Conservation de la nature et développement L’intégration impossible ? , livre ebook

icon

314

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2003

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

314

pages

icon

Français

icon

Ebook

2003

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Publié par

Date de parution

01 janvier 2003

Nombre de lectures

1

EAN13

9782845864696

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Estienne Rodary, Christian Castellanet et Georges Rossi
Conservation de la nature et développement
L’intégration impossible ?
GRET  KARTHALA
CONSéRVAION Dé A NAURé é DEVéOPPéMéN ’INEGRAION IMPOSSIBé?
Couverture :
Des èlèphants passent la route nationale À Chirundu, Zimbabwe. Photo : E. Rodary, 1998.
© Éditions KARTHALAet GRET, 2003 ISBN :2-84586-469-8
SOUS LA DIRECTION DE
Estienne RODARY, Christian CASTEANET et Georges ROSSI
Conservàtion de lànature et dÉveloppement intÉgration impossible ?
Editions KARTHAA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
GRET 211-213, rue a Fayette 75010 Paris
Cet ouvrage est composé dµun choix de communicationsremaniées, mises à jour, parfois réécrites, et accompagnées dµune introduction et dµune conclusion inéditesinitialement présentées au deuxième colloque
DYNAMIQUES SOCIAES ET ENVIRONNEMENT Pour un dialogue entre chercheurs, opÉrateurs et bailleurs de fonds
Organisè À Bordeaux les 8, 9 et 10 septembre 1998
par lAFVP, la Banque mondiale, le GRET, lIRD, le Ministère de la Coopèration, REGARDS (CNRS-IRD) et lUnion europèenne
ComitÉ scientifique :
Georges Bertrand, Christian Castellanet, ChristianLevêque, Claude de Miras, Didier Narbeburu, Didier Pillot, Georges Rossi, AndrÉSournia et Amos Tincani
Introduction Les trois temps de la conservation
éŚïééOĀYETCHRISTIANCASTELLANET
Prolégomènes
On assiste depuis les annÈes 1970àune transformation des discours et des pratiques du monde de la conservation de la nature. La prÈoccupation environnementale, qui a accompagnÈla dynamique dexpansion du capi-e talisme mais sest trouvÈe marginalisÈe au cours duXXsiècle, est aujour-dhui rÈactualisÈe. De nouvelles formes de gestion de la nature sont recher-chÈes, dans lesquelles la perspective nest plus de compenseràla marge et de manière secondaire les excès du progrès par des actions de protection de la nature, mais de rÈintÈgrer le souci environnemental au sein de la pra-tique moderne. Dans ce contexte, la conservation de la nature retrouve un nouveau souffle, car elle reprÈsente potentiellement une application con-crète des problÈmatiques que le dÈveloppement durable pose aujourdhui àla politique mondiale.
La rÈintÈgration de la conservation dans les pratiques de dÈveloppement est au centre de ce livre. Les problèmes sont immenses et nombreux, et les polÈmiques qui agitent le milieu de la « conservation participative»depuis les années 1980 sontàla hauteur des difficultéset parfois des impasses rencontrées dans la recherche dune gestion viable des milieux. Mais la
6
CONSERVATION DE LA NATURE ET DÉVELOPPEMENT
complexitÈde la question ne doit pas masquer un fait essentiel : la poten-tialitÈentrevue dans ces dÈbats dun rÈajustementàla fois technique et symbolique dune exploitation et dune habitabilitÈdes espaces terrestres. Làoùles limites imposÈes par les techniques permettaient autrefois (avant les rÈvolutions industrielles) de concilier utilisation et protection des milieux, de nouvelles formes de pratiques et d’Èthiques doivent être trouvÈes aujour-dhui qui puissent refonder ces liens. Cette perspective se placeàtrès long terme : elle obligeàsortir dun discours polÈmiqueàcourte vue, dans lequel les scientifiques, notamment, se sont largement engagÈs. Parce quelle rÈpondàla foisàune vision du monde etàdes pratiques politiques, Èconomiques et sociales, la problÈmatique environnementale se doit dêtre une zone de dÈbats et de conflits ; mais le dialogue entre scientifiques, opÈrateurs et bailleurs de fonds, pour reprendre les termes du colloqueà lorigine de cet ouvrage, doit se faire dans des termes oùla rencontre entre ces diffÈrents champs sociaux devient une source heuristique et pratique plutôt quune confusion des genres.
Cet ouvrage tÈmoigne des modifications en cours, maisÈgalement des lacunes qui restent bÈantes dans la recherche dune conservation intÈgrÈe. Le monde de la protection de la nature est actuellement dans une phase dÈlaboration et dexpÈrimentation, dans laquelle la force dinvocation est parfois plus forte que limpact de politiques concrètes. Dans un contexte où lexemple est « local»dans la mesure principale oùil a une visibilitémon-diale, louvrage chercheàarticuler les cas concrets, les réflexions théma-tiques et une approche plus englobante. Cet englobement est rendu néces-saireàla fois parce que l« intégration»est une position normative qui ne correspond pas forcément ni aux pratiques effectives des acteurs, ni aux approches scientifiques ; et parce que les solutions viendront peut-être dune mise en relation plus avancée entre des pratiques locales et des politiques mondiales.
