Au Cameroun de Paul Biya , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2011

Nombre de lectures

24

EAN13

9782811105266

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Les terrains dusiècle
Au Cameroun de Paul Biya
Fanny Pigeaud
AU CAMEROUN DE PAUL BIYA
KARTHALAsur internet: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
© Éditions Karthala, 2011 ISBN : 978-2-8111-0526-6
Fanny Pigeaud
Au Cameroun de Paul Biya
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Introduction
Les Occidentaux connaissent en général très peu le Came-roun. Tout juste savent-ils qu’il est le pays d’origine de footbal-leurs talentueux comme Roger Milla ou Samuel Eto’o Fils, et que son équipe nationale des « Lions indomptables » participe régulièrement à la Coupe du monde de football. La plupart des Africains sont souvent tout aussi ignorants, même s’ils consta-tent que la réputation des ressortissants camerounais s’est consi-dérablement dégradée au cours des dix dernières années, les fai-sant souvent passer pour des individus évoluant dans le registre de l’escroquerie. Cette méconnaissance s’explique par la quasi-absence du Cameroun sur la scène politique internationale mais aussi dans l’actualité : depuis de nombreuses années, le pays n’intéresse pas les journalistes étrangers. Il occupe pourtant une position centrale dans le golfe de Guinée, paradis des compagnies pétrolières et minières. Avec un accès à la mer, des terres extrêmement fertiles dans des climats diversiïés, de grandes ressources naturelles et humaines, il est aussi l’un des États les mieux dotés du continent africain. Les grandes puissances européennes ne s’y sont d’ailleurs pas trom-pées : plusieurs d’entre elles l’ont fortement convoité, si bien qu’il a eu à subir trois colonisateurs différents avant d’être le seul territoire d’Afrique subsaharienne occupé par la France à connaître une guerre de libération, passée sous silence dans les manuels d’Histoire des écoliers français et camerounais. Mais en dépit de ses richesses exceptionnelles, les perfor-mances économiques et sociales du Cameroun, qui compte 20 millions d’habitants, sont loin d’atteindre le niveau qu’on pourrait attendre de lui. En 2010, le taux de croissance du pays était seulement de 3,2 %, ce qui le plaçait à la traîne de sa région, dont il devrait pourtant être le moteur, à l’instar de ce qu’a long-temps été la Côte d’Ivoire pour l’Afrique de l’Ouest. Le prési-dent du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la
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AU CAMEROUN DE PAUL BIYA
principale organisation patronale, a relevé que les performances économiques du Cameroun se situaient en deçà de la moyenne mondiale (4,8 %), africaine (5 %) et sous-régionale (4 %) : « Notre pays est l’un des moins performants du monde et ses résultats sont en déphasage avec le potentiel que tout le monde lui recon-naît », a-t-il déploré. Quelques mois plus tôt, la Banque mondiale avait relevé que la croissance réalisée par le pays était « déce-vante » et qu’il était en retard pour l’atteinte de la plupart des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notant notamment une « inégale distribution des ressources ». De plus, selon l’indice de perception du climat des affaires « Doing Busi-ness » de l’institution ïnancière internationale, le Cameroun était e classé au 168 rang sur 183 pays en 2011. Il était aussi considéré e comme l’un des États les moins compétitifs (111 pays sur 133) par le Global Competitiveness Index du Work Economic Forum (WEF). L’incapacité du Cameroun à relever le déï économique n’est pas due au hasard ou à une conjoncture internationale défavo-rable, même s’il a eu à subir des chocs externes importants. Elle est liée aux conditions désastreuses de son accession à l’indé-pendance et à la très faible qualité du leadership politique qui en a découlé. Cette dernière fait du Cameroun un cas particulier : il n’a connu que deux présidents depuis son indépendance, en 1960. Le premier, Ahmadou Ahidjo, est resté au pouvoir pendant 22 ans. Si, sous sa présidence, le pays a joui d’une très bonne santé économique, au point que certains ont parlé de « miracle camerounais », sa gestion autoritaire et patrimoniale, décrite par plusieurs auteurs, a planté une partie des germes de la situation actuelle, comme l’expliquait dans les années 1970 le politologue Jean-François Médard. C’est cependant la gouvernance du suc-cesseur d’Ahidjo, Paul Biya, arrivé au pouvoir en 1982, qui a mené le pays vers le bas de tous les classements économiques et sociaux. Tout en conservant et en accentuant les principaux traits du régime Ahidjo, Biya en a introduit d’autres : une grave ten-dance à l’incurie, à l’inertie et à la criminalisation. L’ensemble a abouti à un système largement improductif et paradoxal : depuis bientôt 30 ans, les Camerounais sont soumis à la toute puissance de leurs dirigeants qui font tout pour se maintenir au pouvoir sans pour autant gouverner. Ce régime à la fois autoritaire et laxiste a peu à peu fait du Cameroun un drôle de pays. Beaucoup de ses ressortissants
INTRODUCTION
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vivant à l’étranger témoignent de la difïculté à faire comprendre son quotidien souvent surprenant. « Quand j’essaie d’expliquer à mes collègues ce qui se passe au Cameroun, j’ai toujours l’im-pression qu’on croit que je raconte des histoires, que je mens », conïe un journaliste camerounais travaillant au siège régional d’une agence de presse internationale installée dans un autre État africain. Pourtant, le Cameroun est bien un pays où il peut se passer deux ans sans que le président de la République préside un conseil des ministres ; où le patron de la police peut faire emprisonner des innocents pour couvrir les coupables d’un meurtre ; où lorsqu’un citoyen téléphone en urgence à la police pour signaler l’agression d’une femme dont il vient d’être le témoin et donner la description des fautifs, il s’entend répondre : « Mais laissez la femme se plaindre elle-même ! De quoi vous mêlez-vous ? », avant de se faire raccrocher au nez ; où le chef de l’État paie en valises de cash le ravitaillement en kérosène de l’avion qui le transporte ; où l’on peut louer, pour une somme dérisoire, l’arme d’un policier ;où l’on met deux jours à retrouver la carcasse d’un Boeing 737-800 qui s’est écrasé, avec ses 114 occupants, trente secondes après son décollage ; où moins de trois mois avant une élection présidentielle, personne ne sait à quelle date le scrutin aura précisément lieu et aucune des deux grandes formations politiques, le parti présidentiel et le principal parti d’opposition, n’a de candidat déclaré... Dans ce Cameroun, qui semble naviguer sans tête et sans but, les jeunes, soit la moitié de la population, ne parviennent plus à s’imaginer un avenir. Leur profond désarroi s’est exprimé en février 2008 : pendant quatre jours, des centaines d’entre eux ont occupé les rues de plusieurs villes pour protester contre leurs conditions de vie toujours plus difïciles et contre un projet de révision constitutionnelle visant à permettre à Biya d’être can-didat à l’élection présidentielle de 2011. Afïrmant que « Biya doit partir ! », ils ont bloqué la circulation, dressé des barrages de pneus enammés, improvisé des marches, pillé des com merces, brûlé des véhicules, saccagé les locaux d’entreprises privées ainsi que des bâtiments publics. « Tuez-nous, nous n’avons pas peur de mourir : nous sommes déjà morts ! », disaient certains d’entre eux face aux forces de sécurité. Même Yaoundé, la capitale politique d’ordinaire acquise au pouvoir, a été prise dans la colère populaire : des jeunes sont arrivés jus-qu’aux portes du palais présidentiel. Les autorités ont violem-
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