Cinq essais surla mort africaine , livre ebook

icon

590

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2013

Écrit par

Publié par

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

590

pages

icon

Français

icon

Ebook

2013

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Publié par

Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811109332

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

41 Mo

Louis-Vincent Thomas
Cinq essais sur la mort africaine
Ouvrage présenté et préfacé par Jean-Marie Brohm
CINQ ESSAIS SUR LA MORT AFRICAINE
Visitez notre site KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Éditions KARTHALA, 2013 ISBN : 978-2-8111-0933-2
Louis-Vincent Thomas Cinq essais sur la mort africaine Ouvrage présenté et préfacé par Jean-Marie Brohm Éditions KARTHALA22-24, bd Arago 75013 Paris
V
Préface Louis-Vincent Thomas, l’Afrique et l’anthropologie de la mort * Jean-Marie Brohm Louis-Vincent Thomas a eu avec l’Afrique noire, et singulièrement le Sénégal, une relation de profonde sympathie et même de fascination qui allait bien au-delà de l’attachement spontané que peut éprouver un anthropologue pour son « terrain » de recherche. « Ma plus grande joie, peut-être, écrivait-il, fut de vivre vingt ans en Afrique noire. Oui, l’Afrique et ses fils m’ont beaucoup apporté. C’est tout d’abord la découverte d’un monde autre, dont la quotidienneté surprend au premier abord par les couleurs, les sons, les odeurs, l’exubérance, la chaleur communicative, le sens étonnant des rythmes, un amour extraordinaire de la vie en dépit de conditions d’existence fort difficiles. Plus profondément on ne peut que tirer un immense profit des réflexions sur les systèmes de pensée traditionnels, leur incroyable richesse et complexité, leurs jeux stupéfiants de symboles [...], la place fondamentale 1 qui revient au corps, à ses images corporelles ». * Professeur émérite de sociologie, Université Montpellier III, Paul Valéry. 1. Louis-Vincent Thomas, « Autoportrait ou faux semblant ? »,Quel Corps ?, n° 38/39 (« Une galaxie anthropologique. Hommage à Louis-Vincent Thomas »), octobre 1989, p. 8. D’autres hommages de son vivant ont permis de souligner l’importance et l’originalité de son œuvre. Voir Patrick Baudry, « Louis-Vincent Thomas. Une interrogation plurielle »,Sociétés1, 1984 ; voir aussi Patrick Baudry,, n° La Place des morts. Enjeux et rites, Paris, Armand Colin, 1999, qui souligne l’importance de
VI
CINQ ESSAIS SUR LA MORT AFRICAINE
 Après des études supérieures de philosophie en Sorbonne de 1942 à 1946, Louis-Vincent Thomas devint en 1948 professeur de philosophie au Lycée Van Vollenhoven de Dakar, puis, de 1951 à 1958, chargé de cours en philosophie à la Faculté des lettres de l’Université de Dakar. Il s’était vite rendu compte que la philosophie ne concernait pas seulement les livres, y compris ceux de philosophie, mais d’abord le monde réel, celui 2 de son époque . Il s’était donc progressivement approprié, avec curiosité et passion, les divers univers culturels, symboliques, religieux et politiques des sociétés qui l’entouraient et qui devaient avoir une profonde influence sur son œuvre, mais aussi sur son existence. « Me trouvant alors avec un projet de thèse de philosophie sur “Les malheurs de la conscience” que patronnait Étienne Souriau, écrit-il, j’ai pensé qu’il valait mieux m’occuper du monde noir que de Hegel, Fichte ou Schelling. Et ce n’était pas par hasard cette fois, que dans le cadre de la préparation des “concours”, j’avais choisi pour l’obligatoire “certificat de
l’œuvre de Louis-Vincent Thomas ;Quel Corps ?, n° 42 (« Objets anthropologiques non identifiés »), décembre 1991 ;UtinamComment peut-on être socio-2/3 (« , n° anthropologue ? Autour de Louis-Vincent Thomas »), avril-juillet 1992 ;Approches, e n° 79 (« La Mort aujourd’hui. Hommage à Louis-Vincent Thomas »), 3 trimestre 1993. Parmi les hommages posthumes on retiendraPrétentaine, n° 1 (« Hommage à Louis-Vincent Thomas »), mai 1994, avec son texte magnifique sur « L’homme et le rat. Vers une anthropologie de l’animal » ; ThanatologieLouis-101/102 (« , n° Vincent Thomas. 1922-1994 »), juin 1995 ;Prétentaine, n° 7/8 (« Anthropologie de l’Ailleurs. Présence de Louis-Vincent Thomas »), octobre 1997 avec divers témoignages et des textes devenus difficiles d’accès de Louis-Vincent Thomas ; Revue de l’Institut de Sociologie (« L’anthropologie »),de la mort aujourd’hui 1999/1-4 ;Revue de l’Institut de Sociologie (« Socio-anthropologie de la mort. Louis-Vincent Thomas : dix ans après »), 2005/3-4. Claude Javeau, directeur de cette excellente revue publiée par l’Université Libre de Bruxelles, était lui aussi très proche des préoccupations de Louis-Vincent Thomas dont les travaux ont également influencé la thanatologie belge. Voir Claude Javeau,Mourir, préface de Patrick Baudry, Bruxelles, Les Éperonniers, 1988. 