LES DROITS DE LA FEMME ET DE L’ENFANT RÉFLEXIONS AFRICAINES , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2011

EAN13

9782811104740

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

LES DROITS DE LA FEMME ET DE L’ENFANT RÉFLEXIONS AFRICAINES
WOMEN AND CHIDREN’S RIGHTS AFRICAN VIEWS
.
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture: Création de Simon Gléonec
© ÉDITIONSKARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0474-0
SOUS LA DIRECTION DE Stéphanie Lagoutte et Nina Svaneberg (éd.)
Les droits de la femme et de l’enfant Réflexions africaines
WomenandChildrensRights African Views
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Introduction
Défier les réalités
Stéphanie LAGOUTTE* et Nina SVANEBERG**
Ce recueil réunit les réflexions et les analyses de onze chercheurs africains travaillant dans le domaine des droits de l’homme. Leurs études se placent dans les contextes nationaux du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Kenya, du Niger, du Malawi, du Togo et de l’Ouganda. Le recueil a pour objectif central d’offrir la possibilité de présenter des recherches conduites dans le domaine des droits de l’homme en Afrique. Il s’agit d’une recherche ancrée dans les réalités africaines, qui démontre que les défis en matière de droits de l’homme sont étroitement liés aux défis rencontrés chaque jour par les femmes et les enfants dans leur vie quotidienne. Les auteurs africains qui ont contribué à ce recueil ont choisi des thèmes qui avaient déjà suscité leur intérêt lors de travaux universitaires, dans le cadre du traitement de plaintes et d’affaires pour le compte d’organisations des droits de l’homme, ou dans les débats politiques en cours dans leurs pays respectifs. Bien que les situations au niveau national varient en fonction de nombreux paramètres (traditions issues de la période coloniale et post-coloniale, systèmes juridiques et politiques en place, ressources disponibles), les mêmes grands défis se reflètent sur tout le continent africain. Le recueil permet ainsi d’identifier
* Chercheuse à l’Institut danois des droits de l’homme et coordinatrice académique du programme de partenariat de recherche de 2003 à 2008. Docteur en droit de l’Université de Paris I (France) et de l’Université d’Aarhus (Danemark). ** Assistante de recherche à l’Institut danois des droits de l’homme et directrice de projet du programme de partenariat de recherche depuis 2004 ; M.A. en géographie et sciences sociales de l’Université de Roskilde (Danemark).
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LES DROITS DE LA FEMME ET DE L’ENFANT
des angles d’approche communs pertinents en matière de protection des droits des femmes et des enfants, et d’en dégager des enseignements précieux. Bien que la plupart des auteurs soient juristes, ce recueil adopte une approche pluridisciplinaire qui tente de cerner le lien entre le contexte local et l’impact du cadre des droits de l’homme. Une partie de la recherche présentée ici se fonde sur des sources et des méthodes juridiques, mais aussi sur des méthodologies empruntées aux sciences sociales, comme les interviews, les études de terrain, les observations et la linguistique. Nous estimons par conséquent que ce livre est pertinent pour tous les africanistes, en Afrique comme ailleurs, y compris pour les chercheurs en sciences sociales, les anthropologues, les spécialistes du développement et les juristes. Tous les auteurs de ce recueil ont été accueillis à l’Institut danois des droits de l’homme pour faire un semestre de recherche ; ils sont originaires d’Afrique de l’Est et d’Afrique occidentale francophone, ce qui représente en soi un défi linguistique. Chaque article est rédigé en anglais ou en français et comporte un résumé dans l’autre langue. Nous espérons de la sorte combler quelque peu le fossé entre les sphères anglophone et francophone africaines sur un terrain, fort d’une tradition et une expérience communes, mais qui reste néanmoins partagé par un clivage linguistique.
