apparemment rendus complices de faits aussi graves. Le présent Rapport est une retranscription presque intégrale des 3 cinq journées de session de la CEC – qui ont par ailleurs été filmées. Ont seulement été omis les rares moments où l’intérêt des débats a faibli, des parties de témoignages hors sujet, et quelques moments où l’enre-gistrement a été défaillant. Quelques témoignages ou extraits de témoignages ont été replacés dans le chapitre concerné, lorsque le témoin, pour des raisons de disponibilité, est intervenu à un autre moment. À ces réserves près, le lecteur pourra donc suivre dans son dérou-4 lement cette « enquête publique » d’une semaine . Elle a été vécue par les participants comme un moment intense, un combat singulier entre la 5 recherche de la vérité et sa négation : oui, pendant cinq jours, « l’horreur nous a pris au visage ». Les membres de la CEC étaient déjà informés sur le sujet, mais ce qu’ils ont découvert ou entrevu a relevé parfois de l’inimaginable : l’indifférence au génocide de hauts responsables 6 français a conduit à accepter et même promouvoir l’instrumentalisation 7 de milices déshumanisées au service d’une guerre totale “racialisée”– sur la base, semble-t-il, d’une doctrine militaire directement héritée des guerres d’Indochine et d’Algérie. Du coup, la Commission ne s’est pas contentée de délivrer des conclusions provisoires. Elle a décidé de poursuivre sa collecte et sa recherche d’informations, tout en travaillant sur de possibles incrimi-3. Sous la supervision de Laure Coret – qui a par ailleurs assuré la mise en forme finale – et de François-Xavier Verschave, avec le concours de Rodolphe Ollivier et Claire Jacquemin. 4. La CEC s’est terminée le 27 mars 2004 par un colloque à l’Assemblée nationale,Rwanda 1994 : La République française et le génocide. La plupart des contributions à ce colloque sont publiées dans CORET(éd.), 2005 Toutes les références bibliographiques, complètes, se trouvent à la fin du présent volume. 5. Nous tenons de nouveau à remercier encore tous ceux qui se sont engagés, sans compter leur temps, pour l’organisation de cette Commission : la somme de leurs engagements gratuits à plus que compensé l’extrême modicité des moyens financiers à notre disposition. 6. Selon Patrick de Saint-Exupéry, François Mitterrand considérait que « dans ces pays là, un génocide ce n’est pas trop important » ; un haut responsable des services secrets estime que le succès de certaines opérations vaut bien de « mettre le génocide entre parenthèses ». 7. Comme aujourd’hui le régime soudanais avec ses Janjawids.
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