2. Voir le classique ouvrage de Paul Nizan,Les Chiens de garde, Paris, François Maspero, « Petite collection », 1976, p. 30 : « Les philosophes paraissent ignorer comment sont bâtis les hommes, ne point connaître ce qu’ils mangent, les maisons où ils habitent, les vêtements qu’ils portent, la façon dont ils meurent, les femmes qu’ils aiment, le travail qu’ils accomplissent ». Louis-Vincent Thomas a toujours mis en pratique cette critique de la philosophie académique qui évacue métho-diquement les conditions de vie concrètes des humains...
PRÉFACE
VII
science”, l’ethnologie, singulièrement celle de l’Afrique noire sous la 3 direction de Marcel Griaule ».  Dès sa première grande étude ethnologique qui deviendra sa monu-mentale thèse d’État consacrée aux Diola de Basse-Casamance, Louis-Vincent Thomas s’était ainsi proposé de « réfléchir sur les systèmes de pensée négro-africains, les représentations, les idéologies, les mythes, les rites et les symboles sans négliger pour autant les structures sociales et les 4 questions relatives à la personnalité ». Soutenue à la Sorbonne puis 5 publiée , cette thèse allait être pour lui l’occasion de mettre en œuvre la démarche dont il ne devait plus se départir : la prise en compte du « fait 6 social total » dans sa multidimensionnalité, l’exigence de transdisci-7 plinarité et le recours au complémentarisme . C’est pourquoi il avait enquêté – « en ethnologue, en psychologue (utilisation des techniques 8 projectives, notamment leRorschach), en sociologue et en philosophe » – sur les multiples aspects de la société des Diola, leur économie, leur agri-culture, leur habitat, leur culture, leur religion, leurs cérémonies, leur cosmologie, leur système de parenté et sur bien d’autres choses encore, avec un grand soin du détail. Il publia également le résultat de ses travaux 9 dans diverses revues, en particulier dans leBulletin de l’IFANDakar , à 10 où il fit preuve de son érudition et de son ouverture d’esprit .  Nommé en 1958 professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de Dakar dont il deviendra en 1962 le doyen jusqu’à son retour en France en 1968, Louis-Vincent Thomas n’a cessé de manifester sa 3. Louis-Vincent Thomas, « Éléments pour un itinéraire »,Sociétés, n° 41, 1993, p. 223. 4.Ibid., p. 223. 5. Louis-Vincent Thomas,Les Diola. Essai d’analyse fonctionnelle sur une population de Basse-Casamance, Dakar,IFAN, 2 tomes, 1959. 6. Voir Marcel Mauss,Sociologie et anthropologie, Paris,PUF, 1950. 7. Voir Georges Devereux,Ethnopsychanalyse complémentariste, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1985. 8. Louis-Vincent Thomas, « Éléments pour un itinéraire »,op. cit., p. 223. 9. Voir sa bibliographie complète publiée en annexe du présent ouvrage. 10. Voir par exemple Louis-Vincent Thomas, « La mentalité du Diola »,Revue de e e psychologie des peuples, 14 année, n° 3, 3 trimestre 1959 ; « Les Diola de Basse-Casamance »,Afrique Documents, n° 51, mai 1960 ; « Tradition et modernité chez les Diola de Casamance »,Bulletin de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, tome XXX, série B, n° 4, octobre 1968. Voir aussi Louis-Vincent Thomas,Et le lièvre vint. Récits populaires diola, Dakar, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1982.
VIII
CINQ ESSAIS SUR LA MORT AFRICAINE
11 passion pour l’Afrique . C’est ainsi qu’il a d’abord élargi son champ de réflexion aux idéologies politiques. Il publie en effet en 1965 une grande étude surLes Idéologies négro-africaines d’aujourd’huioù il met au point les notions d’idéologie, de mythe et d’utopie en examinant de manière critique « les trois thèmes idéologiques majeurs [qui] caractérisent l’Afrique noire d’aujourd’hui : uneidéologie culturelle, la mystique de la négritude ; unesocio-économique idéologie , la mystique du socialisme ; uneidéologie politique, la mystique de la démocratie forte et de l’unité africaine, soit au niveau de l’État (nationalisme), soit au niveau de 12 l’Afrique totale (panafricanisme) ». En 1966, dans son livre surLe 13 Socialisme et l’Afriqueconcurrentes,voies » , il analyse les diverses « l’idéologie socialiste et les modèles de développement, en prolongeant 14 ainsi ses réflexions sur le cheminement de l’Afrique postcoloniale . Admirateur des arts africains, en particulier des masques, statuettes et sculptures dont il apprécie la beauté hiératique, il publie en collaboration avec son ami et collègue sociologue Pierre FougeyrollasL’Art africain et 15 la société sénégalaise. Attentif surtout aux univers symboliques et mythologiques qui l’entourent il explore pendant une dizaine d’années les croyances, ritualités et pratiques religieuses, ainsi que les rapports plus ou