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Le recueil tente d’illustrer le degré de complexité que revêt la protection des droits humains des personnes vulnérables en Afrique. Il a pour objectif de mettre en lumière certains thèmes récurrents (importance d’une compréhension culturelle des droits de l’homme, changements dans les sociétés africaines) et des problèmes communs (pénurie de ressources, précarité de la situation sociale et juridique des femmes et des enfants) au moyen d’articles consacrés à des questions spécifiques : le mariage et le divorce, la situation des enfants, la violence contre les femmes ou la participation des femmes à la politique. L’idée générale qui ressort de ces articles est que la législation des droits de l’homme, ne serait-ce qu’en tant que bouclier sinon en tant 1 qu’épée , a eu, et continue d’avoir, un impact important sur la vie des
1. Adapté de Kois Lisa, « Article 18 of the African Charter on Human and Peoples’ Rights : A progressive approach to Women’s Human Rights »,East African Journal of Peace and Human Rights, vol. 3-1, 1997, p. 92, stipulant que la Charte africaine ne constitue peut-être pas tout à fait une épée, mais qu’elle peut/pourrait servir de bouclier efficace pour protéger la dignité et les droits humains des femmes.
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femmes et des enfants de l’Afrique contemporaine. La législation protégeant les droits des femmes peut mettre les femmes à l’abri des pires cas de violences et d’inégalités arbitraires, et ouvrir ainsi des possibilités pour améliorer leurs conditions de vie, en renforçant leur sécurité et leur émancipation économique et sociale. Plusieurs articles démontrent comment l’accès des femmes aux ressources pourrait être renforcé par l’adaptation, ou par la réforme, du droit de succession et du droit du mariage, et, tout aussi important, en donnant aux femmes des possibilités pratiques pour revendiquer leurs droits. En outre, la plupart des articles mentionnent la nécessité de mettre en place des procédures plus efficaces de traitement des plaintes formelles ou informelles. Il est également nécessaire d’accroître le soutien pratique aux femmes, afin de les aider à formuler et à déposer leurs plaintes. À cet égard, les articles suggèrent de renforcer le rôle de divers acteurs : les institutions d’aide juridique, les organisations de la société civile et les commissions des droits de l’homme. De plus, tous les articles soulignent que la sensibilisation et l’éducation aux droits de l’homme, faisant participer la population, sont des facteurs essentiels pour améliorer la situation des droits des femmes et des enfants. Enfin, d’un point de vue juridique, les articles semblent indiquer que les systèmes decommon law(dans les anciennes colonies britanniques d’Afrique orientale) sont plus souples que les systèmes de droit civil (dans les anciennes colonies françaises d’Afrique occidentale), pour ce qui est de leur capacité d’inclure des lois et pratiques coutumières 2 dans le cadre juridique préexistant . Le travail présenté ici aspire fondamentalement à la création de sociétés meilleures pour les populations sur le terrain. C’est pourquoi ces chercheurs explorent en termes pratiques la façon dont les droits de l’homme peuvent être utilisés comme épée pour un changement réel dans les États et dans la région. Ceci implique de tenir ceux qui sont au pouvoir responsables d’un développement équitable, en se servant du discours des droits de l’homme pour justifier les revendications et dénoncer les injustices. Alors que d’autres chercheurs débattent de l’adéquation du discours des droits de l’homme en tant qu’instrument 3 d’émancipation des femmes , ou que d’autres encore s’abstiennent d’une approche normative des études du pouvoir et des ressources, les auteurs de ce recueil font du discours des droits de l’homme leur principale
2. Comparer par exemple les contributions du Bénin ou du Burkina Faso à la contribu-tion de l’Ouganda. L’article sur le Niger illustre une troisième possibilité, à savoir un système de droit civil qui accepte formellement d’intégrer les lois et pratiques coutu-mières. 3. Par exemple Lewis Desiree, « Gendered spectacle », in Schlyter Ann (ed.),Body politics and women Citizens, African experiences, Stockholm, Sida, 2009.
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approche normative. Ils proposent de remettre en question l’éducation, les campagnes médiatiques, les autorités traditionnelles, la culture politique, et de réduire la pauvreté afin d’atteindre l’objectif ultime : des sociétés africaines équitables.
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Notre introduction a pour objectif de mettre l’accent sur deux éléments essentiels au présent recueil : premièrement, la problématique complexe à laquelle est confrontée la protection des femmes et des enfants en Afrique et, deuxièmement, les défis méthodologiques que les auteurs du recueil ont rencontrés.
