L’espace et ses représentations en Afrique , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2004

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845865433

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Sophie Dulucq et Pierre Soubias (éds)
L’espace et ses représentations en Afrique
KARTHALA
LÁESPACE ET SES REPRÉSENTATIONS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Collection « Hommes et Sociétés»
Conseil scientifique: Jean-François BAYART(CERI-CNRS) Jean-Pierre CHRÉTIEN(CRA-CNRS) Jean COPANS(UniversitéParis-V) Georges COURADE(IRD) Alain DUBRESSON(UniversitéParis-X) Henry TOURNEUX(CNRS)
Directeur: Jean COPANS
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Extrait de Job Ludolf,Historia aethiopica, Francfort, 1681. Carte de l¼Afrique nord-orientale, où l¼on peut lire :Loca ferarum plena, « Lieux pleins de bêtes sauvages».
Éditions KARTHALA, 2004 ISBN : 2 84586-543-0
Sophie Dulucq et Pierre Soubias (éds)
LÁespace et ses représentations en Afrique subsaharienne
Approches pluridisciplinaires
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Cet ouvrage est publié avec le concours du Service des Relations Internationales de l¼université Toulouse-le-Mirail et avec le soutien du CNL.
Introduction
Sophie et Pierre
DULUCQ SOUBIAS
Hic sunt leonesécrivait-on, sur les atlassont les lions » ª ª « ici anciens représentant l®Afrique, comme si cet espace-là était, plus qu®un autre, voué à l®investissement de l®imagination. Les Européens ont rêl®Afrique, les Africains ont saturé d®imaginaire leur environnement : à chacun ses lions... Il serait illusoire de prétendre évacuer la dimension fantasmatique de tous les espaces que nous habitons. S®il a été longtemps considéré, dans le sillage deLa critique de la raison pure, que l®espace était une catégoriea prioride l®aperception, il est désormais convenu que cette notion relève au contraire, fonda-mentalement, d®un construit social et culturel. En Afrique subsaharienne comme ailleurs, le rapport à l®espace, sa perception, ses multiples représentations procèdent de processus historiques et anthropologiques déployés selon des logiques singulières. Avec des modalités propres, les sociétés africaines ont domestiqué leur espace, se le sont approprié. Elles ont ainsi ressenti, rêvé, imaginé, décrit, représenté un espace qui, dans un tourbillon constant de constructions, déconstructions et reconstructions, s®avère tout autant extérieur qu®intérieur, à la fois«espace du dehors » des géographes et«espace du dedans » cher à Henri Michaux. Le chercheur, quelle que soit sa discipline, prend vite conscience des difficultés que posent certaines formes de représentation de l®espace en Afrique, qu®il ait affaire à des toponymes, à des récits ou des descriptions, à des plans ou des croquis. Souvent les modes de perception «cartésiens », eux-mêmes soumis à une construction historico-culturelle, ne recoupent pas ceux que manipulent les cultures autochtones qui opèrent à leur façon une stylisation, un morcellement et une évaluation de l®espace. De leur côté, au fil du temps, les Occidentaux ont fantasmé sur
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ESPACE ET SES REPRÉSENTATIONS ENAFRIQUE SUBSAHARIENNE
l®Afrique, projeté leurs propres visions spatialisées, imposé leurs décou-pages, construit leur perception. Ces projections se sont inévitablement télescopées avec l®espace vécu des populations, conduisant bien souvent à des incompréhensions et à des contresens. Ainsi, comme l®explique Yveline Dévérin, les colonisateurs français s®appuyèrent-ils sur les chefs mossi qui se trouvaient à la tête des plus vastes territoires, sans percevoir qu®en réalité, les chefs les plus puissants régnaient sur de petites entités territoriales :«Ils n®avaient pas compris qu®un territoire, en pays mossi, est humain et non spatial. Le pouvoir est un pouvoir sur les hommes, le territoire est en quelque sorte détaché de l®espace. Le lieu, c®est l®homme. » Aujourd®hui encore, de sourdes incompréhensions jaillissent de la rencontre entre des conceptions«modernes » de l®espace et des représentations«il est difficile de faire labourer sontraditionnelles » : champ d®ouest en est à un paysan burkinabé ª quand bien même, en suivant les courbes de niveau, il limiterait l®érosion ª dans la mesure où son espace social, culturel, religieux et mental organise la«bonne » progression de l®est vers l®ouest. On le voit, s®interroger sur l®espace en Afrique amène à voyager au plus profond de l®imaginaire des peuples, à débusquer les fausses certitudes, à dépayser les préjugés et à dénaturaliser les repères. Axes, circuits, circulations, flux, réseaux, images, imaginaire, mythologie, cosmogonie, création artistique, interventions concrètes de planification et d®aménagement : multiples sont les pistes où nous entraînent l®espace et ses représentations. Ce livre est issu de la rencontre de chercheurs aux horizons disci-plinaires variés, réunis lors de trois journées d®étude tenuesàl®université de Toulouse-le-Mirail en 2000 et 2001. Il propose une approche plurielle, recourant aux lumières de la géographie, de l®analyse littéraire et cinématographique, de l®histoire, de l®anthropologie, de la sociologie et de l®économie. Lors de la préparation des journées et au cours des échanges proprement dits, sont apparues un certain nombre de réflexions et d®interrogations communes, que l®on peut regrouper autour de trois axes : l®espace des logiques sociales, l®espace du politique et l®espace en représentation.
