Quand l'écriture est passion, elle est à l'image de toute forme d'expression artistique : on lui consacre une énergie farouche sans notion de temps, d'effort ni de souffrance (la plupart du temps). Non sans y penser, bien entendu, mais sans que cela ne coûte. Ceux qui se sentent concernés acquiesceront. Cependant, comme dans toute activité créatrice, le dépit n'est jamais très loin dès qu'on envisage de faire se reconnaître publiquement, et avec lui la désillusion et la fatigue. Sur ce terrain, c'est un minimum de parler de courage et de persévérance. C'est LE sujet qui sape le moral de celui qui écrit, comme de celui qui peint, qui cuisine, qui compose ou qui chante. Se faire reconnaître, c'est LA gageure. Et pour se faire reconnaître, au chapitre de l'écriture, il faut commencer par aborder le délicat sujet de l'édition. L'analogie avec l'enfantement sera sans doute hardie, mais lorsqu'on accouche de son premier ouvrage, on le trouve tellement merveilleux, abouti, irréprochable, qu'on en perd le sens des réalités, ce fameux instinct du raisonnable qu'il est capital de retrouver rapidement (ou de ne pas perdre) pour éviter de pommer de surcroît, son courage, son envie d'écrire, et aussi son argent. Quelles sont ces fameuses réalités ? Difficile de les classer par importance, d'autant qu'elles ne seront pas pondérées de la même façon pour chacun. Sur la base de ma petite expérience, j'essaie ci-dessous d'en faire le tour en les associant à quelques principes d'ordre pratique.
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