Femmes et enfants : pris entre les principes des droits de l’homme et les réalités culturelles
La plupart des articles de ce recueil insistent sur la beauté des textes 4 des droits de l’homme – instruments nationaux et internationaux – et des idéaux qu’ils véhiculent (voir, par exemple, les contributions de Roselyn Karugonjo-Segawa et de Godfrey Odongo). Cependant, ils relèvent aussi l’absence d’application de ces textes dans les pays concernés ainsi que leur apparent manque de contact avec la réalité au niveau local. Dans certains pays, le droit civil hérité du régime colonial est en principe encore applicable (voir la contribution sur le Niger par Boubacar Hassane). Dans d’autres pays, les efforts pour réformer le droit civil afin de tenter – de façon probablement inadéquate – de se conformer aux règles internationales, sont restés sans écho dans la majorité de la population (voir la contribution sur la dot par Isabelle Akouhaba Anani ou celle sur le consentement au mariage par Elisabeth Kangambega). De nombreux chercheurs en droits de l’homme – juristes, anthropologues, sociologues – ont du mal à concilier d’un côté la volonté politique de protéger les droits humains exprimée par tous les peuples et leurs représentants, sous la forme des engagements internationaux et des fondements constitutionnels des pays, et, de l’autre, la résistance
4. Par exemple les dispositions relatives aux droits de l’homme inscrites dans les Constitutions, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, les pactes de l’ONU relatifs aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et cultu-rels de 1966, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 et le Protocole relatif aux droits des femmes, etc.
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5 culturelle (au sens large) qu’elle rencontre dans tous les pays africains . Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne la situation des femmes et des enfants dans les pays africains où l’expression « pratiques ou traditions culturelles » semble être employée par toutes les parties, sans en spécifier la teneur, et est opposée aux exigences des droits de l’homme (voir la contribution sur les enfants et les valeurs africaines par Jackson Wafula Muyila). Cependant, même lorsque la culture semble être un système ouvert et souple, au sein duquel les principes universels des 6 droits de l’homme doivent trouver leur place afin de devenir « locaux » , les tensions entre les principes des droits humains et les croyances 7 culturelles ne disparaissent pas comme cela . Le fossé existant entre les principes généraux des droits de l’homme et les contextes locaux complexes est loin d’être comblé, comme le montrent les articles du présent recueil. En dépit des efforts et des luttes, et de bien des façons, la situation des femmes et des enfants reste précaire en Afrique, et particulièrement du point de vue structurel :
« Au cours des deux dernières décennies, les femmes ont fait des efforts constants pour revendiquer leurs droits humains et leurs libertés fondamentales, sur un pied d’égalité avec les hommes. La discrimination largement répandue contre les femmes, sur la base de la culture ou de la religion, ou des deux, reste rampante en Afrique (…). De nombreux régimes culturels valorisent les hommes, voyant en eux une identité et la survie de la communauté, tandis que les femmes sont considérées comme des membres temporaires de la famille et/ou de la communauté, destinées 8 à se marier au sein d’autres familles ou communautés » .
5. Voir entre autres le « Cultural Transformation Approach project » développé par Abdullahi A. An-Na’im et ses collègues de la faculté de droit de l’Université d’Emory : An-Na’im Abdullahi A. (ed.),Cultural transformation and Human Rights in Africa, Londres/NYC, Zed Books, 2002, p. 2. 6. Concernant le débat sur les droits de l’homme et la culture, voir Merry Sally Engle, Human rights and gender violence. Translating International Law into local justice, Chicago/Londres, Chicago University Press, 2006. Voir aussi Cowan Jane, Dembourg Marie-Bénédicte et Wilson Richard cités in Merry S.Eibidem, p. 9. « Les anthropologues ont souligné la nécessité de renoncer à une approche « par le haut », qui met l’accent sur la supré-macie de l’État et les mesures coercitives que celui-ci peut mettre en place afin d’assurer la mise en œuvre des droits de l’homme ainsi que sur la nécessité d’œuvrer à une acceptation globale, par le biais de la transformation culturelle, en vue de la légitimation locale des normes internationales. » in An-Na’im Abdullahi A. et Hammond Jeffrey, « Cultural transformation and Human Rights in African society », in An-Na’im Abdullahi A.,op. cit.note 5, p. 17. 7. Merry S.E.,op. cit.note 6, p. 28. 8. Butegwa Florence, « Mediating Culture and Human Rights in Favour of Land Rights for Women in Africa : A framework for Community-level Action », in An-Na’im A.A.,op. cit.note 5, p. 108 (traduction).
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