INTRODUCTION
Lºespace des logiques sociales
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En Afrique subsaharienne, l®espace du social ª celui des groupes comme celui des individus ª est construit et polarisé selon des processus spécifiques. Territoire et terroir en constituent une dimension importante, mais non exclusive. Les trajectoires et les itinéraires individuels s®y inscrivent, les réseaux, les langues, les identités s®y déploient. Pour une bonne part, la structuration de l®espace, qu®il soit rural ou urbain, procède de cetespace socialisé. Les logiques économiques, avec leurs flux, leurs réseaux, leurs pôles, leurs migrations à toutes les échelles, en constituent un aspect bien visible. Quant au cyberespace des communications électroniques, malgré le retard africain, il est en devenir. Dans ces espaces structurés et polarisés se meuvent nomades, hommes et femmes, familles, parentèles, clans ou lignages, citadins et paysans, jeunes et vieux, initiés et non initiés... C®est selon l®appartenance à telle ou telle catégorie que change le rapport à l®espace et que prennent toute leur force les clivages public/privé, ville/campagne, familier/lointain, connu/inconnu, masculin/féminin, etc. Le déplacement sous ses formes diverses (voyage, pèlerinage, initiation, errance, exil, conquête, retour, migration de travail, etc.) intervient non seulement dans la formation personnelle de l®individu, dans son initiation, mais aussi dans sa légitimité, dans son statut au sein du groupe social et dans son rapport avec ce groupe.
Lºespace du politique
Recoupant dans une large mesure l®espace du social, le champ du politique recèle lui aussi une dimension fortement spatialisée. Pour preuve littéraire, le genre épique, en exaltant la conquête et le héros conquérant, procède systématiquement, dans la narration elle-même, à un ancrage du récit dans l®espace : la toponymie y fait sens. Qu®il s®agisse de conquérir un territoire, de le contrôler, de l®organiser, d®en délimiter frontières et marches, d®empêcher la sécession de l®une ou l®autre de ses franges, de délimiter des espaces interdits (ségrégation, sacralisation de lieux particuliers, etc.), le pouvoir a affaire avec l®espace, celui de l®État, de la nation, de l®ethnie, de la région, du village, etc. Les politiques d®aménagement, décidées d®en haut, contribuent elles aussi à façonner
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ESPACE ET SES REPRÉSENTATIONS ENAFRIQUE SUBSAHARIENNE
l®espace ª celui des villes, surtout ª au nom de conceptions plani-ficatrices, gestionnaires, juridiques dont la nature est profondément politique. Marches de protestation, manifestations de rue, occupation de lieux clés, déguerpissements autoritaires, appropriation du sol : la politique se construit ainsi dans l®espace et l®espace construit le politique. Dans les cas extrêmes, la guerre, qui brouille les repères traditionnels, fait aussi éclater les repères spatiaux et,ipso facto, atomise les repères sociaux et psychologiques. Il en va de même pour l®arbitraire absolu de apartheidqui, imposant la ségrégation spatiale, parvient à cliver les individus eux-mêmes.
Lºespace en représentation
Il est évident que bien des oppositions symboliques structurent les pratiques africaines de l®espace : entre village et«entre sacrébrousse », et profane, entre monde visible et monde invisible, entre espace connu et inconnu, entre espace du quotidien et espace de l®initiation, etc. Comment séparer, en effet, la dimension imaginaire des représentations ª souvent mythologiques ª des faits«tant il est vrai que les représen-objectifs », tations de l®espace ont un effet de retour sur les pratiques quotidiennes ? L®imaginaire occidental acheminé dans les bagages des voyageurs et des colonisateurs a, quant à lui, conduit les Européens à voir l®Afrique à travers des grilles de lecture importées et à faire prévaloir une certaine conception de l®organisation spatiale, à stigmatiser certaines pratiques, à en imposer d®autres. Le caractère mouvant des représentations et des pratiques, souvent source de malaise tangible, a d®ailleurs été mis à contribution heuristique par les artistes africains contemporains. Les repères spatiaux sont dès lors soumis à des lectures complexes ouvrant un univers où lieux, parcours, inscriptions dans l®espace sont investis de sens. De même que la Sainte-Victoire ne peut plusêtre vue de la même façon depuis Cézanne, de même l®Afrique contemporaine ne peut plusêtre perçue indépendamment du travail sur les représentations accompli par les artistes du continent. C®est pourquoi il a paru important d®interroger diverses œuvres littéraires et cinématographiques. Cet ouvrage met donc à contribution plusieurs spécialistes de la littérature africaine anglophone, généralement non traduite en français ª et notamment des écrivains contemporains souvent mal connus.
INTRODUCTION
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Pour respecter l®esprit interdisciplinaire du projet, il a été nécessaire d®adopter un plan thématique qui souligne la complémentarité des approches, au-delà des appartenances des chercheurs à telle ou telle discipline. Il nous a paru fécond de faire dialoguer, autour de plusieurs pistes de réflexion, des spécialistes d®horizons variés et de mettre en lumière les convergences de leurs constats. Des remarques isolées dans tel chapitre ont ainsi pris de la densité en entrant en résonance avec d®autres notations faites ailleurs, dans une tout autre perspective : c®est dans ce jeu d®échos que l®approche interdisciplinaire prend tout son sens et nous invite à une lecture ouverte aux rencontres et aux découvertes. Nous avons choisi de mettre en évidence, dans une première partie, l®hétérogénéité, la complexité et les contradictions des systèmes sym-boliques de l®espace, qu®ils soient endogènes ou exogènes. La seconde partie traitera de l®articulation entre les imaginaires de l®espace et les enjeux sociopolitiques concrets. Enfin, dans une dernière partie, nous avons choisi de regrouper les interventions qui portaient plus spéci-fiquement sur les villes, ces lieux de mutation et de contradiction de l®Afrique contemporaine.
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