Une problématique de l³intégration de la conservation et du développe-ment
Dans le domaine de lenvironnement, nous assistons actuellementàdes transformations de grande envergure dont il est difficile de prendre la mesure sur le long terme. On sait que la période historique moderne et contempo-raine, par son emprise sur la nature et son extension spatiale, a provoquéde profonds bouleversements sur les dynamiques naturellesàléchelle du globe. On sait moins que les préoccupations et les critiques des conséquences de ce processus sur lenvironnement ontétéquasiment concomitantesà
LES TROIS TEMPS DE LA CONSERVATION
7
l’émergence de la modernité. En ce sens, une réflexion sur l’intégration de la problématique environnementale dans les dynamiques sociales rejoint de manire symétrique une réflexion sur les conséquences écologiques du développement, c’est-à-dire une réflexion d’ordre général sur notre rapport à la nature. Par ses enjeux et ses modalités de mise en œuvre, la « conservation», entendue comme la caractérisation technoscientifique de la protection de la nature, peut paraître relativement marginale dans ce cadre. Elle constitue pour-tant un révélateur fondamental de la construction sociale de l’environ-nement. La « conservation de la nature»a historiquement constituédans ses pre-mires formulations une alternativeàl’entreprise d’occidentalisation du monde. Mais du fait de la force du paradigme moderne, ce souci conser-vationniste a peuàpeuétérepoussé àla marge, en bordure de la mobilisa-tion du progrsàtravers le globe, — pour finalement se retrouver lui-même englobédans le discours et les pratiques modernes de gestion scientifique de la nature, présentant alors des objectifs et des modalités d’action finale-ment profondément contradictoires avec ses intentions initiales. L’aire naturelle protégée — outil dominant de la conservation de la nature au cours e duXXsicle — a ainsi représentédavantage une nouvelle forme d’impo-sition de la vision moderne du monde qu’un espace de miseàdistance et de diversité.Dans ce cadre, etàlimage de lentreprise capitaliste et tech-nique, la conservation a certes connu des réussitesécologiques, mais a surtout provoquédes conséquences sociales souvent dramatiques. Cest pour sortir de ces impasses que la conservation recherche une articulation positive entre ses pratiques et des pratiques sociales plurielles dusage et dentretien de la nature ne rentrant plus dans le cadre strict dune définition scientifique unique ou dune mise en politique uniformisée et centralisée. Imaginer une conservation « intégrée»suppose de dépasser des oppositions qui sont constitutives de la sociétéoccidentale, dans son rapportàlautre (objet naturel ou exotique) et dans sa lecture de laction sec-torielle oùla médiation politique seffectue exclusivementàtravers les experts et lesélus.
Quelques définitions
Dans ce contexte douverture et de redéfinition des pratiques, les ter-mes utilisés connaissent bienévidemment des reformulations rapides. La profusion des termes en usage pour qualifier les actions de protection de la
8
CONSERVATION DE LA NATURE ET DÉVELOPPEMENT
nature est probablement un premier élément de confusion dans la réflexion environnementale. Avant de rentrer dans l’historique proprement dit (qui présente des acceptions de termes variables selon les périodes et les régions), il apparaît nécessaire de clarifier les différentes notions employées par le monde de la protection de la nature pour définir ses modes de fonction-nement. On laisse ainsi de côtéles débats sur lobjet de cette action, cest-à-dire la compréhension de ce quest la « nature», parce que la thématique de louvrage est centrée sur les modes opératoires davantage que sur les objets (et bien que les deux soient intrinsèquement et techniquement liés comme nous aurons loccasion de le montrer) et surtout parce que la réflex-ion en ce domaine est bien avancée, notamment en ce qui concerne le mythe dépasséde la nature sauvage (voir larticle de Rossi,infra), les requalifi-cations opéréesàpropos des impacts anthropiques dans le cadre dune nou-velleécologie « des déséquilibres»(Scoones, 1999) et les impasses de toute approche extrémiste du naturalisme comme du constructivisme (Collectif, 2001).