11. Voir Pierre Fougeyrollas, « Thomas le Dakarois »,Quel Corps ?, n° 38/39,op. cit., p. 24 : « Dakarois pendant vingt ans et demeuré Dakarois de cœur après son retour en France » ; Pierre Fougeyrollas, « Louis-Vincent Thomas et l’Afrique », PrétentaineAnthropologie de l’Ailleurs. Présence de Louis-Vincent, n° 7/8 (« Thomas »),op. cit., p. 106 : Louis-Vincent Thomas sut « se mettre à l’écoute de la civilisation africaine, d’abord au contact des Diola, puis à partir de la découverte du traitement de la mort chez divers peuples du continent africain. Ainsi, l’africaniste qu’il est parvenu à être a préparé le thanatologue qu’il est finalement devenu ». 12. Louis-Vincent Thomas,Les Idéologies négro-africaines d’aujourd’hui, Dakar, Publications de la Faculté des lettres et sciences humaines, série « philosophie et sciences sociales », n° 1, Université de Dakar, 1965, p. 21. 13. Louis-Vincent Thomas,Le Socialisme et l’Afrique, Tome I :Essais sur le socialisme africainII :, Tome L’idéologie socialiste et les voies africaines de développement, Paris, Le Livre Africain, 1966. 14. Voir aussi Louis-Vincent Thomas, « Essai sur le rôle de l’idéologie dans les problèmes du développement. De l’exemple chinois aux incertitudes africaines », Présence Africaine. Revue culturelle du Monde noir, n° 63 (« Politique et idéologie e en Afrique »), 3 trimestre 1967. 15. Louis-Vincent Thomas et Pierre Fougeyrollas,L’Art africain et la société séné-galaise, Dakar, Publications de la Faculté des lettres et sciences humaines, série « philosophie et sciences sociales », n° 2, Université de Dakar, 1967.
PRÉFACE
IX
moins conflictuels entre les religions « animistes » traditionnelles, l’islam 16 et le christianisme qui se partagent l’Afrique .  Cette familiarisation avec les représentations et pratiques religieuses de l’Afrique noire traditionnelle où la vie universelle est exaltée – aussi bien dans le cosmos que dans la société – et où la hiérarchie des êtres reproduit la hiérarchie des principes vitaux, a amené Louis-Vincent Thomas à circonscrire le champ de recherche qui allait l’occuper jusqu’à la fin de sa vie : l’ethnothanatologie ou l’anthropologie de la mort. « Si l’on se penche sur les mythes, les croyances, les fantasmes, l’activité créatrice des hommes d’hier et d’aujourd’hui, écrit-il en 1972, on s’aperçoit du rôle privilégié qui revient à la mort, accusant ainsi la positivitéde celle qui passe pour être l’éternelle et impitoyable destructrice [...]. Antithèse de la vie, la mort en est le complément nécessaire. C’est pourquoi nous estimons que l’ethnologie de la mort devrait avoir autant 17 d’importance que l’ethnologie de la vie ».  D’où l’intérêt d’étudier les significations attribuées à la mort, ses différentes formes, les conduites de deuil et de chagrin, les rapports entre les morts et les vivants, les attitudes envers le cadavre, les rites funéraires, les techniques de communication avec l’âme des défunts, les conduites envers les disparus devenus ancêtres. Tout aussi importante est
16. Louis-Vincent Thomas, « L’Africain et le sacré (Réflexions sur le devenir des religions) »,Bulletin de l’Institut fondamental d’Afrique noire, tome XXIX, série B, n °3/4, juillet-octobre 1967 ; Louis-Vincent Thomas,Les Religions d’Afrique noire. Textes et traditions sacrés, documents choisis et présentés par Louis-Vincent Thomas et René Luneau, Paris, Fayard, 1969 ; Louis-Vincent Thomas et René Luneau,La Terre africaine et ses religions. Traditions et changements, Paris, Larousse, 1975 ; Louis-Vincent Thomas et René Luneau,Les Sages dépossédés. Univers magiques d’Afrique noire, Paris, Robert Laffont, 1977 ; Louis-Vincent Thomas, « Valeurs négro-africaines traditionnelles »,in Histoire des mœurs, vol. III :Thèmes et systèmes culturels(sous la direction de Jean Poirier), Paris, Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », 1991. 17. Louis-Vincent Thomas, « Vie et Mort en Afrique : introduction à l’ethnothanato-e logie »,Ethnopsychologie. Revue de Psychologie des peuples, 27 année, n° 1, mars 1972, p. 104 et 106. Voir aussi Louis-Vincent Thomas, « Pour une sémiologie de la mort négro-africaine »,Ethnopsychologie. Revue de Psychologie des peuples, e 27 année, n° 2/3, juin-septembre 1972 ; Louis-Vincent Thomas, « Mort et sym-bolique négro-africaine »,Ethnopsychologie. Revue de Psychologie des peuples, e 29 année, n° 2/3, juin-septembre 1974.
Voir Alternate Text
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents
Alternate Text