La notion deprotectionsemble être le terme le plus générique pour désigner toute actionpolitique,économique, technique ou autrevisant àmaintenir ou améliorer les systèmes naturels. Le mot renvoie directement àlidée de défense deséléments naturels contre des dynamiques (anthropiques notamment) jugées négatives.Àlopposé, lidée dexploitationdéfinit une utilisation de la nature effectuée sans considération des impacts portésà ces systèmes. Si lon imagine un spectre dactions organiséselon la plus ou moins forte prise en considération du maintien des dynamiques naturelles, la protection se trouveraitàune extrémité, tandis que lexploitation occu-perait la position opposée. Sur ce spectre, la notion degestionse situerait alors au centre, le mot désignant une utilisation organisée de la nature, sans quil définisse ni qualifie lorientation protectionniste ou exploitante. La gestion a ainsi acquis un statut de concept fourre-tout en ce quil désigne très peu de choses, si ce nest la volontéde rationalitéde laction.
Dans cette catégorisation, certains termes apportent deséléments plus spécifiques en caractérisant la dimension technico-scientifique de la défense de la nature. Laconservationse place bienévidemment du côtéde la pro-tection, mais dans des formes qui ont subi au cours du dernier siècle des modi-fications profondes. Actuellement, et notamment dans le monde anglo-saxon, le terme désigne une gestion prudente et mesurée des ressources naturelles, cest-à-dire une utilisation de la nature avec une finalitéexplicite de protection destinéeàassurer les usages futurs.Àlinverse, lapréserva-tionnautorise aucun prélèvement : la protection est totale sur les espaces considérés.
LES TROIS TEMPS DE LA CONSERVATION
9
Il faut préciser ici que les termes de conservation et préservation ont e connu des modifications au cours du temps et selon les lieux. AuXIXsi-cle aux États-Unis, la « conservation» était défendue par ceux que l’on nomme aujourd’hui préservationnistes (voirci-dessous). Dans lEmpire colonial anglais, le mot « préservation»aétéutilisé àlépoque de la dif-fusion des réserves de chasse dans lesquelles un prélèvement des ressources était pratiqué, alors que celui de « conservation»a caractériséla période suivante, qui a vu la diffusion des parcs nationaux dans lesquels aucune utilisation des ressources nétait autorisée (voirégalement ci-dessous). Lacception anglo-saxonne actuelle des deux termes procède donc dune inversion de sens par rapportàces définitions historiques, mais cest dans le sens contemporain que nous lutilisons dans cet ouvrage.
Des formes moins exclusivement tournées vers une stricte protection de la nature existentégalement et tendent actuellementàse diffuser dans le lexique environnemental. On peut notamment distinguer les deux ter-mes de patrimonialisme et deressourcisme, qui ont historiquementétéasso-ciésàdes cultures dintervention particulières. Pour en rester iciàdes défi-nitions actuelles et utilesànotre propos, on peut considérer que la notion deressourcismedéfinit une protectionàfinalitédexploitation. Le mot, qui nexiste pas en français, mais constitue un néologisme tiréde langlais, est intéressant en ce sens quil insiste sur lidée de ressource et fait doncécho aux problématiques contemporaines de mise en valeur de la biodiversité (Vivien (dir.), 2002). De manière symétrique, et si lon sen tient toujours àune définition restreinte, lepatrimonialismepeut caractériser une exploita-tionàfinalitéde protection, dans la mesure oùlexploitation ne définit pas uniquement un processus technique maiségalement un cadre institution-nel et des conventions sociales. Son intérêt réside dans le fait quil insiste davantage sur la dimension sociale et politique que des concepts apparen-tés comme celui de capitalisation. Encore faut-il être prudent sur lutilisa-tion de ces deux termes, qui ont chacun une histoire singulière. Leressour-e cismea une histoire principalement américaine, où, depuis la fin duXIX siècle, la conservation des ressources (resource conservation) est unélé-ment central des politiques de mise en valeur de lespace (Oelschlaeger, 1991). Le patrimonialisme, de la même manière, a une longue histoire en France, qui remonte aux premières mesures de mise en défens des forêts au e XVIIsiècle, et qui connaît aujourdhui un regain dintérêt comme notion susceptible de répondre, par sa dimension de réappropriation sociale et symbolique de la nature, de manière adéquate aux questions posées aux politiques de lenvironnement (Cormier-Salemet al., 2002).
Voir Alternate Text
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents
Alternate Text